Il sera question ici du livre d’un étrange Aristippe intitulé Théorie de l’art du comédien ou Manuel théâtral dont le principe est l’ordre alphabétique, conservé dans le fonds Rondel au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque Nationale de France. L’ouvrage est publié à Paris en 1826. Comment parler de ce livre ancien ? Comme d’une curiosité historique, dont la lecture invite à bouger. Ce n’est pas le moindre mérite d’un livre ancien.
À la lecture, tout commence par un double étonnement : devant la forme, tout d’abord, qu’emprunte cette théorie ou ce manuel. Pourquoi est-il/ est-elle conçu(e) comme un abécédaire ? Parmi les ouvrages consacrés à l’art de l’acteur, c’est le premier et seul exemple, à ma connaissance, d’une semblable organisation. On sait qu’au XVIIe siècle, il n’existe pas d’ouvrage théorique ni même pratique qui renseigne sur l’art de l’acteur à proprement parler. Les premiers “manuels” ou ouvrages de réflexion sur l’art de l’acteur empruntent, au XVIIIe siècle, trois formes canoniques qui vont servir de référence jusqu’à aujourd’hui lorsqu’il s’agit d’écrire sur l’art de l’acteur : la forme des Mémoires d’acteurs, celle du dialogue et celle de la correspondance. Parmi ces ouvrages de réflexion, on peut citer, au XVIIIe siècle, Les Mémoires de Mademoiselle Clairon, ceux de Lekain ou encore de Mademoiselle Dumesnil ; les dialogues très célèbres de Diderot, tels Les Entretiens sur le fils naturel ou Le Paradoxe sur le comédien ; la correspondance de Diderot toujours, avec des comédiennes comme Madame Riccoboni et Mademoiselle Jodin…