Conçue entre 2008 et 2010, la création par Josef Nadj et Akosh Szelevényi de Les Corbeaux, performance picturale, chorégraphique et musicale, s’est accompagnée de la production d’une série de dessins à la mine de plomb qui, comme la performance, procède de la fine et patiente observation des corbeaux, « plus particulièrement de l’instant où ils commencent leur descente vers le sol, se posent, puis marchent. Très tôt le matin, dans l’état brumeux qui sépare le sommeil, Josef Nadj observe les corbeaux, suit leur mouvement et saisit dans son dessin la magie des plus petits instants [...]. Josef Nadj fixe ces moments bougés en lignes concrètes et s’arrête dès qu’il commence à analyser. Il est vrai qu’on ne voit de corbeau sur aucune feuille de papier. Ce que l’on perçoit très clairement par contre, c’est leur plumage brillant et voltigeant, leur arrivée sur la branche qui vibre sous leur poids, leurs cris perçants pendant leur danse dans les airs et l’émotion sombre et jubilatoire qui habite le subconscient de l’observateur ».
Dans la performance également, à l’exception de quelques signes discrets – une plume blanche fixée à chacune des chevilles du danseur chorégraphe, les mains de celui-ci, parfois contractées en serres, la peinture noire, d’un noir luisant –, aucun corbeau à l’horizon. Ni mort ni vif, ni réel ni figuré. Ce qui est mis en jeu, en revanche, se déploie dans l’espace, se dépose sur deux panneaux de papier blanc, ce sont de petits pas sur la pointe des pieds, des roulades, des glissades, des courbes, des piqués, de brusques changements de direction, des virevoltes, des craillements et des stridences, des frottements, des frappements, des résonances et des suspens, des mouvements arrêtés…