Produit du sommeil et constitué d’une suite de représentations qui traversent l’esprit, le rêve suscite chez l’individu une conscience illusoire : conscient de son rêve sans être conscient qu’il rêve. Le dictionnaire de l’Académie française donne aussi une définition du rêve lorsque celui-ci se produit dans un état de veille : « Élaboration de la pensée imaginative qui transforme la réalité ». Ce lien avec l’imaginaire est important dans la compréhension du rêve au cinéma et en science-fiction particulièrement. Dans ce même dictionnaire, l’imaginaire est défini comme le « domaine de l’imagination, posé comme intentionnalité de la conscience ». Une différence fondamentale apparaît : si le rêve au sens premier n’est pas délibéré et procède d’une vision transcendant le réel, l’imaginaire résulte d’une volonté de donner corps à une représentation construite sur la base du réel qu’il cherche à dépasser. Dans la science-fiction, cette seconde option se trouve réaffirmée et multipliée par l’imaginaire industriel qu’elle emploie, concomitante de son époque d’apparition qui est celle de la révolution industrielle.
La force de la science-fiction des « pionniers » européens qui présidera encore à la for me « classique » du film de science-fiction réside dans ce principe imaginatif : cette capacité à imaginer à partir du réel lorsqu’il restait encore à explorer des territoires inconnus, sur la Terre, sur les mers et, au-delà, dans l’espace. Mais à mesure que ces territoires furent cartographiés, la place de la découverte s’est amenuisée et avec elle celle de l’imaginaire…