Je voudrais mentionner ici brièvement certains événements qui constituèrent des modèles de ce qu’il conviendra d’appeler l’art d’action et plus spécifiquement la performance dans mon pays. Parmi ces évènements, on remarque les pièces de Joan Brossa, que l’auteur a appelées accions espectacle. Dès 1947, Joan Brossa commença à monter des pièces nommées « post-théâtre » qui constituent à mon avis, un précédent évident du sujet dont nous traitons. Elles montrent, avec humour et magie, la surprise d’un évènement inattendu dans lequel le public est invité à intervenir, s’il ne l’a pas déjà fait. En guise d’exemple, je parlerai brièvement de la pièce Sí dans laquelle un spectateur choisit une carte dans un jeu dont les cartes restantes sont par la suite mélangées. L’interprète de l’action extrait une nouvelle carte du jeu, qu’il montre au spectateur avec une expression de fausse magie ; la carte n’est jamais la même que la première.
J’aimerais ajouter de Brossa, le texte d’une deuxième pièce intitulée El gibrell dans laquelle Brossa propose de placer au centre d’une pièce un contenant de frites que le public mangera peu à peu. Si l’on veut résumer, les pièces post-théâtrales comme il les appelle - ne sont rien d’autre que des happenings avant que l’on invente ce terme.
Et je voudrais parler aussi d’une de ses accions espectacle dans laquelle l’auteur sur scène plonge une plume dans un encrier, sort de scène, écrit un mot sur un bout de papier, l’introduit dans une enveloppe et indique que l’enveloppe devra être ouverte deux minutes après avoir été livrée à quelqu’un du public…