A l’ère de la reproduction mécanisée, la danse scénique et la photographie ont tissé des relations toujours plus riches et diversifiées. Il ne s’agit pas ici de retracer la longue histoire des liens entre pratiques photographiques et danse – histoire fondée, pour bonne part, sur une recherche quant à la saisie du mouvement. C’est une quête qui traverse l’histoire de la photographie, au-delà de ses rapports à la danse, depuis les travaux célèbre de la chronophotographie de Muybridge et Marey qui ont décomposé le mouvement animal ou humain. Il s’agit davantage de partir du champ de la danse et d’interroger l’influence du développement de la photographie sur l’esthétique de la danse moderne ou contemporaine. L’historienne de la danse Laurence Louppe a avancé, dans un article qui a fait date, que le réel est chargé en permanence d’un corps pris lui-même dans la construction des “images qui reproduisent son geste à l’infini” ; le corps joue sans cesse avec ses doubles représentés, en une sorte de “contamination du corps par le mode de représentation iconographique”. Laurence Louppe attire l’attention sur l’une des modalités de construction de la corporéité et du geste dansé. Un peu différemment, il s’agira ici de s’interroger sur un autre pan de cette influence de la photographie sur la danse : sur la façon dont une référence à la photographie s’introduit dans l’élaboration de la chorégraphie. Autrement dit, comment le modèle photographique fait-il intrusion dans la conception de la composition …