Ce qui caractérise le début du siècle est la culture des avant-gardes qui préconise une révolution formelle de l’art et la destruction des langages académiques. A l’encontre de cette tendance qui est représentée par des mouvements tel le cubisme et le futurisme, la peinture de De Chirico vise, à la même époque, une peinture bien plus problématique qui s’appuie encore sur l’espace perspectif et sur une certaine forme de figuration. Rentré en Italie, De Chirico tente de lancer avec Carrà, Savinio et De Pisis, le mouvement de l’Art métaphysique qui n’a qu’une brève existence. Mais deux expositions qui sont données à Rome en 1917 et 1918 témoignent alors d’une évolution décisive : ce qui subsiste de l’approche métaphysique semble se diluer dans un nouveau genre figuratif qui en appelle au retour aux sujets classiques. C’est en 1918 à Rome qu’apparaît une revue intitulée Valori Plastici, financée par la Banque d’Italie et fondée par le couple Mario et Edita Broglio, à laquelle collaborent notamment Carrà, De Chirico et son frère Savinio. Le programme ouvertement revendiqué par la revue est celui d’un retour aux « valeurs plastiques » de la Peinture contre les velléités contestataires, les excès de la théorie et l’expérimentalisme des avant-gardes. Contre un art qui se veut formellement révolutionnaire et socialement engagé, voulant justifier son propre rôle dans la société et cherchant aussi à accompagner la marche en avant du progrès de l’histoire, la revue Valori Plastici revendique le retour au métier, l’exercice de l’art qui se suffit à lui-même, la peinture célébrée en tant que telle par un retour à la tradition…