Julian Schnabel a tout d’une star de cinéma et le cinéma le lui rend bien : en 1987, Oliver Stone choisissait d’orner les murs de l’appartement de Gordon Gecko (Michael Douglas) dans son film Wall Street, d’un tableau de Julian Schnabel. Depuis ce discret clin d’œil au monde du cinéma, le peintre est devenu lui-même cinéaste. Schnabel a beau railler l’inculture de Stone en matière de peinture, il n’en demeure pas moins que celui-ci n’avait pas choisi le tableau de Schnabel par hasard et que ce cameo pictural pourrait s’interpréter comme un heureux présage, pour un peintre dont le destin était d’explorer le langage du 7e art.
Julian Schnabel fait ses premiers pas au cinéma en 1996. Il présente alors au public un film dédié à la mémoire de son ami Jean-Michel Basquiat, le premier peintre noir (il était d’origine haïtienne) à devenir une vedette de la scène artistique internationale. À l’époque, la critique salue le film mais rappelle que Schnabel, avant tout, reste peintre plutôt que cinéaste. Pour Serge Toubiana, “Julian Schnabel n’est pas cinéaste. C’est un peintre”. Tout au plus concède-t-il que Basquiat “est le film d’un peintre qui a eu besoin d’en passer par le cinéma”. Toubiana songe sans doute à l’abondante production picturale schnabelienne et, notamment, aux célèbres et immenses “plate paintings” qui firent la renommée du peintre au début des années 80. Une œuvre qu’il est difficile de passer sous silence, au regard de l’énorme succès qu’elle a rencontré. Car Schnabel a su, en son temps, prendre la scène artistique new-yorkaise de surprise en montrant de gigantesques toiles colorées, tour à tour abstraites ou figurative…