Quand l’apparent touche-à-tout qu’était Man Ray (peintre, photographe, sculpteur, poète, imprimeur...) se met à toucher au cinéma dans les années vingt, il s’agit à la fois d’un geste prévisible, tant l’époque en général était propice à un tel envoi, à de tels embranchements, fourches et croisements, mais aussi, si l’on s’en tient à un examen rapide, d’un toucher du bout des doigts. Disons-le d’emblée : Man Ray ne deviendra jamais un cinéaste, et sa production filmique restera quantitativement limitée. Longtemps officiellement : quatre films entre 1923 et 1929 (Le Retour à la raison, Emak Bakia, L’Étoile de mer, Les Mystères du château du dé), un film coréalisé avec Henri Chomette, en 1924, pour le comte de Beaumont (À quoi rêvent les jeunes films ?), un fragment d’un projet avec André Breton et Paul Éluard en 1935 qui fit long feu (Essai de simulation de délire cinématographique), des projets avortés (dont restent seulement quelques photogrammes publiés), à quoi il convient d’ajouter quelques participations à titres divers à des films signés par d’autres (Le Ballet mécanique de Fernand Léger et Dudley Murphy en 1924, Anemic cinéma de Marcel Duchamp en 1926, Paris-Express de Pierre Prévert et Marcel Duhamel en 1928, Rêves à vendre / Dreams That Money Can Buy de Hans Richter en 1947). Cela étant, on a retrouvé après la mort de Man Ray plusieurs films amateurs, notamment dans son atelier de la rue Férou, ainsi que dans les archives d’Ady Fidelin (qui vécut avec l’artiste de 1935 à 194…