A quoi bon étudier la vie et l’œuvre de Max Herman Maxy (Braila 1905 - Bucarest 1971), un artiste presque inconnu en dehors de la Roumanie, pourrait-on se demander avec raison, étant donné que l’on dispose d’avant-gardistes roumains plus célèbres, comme Tristan Tzara, Victor Brauner ou encore Marcel Iancu (Janco) ? Les pages suivantes, qui font partie d’une étude monographique plus ample, partent de la conviction que toute recherche historique qui n’accorderait pas à Maxy le rôle central qu’il a réellement eu dans l’ensemble de l’avant-garde roumaine et ne reconnaîtrait pas dans son parcours personnel un vrai modèle, serait condamnée à une grave inadéquation herméneutique. L’étude de la carrière de Maxy ne fait pas partie du genre des travaux de restitution, mais d’un effort de recentrer la scène de l’avant-garde roumaine. Le cas de Maxy permet l’accès aux sources et aux racines, aux idéaux et aux confusions, aux compromis et aux utopies, à la dérive et au triomphe toxique de presqu’un demi-siècle d’art roumain. Maxy, et non Tristan Tzara ou Victor Brauner, est la véritable clef de l’avant-garde roumaine et de la forma mentis du modernisme local dans la première moitié du XXème siècle.
Seul acteur important du mouvement novateur n’ayant pas émigré après la Première Guerre mondiale (tous les autres se sont enfuis soit avant, soit après 1945), Maxy est resté le dernier membre de l’avant-garde roumaine toujours actif sur la scène locale jusqu’à la fin des années 60. Qui plus est, il a toujours détenu des positions officielles et a rempli des fonctions essentielles dans le système institutionnel et artistique roumain, jusqu’à sa mort en 1971. On peut dire qu’il a été fondateur, innovateur, collaborateur, entrepreneur, arrangeur, profiteur, saboteur, et, finalement, dirigeant et administrateur principal des affaires de l’art roumain pendant presque un demi-siècle…