Comme partout en Europe, l’influence rodinienne a connu des proportions importantes au début du XXe siècle en Roumanie également et, bien que le maître français n’ait jamais visité le pays, son œuvre était présent à l’esprit des jeunes sculpteurs grâce à leurs séjours d’études à Paris. Les deux plus grands noms de la sculpture roumaine, Constantin Brancusi (1876-1957) et Dimitrie Paciurea (1873-1932), ne trouvèrent leur propre voie qu’après la maturation de la leçon rodinienne –certes, plus courte chez Brancusi que chez son collègue. Presque tous les sculpteurs roumains nés entre 1870 et 1900 ont subi l’influence de Rodin. Nous avons choisi ici seulement quelques exemples, en raison de leur nombre trop important – Horia Boamba (1890-1923), Anghel Chiciu (1883-1963), Frederic Storck (1875-1944) et Ion Jalea (1887-1983) –, en s’arrêtant plus longuement sur l’œuvre de Brancusi et de Paciurea.
Avant la Première Guerre Mondiale l’influence de Rodin était tellement considérable à Bucarest, que le critique Olimp Grigore Ioan présentait en 1915 les sculpteurs roumains comme perdus “[…] littéralement dans l’ombre du grand Rodin qui exerce sur eux un pouvoir de véritable fascination. Mais le maître est un si grand colosse, qu’il peut même dans son ombre, permettre à des jeunes de devenir grands …”. Comme la majorité de leurs collègues, Brancusi et Paciurea avaient pris un contact direct avec les œuvres du maître à Paris. Ils ont adopté du langage rodinien ce qui répondait le mieux à leurs recherches sculpturales du moment…