Au moment où le Quartett de Robert Wilson était présenté à Paris au Théâtre de l’Odéon, une mise en scène flamande du texte de Heiner Müller était créée à Anvers en Belgique. Nous sommes en novembre 2006. Le metteur en scène, Peter Missotten, collabore avec la maison de production De Filmfabriek, un collectif de jeunes artistes qui expérimente l’utilisation des nouveaux médias sur la scène, tant dans le domaine sonore que visuel. Ces artistes disposent d’un bagage technique qui leur permet d’inventer des mises en scène rompant avec les codes théâtraux traditionnels. Ils créent un éventail scénique où cinéma, théâtre, installations et médias numériques se rencontrent et s’influencent mutuellement. Un théâtre conceptuel, pourrait-on dire, le concept étant toujours le résultat d’une réflexion sur les rapports entre image et acteur, présence et aliénation, technologie et émotion. A l’inverse de ce qui se fait d’habitude, Peter Missotten prend comme point de départ l’élaboration technologique de la mise en scène, à la suite de quoi il ajoute le contenu. Autrement dit, la forme détermine la performance.
Pour ce Quartett, le public est invité à s’étendre sur de grands coussins dispersés à l’intérieur d’une surface carrée bien délimitée. Sur les quatre côtés de cette surface sont installés quatre grands écrans verticaux. Les deux acteurs qui jouent les rôles principaux (Merteuil, Valmont) se trouvent sur un petit plateau transparent maintenu par des câbles au-dessus du public. Ils ont chacun une caméra et filment leurs propres visages…