La Joconde s’est rendue célèbre pour son ambiguïté sexuelle et pour le mystère de son sourire. Ce tableau est la première œuvre qui représente un personnage souriant ; il pose les bases d’une nouvelle manière de faire un portrait. Commandé en 1503, par Francesco del Giocondo pour son épouse qui vient de lui donner deux enfants mâles, viables à la naissance, il est le témoin du bonheur du couple. Or, Léonard ne le lui vendra jamais. Il le gardera pour lui toute sa vie, lui faisant faire le voyage jusqu’en France. Depuis, il est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la peinture. En 1919, Marcel Duchamp (1887-1968) tourne en dérision l’image de la Joconde en crayonnant sur une carte postale, une barbiche et une moustache ; il l’intitule L.H.O.O.Q. En 1972, Ana Mendieta (1948-1985), citant le ready made rectifié de Duchamp, lors d’une première performance se colle sur son visage la barbe du poète Morty Sklar ; dans une seconde, sa moustache.
Face à cette habitude masculine de rajouter des poils sur le visage des femmes, le résultat dans l’œuvre de Duchamp, puis les intentions artistiques, voire symboliques de l’appropriation de cette manie facétieuse dans les performances de Mendieta posent la question de l’inversion des genres. Notons le paradoxe du choix car Léonard a pour cette commande multiplié les incorrections : il représente une jeune femme souriant ; il l’installe tout près des spectateurs et, surtout, il lui épile les sourcils et les cheveux, pratique que seules, à cette époque, les femmes de mauvaise vie pratiquaien…