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Article de revue

Annotations d'auteurs à l'aube de l'imprimerie : d'une autorité à l'autre

Pages 7 à 20

Notes

  • [1]
    Voir ici même la contribution de J.-M. Chatelain et son article « Humanisme et culture de la note », Revue de la Bibliothèque Nationale de France, n° 2 (« Le livre annoté »), juin 1999, p. 26-35.
  • [2]
    Qu’on trouve d’ailleurs dans un recueil au titre exemplaire : Annotationes doctorum virorum in Grammaticos, Oratores, Poetas, Philosophos, Theologos et Leges, Jehan Petit et Josse Bade, Paris, 1511. On y trouve par exemple aussi les M.A. Sabellici annotationes [sur Tite Live, Valère Maxime, Pline, Catulle, Lucain, etc.], la P. Beroaldi centuria prima [sur Ovide, Horace, Martial, Juvénal, Lucain, etc.].
  • [3]
    Voir par exemple Auli Gellii noctium atticarum libri undeviginti una cum haud aspernandis Iodoci Badii Ascensiani annotationibus […], Paris, Nicolas Des Prez et Frères de Marnef, 1518. En titre courant de chaque livre on trouve d’ailleurs dans cette édition Noctium Atticarum commentarii liber primus, secundus etc.
  • [4]
    Cette approche paraît évidente pour l’étude des notes manuscrites ajoutées par un lecteur sur un texte, manuscrit ou imprimé.
  • [5]
    Voir Michel Charles, L’Arbre et la source, Paris, Seuil, 1985.
  • [6]
    En laissant de côté le cas des notes ajoutées par l’imprimeur, lui aussi fort intéressant.
  • [7]
    Pour un bilan sur la notion voir M. Zimmermann (éd.), Auctor & Auctoritas, Paris, École des Chartes, 2001.
  • [8]
    Pour une étude récente consacrée aux marginalia des ouvrages manuscrits et à leurs différents statuts, voir Scientia in margine. Études sur les marginalia dans les manuscrits scientifiques du Moyen Âge et de la Renaissance, D. Jacquart et C. Burnett éd., Genève, Droz, 2005, notamment les contributions de B. Mondrain « Traces et mémoire de la lecture des textes : les marginalia dans les manuscrits scientifiques byzantins », p. 1-25, et d’A. Tura « Essai sur les Marginalia en tant pratique et documents » p. 261-387, dont les analyses sont éclairantes pour les ouvrages littéraires aussi bien que scientifiques.
  • [9]
    Apparues dès 1526 dans les annotations par Jacques Toussain des epistulae de Budé : Annotata in G. Budaei Epistolas, Paris, Josse Bade, 1526. Je remercie Michel Magnien de cette indication.
  • [10]
    Sur le personnage, voir Ph. Renouard, Bibliographie des impressions et des œuvres de Josse Bade Ascensius, imprimeur et humaniste (1462-1535), Paris, 1908 ; M. Lebel, Josse Bade, humaniste, éditeur-imprimeur et préfacier, Louvain, Peeters, 1988 ; I. Diu, « Medium typographicum et respublica litteraria : le rôle de Josse Bade dans le monde de l’édition humaniste », dans F. Barbier et alii (dir.), Le Livre et l’Historien, Genève, Droz, 1997, p. 111-124.
  • [11]
    Pour une analyse plus détaillée des deux ouvrages de Bade composés à partir du texte de Brant, voir notre article « Commentarii, explanationes, annotationes. De quelques formes de notes marginales ou infrapaginales au début de l’imprimerie », dans J.-Cl. Arnould et Cl. Poulouin (dir.), Notes. Études sur l’annotation en littérature, Rouen, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2008, p. 145-158.
  • [12]
    Mélanges de la nef des fous composés par Josse Bade de poèmes variés non sans un commentaire familier de ces poèmes.
  • [13]
    Voir infra, figure 1.
  • [14]
    Sur cet auteur, voir D. Murarasu, La Poésie néo-latine et la Renaissance des lettres antiques en France (1500-1549), Paris, J. Gamber, 1928, p. 43-47 ; Ph. Renouard, op. cit., t. II, p. 241-252 ; et le récent mémoire de D.E.A. de Laure Putoud, Art et poésie à Bruges au début de la Renaissance : autour de Pierre de Bur, Carminum libri IX (Université de Paris IV - Sorbonne, 2004).
  • [15]
    Moralium magistri Petri Burri Carminum libri novem cum argumentis et vocabulorum minus vulgarium compendiosa explanatione, Paris, 1503, f. 2r°-v°.
  • [16]
    Nous ne prendrons qu’un exemple, celui de l’ode 34 du premier livre, « Parcus deorum cultor… », qui lui permet de ramener la pensée horatienne à l’inspiration de saint Paul et du Magnificat, puisqu’il cite successivement « prudentia hujus saeculi stultitia est apud deum » à propos de l’expression « insanientis sapientiæ » du v. 2 et de la « diva virgo », et « Deposuit potentes » à propos de la dernière strophe. Nous citons l’édition des Opera Q. Horatii Flacci Poetae amoenissimi cum quattuor commentariis, Paris, 1528, f. 25r°-v°.
  • [17]
    Ronsard et Muret, Les Amours, leurs commentaires (1553), éd. Chr. de Buzon et P. Martin, Paris, Didier, 1999, p. 69-70 pour le sonnet et son commentaire.
  • [18]
    Ibid., p. 216.
  • [19]
    « Discours vernaculaires et autorités latines », dans H.-J. Martin (dir.), Mise en pages et mise en texte du livre manuscrit, Paris, Éd. du Cercle de la Librairie, 2000, p. 289-315.
  • [20]
    Epistre de justice à l’instruction et honneur des ministres d’icelles, dans Opuscules du traverseur des voyes perilleuses, Poitiers, 1526, A1r°-v°.
  • [21]
    Voir l’édition donnée par Jennifer Britnell, Genève, Droz, 1991. Son introduction (p. 24-26) donne une analyse des annotations marginales.
  • [22]
    Voir sur ce point J. Britnell, Jean Bouchet, Edimbourg, Edinburgh University Press, 1986 (p. 98 sur l’Épître de Justice, p. 89-90 pour La Déploration et à propos du Labirynth, p. 205-207) ; A. Armstrong, « Paratexte et autorités chez les Grands Rhétoriqueurs », Travaux de littérature, vol. XIV (« L’écrivain éditeur, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle »), 2001, p. 61-89 (notamment p. 71-72 sur Le Labirynth).
  • [23]
    Le Labirynth de Fortune, Poitiers, Jacques Bouchet, 1924, Ière partie, v. 2305-2312 (E8v°).
  • [24]
    Ibid., Ière partie, v. 3485-3493 (H4v°).
  • [25]
    C’est ce que fait par exemple Gratien Du Pont : voir dans le présent volume l’article de Céline Marcy.
  • [26]
    Le Labirynth de Fortune, éd. cit., V6r°.
  • [27]
    Ibid., v. 52-61 (A1v°-A2r°).
  • [28]
    Ibid., v. 2329-2336 (F1r°).
  • [29]
    Chapitres VII à XVII de la Ière partie
  • [30]
    Voir le chapitre XXXIII, v. 4597-4676 de la Ière partie. Nous nous permettons de renvoyer ici à notre article « Fortune, histoire et Providence dans quelques œuvres de Jean Bouchet », publié dans les actes du colloque Hasard et Providence et que l’on peut consulter sur le site du Centre Supérieur d’Études de la Renaissance : http://www.cesr.univ-tours.fr/Publications/Hasard et Providence.
  • [31]
    R. Gobin, Les Loups ravissans, Paris, Vérard, s.d. Ce texte est composé sur le modèle du Doctrinal du temps present de Pierre Michault, où s’opposent la version pervertie donnée à l’école de fausseté et la version orthodoxe de cette lecture morale de la grammaire. Voir l’éd. moderne de T. Walton, Paris, Droz, 1931, et les travaux de M. Colombo Timelli consacrés au Donat moralisé et à ses avatars.
  • [32]
    Les Loups ravissans, C1v°- C2r°.
  • [33]
    La citation est empruntée à un passage fameux de la Sagesse qui donne la parole à l’impie.
  • [34]
    Les Loups ravissans, C2v°.
  • [35]
    Poitiers, Bibliothèque municipale, ms. 440. Il ajoute notamment des variations sur les « Loups ravissans » et se fait nommer systématiquement à partir de là sur les pages de titre : « l’acteur des Renars traversans et loups ravissans » ainsi sur la page de titre du Labirynth dans l’édition de Poitiers, 1524 mais aussi de longs passages consacrés à l’histoire et un chapitre où il se met lui-même en scène, tout cela dûment bordé de notes marginales. Sur cette réappropriation par le manuscrit d’un texte imprimé, voir notamment A. Armstrong, Technique and Technology : Script, Print, and Poetics in France (1470-1550), Oxford, Clarendon Press, 2000, et notre propre étude, « Les Regnars traversant les perilleuses voyes des folles fiances du monde. De l’imprimé au manuscrit », dans T. Van Hemelryck et C. Van Hoorebeeck (dir.), L’Écrit et le manuscrit à la fin du Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2006, p. 87-98. Il nous semble que se joue là, et bien au-delà de la seule notion de propriété, la conception même du texte littéraire.
  • [36]
    Déjà commentés dans les Silvae morales (Paris, 1492) et dans ses éditions d’Horace, de Perse ou de Juvénal.
  • [37]
    Voir infra, figure 2.
  • [38]
    Ces éditions restent de ce fait isolées ou défigurées par les impressions ultérieures ; c’est notamment le cas des éditions parisiennes du Labirynth de Fortune, par Philippe Lenoir ou Alain Lotrian, qui sans supprimer les marginalia, n’en rendent compte que partiellement.

1Le XVIe siècle est le siècle de la note [1]. Des œuvres entières ne sont autre chose que des notes. L’humaniste est un annotateur. De la Cornucopia de Perotti aux Miscellanées d’Ange Politien [2], des Antiquae lectiones de Rhodiginus aux Variæ lectiones de Juste Lipse ou aux Adversaria de Turnèbe, on n’en finirait pas d’énumérer et d’analyser les différentes espèces de ce genre proprement humaniste qui s’inscrit d’ailleurs dans la lignée de quelques auteurs anciens qui furent leurs favoris, le Macrobe des Saturnales, l’Aulu-Gelle des Nuits attiques, souvent fréquentés et commentés à la Renaissance [3]. On a souvent lu ces notes comme des notes de lecture et nombre des travaux consacrés à la note s’attachent à une « pratique de lecture [4] ». Nous voudrions ici spécifiquement nous intéresser à ce que les notes révèlent sur le versant de l’invention rhétorique. Si les notes, les commentaires, les annotations viennent de la tradition scolaire, cette tradition n’est pas une tradition critique comme la nôtre, mais une tradition rhétorique [5]. De l’œuvre commentée naît une autre œuvre : en témoigne par excellence la démarche des Essais de Montaigne. Les commentaires scolaires étudient les discours présents dans l’œuvre de Virgile ou de Tite-Live comme des modèles d’invention du discours et leur appliquent une grille d’analyse technique extrêmement précise et rigoureuse principalement dans ce but. Les travaux – au sens presque herculéen du terme – de l’équipe de recherche RARE (Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution) que dirige Francis Goyet à l’Université Stendhal de Grenoble visent à le montrer de façon exemplaire. Nous voudrions ici plus modestement nous arrêter sur quelques textes particuliers du début de l’imprimerie où les notes sont rédigées par l’auteur [6] et qui illustrent de manière particulièrement claire cette culture et cette pratique rhétoriques de la note. Nous voudrions voir comment on passe d’une note d’autorité scolastique (pour donner une étiquette commode), d’une note qui vise à fonder l’autorité d’un propos [7], à une note d’autorité rhétorique, qui donne les références et les modèles du texte dont elle constitue non le commentaire mais en quelque sorte le trésor d’invention. L’annotation y est le fait de l’auteur et fait coexister systématiquement sur la même page, dans le même espace, deux textes de statut différent, souvent de langue différente (le français pour le texte, le latin pour la marge), parfois de forme différente (vers et prose par exemple). L’apparition de l’imprimerie formalise sur la page la relation du texte à la note [8]. Imprimées, les notes marginales ou les notes de bas de page [9] font partie du texte, se donnent à lire, au même titre que les autres éléments du paratexte (titre, argument, gravure), avec le texte. Elles sont dans les deux cas qui nous intéresseront ici, les œuvres de Josse Bade et de Jean Bouchet, indissociables de l’œuvre elle-même.

2Josse Bade n’est pas seulement l’introducteur en France de Politien, l’inlassable commentateur des œuvres des anciens, Cicéron, Horace, et des modernes, comme Le Mantouan, qu’il flanque d’abondantes marges ; il est aussi l’auteur de quelques rares textes qui se situent dans la lignée de la Nef des fous de Brant [10]. Bade compose deux Nef des fous, qui ne sont absolument pas des traductions mais des compositions originales à partir du même thème. L’une d’entre elles nous arrêtera plus particulièrement tant le statut des notes y est instructif [11]. Bade publie en 1506 ses Navis stultiferae collectanea ab Jodoco Badio Ascensio vario carminum genere non sine eorumdem familiari explanatione constata[12] qui sont une série de poèmes composés à partir de la série de bois de la Nef des fous de Brant, dotés d’emblée de leur annotation par l’auteur lui-même. Chaque gravure placée sur la page de gauche est précédée d’un titre et suivie d’un court poème, lui-même brièvement commenté, auquel répond sur la page de droite un poème plus long flanqué en bas de page d’un long commentaire. Or ce commentaire fournit les clés de l’invention du poème, décrypte la méthode d’invention du texte. L’annotation, qui n’est pas marginale, mais qui occupe autant d’espace sinon davantage que le texte lui-même correspond bien à une note d’autorité rhétorique au sens où elle définit clairement les sources à partir desquelles le texte est composé. Le titre III qui correspond à la troisième gravure de Brant, celle qui représente des avares, donne ainsi lieu à un poème qui commence ainsi : « Danda est hellebori multo pars maxima avaris », et qui est ainsi commenté : « Verba sunt Horatii secundo sermonum » (« Les termes sont ceux d’Horace dans la deuxième satire ») [13]. Toute la suite du texte est un centon de divers fragments empruntés aux satires d’Horace et de Juvénal dont les notes explicitent les références. La note en bas de page signale la source à partir de laquelle est élaboré le poème, constitué à la manière humaniste d’une imitation composite. Elle est moins ici commentaire au sens moderne du terme que lieu même d’inscription sur la page du trésor d’invention du poème. L’annotation de la page de gauche est quant à elle systématiquement d’abord dévolue à la description métrique du quatrain placé sous la gravure, dont le patron est le plus souvent emprunté aux mètres variés d’Horace ou de Boèce. Ce rôle de l’annotation de l’auteur sur son propre texte n’est guère éloigné de la démarche du commentateur des textes d’autrui.

3En commentant par exemple Pierre de Bur, Josse Bade procède presque de la même manière. Pierre de Bur est l’auteur de poèmes d’inspiration morale et chrétienne, qui imitent les odes d’Horace en les christianisant [14]. Toute l’annotation de Bade vise à montrer à la fois la conformité formelle des carmina de Bur aux modèles anciens, principalement Horace et Boèce pour les premiers livres d’odes, comme dans nombre de ses propres compositions, mais aussi à faire un relevé des sources mêmes du texte. Ainsi la deuxième ode, poème contre l’avarice, lui permet de citer saint Paul (Col. IV) puis Horace, puis Sénèque, puis Salluste, etc., et d’introduire une longue considération sur le genus carminum et son modèle horatien d’après Perotti qui donne le principe d’écriture des odes suivantes des Carmina[15]. A propos de l’ode 3, Josse Bade commence par citer Juvénal, puis l’Évangile, puis procède à l’analyse métrique. Cette démarche est caractéristique chez Bade du commentaire des textes modernes. En commentant par exemple Horace, il tend bien davantage à ramener le texte à une norme : Virgile pour la langue, la Bible pour les idées, si l’on veut caricaturer un peu la démarche [16]. Il faut attendre ses successeurs, surtout Muret, Turnèbe, Lambin, pour voir le travail de commentaire du texte d’Horace devenir progressivement un travail sur les sources, sur le trésor d’invention. Les citations de Pindare ou plus largement des auteurs grecs abondent chez Lambin par exemple. Le commentaire de Marc-Antoine Muret sur Les Amours de Ronsard relève en partie de ce type de note d’autorité qui ramène le texte à ses sources, à son trésor d’invention aussi bien thématique que lexical. Commentant le sonnet 44 (« Ores l’effroi et ores l’esperance ») et notamment les tercets :

4

Verrai-je point avant mourir le tans,
Que je tondrai la fleur de son printans,
Sous qui ma vie à l’ombrage demeure ?
Verrai je point qu’en ses bras enlassé,
De trop combattre honnestement lassé,
Honnestement entre ses bras je meure ?

5il procède ainsi à une analyse qui rend à chaque auteur ancien ou moderne l’autorité de l’invention ronsardienne, tout en en explicitant toute la richesse sémantique :

6

Que je tondray la fleur de son printans.) Que je jouirai d’elle. La locution est prise de Pindare aus Pythies : […] Honnestement entre ses bras je meure.) Selon ce que dit Petrarque, Un bel morir tutta la vita honora. Et Virgile Pulchrumque mori succurrit in armis. Et Tyrtaee […]. [17]

7Il commente plus loin en ces termes le sonnet 175 (« Amour et Mars sont presque d’une sorte ») :

8

C’est une comparaison des amoureus, et des gendarmes, prinse entierement d’une Elegie d’Ovide, qui se commence, Militat omnis amans et habet sua castra Cupido. [18]

9Comme dans la nef de Bade ou dans le commentaire de Pierre de Bure, la note désigne à chaque fois ce dont le texte est l’amplification, l’accomplissement, ici en français, dans une illustration que souligne souvent Muret.

10On pourrait penser que le statut des notes marginales dans les textes de Jean Bouchet est plus conventionnel et guère différent de celui que décrit Geneviève Hasenohr à propos des textes moraux vernaculaires manuscrits des XIVe et XVe siècles. Elle montre comment un type de mise en page spécifique apparaît dans la seconde moitié du XIVe, les marges et intercolonnes portant la version intégrale des citations produites en français dans le texte [19]. À première vue l’insertion de citations latines dans les marges de La Déploration de l’Église militante, du Labirynth de Fortune ou de l’Épître de Justice semble relever du même procédé, fréquent dans la littérature morale et religieuse à la fin du Moyen Âge et assez systématique dans les traductions françaises de Virgile ou même de Brant imprimées au début de la Renaissance. L’Épître de Justice cite ainsi en marge à l’ouverture des textes empruntés à la Bible ou au Digeste qui fonde l’histoire du droit par laquelle elle commence [20]. La Déploration de l’Église militante, écrite en pleine crise gallicane, fonde elle aussi sur des autorités bibliques et juridiques dûment citées en marge sa mise en accusation des abus du pape et des désordres de l’église [21]. Le Labirynth de Fortune est un récit allégorique en vers où l’acteur est conduit dans le Labyrinthe de Fortune par Humaine Discipline (qui représente les sept arts libéraux) pour contempler les œuvres de Fortune, puis réveillé de son songe par Véritable Doctrine qui lui enseigne les lois de la Providence divine, seule cause première de toutes choses. Chaque personnage pour appuyer ses dires argumente, la première à l’aide de raisonnements dont les marginalia désignent l’origine païenne (Ovide, Horace, Virgile), l’autre par des assertions dont les marges montrent qu’elles sont en grande partie tirées de la Bible et des Pères de l’Eglise [22]. Humaine Discipline commentant la figure de Fortune la décrit ainsi tandis que la marge en contrepoint cite Ovide :

[23]

tableau im1
D’un des coustez blanche et clere est la face C’est son vray tainct lequel n’est umbroyé Par son Bon Eur, qui est vers ceste place De l’autre part son filz Maleur efface Son tresbeau viz, qu’il rend tout ordoyé, Et son maintien que tu voys desvoyé Et non racis monstre son inconstance Et que souvent change son acoinctance.23 Passibus ambiguis fortuna volubilis errat Et manet in nullo certa tenaxque loco, Sed modo laeta monet, vultus modo sumit acerbos Et tantum constans in levitate sua est. Ovi. Trist. li. v el. ix [5, 8, 15-18]

[23]

11Et quand Veritable Doctrine attaque la question cruciale du libre arbitre, est citée en marge, pour garantir l’orthodoxie du propos, l’autorité en la matière, le « maître des sentences », Pierre Lombard, auteur du manuel médiéval de référence en théologie :

[24]

tableau im2
Or povoit bien par le divin secours Le premier homme à peché resister, Car il avoit franc arbitre tousjours Pour laisser vice, et au bien assister : Et pour au mal fortement insister Dieu luy donna faculté de raison Et volunté, dont en toute saison Povoit eslire avec grace existente Ce que estoit bon, ou suyvir desraison Mal et peché quant grace est desistente.24 Liberum arbitrium est facultas et voluntas qua bonum eligitur gratia assistente, vel malum ea desistente. Magr. sen. di. xxiiii. li. ii.

[24]

12Comme le montrent ces deux exemples, Jean Bouchet ne procède pas par traduction, ne donne pas en regard de son propre texte la citation latine qu’il traduirait exactement [25]. La citation d’Ovide donne la source du mot inconstance et dessine en contrepoint la figure traditionnelle d’une Fortune ailée sur un globe instable. La citation de Pierre Lombard donne la définition exacte du libre arbitre dont le français reprend certains termes, garants de son orthodoxie. Le texte en marge libère en quelque sorte le texte vernaculaire, en même temps qu’il le modélise partiellement. Comme Bouchet s’en explique dans une épître placée à la fin du texte, s’il a osé entreprendre un sujet aussi haut, dont la connaissance parfaite est réservée à Dieu, c’est précisément en se fondant sur l’autorité des Pères de l’Église et des docteurs, autorité que garantit la marge, mais qu’elle garantit seule en quelque sorte, autorisant le vulgaire à s’avancer dans la voie de la fiction et de la représentation :

J’ay succinctement parlé des choses dessus touchées et aultres en metres vulgaires de diverses tailles. Non de ce mon seul sens, mais par la recherche et labeur que l’ay prins à extraire les dictz, oppinions et sentences d’aucuns nobles poetes, eloquens orateurs, philosophes naturelz et moraulx, docteurs saints et catholiques, loix civilles et canoniques, coctez en la marge du langage vulgaire. [26]
Les textes cités intégralement et très abondamment en marge appuient la démonstration tout en l’autorisant, au sens rhétorique du terme, en permettant un développement en français qui suit sa propre voie d’amplification, d’imitation, d’invention. Ce texte, qui est tout entier construit selon une démarche pédagogique de renoncement à l’erreur et de découverte de la vérité, revient des sources païennes aux sources chrétiennes sur la question de la fortune et du destin en donnant en même temps les sources de son écriture et de son invention. Dès l’ouverture les marginalia précisent les topoi poétiques à partir desquels la fiction s’élabore et qu’elle amplifie. Le cadre fictionnel est placé sous le signe de Virgile :

tableau im3
Lors que Aurora du ciel eut les estelles Quant à noz yeulx abscond par facons telles Qu’on povoit veoir Titan treslumineux Chassant de nuyt l’umbre caligineux Et appellant de toutes pars les hommes A labeur prendre, et supporter les sommes De cestuy monde et les journelz travaulx Et que ses prompts et allegres chevaulx Passoient roufflans mieulx que ne fit Pegase Dessus le mont de Orient, dit Caucase Qui de ses rais begnins et siderez Eut abatu par moiens moderez De son amye Aurora la rouzee Dont elle avoit mainte terre arrousee Me pourmenant hors la rigueur d’yver Jamque rubescebat stellis aurora fugatis. virgi. enei. ii. [3, 521] Aurora interea miseris mortalibus almam Extulerat lucem refferens opera atque labores. virg. ene. xi [182-183] Postera vix summos spargebat lumine montes Orta dies cum primum alto se gurgite tollunt. Solis equi lucemque elatis naribus efflant. virg. enei. xii. [113-115]

13À cette fiction poétique succède une déploration sur la mort d’Artus Gouffier, placée sous le patronage des Lamentations de Jérémie, comme le signale la marge :

[27]

tableau im4
Las venez veoir la pauvre voix discrete, Vous l’entendrez assez sans interprete En escoutant son desolé propos, Venez ouyr quelle homme elle regrete En ce boucage, et mansion secrete, Où elle pert nuyt et jour le repos. Astres, et cieulx, et tout fatal dispos Sont contre nous sans espoir d’alegeance Comme si Dieu vouloit prendre vangeance De noz pechez, par ung seul cas de mort.27 O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor meus. Threno. primo. [1, 12]. Abstulit omnes magnificos meos dominus de medio mei. Threno. eo. c. [1, 15]

[27]

14Suit une narration allégorique qui décrit le palais et les figures de Fortune, Eur et Maleur en mettant en abyme, par le texte et la marge, la nature fictionnelle de cette représentation, et même précisément la notion même de figuration allégorique :

[28]

tableau im5
Ce que ne voys ces personnes au vif Et que entre deulx il y a des courtines Que feiz jadis à peine et grant estrif Monstre que sens auras intellectif D’Eur et Maleur par mes belles doctrines Et de Fortune et ses facons malignes Semblablement de leur estre et pouvoir Comme amplement tu as icy peu veoir.28 Ut pictura poesis erit quae si propius stes te capiat magis Horat. in arte poet. [361]

[28]

15Reste à Véritable Doctrine à s’appuyer, comme son nom l’indique, sur les docteurs en adoptant la forme du traité (en citant abondamment les sentences et les sommes des docteurs catholiques mais aussi du droit canonique) après celle du dialogue fondé sur Boèce et sa Consolation de la Philosophie. Chaque partie donne son modèle d’écriture de manière extrêmement précise. Le long passage où Eur et Maleur, les deux fils de Fortune, se disputent en quatrains alternés l’empire du monde en en retraçant l’histoire depuis son origine est ainsi fondé sur un usage de la marge particulier, où les références sont abrégées selon la démarche traditionnelle des livres d’histoire. De même tout à la fin le discours des trois vertus s’inscrit dans la lignée du décalogue sur le mode injonctif.

16La note marginale aurait donc dans le texte de Bouchet un double statut. Sans perdre son statut de note d’autorité visant à appuyer la validité du discours, elle afficherait aussi sa valeur de trésor d’invention. Les passages les plus significatifs sont ceux des débats, tel le long débat en quatrains entre Eur et Maleur, qui se fondent sur les mêmes sources historiques précisées en note pour donner de l’histoire une interprétation contraire, l’une menée par Eur, l’autre par Maleur, dans un jeu de retournement de fortune et de réversibilité du récit, caractéristique de la lecture de l’histoire de chaque personnage [29]. Les mêmes sources historiques sont convoquées en marge plus loin par Véritable Doctrine quand elle relit les mêmes événements pour réfuter le rôle de Fortune et rendre à la vertu et à la Providence leur rôle premier dans le déroulement historique [30]. Loin que la note soit là pour donner une interprétation, vision toute moderne, elle a pour rôle de donner le fondement dont chaque texte est la performance, que chaque texte utilise, amplifie, interprète.

17On pourrait citer d’autres textes, ainsi des Loups ravissant, texte de Robert Gobin publié par Vérard au début du XVIe siècle [31], qui oppose le Loup figurant le diable et Sainte Doctrine. Chaque personnage interprète allégoriquement les lois grammaticales et chaque argumentation se fonde sur un trésor d’invention que signalent (moins systématiquement que chez Bouchet) les marges. Si les références bibliques sont, naturellement, le plus souvent réservées à Sainte Doctrine, il arrive à Archilupus, le prince des Loups, d’y recourir dans sa relecture perverse des lois de la grammaire comme ici à propos de la tierce déclinaison :

18

Des odeurs ayez congnoissance […]
De roses vous fault couronner
Devant que l’esté soyt passé
Et de chapeaux avironner
Chascun de vous n’en soyt lassé
Nul pré si ne soyt trespassé
Où n’appert notre luxure
Croire fault la sainte escriture. [32]

19En marge est donnée une citation du Livre de la Sagesse (II, 8) : « Coronemus nos rosis[33] ». Sainte Doctrine s’empresse de redonner à l’image des fleurs, en citant le Cantique des Cantiques, un tout autre sens :

20

Et aussi de nostre benoyt saulveur peut estre verifié le dit du saige en ses cantiques au second chapitre qui dit, les fleurs sont apparus en nostre terre cestadire nostre saulveur qui est redolent et odoriferant est apparu en la Vierge Marie. [34]

21En marge du discours de Sainte Doctrine se trouve la citation du Cantique (II, 12) : « Flores apparuerunt in terra nostra ». La marge latine autorise certes le texte vernaculaire, mais elle en désigne en même temps la source et la démarche, de façon plus traditionnelle ici au demeurant car texte et marginalia se correspondent exactement. Plus caractéristique peut-être est le cas d’une autre œuvre de Jean Bouchet. Après l’édition (que nous appellerions pirate aujourd’hui) par Vérard de ses Regnars traversant attribués par pure politique commerciale à Brant et accolés à toute une série de textes qui ne sont pas de lui, Bouchet ne trouve meilleur moyen de se réapproprier son texte que de le faire réécrire sous forme manuscrite, non seulement en ajoutant des chapitres et des motifs spécifiques mais aussi en donnant en marge systématiquement et abondamment les sources de son texte [35]. L’autorité, ici la propriété du texte, se fonde précisément sur ce qui pourrait nous paraître, à nous modernes, le plus étranger : les sources de l’invention du texte, dont l’auteur a le monopole de la réécriture et du remploi. Ce qu’on appelle imitation, c’est-à-dire invention.

22La note d’autorité prendrait donc de la sorte, à l’aube de l’imprimerie, un sens particulier. En nommant leurs sources dans les marges, en donnant à lire le travail d’invention du texte par de longues citations marginales, non pas traduites mais réinventées, imitées de manière composite dans le poème latin ou vernaculaire qu’elles flanquent, des auteurs comme Bade ou Bouchet définissent le statut de leur propre voix auctoriale. La démarche de Bade est plus pédagogique en quelque sorte, dans un travail d’élaboration du texte qui relève en grande part de l’exercitatio sur un ensemble d’auteurs bien connus [36]. La voix auctoriale y a valeur d’être ce lieu de rencontre des voix antiques que Bade fait dialoguer et se répondre notamment dans une autre de ses œuvres, les Silvae morales. La marge lui donne en ce sens autorité. Il en va un peu différemment chez Bouchet, dont la voix s’autorise tout en s’émancipant des autorités poétiques, historiques, juridiques et théologiques qui l’accompagnent, lui font cortège, la libèrent en la bordant et en la garantissant. De cette autorité scolastique maintenue en marge, en latin et en prose, naît la liberté d’invention vernaculaire et poétique de la fiction. Les annotations marginales donnent aussi et en même temps, comme chez Bade, les modèles narratifs et discursifs de développement du texte. La typographie même, le jeu sur la taille des caractères [37], sur la symétrie des deux pages en vis-à-vis, sur la place de la figure notamment chez Bade, par rapport au texte, disent et représentent cette démarche d’écriture et d’invention. Elle ne s’accomplit pleinement en ces termes que par le fait d’écrivains-imprimeurs ou liés aux imprimeurs, le temps d’une publication, à cette aube-laboratoire d’une nouvelle technique [38].


Figure 1

Navis stultiferae collectanea ab Jodoco Badio Ascensio, Paris, 1506, f. IVv°-Vr°

Figure 1
Figure 1

Navis stultiferae collectanea ab Jodoco Badio Ascensio, Paris, 1506, f. IVv°-Vr°

(source : BnF Gallica NUMM 53721)
Figure 2

Le Labirynth de Fortune, Poitiers, 1524, f. A2r°

Figure 2

Le Labirynth de Fortune, Poitiers, 1524, f. A2r°

(source : BnF Gallica NUMM 52284)

Notes

  • [1]
    Voir ici même la contribution de J.-M. Chatelain et son article « Humanisme et culture de la note », Revue de la Bibliothèque Nationale de France, n° 2 (« Le livre annoté »), juin 1999, p. 26-35.
  • [2]
    Qu’on trouve d’ailleurs dans un recueil au titre exemplaire : Annotationes doctorum virorum in Grammaticos, Oratores, Poetas, Philosophos, Theologos et Leges, Jehan Petit et Josse Bade, Paris, 1511. On y trouve par exemple aussi les M.A. Sabellici annotationes [sur Tite Live, Valère Maxime, Pline, Catulle, Lucain, etc.], la P. Beroaldi centuria prima [sur Ovide, Horace, Martial, Juvénal, Lucain, etc.].
  • [3]
    Voir par exemple Auli Gellii noctium atticarum libri undeviginti una cum haud aspernandis Iodoci Badii Ascensiani annotationibus […], Paris, Nicolas Des Prez et Frères de Marnef, 1518. En titre courant de chaque livre on trouve d’ailleurs dans cette édition Noctium Atticarum commentarii liber primus, secundus etc.
  • [4]
    Cette approche paraît évidente pour l’étude des notes manuscrites ajoutées par un lecteur sur un texte, manuscrit ou imprimé.
  • [5]
    Voir Michel Charles, L’Arbre et la source, Paris, Seuil, 1985.
  • [6]
    En laissant de côté le cas des notes ajoutées par l’imprimeur, lui aussi fort intéressant.
  • [7]
    Pour un bilan sur la notion voir M. Zimmermann (éd.), Auctor & Auctoritas, Paris, École des Chartes, 2001.
  • [8]
    Pour une étude récente consacrée aux marginalia des ouvrages manuscrits et à leurs différents statuts, voir Scientia in margine. Études sur les marginalia dans les manuscrits scientifiques du Moyen Âge et de la Renaissance, D. Jacquart et C. Burnett éd., Genève, Droz, 2005, notamment les contributions de B. Mondrain « Traces et mémoire de la lecture des textes : les marginalia dans les manuscrits scientifiques byzantins », p. 1-25, et d’A. Tura « Essai sur les Marginalia en tant pratique et documents » p. 261-387, dont les analyses sont éclairantes pour les ouvrages littéraires aussi bien que scientifiques.
  • [9]
    Apparues dès 1526 dans les annotations par Jacques Toussain des epistulae de Budé : Annotata in G. Budaei Epistolas, Paris, Josse Bade, 1526. Je remercie Michel Magnien de cette indication.
  • [10]
    Sur le personnage, voir Ph. Renouard, Bibliographie des impressions et des œuvres de Josse Bade Ascensius, imprimeur et humaniste (1462-1535), Paris, 1908 ; M. Lebel, Josse Bade, humaniste, éditeur-imprimeur et préfacier, Louvain, Peeters, 1988 ; I. Diu, « Medium typographicum et respublica litteraria : le rôle de Josse Bade dans le monde de l’édition humaniste », dans F. Barbier et alii (dir.), Le Livre et l’Historien, Genève, Droz, 1997, p. 111-124.
  • [11]
    Pour une analyse plus détaillée des deux ouvrages de Bade composés à partir du texte de Brant, voir notre article « Commentarii, explanationes, annotationes. De quelques formes de notes marginales ou infrapaginales au début de l’imprimerie », dans J.-Cl. Arnould et Cl. Poulouin (dir.), Notes. Études sur l’annotation en littérature, Rouen, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2008, p. 145-158.
  • [12]
    Mélanges de la nef des fous composés par Josse Bade de poèmes variés non sans un commentaire familier de ces poèmes.
  • [13]
    Voir infra, figure 1.
  • [14]
    Sur cet auteur, voir D. Murarasu, La Poésie néo-latine et la Renaissance des lettres antiques en France (1500-1549), Paris, J. Gamber, 1928, p. 43-47 ; Ph. Renouard, op. cit., t. II, p. 241-252 ; et le récent mémoire de D.E.A. de Laure Putoud, Art et poésie à Bruges au début de la Renaissance : autour de Pierre de Bur, Carminum libri IX (Université de Paris IV - Sorbonne, 2004).
  • [15]
    Moralium magistri Petri Burri Carminum libri novem cum argumentis et vocabulorum minus vulgarium compendiosa explanatione, Paris, 1503, f. 2r°-v°.
  • [16]
    Nous ne prendrons qu’un exemple, celui de l’ode 34 du premier livre, « Parcus deorum cultor… », qui lui permet de ramener la pensée horatienne à l’inspiration de saint Paul et du Magnificat, puisqu’il cite successivement « prudentia hujus saeculi stultitia est apud deum » à propos de l’expression « insanientis sapientiæ » du v. 2 et de la « diva virgo », et « Deposuit potentes » à propos de la dernière strophe. Nous citons l’édition des Opera Q. Horatii Flacci Poetae amoenissimi cum quattuor commentariis, Paris, 1528, f. 25r°-v°.
  • [17]
    Ronsard et Muret, Les Amours, leurs commentaires (1553), éd. Chr. de Buzon et P. Martin, Paris, Didier, 1999, p. 69-70 pour le sonnet et son commentaire.
  • [18]
    Ibid., p. 216.
  • [19]
    « Discours vernaculaires et autorités latines », dans H.-J. Martin (dir.), Mise en pages et mise en texte du livre manuscrit, Paris, Éd. du Cercle de la Librairie, 2000, p. 289-315.
  • [20]
    Epistre de justice à l’instruction et honneur des ministres d’icelles, dans Opuscules du traverseur des voyes perilleuses, Poitiers, 1526, A1r°-v°.
  • [21]
    Voir l’édition donnée par Jennifer Britnell, Genève, Droz, 1991. Son introduction (p. 24-26) donne une analyse des annotations marginales.
  • [22]
    Voir sur ce point J. Britnell, Jean Bouchet, Edimbourg, Edinburgh University Press, 1986 (p. 98 sur l’Épître de Justice, p. 89-90 pour La Déploration et à propos du Labirynth, p. 205-207) ; A. Armstrong, « Paratexte et autorités chez les Grands Rhétoriqueurs », Travaux de littérature, vol. XIV (« L’écrivain éditeur, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle »), 2001, p. 61-89 (notamment p. 71-72 sur Le Labirynth).
  • [23]
    Le Labirynth de Fortune, Poitiers, Jacques Bouchet, 1924, Ière partie, v. 2305-2312 (E8v°).
  • [24]
    Ibid., Ière partie, v. 3485-3493 (H4v°).
  • [25]
    C’est ce que fait par exemple Gratien Du Pont : voir dans le présent volume l’article de Céline Marcy.
  • [26]
    Le Labirynth de Fortune, éd. cit., V6r°.
  • [27]
    Ibid., v. 52-61 (A1v°-A2r°).
  • [28]
    Ibid., v. 2329-2336 (F1r°).
  • [29]
    Chapitres VII à XVII de la Ière partie
  • [30]
    Voir le chapitre XXXIII, v. 4597-4676 de la Ière partie. Nous nous permettons de renvoyer ici à notre article « Fortune, histoire et Providence dans quelques œuvres de Jean Bouchet », publié dans les actes du colloque Hasard et Providence et que l’on peut consulter sur le site du Centre Supérieur d’Études de la Renaissance : http://www.cesr.univ-tours.fr/Publications/Hasard et Providence.
  • [31]
    R. Gobin, Les Loups ravissans, Paris, Vérard, s.d. Ce texte est composé sur le modèle du Doctrinal du temps present de Pierre Michault, où s’opposent la version pervertie donnée à l’école de fausseté et la version orthodoxe de cette lecture morale de la grammaire. Voir l’éd. moderne de T. Walton, Paris, Droz, 1931, et les travaux de M. Colombo Timelli consacrés au Donat moralisé et à ses avatars.
  • [32]
    Les Loups ravissans, C1v°- C2r°.
  • [33]
    La citation est empruntée à un passage fameux de la Sagesse qui donne la parole à l’impie.
  • [34]
    Les Loups ravissans, C2v°.
  • [35]
    Poitiers, Bibliothèque municipale, ms. 440. Il ajoute notamment des variations sur les « Loups ravissans » et se fait nommer systématiquement à partir de là sur les pages de titre : « l’acteur des Renars traversans et loups ravissans » ainsi sur la page de titre du Labirynth dans l’édition de Poitiers, 1524 mais aussi de longs passages consacrés à l’histoire et un chapitre où il se met lui-même en scène, tout cela dûment bordé de notes marginales. Sur cette réappropriation par le manuscrit d’un texte imprimé, voir notamment A. Armstrong, Technique and Technology : Script, Print, and Poetics in France (1470-1550), Oxford, Clarendon Press, 2000, et notre propre étude, « Les Regnars traversant les perilleuses voyes des folles fiances du monde. De l’imprimé au manuscrit », dans T. Van Hemelryck et C. Van Hoorebeeck (dir.), L’Écrit et le manuscrit à la fin du Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2006, p. 87-98. Il nous semble que se joue là, et bien au-delà de la seule notion de propriété, la conception même du texte littéraire.
  • [36]
    Déjà commentés dans les Silvae morales (Paris, 1492) et dans ses éditions d’Horace, de Perse ou de Juvénal.
  • [37]
    Voir infra, figure 2.
  • [38]
    Ces éditions restent de ce fait isolées ou défigurées par les impressions ultérieures ; c’est notamment le cas des éditions parisiennes du Labirynth de Fortune, par Philippe Lenoir ou Alain Lotrian, qui sans supprimer les marginalia, n’en rendent compte que partiellement.
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