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Article de revue

Mécénas, Socrate, Aristippe : les figures de la parrêsia dans Guez de Balzac

Pages 169 à 178

Notes

  • [1]
    J.-L. Guez de Balzac, Socrate chrétien, éd. J. Jehasse, Paris, Champion, 1991.
  • [2]
    M. Foucault, Le Gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France (1982-1983), Paris, Gallimard / Seuil, 2008, p. 67.
  • [3]
    Plutarque, Comment on pourra discerner le flatteur d’avec l’amy, Les Œuvres morales et meslees de Plutarque, trad. J. Amyot, Paris, M. de Vascosan, 1572, vol. I, p. 40r°-55v°.
  • [4]
    Voir J. Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain (1597-1654), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1977, p. 409-410 ; B. Beugnot, « La figure de Mecenas », dans R. Mousnier et J. Mesnard (éd.), L’Âge d’or du mécénat (1598-1661), Paris, Éditions du CNRS, 1985, p. 285-293, repris dans La Mémoire du texte, essais de poétique classique, Paris, Champion, 1994 ; H. Merlin-Kajman, L’Excentricité académique : littérature, institution, société, Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 58. M. Foucault évoque par ailleurs le personnage de Mécène (op. cit., p. 268).
  • [5]
    En « parlant français », Balzac acclimate l’anecdote antique au contexte contemporain mais il fait également aveu de franchise, l’« esprit français » étant caractérisé par une « irrévérence », favorisée « par la configuration religieuse du royaume » (J.-Fr. Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 554).
  • [6]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses (1644), éd. R. Zuber, Paris, Champion, 1995, p. 144.
  • [7]
    M. Foucault, op. cit., p. 148.
  • [8]
    N. Coëffeteau, Histoire romaine, Lyon, J. Huguetan, 1662, p. 436.
  • [9]
    Voir S. H. Madden, « L’idéologie constitutionnelle en France : le lit de justice », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, n° 1, 1982, p. 32-63. Le lit de justice inaugural de 1610 introduit ainsi le culte dynastique et la confusion des « deux corps du roi ». Voir également R. E. Giesey, Cérémonial et puissance souveraine, France (XVe-XVIIe siècles), trad. J. Carlier, Paris, A. Colin, 1987, p. 33-47.
  • [10]
    Celle de Philodème et son Peri parrêsias (éd. A. Olivieri, Leipzig, Teubner, 1914).
  • [11]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 149 : « il y a un art d’user innocemment de la volupté, […] cet art avait été enseigné en Grèce par Aristippe ». Cet art innocent se manifeste particulièrement dans la conduite d’Aristippe à l’égard du tyran Denys de Syracuse, qu’il enseigne d’autant plus efficacement qu’il se dissimule sous de feintes affèteries courtisanes (le « parfum » d’Aristippe) : voir par exemple la lettre à Bourdelot du 10 sept. 1653 (Les Œuvres de Monsieur de Balzac, divisées en deux tomes, éd. V. Conrart, Paris, L. Billaine, 1665, t. I, p. 1031).
  • [12]
    Dio’s Roman history, t. VI [livres LI-LV], éd. E. Cary, Londres, W. Heinemann, 1917, p. 394-397.
  • [13]
    J.-L. Guez de Balzac, Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 134 ; Œuvres diverses, éd. cit., p. 144.
  • [14]
    Voir par exemple le l. IV du Courtisan de B. Castiglione, trad. G. Chappuys, Paris, N. Bonsons, 1585, p. 525 ; R. Damien, Le Conseiller du Prince de Machiavel à nos jours, Paris, Puf, 2003.
  • [15]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 77. Ce conseil, mis en scène par Corneille à la première scène de l’acte II de Cinna, est longuement relaté par Dion Cassius au livre LII de son Histoire romaine et amplifié par N. Coëffeteau (Histoire romaine, op. cit., p. 386).
  • [16]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 351.
  • [17]
    Id., Lettre à J. Chapelain du 20 décembre 1640, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 838.
  • [18]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 146.
  • [19]
    Sur l’atticisme et l’urbanité selon Balzac, voir R. Zuber, Les Émerveillements de la raison, classicismes littéraires du XVIIe siècle français, Paris, Klincksieck, 1997.
  • [20]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 80. Cf. Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 12-14, 1126b-1128b.
  • [21]
    J.-L. Guez de Balzac, Socrate chrétien, éd. cit., p. 95.
  • [22]
    Ibid., p. 148.
  • [23]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 82 et 146. La postface de la Satyre Ménippée en 1595 proposait déjà une définition de la « Parrisie » comme « ironies gaillardes, piquantes, toutesfois et mordantes le fond de la conscience de ceux qui s’y sentent attaquez, ausquels on dit leurs veritez : mais au contraire font éclater de rire ceux qui ont l’âme innocente et asseuree de n’avoir point desvoyé au bon chemin » (Satyre Ménippée, éd. M. Martin, Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2010, p. 14-15).
  • [24]
    Voir Chr. Jouhaud, Les Pouvoirs de la littérature : histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000, p. 332 ; J.-L. Guez de Balzac, Lettre à Richelieu du 3 mars 1631, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 328-331.
  • [25]
    Id., Lettre à V. Conrart du 11 décembre 1652, ibid., p. 959.
  • [26]
    Balzac écrit en mars 1653 à Conrart alors que Mazarin vient de rentrer à Paris : « Obligez-moi de me renvoyer Aristippe, par le premier Messager, et de l’accompagner des originaux des Lettres dont nous voulons composer le volumetto. Si Aristippe est encore trois ou quatre mois dans mon Cabinet, il n’en sera que mieux, et j’ay quelque opinion que ma lime ne gaste pas les ouvrages qu’elle polit. Rien ne nous presse d’ailleurs, de publier ce qui ne sera plus nostre, quand il sera publié » (ibid., p. 967).
  • [27]
    Balzac convoque dans son Aristippe la mémoire de personnages retirés de la vie politique : Épernon en disgrâce, Christine de Suède et Maurice qui ont abdiqué, Balzac lui-même dans sa retraite charentaise.
  • [28]
    Chr. Jouhaud et H. Merlin-Kajman, « Aristippe ou les équivoques de la publication », dans R. Duchêne et P. Ronzeaud (éd.), Ordre et contestation au temps des classiques, Paris / Seattle / Tübingen, Biblio 17, 1992, t. II, p. 155-179.
  • [29]
    Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 949.
  • [30]
    En 1630, après la conquête de Pignerol et le siège de Casal par les Espagnols, le roi malade à Lyon est rejoint par Richelieu.
  • [31]
    J.-L. Guez de Balzac, Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 126.
  • [32]
    Id., Les Œuvres de Monsieur de Balzac, ép. cit., t. I, p. 972.
  • [33]
    Id., Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 186.
  • [34]
    Le parallèle implicite entre le règne de Jean II de Castille, assujetti à son favori Alvaro de Luna, et celui de Louis XIII, soumis à Albert de Luynes, est exploité, grâce au jeu de la paronomase, par J. de Lannel, Histoire de D. Juan, deuxiesme roy de Castille, recueillie de divers Autheurs, Paris, T. du Bray, 1622.
  • [35]
    Le fait est fréquemment souligné par les mémorialistes comme Pontchartrain, Mémoires, éd. Michaud et Poujoulat, Paris, Éd. du Commentaire analytique du Code civil, 1835, p. 386. Voir également : M. Foisil, L’Éducation d’un roi (1601-1617), Paris, Perrin, 1996, p. 220 ; J. Héroard, Journal, éd. M. Foisil, Paris, Fayard, 1989, t. I, p. 311 (sur la participation de Louis XIII au conseil entre 1615 et 1617) et t. II, p. 2419.
  • [36]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 351 sq.
  • [37]
    Chr. Jouhaud, Richelieu et l’écriture du pouvoir : autour de la journée des Dupes, Paris, Gallimard, 2015, p. 221.

1 Mécénas, Socrate, Aristippe, les titres des principaux traités politiques de Guez de Balzac indiquent les masques derrière lesquels l’écrivain s’est retiré, les personæ imaginaires dans lesquelles il s’est plu à se réfléchir. Mécénas, composé vraisemblablement en 1638-1640 pour les hôtes du salon de Mme de Rambouillet, paraît en 1644 dans les Œuvres diverses. Le Socrate chrétien voit le jour en 1651 mais compile, comme l’a montré l’édition de Jean Jehasse [1], des strates de textes rédigées à des dates très diverses. Aristippe, achevé depuis novembre 1651, aurait occupé son auteur pendant plus de vingt ans mais n’est rendu public qu’après sa mort, en 1658. L’enchevêtrement chronologique des publications de Balzac aura donc permis de tisser une discrète filiation entre ces trois figures historiques antiques : du favori d’Auguste au philosophe cyrénaïque, elles incarnent chacune, sous une modalité particulière, la vertu de parrêsia, le « courage de la vérité ».

2 Quand, au détour de ses recherches sur « le souci de soi », en particulier dans ses derniers cours au Collège de France, Michel Foucault s’intéressa à l’étrange revirement qui conduisit de la parrêsia antique à la pratique moderne de la confession chrétienne, il déplora de ne pas s’être suffisamment appesanti sur le problème de la parrêsia politique à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, c’est-à-dire au moment où s’installe ce qu’il est convenu d’appeler l’absolutisme [2]. La nécessité de distinguer le flatteur intéressé du conseiller véridique ou de l’ami sincère obsède en effet les écrivains de l’époque moderne, dans le sillage de la réflexion résumée par Plutarque dans son essai Comment distinguer le flatteur de l’ami, traduit en français dès 1572 par Jacques Amyot [3]. La parrêsia (qu’Amyot traduit par « franchise de parler librement ») constitue, dans cette réflexion morale, la pierre de touche de l’amitié authentique et par conséquent du véritable conseil. De Mécénas à Aristippe, Guez de Balzac s’interroge également sur les conditions de possibilité éthiques et historiques d’une parole de vérité adressée à un prince absolu.

« Surge tandem carnifex ! » : le parrèsiaste et le conseiller

3 Au cœur de l’essai intitulé Mécénas[4], une anecdote, empruntée vraisemblablement à l’Histoire romaine de Nicolas Coëffeteau, dont la première édition a paru en 1621, évoque d’emblée la question de la parrêsia politique :

4

[Mécénas] exerçait son pouvoir sur l’âme même de l’empereur, et apaisait les mouvements qui s’y élevaient contre la raison. Ce qu’il faisait, Madame, avec tant de liberté, que le prince étant un jour en son lit de justice – je ne puis m’empêcher de parler français [5] – où il voyait quelques procès criminels et commençait à se laisser emporter aux ruses et aux calomnies des accusateurs, Mécénas, arrivant là-dessus et ne pouvant fendre la presse qui l’empêchait de pénétrer jusqu’à lui, lui envoya de main en main un billet, dans lequel ces paroles étaient écrites : « Bourreau, ne veux-tu point partir de là ? » Auguste, au lieu de s’offenser de la hardiesse de ce mot et d’une familiarité si piquante, prit en bonne part le zèle de son ami, rompit l’assemblée à l’heure même, et descendit du tribunal, d’où possible il ne fût pas descendu innocent, s’il y eût demeuré davantage. [6]

5 La parrêsia apparaît bien dans ce court extrait comme une parole qui engage l’énonciateur, qui ouvre un risque, vient « limiter la folie » et le pouvoir des maîtres [7]. Si l’on compare cependant la version que donne Guez de Balzac de cette anecdote fameuse avec le récit originel de Nicolas Coëffeteau, démarqué du livre LV de l’Histoire romaine de Dion Cassius, l’on remarque quelques gauchissements et modifications significatifs :

6

On raconte un traict de sa liberté qui ne sent point son esprit de Cour, Auguste tenant le siege de la Justice, et estant prest à condamner un grand nombre de criminels. Mecenas qui se trouva à l’assemblée, apprehenda qu’il ne s’acquist le bruit d’estre trop cruel et ne pouvant s’approcher assez pres de luy pour lui conseiller de relacher quelque chose de cette grande severité, luy jetta un billet, à l’ouverture duquel Auguste trouva ces hardies paroles écrites de sa main : Leve-toy bourreau et sors de là. Auguste cognoissant son affection, ne s’offença point de cette excessive liberté : Ce fut un témoignage de sa bonté d’aymer la franchise des advertissemens et des reprimandes de ses fidelles amis. [8] 

7 Balzac accommode le récit antique au contexte contemporain de l’écriture et au style galant requis par l’entretien adressé à Mme de Rambouillet. L’intervention de Mécène ne se déroule pas en plein tribunal alors que se plaide une cause commune mais à l’occasion d’un « lit de justice ». Il semble que ce changement de circonstances puisse être interprété symboliquement. En effet, le règne de Louis XIII fut inauguré le 15 mai 1610 par un lit de justice resté célèbre car il rompit avec les règles de la succession monarchique jusqu’alors en vigueur. Le roi parut à cette occasion publiquement alors que n’avaient encore eu lieu ni les funérailles de son père Henri IV, ni les cérémonies du sacre et du couronnement. Les historiens dits cérémonialistes, dans la lignée d’Ernst Kantorowicz et Ralph E. Gisey, ont accordé une grande importance à cette infraction, qui constitue l’une une des étapes marquantes acheminant la monarchie française vers l’absolutisme louis-quatorzien [9].

8 Les formules « hardies paroles », « excessive liberté », « franchise des avertissements et réprimandes de ses fidèles amis » traduisent directement la notion de parrêsia, que l’on trouve textuellement dans le récit de Dion (« tôn philôn parrêsia ») et sont rendues par Balzac grâce aux expressions « hardiesse de ce mot » et « familiarité si piquante ». La parrêsia devient ainsi parole particulière et raillerie. Elle se coule dans une tradition épicurienne [10] étrangère à la définition de la parrêsia que l’on trouve par exemple chez Plutarque, qui proscrit explicitement le mélange des genres et des tons : la parrêsia doit éviter à la fois l’âpreté et la plaisanterie. La raillerie balzacienne s’incarne exemplairement dans les figures de Mécène ou Aristippe qui prônent et pratiquent un « usage innocent de la volupté [11] ». La parrêsia s’interprète donc avant tout comme une parole efficace et non comme une action. Alors que dans la version de Dion c’est moins le mot écrit par Mécène que son geste inattendu qui produit de l’effet (il fait irruption dans la salle du tribunal et jette sa tablette dans le sein d’Auguste), pour Balzac c’est le trait sublime et impromptu de Mécène qui porte remède aux paroles insidieuses et aux calomnies glissées à l’oreille d’Auguste. La parrêsia ne sert dès lors ni à protéger la réputation du prince (comme dans Coëffeteau) ni à le préserver des débordements de la colère (comme dans Dion [12]). Elle s’affirme comme résistance au mensonge, elle rappelle le Prince à ce qu’il doit être.

9 La parrêsia selon Balzac possède donc une fonction essentiellement politique : l’ami parrèsiaste s’oppose au conseiller philosophe, Mécène à Sénèque. Le favori Mécénas vit à la cour mais sait se préserver de la duplicité courtisane. Il ne tient qu’un rôle particulier auprès de l’empereur qui absorbe dans sa représentation glorieuse la totalité de la sphère publique et met hors du jeu politique le conseiller traditionnel. Le franc-parler d’un seul homme privé compense et fait oublier la défunte liberté politique dont jouissaient les Romains au temps de la République mais qui a sombré sans espoir de secours dans les querelles intestines, les dissensions partisanes et les guerres fratricides. Le favori parrèsiaste est à la fois le fauteur du pouvoir absolu et son régulateur – son « tempérament », selon une expression de Balzac que l’on retrouve dans Aristippe[13]. Le favori parrèsiaste vit sur la brèche, dans une compromission assumée, un porte-à-faux permanent entre l’empereur et ses sujets. Il assure l’assise symbolique du nouveau régime absolu en instituant une forme de religion civile, de culte impérial, qui réunit, autour de la personne d’Auguste, les principales plumes du royaume. À de nombreuses reprises, Guez de Balzac oppose Mécène à Sénèque pour exprimer son désenchantement à l’égard de la fonction traditionnelle du conseiller politique et ses prétentions grandiloquentes [14]. Dans le deuxième discours adressé à Mme de Rambouillet, intitulé « Suite d’un entretien de vive voix ou de la conversation des Romains », Balzac émet des doutes quant à la tenue effective du fameux conseil qui aurait rassemblé, à l’invitation d’Auguste, Mécène et Agrippa, pour délibérer du destin de l’Empire [15]. Dans le dernier essai des Œuvres diverses, « Réponse faite sur-le-champ à Monsieur de Pressac, conseiller du roi, etc. », Balzac entend se justifier auprès de son dédicataire, « de la calomnie qui [lui] impute d’avoir médit de Sénèque » dans les dernières lignes de son Mécénas. Or cette défense de Sénèque prend rapidement la tournure d’un véritable éloge paradoxal, de part en part ironique, du pédagogue de Néron :

10

[Sénèque] commença admirablement auprès de Néron et ne fut pas, comme les autres gouverneurs des rois, une pièce oisive de la cour et un témoin inutile de son enfance. Il en fit d’abord un prince qui promit beaucoup de lui et qui eût tenu ce qu’il promettait si la vertu artificielle était de durée et si ce qui n’a point de racine pouvait arriver à perfection. […] Mais il faut revenir à ce qui a été déjà dit du vice de la naissance ; il est bien difficile de changer les cœurs. Comment peut-on refaire les âmes ? Les bêtes sauvages ne s’apprivoisent point de bonne foi. Elles retournent toujours à leur premier naturel et, après une longue apparence de douceur et les caresses de plusieurs années, elles s’échappent tout d’un coup et mordent indifféremment celui qui les a nourries et ceux qu’elles ne connaissent point. La faveur des tyrans est une chose non seulement très peu assurée, mais très dangereuse et de très mauvaise suite. Elle ne sort guère des maisons où elle a été que par leurs brèches et par leurs ruines ; et le démon étrangle à la fin le magicien qui pensait le gouverner. […] C’étaient des serviteurs qui pouvaient couvrir tous les vices de leur maître et employer le démon et la magie à bon usage. Ils eussent trouvé leur place dans la saine République. [16]

11 Le portrait de Sénèque à l’irréel du passé dévoile la vanité et le danger que représente l’idéal du conseiller vertueux lorsque les circonstances politiques s’assombrissent : auprès de Néron, « monstre naissant », l’action de Sénèque se révéla non seulement nulle, mais perverse car pratiquée sur un élève au naturel perverti. Sénèque n’aura au bout du compte travaillé qu’à doter Néron d’une « vertu artificielle », masque de son vice. À la vertu utopique de Sénèque, « sage sur le papier », il faut donc opposer la franchise railleuse de Mécène, « sage dans les occasions [17] ». La valeur éthique de la parrêsia s’oppose au conseil comme une psychagogie qui « peut refaire les âmes ». La parole efficace du parrèsiaste agit au sein même de l’âme par la douceur des émotions qu’elle suscite [18].

12 Par quels moyens s’exprime ce don de parrêsia ? En convoquant, l’une après l’autre, l’une pour l’autre, les figures de Socrate, Aristippe et Mécène, Balzac plaide en faveur d’une éloquence sans rhétorique dont la raillerie se veut l’instrument privilégié [19]. Balzac définit certes la raillerie en fonction des vertus décrites par Aristote au livre IV de l’Éthique à Nicomaque : elle a partie liée avec l’enjouement, l’amabilité et surtout la « véracité » que Balzac définit dans le deuxième entretien des Œuvres diverses comme

13

14

une franchise naïve et une coutume de dire vrai aux choses même indifférentes, éloignée en pareil degré de la vaine ostentation et de la retenue affectée […]. [20] 

15 La parrêsia ne se borne toutefois pas à cette « franchise naïve » qui s’occupe de « choses indifférentes », elle se manifeste comme un affranchissement de la parole. Affranchissement des conventions rhétoriques : la parrêsia est une éloquence qui se moque des règles de l’éloquence, telle la « rudesse sublime » du Socrate chrétien qui admire le laconisme de Jésus-Christ. La parrêsia gît ainsi au cœur de pratiques d’écriture dissidentes, mineures et particulières comme la conversation, l’entretien ou la lettre [21]. Affranchissement de la police du langage, du joug politique auquel Richelieu, « redoutable Instituteur » a soumis la langue française [22]. La raillerie enfin affranchit celui à qui elle s’adresse, car, « familiarité piquante », elle réveille la conscience de son assoupissement comme un aiguillon [23]. Plus qu’un ornement galant émaillant la conversation, la raillerie est le nerf même de la parole véridique, sa vertu efficace et sa vigueur agissante – littéralement, sa « pointe ».

Aristippe ou de la Cour : considérations inactuelles sur l’histoire du premier XVIIe siècle

16 Aristippe ou de la Cour, dernier écrit politique et historique composé par Guez de Balzac, s’essaie à la mise en œuvre de cette de parrêsia railleuse. Le projet d’Aristippe semble avoir été conçu en même temps que celui du Prince, en 1631. Dans deux lettres adressées à Richelieu et jointes à la seconde édition du texte en 1633, Balzac confie au cardinal son intention de compléter le panégyrique de Louis XIII par un éloge de son principal ministre. La brouille qui s’installe dans les années qui suivent entre Balzac, retiré sur ses terres, et Richelieu, à l’apogée de sa puissance, diffère la réalisation de ce projet [24]. Dans une lettre à Valentin Conrart de décembre 1652, Balzac avoue avoir remis sur le métier plus de douze fois son Aristippe, « son bien-aimé ; les delices de ses yeux, et la consolation de sa vieillesse [25] ». En novembre 1651, il adresse son texte à Conrart pour publication chez Courbé (en même temps que le Socrate Chrétien, les deux textes devant initialement trouver un même dédicataire, la reine Christine de Suède) mais la Fronde entraîne pénurie de papier, surcoûts et désorganisation des libraires imprimeurs. Balzac profite de ce délai pour réviser son texte et l’accorder aux circonstances de ce qu’il appelle « la guerre ». Cependant, une fois la Fronde apaisée, Conrart dissuade Balzac de publier son texte en raison de son impertinence : les conflits sont éteints, Mazarin triomphe. Aristippe ne verra le jour qu’après la mort de son auteur, en 1658.

17 Le choix du titre s’explique par une double référence aux dialogues platoniciens et au philosophe cyrénaïque Aristippe, un temps conseiller du tyran de Syracuse Denys. L’organisation de l’œuvre porte les cicatrices de son histoire mouvementée : le traité réunit les sept conférences qu’un Aristippe contemporain, le conseiller particulier de Maurice, landgrave de Hesse, aurait données en 1619 à Metz devant un auditoire composé de son maître, de Balzac et de Nicolas Coëffeteau. Maurice se rend en effet en Lorraine pour rencontrer le duc d’Épernon, alors gouverneur de Metz. Les deux premiers discours constituent un éloge attendu du bon conseiller et du bon favori, tous deux nécessaires au prince, l’un pour le soutenir dans son action politique, l’autre pour l’entretenir dans sa conversation. Les quatre discours suivants dénoncent les vices des mauvais conseillers et des méchants favoris : ignorance flegmatique, subtilité sanguine, sagesse mélancolique, brutalité bilieuse. Chacune de ces tournures d’esprit illustre une forme d’imprudence politique. Ces discours s’ordonnent ainsi selon le schéma quaternaire des tempéraments démarqués de Galien et s’inspirent de l’analyse des vertus proposée par l’Éthique à Nicomaque. Un dernier entretien achève le recueil et infléchit sa logique argumentative en un sens violemment polémique. Tout laisse supposer qu’il aurait été ajouté pendant la Fronde, quand les événements politiques empêchent matériellement la publication du texte, et que Balzac n’a plus rien à attendre de Mazarin [26]. Ce septième discours se lit comme une philippique lancée contre les favoris et les conseillers qui usurpent les prérogatives du roi, et contre les rois qui autorisent une telle usurpation. Ce blâme appuyé peut s’interpréter entre les lignes comme un éloge du duc d’Épernon. Le texte est empreint de la nostalgie des Valois, d’un désenchantement lucide vis-à-vis de la politique [27].

18 Un « Avant-propos » qui combine sans solution de continuité préface et épître dédicatoire introduit cette série d’entretiens et instaure une scénographie énonciative et auctoriale très complexe, finement analysée par Christian Jouhaud et Hélène Merlin-Kajman [28]. Balzac a parfaitement conscience de l’enjeu décisif que représente cette entrée en matière car il écrit à Valentin Conrart le 20 juillet 1652 :

19

Trouvez bon seulement que je vous die, que l’Avant-propos d’Aristippe n’a rien de commun avec celuy de Socrate, et que si vous ne l’estimez une douzaine d’Epistres, je seray l’homme du monde le plus trompé. [29]

20 Balzac prétend restituer de mémoire les entretiens de 1619, il ajoute qu’il les aurait soumis à Richelieu pour approbation et commentaire en 1630, peu avant la journée des Dupes :

21

De parler du merite des Discours, je ne pense pas qu’il soit necessaire. Je ne veux point alleguer l’approbation qu’ils ont euë, deçà et delà les Monts. Il me suffira de dire qu’ils ont esté leûs par ceux qui corrigent les Edits et les Ordonnances, et que Monsieur Le Cardinal De Richelieu, les ayant portez avecque luy en Italie, me les rendit à Paris, au retour du fatal voyage de Lyon [30]. Ce fut non seulement avec des paroles tres-civiles, mais aussi avec des Notes tres-obligeantes, dont il borda les marges du manuscrit. Voilà qui me plaist. Il ne se peut rien de plus joly. Cecy se peut dire beau. Je sçay bien de qui il entend parler, etc. Ces sortes de marques, qu’il avoit accoustumé de faire sur les Compositions d’autruy, sont connuës de ceux qui le voyoient dans la vie secrette, et qui estoient receûs en son Cabinet, aux heures de ses divertissemens. Tant y a que son Eminence eut la bonté de ne rien prendre pour soy, de tout ce qu’elle leût dans les sept Discours : elle distingua les temps et les lieux ; et me fit la grace de considerer, que quand Aristippe parloit à Mets, elle estoit encore Monsieur De Luçon, et que Monsieur De Luynes n’estoit pas encore Connestable. [31]

22 Histoire et fiction s’entremêlent donc et Balzac manie avec une maîtrise consommée l’art de la prétérition et de la dénégation. Le jeu sur les dates historiques confère ainsi à Aristippe une vertu de révélation apophatique ou rétrospective. Le texte renvoie simultanément à plusieurs contextes : la gloire d’Épernon sous les Valois, la tyrannie de Luynes en 1619, l’apogée de Richelieu en 1630, la Fronde au tournant de 1650 ; il se dote également d’un sous-texte historique puisqu’Aristippe prétend commenter un extrait des Histoires de Tacite (largement repris par Coëffeteau dans son Histoire romaine) qui relate la prise de pouvoir de Vespasien, poussé au coup d’État par son ami et conseiller Mucien. La France du premier XVIIe siècle est ainsi renvoyée, par biais et parallèles, à l’une des années les plus critiques de l’Empire romain, l’année 69 : Galba, Vitellius, Othon, Vespasien se succèdent au pouvoir laissé vacant par la mort de Néron. À moins de ce dispositif énonciatif et narratif retors, Balzac ne saurait raconter l’histoire politique récente.

23 Il applique ainsi les principes de la « parrêsie railleuse » à l’écriture de l’histoire : Aristippe égrène les anecdotes et les exempla historiques les plus divers sans jamais en donner le référent précis, sur le ton poli de la badinerie galante et feutrée. Mais Balzac précise à Valentin Conrart le 30 mars 1653 :

24

Je voudrois bien qu’on sceût, par vostre moyen (soit en Suede, soit ailleurs) que mon Aristippe est un ouvrage de Politique, et non pas de galanterie, comme quelques-uns s’imaginent. [32]

25 L’équivoque railleuse mime l’oralité de la conversation et produit, par allusion, détour et insinuation, non pas une dissolution prudente mais une pluralisation typique de la signification du récit historique. Aristippe évoque ainsi, dans le septième et dernier discours, le sort d’un roi dont le nom est volontairement laissé dans l’anonymat :

26

On ne le montre que quand on a besoin de sa presence, pour authoriser les conseils, ausquels il n’a point eu de part ; et il est content de ne paroistre que pour cela. On l’amuse à de petits divertissemens, indignes de sa condition, et de son âge ; Mais si on luy bailloit des poupées, pour se jouër, il ne s’en offenseroit pas. On luy change tous les jours ses Domestiques, & il le trouve bon : On oste d’aupres de luy tout ce qui parle, et il ne songe point à quel dessein : On luy fait une Cour toute neuve, et il la reçoit : On ruïne sous divers pretextes, ce qu’il y a d’Eminent et de Vertueux en son Estat, et il y preste son consentement. [33]

27 La raillerie passe dans ce récit par le biais de l’antéisagoge et du diasyrme (faux éloge), ainsi que par l’usage du pronom indéfini on qui estompe et complique la recherche d’un référent historique au portrait. Balzac, sous couvert de raconter l’histoire d’un temps étranger à l’actualité politique française (quelques lignes plus bas, une allusion à Alvaro de Luna semble désigner Jean II de Castille [34] comme principale clef de l’anecdote rapportée), dévoile la vérité de son époque : il critique l’éducation négligée de Louis XIII, tenu éloigné du conseil et du pouvoir par sa mère Marie de Médicis jusqu’en 1616, alors même qu’il avait atteint l’âge de la majorité. Les « barbons », fidèles ministres d’Henri IV, sont évincés au profit d’une « cour toute neuve », composée d’hommes politiques nouveaux ou de favoris promus par la reine mère [35]. Marie de Médicis apparaît ainsi comme le double inversé d’Agrippine qui tenta de prodiguer une éducation vraiment royale à son fils Néron, sans que le succès en fût bien assuré [36].

28 Balzac produit un texte qui s’aventure dans le passé : il a dû inventer des dispositifs rhétoriques audacieux pour tenter une histoire subjectivement véridique et risquée du premier XVIIe siècle alors que se resserre l’emprise de l’absolutisme. Comme l’écrit Christian Jouhaud,

29

Aristippe propose un lourd jeu d’équivoques qui s’offrent pour étayer les raisonnements qu’un lecteur avisé développerait afin de produire une critique radicale du système monarchique français. [37]

30 Plus qu’une mazarinade en retard sur l’événement, Aristippe est un texte totalement engagé et fondamentalement équivoque, qui confine au paradoxe – mais la parrêsia, après la Fronde, aurait-elle pu adopter une tournure différente ? Occulté par la prudence de Conrart, ce texte oraculaire par accident a semblé, aux yeux des lecteurs contemporains, annoncer ou appeler de ses vœux la prise de pouvoir personnelle de Louis XIV.

Notes

  • [1]
    J.-L. Guez de Balzac, Socrate chrétien, éd. J. Jehasse, Paris, Champion, 1991.
  • [2]
    M. Foucault, Le Gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France (1982-1983), Paris, Gallimard / Seuil, 2008, p. 67.
  • [3]
    Plutarque, Comment on pourra discerner le flatteur d’avec l’amy, Les Œuvres morales et meslees de Plutarque, trad. J. Amyot, Paris, M. de Vascosan, 1572, vol. I, p. 40r°-55v°.
  • [4]
    Voir J. Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain (1597-1654), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1977, p. 409-410 ; B. Beugnot, « La figure de Mecenas », dans R. Mousnier et J. Mesnard (éd.), L’Âge d’or du mécénat (1598-1661), Paris, Éditions du CNRS, 1985, p. 285-293, repris dans La Mémoire du texte, essais de poétique classique, Paris, Champion, 1994 ; H. Merlin-Kajman, L’Excentricité académique : littérature, institution, société, Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 58. M. Foucault évoque par ailleurs le personnage de Mécène (op. cit., p. 268).
  • [5]
    En « parlant français », Balzac acclimate l’anecdote antique au contexte contemporain mais il fait également aveu de franchise, l’« esprit français » étant caractérisé par une « irrévérence », favorisée « par la configuration religieuse du royaume » (J.-Fr. Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 554).
  • [6]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses (1644), éd. R. Zuber, Paris, Champion, 1995, p. 144.
  • [7]
    M. Foucault, op. cit., p. 148.
  • [8]
    N. Coëffeteau, Histoire romaine, Lyon, J. Huguetan, 1662, p. 436.
  • [9]
    Voir S. H. Madden, « L’idéologie constitutionnelle en France : le lit de justice », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, n° 1, 1982, p. 32-63. Le lit de justice inaugural de 1610 introduit ainsi le culte dynastique et la confusion des « deux corps du roi ». Voir également R. E. Giesey, Cérémonial et puissance souveraine, France (XVe-XVIIe siècles), trad. J. Carlier, Paris, A. Colin, 1987, p. 33-47.
  • [10]
    Celle de Philodème et son Peri parrêsias (éd. A. Olivieri, Leipzig, Teubner, 1914).
  • [11]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 149 : « il y a un art d’user innocemment de la volupté, […] cet art avait été enseigné en Grèce par Aristippe ». Cet art innocent se manifeste particulièrement dans la conduite d’Aristippe à l’égard du tyran Denys de Syracuse, qu’il enseigne d’autant plus efficacement qu’il se dissimule sous de feintes affèteries courtisanes (le « parfum » d’Aristippe) : voir par exemple la lettre à Bourdelot du 10 sept. 1653 (Les Œuvres de Monsieur de Balzac, divisées en deux tomes, éd. V. Conrart, Paris, L. Billaine, 1665, t. I, p. 1031).
  • [12]
    Dio’s Roman history, t. VI [livres LI-LV], éd. E. Cary, Londres, W. Heinemann, 1917, p. 394-397.
  • [13]
    J.-L. Guez de Balzac, Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 134 ; Œuvres diverses, éd. cit., p. 144.
  • [14]
    Voir par exemple le l. IV du Courtisan de B. Castiglione, trad. G. Chappuys, Paris, N. Bonsons, 1585, p. 525 ; R. Damien, Le Conseiller du Prince de Machiavel à nos jours, Paris, Puf, 2003.
  • [15]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 77. Ce conseil, mis en scène par Corneille à la première scène de l’acte II de Cinna, est longuement relaté par Dion Cassius au livre LII de son Histoire romaine et amplifié par N. Coëffeteau (Histoire romaine, op. cit., p. 386).
  • [16]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 351.
  • [17]
    Id., Lettre à J. Chapelain du 20 décembre 1640, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 838.
  • [18]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 146.
  • [19]
    Sur l’atticisme et l’urbanité selon Balzac, voir R. Zuber, Les Émerveillements de la raison, classicismes littéraires du XVIIe siècle français, Paris, Klincksieck, 1997.
  • [20]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 80. Cf. Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 12-14, 1126b-1128b.
  • [21]
    J.-L. Guez de Balzac, Socrate chrétien, éd. cit., p. 95.
  • [22]
    Ibid., p. 148.
  • [23]
    Id., Œuvres diverses, éd. cit., p. 82 et 146. La postface de la Satyre Ménippée en 1595 proposait déjà une définition de la « Parrisie » comme « ironies gaillardes, piquantes, toutesfois et mordantes le fond de la conscience de ceux qui s’y sentent attaquez, ausquels on dit leurs veritez : mais au contraire font éclater de rire ceux qui ont l’âme innocente et asseuree de n’avoir point desvoyé au bon chemin » (Satyre Ménippée, éd. M. Martin, Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2010, p. 14-15).
  • [24]
    Voir Chr. Jouhaud, Les Pouvoirs de la littérature : histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000, p. 332 ; J.-L. Guez de Balzac, Lettre à Richelieu du 3 mars 1631, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 328-331.
  • [25]
    Id., Lettre à V. Conrart du 11 décembre 1652, ibid., p. 959.
  • [26]
    Balzac écrit en mars 1653 à Conrart alors que Mazarin vient de rentrer à Paris : « Obligez-moi de me renvoyer Aristippe, par le premier Messager, et de l’accompagner des originaux des Lettres dont nous voulons composer le volumetto. Si Aristippe est encore trois ou quatre mois dans mon Cabinet, il n’en sera que mieux, et j’ay quelque opinion que ma lime ne gaste pas les ouvrages qu’elle polit. Rien ne nous presse d’ailleurs, de publier ce qui ne sera plus nostre, quand il sera publié » (ibid., p. 967).
  • [27]
    Balzac convoque dans son Aristippe la mémoire de personnages retirés de la vie politique : Épernon en disgrâce, Christine de Suède et Maurice qui ont abdiqué, Balzac lui-même dans sa retraite charentaise.
  • [28]
    Chr. Jouhaud et H. Merlin-Kajman, « Aristippe ou les équivoques de la publication », dans R. Duchêne et P. Ronzeaud (éd.), Ordre et contestation au temps des classiques, Paris / Seattle / Tübingen, Biblio 17, 1992, t. II, p. 155-179.
  • [29]
    Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. I, p. 949.
  • [30]
    En 1630, après la conquête de Pignerol et le siège de Casal par les Espagnols, le roi malade à Lyon est rejoint par Richelieu.
  • [31]
    J.-L. Guez de Balzac, Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 126.
  • [32]
    Id., Les Œuvres de Monsieur de Balzac, ép. cit., t. I, p. 972.
  • [33]
    Id., Aristippe ou de la Cour, Les Œuvres de Monsieur de Balzac, éd. cit., t. II, p. 186.
  • [34]
    Le parallèle implicite entre le règne de Jean II de Castille, assujetti à son favori Alvaro de Luna, et celui de Louis XIII, soumis à Albert de Luynes, est exploité, grâce au jeu de la paronomase, par J. de Lannel, Histoire de D. Juan, deuxiesme roy de Castille, recueillie de divers Autheurs, Paris, T. du Bray, 1622.
  • [35]
    Le fait est fréquemment souligné par les mémorialistes comme Pontchartrain, Mémoires, éd. Michaud et Poujoulat, Paris, Éd. du Commentaire analytique du Code civil, 1835, p. 386. Voir également : M. Foisil, L’Éducation d’un roi (1601-1617), Paris, Perrin, 1996, p. 220 ; J. Héroard, Journal, éd. M. Foisil, Paris, Fayard, 1989, t. I, p. 311 (sur la participation de Louis XIII au conseil entre 1615 et 1617) et t. II, p. 2419.
  • [36]
    J.-L. Guez de Balzac, Œuvres diverses, éd. cit., p. 351 sq.
  • [37]
    Chr. Jouhaud, Richelieu et l’écriture du pouvoir : autour de la journée des Dupes, Paris, Gallimard, 2015, p. 221.
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