Voici une réédition de l'ouvrage paru en 1998, intitulé La Rumeur. Message et transmission et considéré depuis lors comme un classique sur le sujet. Cette fois, il est accompagné d'un abécédaire, d'où son titre légèrement modifié.
L’auteure, Françoise Reumaux, professeur émérite en sociologie de la connaissance à l’Université de Poitiers, a une longue bibliographie à son actif et est incontestablement considérée comme l’une des spécialistes de la rumeur. Cette notion est difficile à cerner et même à définir. Nouvelle déclenchée de manière impersonnelle et anonyme, sans être vérifiée, colportée de bouche-à-oreille, la rumeur se répand de façon soudaine et peut faire des ravages. A priori, on conçoit sa fragilité, n’ayant pas de source officielle. Et pourtant, une rumeur qui « prend » est comme un acte réel à travers la parole : on ne la suspecte pas, car elle paraît sincère ; on la trouve même pertinente si elle apporte quelque chose et semble plausible. Dans un échange de paroles, x parle à y et y interprète ce qui a été dit. Dans la rumeur, c’est comme si un tiers s’interposait entre x et y et faisait croire qu’il sait quelque chose de plus.
La rumeur a suscité de nombreuses études de la part des sociologues, psychologues, historiens, etc., pour la décrire, en détecter les causes et les conséquences, déterminer pourquoi elle se diffuse ou non et pourquoi, une fois lancée, il est si difficile de l’arrêter ; autrement dit, pour en connaître le mécanisme complet. Françoise Reumaux se fonde sur des exemples concrets très variés : glissement de terrain dans l’Himalaya, lâchers d’animaux, enlèvement d’enfants à Veracruz, araignées tropicales (veuves noires) trouvées dans plusieurs pays européens ou alligators dans les égouts de New York, épidémie de choléra due à une cause fantaisiste, émission de tracts apparemment légitimés par une autorité institutionnelle, menace communiste aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, auto-stoppeur fantôme, etc…