Notes
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[1]
Nous utiliserons dans ces pages, par convention, la terminologie cognitiviste domaine-source et domaine-cible.
-
[2]
Nous utiliserons dans ces pages le terme d’isotopie comme équivalent de récurrence d’éléments sémantiques cohérents dans un texte ou un discours (« Ensemble redondant de catégories sémantiques qui rend possible la lecture uniforme du récit […]. », Greimas, 1970 : 188).
-
[3]
Voir Rossi (2015) pour la description des critères de disponibilité et d’opportunité dans la sélection du domaine-source de la métaphore.
1. La métaphore comme source de nouveaux termes dans les langues de spécialité, entre conflit et cohérence
1.1. Entre lexicologie et terminologie : la métaphore comme ressort catachrétique
1 La présence de métaphores dans les vocabulaires de spécialité est une réalité depuis longtemps attestée : dans les terminologies populaires (nous renvoyons entre autres à Guiraud (1967) pour l’analyse bien connue des termes de la botanique), tout comme dans les dénominations scientifiques créées par les chercheurs, le recours à des transferts métaphoriques de la langue commune ou d’autres terminologies spécialisées est une donnée qui ne peut que s’imposer à l’attention des linguistes. L’importance de ce phénomène dans les processus de création néologique et néonymique est capitale, comme en témoignent dans une première période les études des lexicologues. L. Guilbert (1975) reconnaît aux termes métaphoriques une facilité d’usage et une immédiateté qui en augmentent l’efficacité dans la communication courante ; de même, A. Goosse (1975) préconise la création de nouvelles terminologies sur base métaphorique :
Ce sang frais paraît le bienvenu, car notre langue scientifique et technique n’a que trop de penchant pour les formules abstraites, pour les composés pillés du latin ou du grec, pour les anglicismes pernicieux. (Goosse, 1975 : 65 ; cité par Horne, 1986 : 40)
3 Dans ces cas, la métaphore est considérée essentiellement comme un instrument au service de la pensée cohérente, procédant par l’évidence des analogies perceptives (l’œil du bœuf et la forme ronde d’une fenêtre, par exemple), garantissant la transmission rapide de messages à l’intérieur de la communauté des locuteurs. C’est par la métaphore que l’on arrive à constituer de nouvelles unités lexicales, immédiatement et aisément décodables, qui vont enrichir le lexique de la langue commune, réduisant au minimum l’effort de mémorisation des locuteurs.
4 Si les lexicologues reconnaissent l’importance de la métaphore dans les processus de néologie, les terminologues de leur côté tardent à légitimer l’emploi de la métaphore comme ressort néonymique. L’hypothèque de polysémie qui pèse sur le terme métaphorique, ainsi que son caractère potentiellement flou et imprécis, influencent le processus de validation de ces unités terminologiques. Tout en reconnaissant l’économie et l’efficacité de ces expressions ainsi que leur facilité d’usage, R. Kocourek (1991), entre autres, remarque les risques d’ambiguïté des termes à base métaphorique, qui contreviennent au principe d’uninotionnalité prôné par la théorie wustérienne :
D’un côté, il y a la valeur picturale, le pouvoir d’évocation, le caractère concret et vif de l’autre côté, on constate le manque de systémicité, l’absence d’indications objectives et, en particulier, l’ambiguïté […]. Nous avons vu plus haut que l’œil de bœuf peut désigner une plante, un animal et une fenêtre ronde. (Kocourek, 1991 : 170)
6 La légitimation des métaphores terminologiques est donc, en quelque sorte, différée par les postulats de la théorie générale de la terminologie : le terme technique se veut dans cette approche une unité objective, dépourvue de toute valeur connotative ou de tout renvoi à d’autres acceptions d’une même unité polysémique, ce qui exclut a priori l’expression métaphorique.
1.2. La métaphore heuristique : le rôle des épistémologues
7 L’opposition des terminologues n’est pas toutefois la seule raison du retard dans le processus de légitimation des métaphores terminologiques ; dans les sciences expérimentales l’hypothèque idéologique sur les métaphores est encore plus importante, en raison de la tradition épistémologique issue de l’empirisme du xviie siècle. I. Stengers et J. Schlanger (1991) met en évidence la méfiance des empiristes à l’égard des métaphores, méfiance qui va conditionner les études sur la métaphore dans les sciences jusqu’au xxe siècle, et qui est bien résumée dans la citation de J. Locke :
[…] all the artificial and figurative application of Words Eloquence hath invented, are for nothing else but to insinuate wrong Ideas, move the passions, and thereby mislead the Judgment. (Locke, 1836: 372 ; cité par Brown, 2003 : 15)
9 La science empirique s’oppose ainsi, par sa méthode rigoureuse – la « cueillette des faits » issue de l’héritage baconien (Stengers & Schlanger, 1991 : 68) – à l’invention créatrice que la métaphore incarne dans la découverte scientifique, et qui ne sera revalorisée que par l’épistémologie contemporaine :
[L]a création de la « nouvelle science » au xviie siècle est liée à un refus de la métaphore. […] Il faut oublier les métaphores, si on veut disposer d’un langage véritablement scientifique. (Le Guern, 2009 : 12-13)
11 C’est à l’épistémologie du xxe siècle, dans le sillage des études de T. Kuhn (1962) et R. Boyd (1979), que l’on doit la redécouverte du rôle heuristique de la métaphore, vue non pas comme une extension de la pensée cohérente et partagée, mais plutôt comme un tremplin qui défie les lois de la logique ordinaire, afin de suggérer de nouvelles visions du monde :
Les épistémologues actuels affirment que toute science se fonde sur une opération de métaphorisation, où les glissements de sens, les analogies et l’ambiguïté des concepts de base fournissent les hypothèses et guident l’observation. (Hermans, 1989 : 530 ; cité par Oliveira, 2005 : 3)
13 Pour les épistémologues, la métaphore devient un outil fondamental de la pensée scientifique en vertu de son pouvoir de modélisation (nous renvoyons à ce propos à Molino 1979) : les essais de M. Hesse (1963) ou de A. Koestler (1964) focalisent l’attention sur le conflit conceptuel que la métaphore peut déclencher par le rapprochement entre domaine-source et domaine-cible [1], engendrant de nouveaux concepts et orientant la conceptualisation des notions scientifiques. Pour ne citer qu’un exemple, le passage du plum pudding model (le modèle du gâteau aux fruits, Thomson 1903) au modèle du système solaire (Rutherford & Bohr 1911-1913) au modèle du nuage d’électrons (Schrödinger puis Dirac, 1926-28) marque l’évolution de la conception moderne de l’atome : d’une masse homogène où les électrons circulent librement, à la découverte du noyau présupposant des orbites régulières pour les électrons, à la découverte du mouvement irrégulier des électrons autours du noyau. Dans ce cas, la transformation du modèle métaphorique marque l’évolution d’un paradigme à l’autre, cautionnant l’autorité épistémique de la théorie dominante.
1.3. Le tournant cognitiviste : la métaphore conceptuelle dans les langues spécialisées
14 C’est le tournant cognitiviste qui va définitivement affranchir la métaphore de l’hypothèque purement rhétorique. En 1979, l’ouvrage collectif dirigé par A. Ortony (1979), dans le sillage des travaux interactionnistes pionniers de I. Richards (1936) et M. Black (1962), marque la redécouverte définitive de la métaphore dans sa dimension d’interaction conceptuelle. L’ouvrage fondamental de G. Lakoff et M. Johnson (1980) pose les bases de la théorie cognitiviste, selon laquelle la métaphore se fonde sur des interactions conceptuelles (mappings, puis blends dans l’évolution successive élaborée par Fauconnier & Turner 2002) universelles et partagées, souvent ancrées dans l’expérience physique et sensorielle (embodiment). Pour ne citer qu’un exemple, l’argument anger is heat of fluid est universellement partagé pour des raisons purement physiologiques (la rage est corrélée à l’augmentation de la température du corps, ainsi que de la vitesse de la circulation du sang, etc.), justifiant par conséquent la présence d’expressions souvent parallèles dans plusieurs langues telles que bouillir de colère, allumer la colère de quelqu’un…
15 Dans la vision cognitiviste, la métaphore ne trouve pas sa justification dans la forme de la langue, mais plutôt dans l’interaction entre concepts, universaux et indépendants ou presque de leur expression linguistique :
Metaphor is not only an ornamental aspect of language, but a fundamental scheme by which people conceptualize the world. (Gibbs, 2008 : 3)
17 L’aspect conceptuel et heuristique de la métaphore avait d’ailleurs déjà été mis en évidence par P. Ricœur dans son essai La Métaphore vive (1975) :
La métaphore maintient deux pensées de choses différentes simultanément actives au sein d’un mot ou d’une expression simple, dont la signification est la résultante de leur interaction […]. Il ne s’agit plus d’un simple déplacement de mots, mais d’un commerce entre pensées, c’est-à-dire d’une transaction entre contextes. (Ricœur, 1975 : 105)
19 Le courant cognitif est destiné à être efficacement exploité par les terminologues, notamment à partir des années 90. L’article d’A. Assal (1994) pose les bases pour une définition systématique de métaphore terminologique :
La métaphore terminologique est loin d’être une simple façon de parler, elle est essentiellement une façon de penser. Certes elle est un emprunt imagé, mais une fois que cet emprunt est réinvesti dans une pratique sociale, une fois que sa signification est réglée par les acteurs agissant dans le cadre de cette pratique, elle devient l’expression d’un nouveau concept. (Assal, 1994 : 235)
21 Les études qui se succèdent dans les années 90 et 2000, notamment dans le domaine anglo-saxon, mettent alors l’accent sur la fonction de « tremplin cognitif » (catalyseur de compréhension, selon Loffler-Laurian 1994) de la métaphore dans les sciences et les techniques (Richardt 2005 ; Faber 2012).
22 Avec les études de R. Temmerman (2000, 2007) et dans le sillage de son approche sociocognitive des terminologies de spécialité, la théorie cognitiviste trouve enfin son application systématique dans le domaine de la terminologie. R. Temmerman adopte la méthodologie propre à l’analyse des conceptual metaphors de la vie quotidienne pour identifier des isotopies [2] cognitives métaphoriques (ICM, idealised cognitive models) structurant les domaines de spécialité (nous citerons à ce propos son analyse bien connue de la terminologie métaphorique dans le domaine de la génétique et des sciences de la vie, Temmerman 2007).
23 Si les cognitivistes ont le mérite de replacer au premier plan l’aspect conceptuel de l’interaction métaphorique, force est de constater que la notion de conceptual metaphor est fondée sur le présupposé d’un partage universel des métaphores, ainsi que d’une cohérence reconnue et validée de l’interaction métaphorique. Autrement dit, les « métaphores de la vie quotidienne », même lorsqu’elles sont appliquées à des domaines fortement thématisés, manifestent l’existence d’un système de métaphorisation inné, basé sur la cohérence entre domaine-source et domaine-cible, réduisant les exemples de conflit manifeste entre les deux à des cas de figure périphériques (les métaphores poétiques, les one-shot metaphors, voir entre autres Gibbs & Steen 1999).
2. Pour une approche plurielle des métaphores spécialisées
24 Comme on l’a vu supra, les métaphores terminologiques font l’objet de nombreuses études, notamment au cours des dernières décennies. Ces études dérivent d’approches théoriques et méthodologiques diverses, d’horizons disciplinaires différents, cette hétérogénéité n’étant pas sans retombées sur la conceptualisation de la notion de métaphore scientifique et technique. Pour les terminologues, l’aspect fondamental reste l’aspect catachrétique, la métaphore étant conçue comme une stratégie de dénomination néonymique parmi d’autres, bien souvent limitée à une étiquette figurée apposée sur un concept technique en fonction d’une analogie perceptive entre référents, permettant une communication plus rapide et immédiate. Pour les épistémologues, c’est la fonction heuristique qui prime, indépendamment de la lexicalisation de l’expression métaphorique, l’interaction conceptuelle étant souvent même incohérente ou conflictuelle, afin de déclencher une nouvelle interprétation d’un concept ou d’un phénomène. Pour les cognitivistes, enfin, le point fondamental de l’analyse est l’identification de constantes métaphoriques cohérentes (l’argent est un liquide, pour ne citer qu’un exemple emblématique dans le domaine économique) pouvant engendrer des séries terminologiques et phraséologiques partagées.
25 Or, dans les terminologies spécialisées, les métaphores se manifestent en fait sous différentes formes, toutes présupposant néanmoins un faisceau de caractéristiques fondamentales définissant la notion de métaphore terminologique, que nous résumerons comme suit (Rossi 2015) :
- la présence d’une interaction conceptuelle sous-jacente entre un domaine-source et un domaine-cible, tous les deux également convoqués dans la métaphore, leur dynamique pouvant varier du cas de l’interaction créative à la simple catachrèse par analogie formelle ;
- la nature nécessaire et irremplaçable de la métaphore dans le vocabulaire spécifique concerné, en ce qu’elle représente la dénomination d’un concept précis ;
- l’utilité de la métaphore afin de faciliter la communication entre professionnels ;
- le caractère conventionnel et figé des métaphores terminologiques, acceptées et normalisées par la communauté des locuteurs, ce qui différencie par une frontière nette ces expressions des métaphores ornementales ou des métaphores utilisées à des fins de vulgarisation.
27 La métaphore terminologique partage alors, avec les métaphores de la langue commune, la présence fondamentale d’une interaction conceptuelle entre domaine-source et domaine-cible, une interaction en mesure de défier les lois de la cohérence ordinaire, ouverte à l’interprétation du destinataire :
Une métaphore projective […] n’a pas besoin de l’identification d’une analogie préfabriquée : tout ce qu’elle offre au destinataire, c’est un conflit entre concepts, et une tâche ouverte, potentiellement infinie. (Prandi, 2002 : 14)
29 Cette tâche interprétative est toujours présente, dans toutes les formes que l’interaction métaphorique peut assumer dans les langues spécialisées ; c’est l’interaction conceptuelle qui définit l’unité de la métaphore, et cela, indépendamment de l’issue que cette interaction produira :
L’unité de la métaphore réside dans la stratégie conceptuelle qui la met en place : le transfert de concepts dans des sphères étrangères et l’interaction conceptuelle que le transfert déclenche. Les issues de l’interaction, par contre, sont multiples, ce qui fait qu’il y a plusieurs types de métaphores aux propriétés différentes. Les métaphores documentées en terminologie partagent cette variété. (Prandi & Rossi, 2012 : 7)
31 Autrement dit, on ne saurait réduire les métaphores terminologiques à une simple analogie formelle ou fonctionnelle entre référents à des fins purement dénominatives (selon l’hypothèse des terminologues comme Assal (1994), qui définissent la métaphore comme un « emprunt imagé » de la langue commune). De même, on ne saurait réduire la métaphore terminologique à un conflit conceptuel obligé entre deux domaines source et cible extrêmement distants, générant de nouvelles réalités scientifiques par ce conflit et l’interprétation qui en découle (selon la vision de Hesse 1963 ou de Koestler 1964). Enfin, on ne saurait réduire la métaphore terminologique à une interaction conceptuelle cohérente, structurant les domaines spécialisés par le renvoi à l’évidence d’un savoir partagé (selon les nombreuses analyses cognitivistes des dernières années). La métaphore dans les terminologies spécialisées est une réalité complexe, multiforme, hétérogène, qui comprend toutes les formes citées dans le paragraphe précédent, sans pour autant se réduire à l’une de ces formes en particulier.
32 Une analyse approfondie et exhaustive des diverses issues de l’interaction métaphorique dans les domaines spécialisés permet de distinguer grosso modo trois cas de figure (Rossi 2015), se différenciant sur la base de la tension cognitive entre domaine-source et domaine-cible, ainsi que sur la base de l’issue générée par l’interaction :
- Les catachrèses isolées, fréquentes dans les langages techniques et souvent dérivées d’analogies perceptives : les pantalons à patte d’éléphant, les sacs baguette, les manches tulipe, si l’on se limite au domaine de la couture, mais également les farfalle, les conchiglie, les orecchiette dans les formats des pâtes italiennes, et bien d’autres exemples dans des domaines divers. Dans ce premier cas, la métaphore accomplit effectivement une fonction dénominative, souvent vulgarisatrice (voir par exemple Oliveira (2009) pour le domaine de la cardiologie), par un tremplin analogique fondé sur des ressemblances entre référents. Ces créations métaphoriques, normalement anonymes, restent des cas isolés. Dans ce premier cas de figure, la recherche d’une cohérence, d’une analogie partagée entre domaines source et cible s’avère être une condition nécessaire ; toutefois, cette analogie n’est jamais universelle (comme le voudrait la méthodologie cognitiviste), mais plutôt fondée sur la validation d’une communauté socio-professionnelle, ce qui explique, comme nous le verrons infra, que l’italien privilégie marmotta pour renvoyer au signal des chemins de fer que l’on désigne par nain en français.
- Les réseaux terminologiques issus de concepts métaphoriques perçus comme cohérents : il s’agit d’ensembles terminologiques dérivés d’une interaction conceptuelle validée par l’usage et reconduite à des conditions ordinaires de cohérence. L’isotopie le vin est une personne est à la base du réseau terminologique des vins costauds, faibles, maigres, gras, agressifs, généreux, jeunes, vieux, décrépits… De même, l’isotopie perçue comme cohérente selon laquelle l’argent est un liquide est à l’origine d’un bon nombre de dénominations techniques dans le langage économique et financier. Dans ce cas, l’interaction métaphorique (normalement anonyme et collective) est le point de départ pour la création de réseaux complexes de termes structurant un domaine. La cohérence de la métaphore n’est qu’apparente, ces réseaux pouvant être générés par des conventions doxiques généralisées, mais également par des actes de création individuels, ensuite validés par la communauté des spécialistes et, par conséquent, finalement perçus comme cohérents (c’est le cas de la valeur attribuée par F. de Saussure au signe linguistique).
- Les métaphores créatives, souvent constitutives de nouvelles théories : dans ce cas (les ondes de Maxwell, la sélection naturelle de Darwin…), l’interaction est normalement issue d’un conflit délibérément choisi entre domaine-source et domaine-cible, la métaphore étant fonctionnelle à la proposition, puis à la légitimation d’une nouvelle théorie dans le champ épistémologique de référence. Ces métaphores, normalement attribuées à un émetteur qui en revendique la paternité, ont le but de défier les lois de la cohérence ordinaire pour donner à voir de nouvelles réalités, légitimant par conséquent l’autorité du chercheur dans son champ épistémique et exploitant pleinement la fonction heuristique propre également à la métaphore poétique.
34 Entre conflit et cohérence, la métaphore reste finalement l’un des ressorts les plus puissants dans les langues spécialisées ; pour en rendre compte dans toutes ses réalisations, une approche plurielle nous semble nécessaire, qui puisse tenir compte des conditions de création ainsi que de l’équilibre entre cohérence et conflit dans le choix du domaine-source et l’issue de l’interaction de ce dernier avec le domaine-cible. Nous essaierons de préciser ces dynamiques sémiotiques et discursives par quelques exemples choisis dans les paragraphes suivants.
3. L’impact des communautés d’usage sur les métaphores terminologiques : la négociation de la dénomination métaphorique au-delà des règles de la cohérence ordinaire
35 Le rôle des communautés d’usage est capital dans la formation des nouvelles terminologies, d’autant plus dans le cas de termes à base métaphorique. Pour que la métaphore soit intégrée dans le vocabulaire technique, et pour que son potentiel heuristique soit efficace, un accord des usagers est nécessaire :
L’isotopie et l’allotopie relèvent, en dernière analyse, de l’épistémologie qui est implicitement à l’œuvre dans la sémantique d’une langue particulière, à une époque particulière, dans une société particulière […] c’est le cas […] des énoncés scientifiques, allotopes jusqu’au moment de leur admission sociale. (Groupe μ, 1977 : 38 ; cité par Gardes Tamine, 2011 : 35)
37 F. Gaudin (1996) évoque à ce propos le concept de confiance (qui n’est pas sans rappeler la confiance épistémique, fiducia epistemica, proposée par Origgi 2008) et parle de validation des termes :
Le concept est une construction, résultant d’un acte d’identification, volontaire, par l’instauration du sens, et validée, puisque de caractère public. Cette construction participe à un univers de connaissance et sa dénomination constitue un acte fondateur, pour autant qu’elle lie le concept à un ensemble d’usages linguistiques qui réorganisent (par la sémantisation conceptuelle) un pan du monde construit, ce que les linguistes appellent […] la logosphère. (Gaudin, 1996 : 608)
39 De même, selon R. Temmerman (2007) :
La cognition est nécessairement enchâssée (embedded) dans un situé social et culturel. […] La cognition est définie comme un système culturellement réparti qui émerge de l’interaction entre les membres d’un groupe culturel. (Temmerman, 2007 : 72)
41 Et d’après I. Oliveira (2009) :
Le terme métaphorique ne peut être dissocié de sa fonction sociale et de la personnalité de l’énonciateur spécialiste. […] Pour manipuler la métaphore sans équivoque, complicité, connivence et confraternité doivent s’installer entre les spécialistes d’un même domaine. (Oliveira, 2009 : 98)
43 Le processus de validation présuppose, dans le cas des terminologies à base métaphorique, un effort plus évident de la part des locuteurs qui forment la communauté d’usage : il s’agit en effet, à des degrés divers, de surmonter l’incohérence potentielle contenue dans la métaphore et d’intégrer la nouvelle dénomination comme cohérente au sein du répertoire conceptuel et terminologique partagé.
44 Dans un premier cas de figure, la relation analogique entre référents (par forme ou par fonction) facilite la validation du terme métaphorique. Ainsi, dans le langage de la mode et de la couture (Giaufret & Rossi 2015), les spécialistes utilisent couramment des termes métaphoriques à base analogique perceptive évidente : un tissu pied-de-poule ou un tissu nid d’abeille sont aisément décodables sur la base de l’analogie visuelle, ce qui explique leur succès au sein de la communauté des couturiers. Nous remarquerons au passage (comme nous le verrons dans le paragraphe suivant) que cette évidence n’est pas forcément partagée au niveau universel, ce qui explique le fait que, dans d’autres langues, ces termes n’apparaissent pas comme des métaphores (en italien, il s’agit par exemple d’emprunts intégraux, en dépit de la disponibilité des termes du domaine-source).
45 Dans un deuxième cas de figure, la métaphore se fonde sur un savoir restreint, qui est toutefois partagé à l’intérieur de la communauté des usagers. En dépit d’une tension conceptuelle qui peut s’avérer plus manifeste entre domaine-source et domaine-cible, la métaphore est enfin validée, voire reconduite à cohérence, par les normes discursives propres à la communauté des spécialistes.
46 Nous ne citerons que quelques exemples qui nous semblent emblématiques. Le domaine-source du poker est à l’origine de plusieurs termes techniques du domaine de la finance d’empreinte anglo-américaine : les blue chip ou les opérations hit-and-run (ce dernier terme étant à son tour dérivé du domaine sportif du baseball) renvoient à une culture partagée par les spécialistes, et ce partage contribue à la validation du terme métaphorique, malgré la tension conceptuelle entre domaine-source et domaine-cible. Il nous semble intéressant de souligner que la validation de la métaphore et, par conséquent, le maintien de son potentiel heuristique ne sont valables que dans le contexte anglo-américain : le transfert de ces termes dans d’autres réalités culturelles (par exemple, la réalité francophone) amène à une transformation de ces terminologies, dont l’interaction conceptuelle n’est plus aussi efficace, le domaine-source étant décidément moins ancré, moins disponible dans la culture collective [3].
47 Si l’on restreint ultérieurement le groupe des spécialistes, la validation de la métaphore peut être assurée par une communauté bien plus limitée. C’est le cas par exemple de la métaphore du splicing citée par R. Temmerman (2007), ou – cas encore plus flagrant – des métaphores provenant de la bande dessinée dans la terminologie de l’informatique d’empreinte anglo-saxonne :
[…] Comme on pouvait s’y attendre, un des passe-temps favoris de l’intelligentsIA [sic] américaine est la lecture de bandes dessinées et de romans de science-fiction. Comme tous les intéressés sont au courant du vocabulaire véhiculé dans ces ouvrages, les transferts lexicaux vers le vocabulaire (ou plus précisément l’argot) de l’IA se trouvent grandement facilités. Par exemple, le verbe martien « to grok » inventé par Robert Heinlein dans son roman Stranger in a Strage Land avec le sens métaphorique « être un avec » passe en IA avec le sens « comprendre vraiment toutes les conséquences d’un changement de programme », tandis que gronk – dernier soupir d’un sympathique dinosaure dans la bande dessinée B. C. de Johnny Hart – prend en IA le sens verbal « cesser de fonctionner » (angl. to gronk out). (Pavel, 1991 : 44-45)
49 Enfin, dans des cas limites, la métaphore mise ouvertement sur la valeur de l’acte de dénomination, le processus de validation correspondant alors à une conquête du consensus dans le champ épistémique : plus la métaphore repose sur une tension conceptuelle, plus elle s’éloigne d’une évidence analogique reconnue, plus le succès de la terminologie métaphorique contribue à consacrer l’autorité scientifique de son créateur. Nous remarquerons que – à la différence des métaphores poétiques – ces métaphores paradigmatiques naissent toujours dans le but de proposer une vision partagée de l’objet ou du phénomène qu’elles décrivent, et que le but fondamental de leurs créateurs est donc celui d’exprimer de façon frappante une intuition, par le biais d’un rapprochement conceptuel avec un domaine-source pour lequel ils entrevoient une analogie avec leur découverte. Toutefois, la sélection du domaine-source peut jouer sur des mécanismes analogiques qui ne sont qu’individuels, et qui peuvent paraître bien moins cohérents aux yeux des confrères. Nous citerons à ce propos un exemple qui nous semble particulièrement intéressant. En 1981, le physicien D. Mermin publie dans la revue Physics Today un article dans lequel, contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre d’un chercheur en physique, il décrit dans le détail le processus cognitif et ensuite discursif à la base de la création d’un terme métaphorique, boojum, indiquant une réaction particulière de l’Hélium3. Cet article est un document d’un grand intérêt pour notre analyse, car D. Mermin explique de façon extrêmement détaillée les phases de création de la métaphore terminologique, ainsi que ses efforts pour reconduire ses confrères à la validation du terme, en dépit d’un conflit conceptuel apparemment manifeste :
The term “boojum” is from Lewis Carroll’s “Hunting of the Snark” and it came to me at my typewriter as it had first come to Carroll as he walked through the country. The last line of a poem just popped into his head: “For the Snark was a Boojum, you see”. A little distance along it was joined by the next to last line, “He had softly and suddenly vanished away”.
[…] Goodness knows why “boojum” suggested to softly and suddenly vanishing away to Carroll, but the connection having been made, it was inevitable that softly and suddenly vanishing away should suggest “boojum” to me. I was not anaware of how editors of scientific journals might view the attempt of boojums to enter their pages; I was not unmindful of the probable reactions of international commissions on nomenclature; nevertheless I resolved then and there to get the word into the literature.
There would be competition. Other people at the symposium had proposed calling my boojum a flower or a bouquet. Philip W. Anderson, who was to win his Nobel Prize the next year […] was also thinking about spherical He3-A, and wanted to call the stable pattern a fountain. (Mermin, 1981 : 47)
51 Dans la citation de D. Mermin, il nous semble intéressant de remarquer que tous les termes proposés pour indiquer le nouveau concept (la réaction de l’He3-A) sont en effet des termes métaphoriques. La différence fondamentale réside dans le degré de tension conceptuelle entre domaine-source et domaine-cible : dans le cas de fountain ou flower, l’analogie visuelle manifeste entre la forme de la réaction et une fleur ou une fontaine faciliterait l’acceptation et la validation du terme ; néanmoins, pour D. Mermin, la validation de sa métaphore bien plus personnelle représente le sceau de son autorité scientifique dans la communauté des confrères. C’est pour cette raison qu’il va finalement imposer, après une longue négociation, le terme boojum.
52 Nous remarquerons enfin, à ce propos, que ce genre de métaphore terminologique où la tension conflictuelle est plus évidente s’identifie bien souvent à la métaphore fondatrice de théories (voir à ce propos Boyd 1979) et que cette tension conceptuelle est parfois délibérément recherchée par les créateurs des termes (tout comme dans le cas de la création poétique) afin d’imposer leur propre vision des concepts. Le rapport de forces au niveau de l’autorité épistémique se réalise aussi au niveau de la sélection des termes, dans ce cas au niveau de la sélection de la métaphore privilégiée.
4. La transmission interlinguistique des métaphores terminologiques
53 La pluralité des métaphores dans les terminologies de spécialité n’est pas sans effets dans le processus de transfert interlinguistique. Domaine d’analyse assez récent, la traduction des métaphores terminologiques a été pendant longtemps considérée comme un problème mineur, l’analogie supposée à la base de la métaphore étant conçue comme universellement partagée, garantissant un transfert immédiat d’une langue à l’autre par le biais du calque. Ce n’est que récemment que les terminologues ont commencé à s’interroger sur la validité de ce présupposé :
La question de la traduction des métaphores est un sujet très peu abordé dans le contexte des langues de spécialité. […] On peut s’en étonner, car la place de la métaphore dans les discours et le lexique spécialisés fait l’objet de nombreuses études récentes, englobant des points de vue linguistique, terminologique et surtout cognitif. On sait par ailleurs que la métaphore tient une place importante en tant que technique de création terminologique dans l’aménagement linguistique, en particulier en français. (Humbley, 2006 : 49)
55 L’évidence de la variété des métaphores terminologiques dans les vocabulaires spécialisés, l’écart entre domaine-source et domaine-cible, l’influence profonde de la langue et de la culture socio-professionnelle d’appartenance, tous ces facteurs mettent définitivement en discussion la possibilité d’une traduction directe de ce genre de termes.
56 Dans le tableau suivant, quelques exemples tirés du domaine de la finance permettent d’identifier les cas de figure possibles. Le premier cas est le plus immédiat, consistant dans le maintien de la métaphore de la L1 à la L2 : dans le domaine de la finance, la métaphore one-shot est aisément reproduite par coup unique. Le deuxième exemple est un cas de premier degré de modulation de la métaphore, comme il ressort du passage de blue chip, lié au risque et au jeu du hasard, à père de famille, bien plus ancré dans la culture francophone, qui met plutôt l’accent sur la fiabilité des titres de bourse. Le dernier cas correspond au cas d’effacement de la métaphore, perçue comme non-disponible en langue d’arrivée – c’est le cas de bulls and bears qui devient en français marché haussier/marché baissier :
Cas de figure dans le transfert interlinguistique des métaphores dans les lexiques spécialisés (Rossi, 2015 : 130)
L1 | L2 | |
IDENTITÉ DE LA
MÉTAPHORE L1-L2 |
MÉTAPHORE – DS1 (domaine-source) – DC2 (domaine-cible) ENG : one-shot |
MÉTAPHORE – DS1 (domaine-source) – DC2 (domaine-cible) FR : coup unique |
MODULATION DE LA
MÉTAPHORE L1-L2 |
MÉTAPHORE – DS1 (domaine-source) – DC2 (domaine-cible) ENG : blue chip |
MÉTAPHORE – DSa (variation dans le domaine-source) – DC2 (domaine-cible) FR : valeur de père de famille |
EFFACEMENT DE LA
MÉTAPHORE |
MÉTAPHORE – DS1 (domaine-source) – DC2 (domaine-cible) ENG : bulls and bears |
EFFACEMENT DE LA MÉTAPHORE (emploi d’un terme dénotatif) FR : marché haussier et marché baissier |
58 Indépendamment du degré de tension conceptuelle entre domaine-source et domaine-cible, la métaphore terminologique est rarement transposable de façon directe d’une langue/culture à une autre langue/culture. Dans le cas de catachrèses isolées, la motivation analogique à la base du terme métaphorique n’est pas forcément intégrée dans des systèmes linguistiques différents, comme le prouve l’exemple de marmotta/nain auparavant cité : chaque langue/culture va puiser dans son répertoire partagé les domaines-sources pour les terminologies métaphoriques, parfois avec des résultats profondément différents. Les noms des pâtes italiennes (Rossi 2015), en dépit de la disponibilité des domaines-sources choisis – entre autres, le domaine zoomorphique – ne sont pas transposables par traduction directe dans d’autres langues : farfalle, conchiglie, orecchiette restent des emprunts opaques pour un locuteur francophone. Même dans les cas des métaphores conceptuelles structurant des domaines spécialisés, comme par exemple le vin est une personne (Rossi 2009), chaque langue peut moduler l’isotopie selon son imaginaire collectif, le vin étant en français caractérisé plutôt par des termes renvoyant à la figure féminine (robe, cuisse…) et en italien par des termes renvoyant à la figure masculine (vino franco, generoso, robusto…). Un dernier cas de figure concerne enfin les transferts des terminologies métaphoriques fondatrices de théories : dans ce cas, le sceau du créateur du terme implique le respect de l’intention communicative, ce qui se manifeste normalement dans des formes de traduction directe (c’est le cas par exemple de black hole/trou noir/buco nero) ou bien d’emprunt intégral.
59 Les dynamiques du transfert interlinguistique nous semblent enfin témoigner d’un ancrage profond des expressions métaphoriques dans la langue/culture d’appartenance : loin d’être entièrement intégrées dans la dimension conceptuelle, elles dépendent étroitement des structures linguistiques ; autrement dit, si la métaphore est en effet toujours le fruit d’une interaction conceptuelle, la possibilité de réaliser et de verbaliser cette interaction est entièrement soumise aux potentialités de l’expression linguistique.
5. Conclusions
60 Quels sont les éléments de réflexion qui s’imposent, après ce bref aperçu du statut sémiotique et des fonctions de la métaphore dans les terminologies de spécialité ? D’abord, nous soulignerons que l’analyse des métaphores en terminologie ne peut que valider la nécessité d’une approche plurielle du phénomène métaphorique. Tout comme les métaphores dans le lexique de la langue commune, les métaphores en terminologie témoignent de la variété de la figure, l’interaction conceptuelle déclenchant des issues différentes et variées : l’unité dans la multiplicité s’avère encore une fois la clé d’accès pour un décodage efficace de la métaphore dans les langues spécialisées.
61 La métaphore terminologique ne saurait se réduire à l’extension de la pensée cohérente, comme le démontre la présence importante de métaphores créatives et délibérément conflictuelles dans les vocabulaires scientifiques et techniques (le boojum de Mermin, entre autres). Au contraire, elle contribue par l’interaction de domaines conceptuels distants à proposer de nouvelles visions des concepts, des conceptualisations inédites, susceptibles d’évoluer dans des isotopies finalement perçues comme cohérentes (l’argent est un liquide, l’économie est un mécanisme…), mais aussi de rester profondément ancrées dans un imaginaire subjectif, les frontières entre une manifestation de la métaphore et l’autre étant poreuses.
62 On ne pourra donc sous-estimer l’unité profonde du raisonnement métaphorique, indépendamment du contexte de production, qu’il s’agisse de la création poétique ou scientifique, ce qui exclut a priori le choix prédéterminé d’un modèle unique d’analyse. La variété des issues de l’interaction conceptuelle exige en revanche – au-delà des paradigmes dominants – l’éclectisme des méthodes, de l’approche socio-cognitive aux outils offerts par l’épistémologie et la sociologie des sciences.
63 Dans le cas des métaphores dans les terminologies spécialisées, enfin, les approches liées à l’analyse du discours en contexte socioprofessionnel nous semblent incontournables. Les dynamiques de figement des termes, l’évolution de la proposition individuelle à la reconnaissance partagée, les stratégies textuelles et discursives mises en œuvre par les locuteurs afin d’intégrer les nouvelles dénominations, les critères présidant enfin au choix du domaine-source privilégié (la disponibilité, l’opportunité, le potentiel heuristique que nous avons identifié dans Rossi à par.) constituent autant de pistes d’analyse à explorer.
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Mots-clés éditeurs : métaphore, analyse des discours spécialisés, terminologie
Date de mise en ligne : 11/04/2016
https://doi.org/10.3917/lf.189.0087Notes
-
[1]
Nous utiliserons dans ces pages, par convention, la terminologie cognitiviste domaine-source et domaine-cible.
-
[2]
Nous utiliserons dans ces pages le terme d’isotopie comme équivalent de récurrence d’éléments sémantiques cohérents dans un texte ou un discours (« Ensemble redondant de catégories sémantiques qui rend possible la lecture uniforme du récit […]. », Greimas, 1970 : 188).
-
[3]
Voir Rossi (2015) pour la description des critères de disponibilité et d’opportunité dans la sélection du domaine-source de la métaphore.