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Article de revue

Classes verbales et régularités polysémiques : le cas des verbes trivalenciels locatifs

Pages 92 à 110

Notes

  • [1]
    Cf. Introduction de ce volume (en particulier § 3.5).
  • [2]
    Les tris successifs concernent les structures intransitives et transitives non locatives (cf. infra) : elles ont permis d’éliminer 1295 verbes pour la classe E, 459 pour la classe L.
  • [3]
    Si cette propriété caractérise l’anglais, elle se vérifie moins systématiquement pour le français.
  • [4]
    Distinction pratiquement inexistante en français.
  • [5]
    C’est notamment le cas de jeter (On jette son manteau sur ses épaules vs. On a jeté Pierre du lycée) et sortir (On sort des amis au restaurant vs. On sort un importun de la pièce).
  • [6]
    À savoir les sous-classes E1a, E1c, E1d, E1f, E1g, E2a, E2c, E2e, E3a, E3b, E3e, E4a, E4c, E4d, E4f, L1a, L2a, L3a et L4a. Bien que concernant des emplois intransitifs, la sous-classe E3d (aller qp / près d’ / vers / dans un lieu) a été conservée car elle contient quelques verbes à renversement (La balle dévie vers la gauche / On dévie la balle vers la gauche) qui possèdent des emplois trivalenciels locatifs (On dévie la balle dans le caniveau).
  • [7]
    Les synonymes donnés dans le Petit Robert électronique (2001) montrent la nature locative du complément prépositionnel : Couler 06 « Jeter dans le moule (une matière en fusion) », Camper 04 « Placer, poser (qqch.) avec décision », Exprimer 05 « Faire sortir par pression (un liquide) ».
  • [8]
    La base Lexique 3 est librement accessible à l’adresse suivante : www.lexique.org
  • [9]
    Afin d’éviter les confusions entre les hyperonymes qui sont utilisés comme des étiquettes (ou classifieurs) et les emplois, les hyperonymes seront en petites majuscules.
  • [10]
    Transférer admet les deux emplois : avec déplacement de N0 (transférer un prisonnier d’une prison à une autre), sans déplacement de N0 (transférer de l’argent d’un compte à un autre). Il fonctionne donc parfaitement comme hypéronyme pour l’ensemble de la classe.
  • [11]
    Exemple : On hasarde le pied dans la rivière (sens = « mettre en courant un risque »).
  • [12]
    Exemple : On masque la télé dans le buffet (sens = « cacher / celer »).
  • [13]
    Dans certains cas toutefois, différents indices (fréquence d’emploi, évolution historique) donnent un résultat cohérent : nous nous permettons dans ce cas de présenter dans notre tableau final (tableau 3) des flèches orientées.
  • [14]
    Cf. la vaste classe des verbes réversifs ou symétriques du type la branche plie/v/ le vent plie la branche, mais aussi des verbes tels apprendre (apprendre à nager /v/ apprendre à qqn à nager) ou louer(louer un appartement /v/ louer un appartement à qqn).
  • [15]
    Pour une analyse de l’opposition intr/pronominaux, cf. Bouchard (1995 : 199 sq.).
  • [16]
    Pour une analyse détaillée, cf. Willems (1981 : 111 sq.).
  • [17]
    Les verbes proposés sont accompagnés de leurs numérotations spécifiques dans LVF.
  • [18]
    LVF ne présente pas d’entrée spécifique pour le sens de "donation" du verbe glisser. Il est attesté dans d’autres dictionnaires.

1. INTRODUCTION

1Trois critères permettent traditionnellement de caractériser un verbe : les structures dans lesquelles il apparaît (constructions syntaxiques et autres propriétés valencielles), ses propriétés sémantico-aspectuelles et le champ lexical auquel il appartient. Les typologies verbales existantes ne présentent généralement pas de mise en rapport systématique de ces trois aspects. Or des travaux récents sur la polysémie verbale ont montré qu’une typologie intégrée, tenant compte à la fois des caractéristiques syntaxiques, sémantiques et lexicales des verbes, permet, d’une part, de mieux saisir le rapport entre syntaxe et sens (Willems 2002) et offre, d’autre part, un cadre opératoire pour décrire la polysémie verbale (Willems 2006). Ces observations confortent l’idée (largement acceptée) d’une distribution non arbitraire des propriétés syntaxiques sur le lexique et révèlent l’existence de mouvements polysémiques réguliers à l’intérieur d’une classe lexicale et entre classes lexicales.

2La découverte des régularités polysémiques repose toutefois sur un relevé exhaustif des propriétés syntaxiques et sémantiques du lexique verbal. La classification verbale proposée par Jean Dubois et Françoise Dubois-Charlier constitue, sur ce plan, une base de données particulièrement utile.

3L’objectif de cette contribution est double : dans une première partie, nous confronterons diverses typologies verbales (Guillet & Leclère 1992, Dubois et Dubois-Charlier 1997, Dixon 1991 et Levin 1993) et proposerons une définition intégrée des emplois verbaux trivalenciels locatifs. Dans une deuxième partie, nous présenterons un classement des verbes trivalenciels locatifs les plus fréquents et analyserons les mouvements polysémiques propres à ce type de verbes.

2. LES TRIVALENCIELS LOCATIFS : UN ÉTAT DE LA QUESTION

2.1. Critères définitionnels et inventaires

4La structure qui nous intéresse ici et que nous appelons « trivalencielle locative » est représentée par les verbes mettre, transposer et enlever dans :

5

(1) Je ne trouve plus mon stylo, je ne sais plus où je l’ai mis (PR, v° mettre)
(2) Lorsque le rêve nous transporte dans une autre planète (Gautier, cité par PR, v°transporter)
(3) Enlever un fauteuil du salon pour le mettre dans la chambre (PR, v° enlever)

6La structure se caractérise par la présence de deux arguments post-verbaux nominaux, l’un direct, l’autre indirect et de nature locative (N0 V N1Prép N2Loc). Si peu d’études ont été consacrées spécifiquement à cette structure (l’analyse exhaustive de Guillet & Leclère formant une exception), elle apparaît toutefois dans toutes les classifications verbales, et ce pour la plupart des langues européennes. Les caractéristiques décrites et surtout les inventaires proposés diffèrent toutefois considérablement d’une classification à l’autre. Ces divergences sont révélatrices des problèmes de reconnaissance et de délimitation de la structure.

2.1.1. La classification syntaxico-lexicale de Guillet & Leclère (1992)

7L’analyse proposée par Guillet et Leclère en 1992 constitue sans aucun doute pour le français l’étude la plus détaillée de la structure. Outre la distribution spécifique mentionnée ci-dessus, les auteurs proposent et discutent les critères définitionnels suivants : a) le remplacement possible du syntagme prépN par l’interrogatif (ou d’où), trait définitoire du syntagme locatif (dorénavant locN) ; b) le statut de “complément du verbe” du locN en opposition avec les compléments de phrase de nature locative ; c) le rapport systématique entre N1loc N2 et la phrase-support N1 être loc N2, comme dans :

8

(4) J’ai mis le stylo sur la table ~ le stylo est sur la table

9Ces traits soulèvent un certain nombre de problèmes. Pour (a), comme le signalent d’ailleurs les auteurs (pp. 13-14), le remplacement par est parfois problématique, et souvent concurrencé par une structure « Prép. + quoi ? » :

10

(5) Max assied la maison sur des fondations (où ?, sur quoi ?)
(6) Max a retiré la taxe du total (d’où ?, de quoi ?)

11Pour (b), le problème du statut nucléaire ou non du complément locatif (distinction essentielle dans une mise en rapport entre syntaxe et sens) n’est pas réellement posé dans l’analyse. Ainsi les locatifs des exemples suivants, tout en étant des compléments de verbe, présentent une nucléarité discutable :

12

(7) Max arrête le train à Gap
(8) Max cherche sa montre dans le bar
(9) Max regarde la mer de son balcon

13Dans aucun des exemples cités, le locN ne semble “appelé” par le verbe : il fonctionne plutôt comme élément périphérique, sans impact sur la structure lexicale des verbes concernés (cf. infra).

14En ce qui concerne le trait (c), si le rapport entre N1 loc N2 peut souvent être décrit par la phrase support en être, d’autres phrases-supports sont également possibles (se trouver, aller, p.ex.). Cette caractéristique ne semble donc pas présenter suffisamment de généralité pour être définitoire. On peut regretter d’autre part l’absence de traitement systématique de la polysémie verbale : d’une part, les tables proposées présentent sans les différencier des emplois sémantiquement très différents des mêmes lexèmes ; d’autre part, aucun regroupement des divers emplois à l’intérieur d’un même sémantisme verbal n’est proposé.

15Sur le plan de l’inventaire, Guillet et Leclère relèvent 805 emplois trivalenciels locatifs, répartis dans quatre ensembles, selon la nature sémantique du Nloc (lieu source ou lieu destination) d’une part, du N1 (humain ou non) de l’autre :

16

  • la classe 38L regroupe des verbes qui acceptent ou exigent un double locatif indiquant le lieu d’origine et le lieu de destination (ex. transférer quelque chose d’un lieu à un autre) : 104 emplois
  • la classe 38LD : le locatif désigne un lieu de destination (LD = Lieu de Destination) (ex. poser quelque chose quelque part) : 276 emplois ;
  • la classe 38LS : le locatif est un lieu d’origine (LS = Lieu Source) (ex. ôter quelque chose de quelque part) : 198 emplois ;
  • la classe 38LH : le complément d’objet direct N1 est <+humain> (LH) (ex. vider quelqu’un de quelque part / conduire quelqu’un quelque part.) : 227 emplois.

2.1.2. La classification syntaxico-sémantique de Dubois & Dubois-Charlier (1997)

17La classification proposée par Dubois et Dubois-Charlier dans Les Verbes Français (dorénavant LVF) repose explicitement sur l’hypothèse d’une adéquation entre syntaxe et sens [1] :

18

« Une fois l’inventaire réalisé, on a établi une classification visant à tenir compte de l’adéquation entre la syntaxe et l’interprétation sémantique, elle-même représentée par un schéma syntactico-sémantique, donné sous la rubrique “opérateur” […]. (LVF : p. V)

19Les opérateurs permettent de répartir les verbes en 14 classes génériques, qui s’organisent en 54 classes sémantico-syntaxiques (selon les oppositions “être vivant/non animé” et “propre/figuré (ou métaphorique)”) et 248 sous-classes syntaxiques (selon leur schème syntaxique et leur paradigme lexical). Les verbes trivalenciels locatifs ressortissent aux sous-classes transitives des deux classes génériques de déplacement : E ( “entrée, sortie”) et L ( “locatif”).

20Si la classification est détaillée, en particulier en ce qui concerne les relations sémantiques (la relation causative p.ex.) et les sélections lexicales, l’analyse syntaxique reste parfois implicite. Comme le suggère le passage suivant de l’introduction, les auteurs semblent avoir développé davantage l’analyse lexicale que l’analyse proprement syntaxique :

21

« Sortir du peuple et guérir d’une maladie ont en commun la même description des constituants “sujet humain, transitif indirect avec complément en de + nom”, mais les paradigmes lexicaux sont différents, “groupe social” pour le premier, “maladie” pour le second, ils relèvent de deux schèmes syntaxiques différents. » (LVF : p. III)

22La différence entre les deux structures proposées ne se situe toutefois pas uniquement sur le plan des paradigmes lexicaux, comme en témoigne la pronominalisation interrogative différente : sortir d’où /v/ guérir de quoi ? La première structure est donc locative, la deuxième ne l’est pas.

23La classification de Dubois et Dubois-Charlier ne présente pas non plus d’analyse polysémique explicite. Les différents emplois d’un même lexème sont toutefois spécifiés par la numérotation des entrées. Les emplois d’un même verbe sont dissociés dès qu’ils ne présentent pas les mêmes schèmes syntaxiques (les constituants ne partagent pas les mêmes propriétés sémantico-lexicales). Sur ce principe, deux emplois d’un même verbe peuvent être plus ou moins éloignés (le plus haut degré d’éloignement étant lorsque deux emplois apparaissent dans des classes différentes avec des constructions syntaxiques différentes). Plusieurs structures syntaxiques peuvent aussi être regroupées sous un même numéro dès l’instant où l’une peut être considérée comme la « variante » de l’autre. Il existe plusieurs variations régulières (cf. p. IV) qui n’impliquent pas de changement de schèmes syntaxiques (cf. pourinscrire 03, l’objet direct humain de la construction transitive qui devient le sujet du verbe pronominal réfléchi ? On inscrit Pierre à la fac [T1101] / Pierre s’inscrit à la fac [P1001]).

24Nous illustrons la classification en prenant pour exemple le verbe draguer :

25

  • draguer 01 : Le marin drague le fond du fleuve. ? Classe R3g ( « nettoyer, éponger en ôtant qc, un liquide » avec instrumental intégré dans la forme du verbe), Sens = curer, Construction = T1308.
  • draguer 02 : Les mariniers draguent la voiture du fleuve. ? Classe E3c ( « faire sortir qc de lieu » avec instrumental intégré), Sens = sortir de l’eau, Construction = T1308 et P3008
  • draguer 03 : On drague quelqu’un dans le bal. On se fait draguer. ? Classe M1c ( « faire mouvement pour prendre qn, un animal » avec objet direct humain), Sens = chasser, Construction = T1100

26D’autre part, il semble que l’ordre de la numérotation indique ici une hiérarchie des emplois basée sur un critère historique (l’emploi suivi de « 01 » étant le premier emploi attesté du verbe). Cette hypothèse se vérifie pour le verbe draguer.

27Les verbes trivalenciels locatifs ne constituant pas une sous-classe spécifique, plusieurs tris successifs ont dû être effectués dans les classes E et L (cf. infra). En suivant la classification des auteurs, la structure concernerait 2 205 emplois [2].

2.1.3. Les classifications lexicales de Dixon (1991) et de Levin (1993)

28Sur un plan plus lexical, nous commentons brièvement deux ouvrages de référence sur la classification des verbes anglais : ceux de Dixon (1991) et de Levin (1993). Les deux ouvrages sont dans une large mesure complémentaires : le premier propose une classification originale, sur base syntaxique pour les grandes sous-classes et à partir de traits sémantiques et lexicaux particuliers pour les diverses sous-classes ; Levin part d’une synthèse de la littérature existante sur les diverses classes de verbes, en tenant compte en particulier de l’existence de structures alternatives.

29En ce qui concerne les verbes locatifs, Dixon (1991 : 94-102) propose la vaste classe des “verbs of motion and rest” et distingue 12 sous-classes en tenant compte de l’opposition mouvement/repos (7 classes de mouvement, 5 de repos) et de l’opposition transitif/intransitif, tout en donnant une place particulière à la relation transitive causative, qui est considérée comme une alternance régulière et productive pour certaines sous-classes :

30

“There exists the potential for any verb from RUN or SIT to be used transitively, in a causative sense” (Dixon 1991 : 95)  [3]

31Pour nos verbes locatifs trivalenciels, Dixon distingue 5 sous-classes représentées par les verbes take, put, follow, carry et throw. Les critères de classification reposent d’une part sur la sélection de prépositions spécifiques, d’autre part sur les modalités sémantiques du déplacement (Dixon 1991 : 94-113). Dixon ne présente toutefois pas d’inventaire exhaustif de verbes.

32Pour Levin (1993 : 22-23), les verbes locatifs trivalenciels se retrouvent dans 6 grands ensembles lexicaux, avec de multiples sous-classes :

a. putting10 sous-classesd. exerting force : push/pull verbs
b. removing9 sous-classese. hold and keep2 sous-classes
c. sending and carrying5 sous-classesf. throwing2 sous-classes
figure im1

33La sous-classification recouvre en grande partie celle de Dixon tout en étant bien plus détaillée. Elle repose essentiellement sur les types de prépositions acceptées ou refusées, le rapport avec d’aurtres structures alternatives (alternance intransitive, locative) et d’autres particularités de nature sémantique (type de mouvement spatial, directionalité, etc.) (Levin 1993 : 110-148).

34En ce qui concerne les sélections prépositionnelles, l’auteur insiste sur l’importance, pour la classification des structures locatives, des prépositions indiquant la source (from) et la destination (to) : la possibilité ou non de ces prépositions permet en effet d’opposer les verbes de la classe a (*I put the book to Sally ; *I put the book from Erna) à ceux de la classe c (Nora sent the book from Paris to London). L’opposition entre prépositions locatives statiques (in, on) et leurs variantes dynamiques (into, onto)  [4] permet d’autre part d’opposer un verbe comme put (I put the book on (*onto) the table) à des sous-classes plus spécifiquement directionnelles (I lifted the book onto (*on) the table).

2.2. Définition provisoire

35En tenant compte des analyses proposées et des exemples observés, nous sommes parties d’une définition stricte de la classe des trivalenciels locatifs, basée sur les quatre critères suivants :

36

  • La distribution particulière N0 V N1 Prép N2Loc
  • Le remplacement possible de prépN2 par où ? /d’où ?
  • La nucléarité du locatif prép N2
  • Le trait sémantique de causativité (paraphrase par faire que + V) N0 V N1 Prép N2Loc ~ N0faire que N1être/aller/se trouver/ne plus être… Prép N2Loc

37Le critère de la nucléarité étant délicat à manier et donnant lieu à des gradations diverses, nous nous en sommes essentiellement tenues au trait le plus exigeant : le caractère obligatoire du locatif. Si ce critère est sans aucun doute une condition suffisante de nucléarité (ex.10), il ne constitue toutefois pas une condition nécessaire. Le trait facultatif d’un complément peut en effet être dû soit à un manque de nucléarité (ex.11), soit à une nucléarité maximale (ex. 12) : dans ce dernier cas, le complément est tellement prévisible que son expression devient facultative. C’est en particulier le cas pour les verbes dérivés, présentant une “incorporation” du locatif dans la racine verbale (ex.13). L’expression du locatif ne se présente alors que dans des conditions particulières (spécification du lieu (ex. 14) ou emploi figuré (ex. 15)) :

38

(10) J’ai mis mon stylo * [dans ma poche]
(11) J’ai suivi mon voisin [dans la rue]
(12) Introduire la clé [dans la serrure]
(13) Enterrer des oignons de tulipe (PR) (Enterrer ~mettre dans la terre)
(14) Enterrer qqch dans son jardin
(15) Il est allé s’enterrer dans ce village (PR)

39Excepté l’exemple (11), où le locN sera considéré comme périphérique, tous les autres cas seront considérés comme nucléaires ( “ultranucléaires” en quelque sorte). En parcourant les listes de verbes proposées par les divers auteurs, c’est surtout le critère de la nucléarité qui semble poser problème et qui est responsable de grandes divergences dans les inventaires proposés.

3. À LA RECHERCHE D’UN INVENTAIRE ET D’UNE TYPOLOGIE INTÉGRÉS

40LVF et l’ouvrage de Guillet & Leclère (1992) constituent une base de données à partir de laquelle il est possible de constituer une liste d’emplois verbaux trivalenciels locatifs. Il est toutefois impossible d’extraire cette liste directement car les emplois qui nous intéressent ne sont pas regroupés. Il est donc nécessaire de mettre au point une méthode de sélection des emplois pour constituer la classe qu’il faudra par la suite organiser en fonction des propriétés sémantiques, syntaxiques et lexicales récurrentes. De manière générale et sauf mention contraire, nous ne ferons pas référence dans cette partie à des « verbes » mais à des « emplois verbaux », que nous désignerons sous le terme « d’entrées » (lexicales) lorsque nous nous baserons sur la numérotation de LVF, car un même verbe peut avoir plusieurs emplois au sein même de la construction trivalencielle locative [5] et donc apparaître plusieurs fois.

3.1. L’inventaire

41La méthode qui nous a finalement permis d’établir à partir des inventaires existants une liste de 201 emplois locatifs, comporte quatre étapes.

3.1.1. 1re étape : Sélection des classes contenant des emplois verbaux trivalenciels locatifs

42Comme nous l’avons signalé plus haut, on retrouve des emplois trivalenciels locatifs dans plusieurs classes aussi bien chez Guillet & Leclère que chez Dubois & Dubois-Charlier.

43Le premier tri a consisté à éliminer chez ces derniers auteurs toutes les sous-classes intransitives [6]. Dans un deuxième tri, à partir de la rubrique « construction », tous les emplois transitifs non locatifs ont été éliminés (le code de la construction se termine par « 00 »). Il s’agit de verbes à locatif implicite. Sont notamment éliminés sur cette base :

44

  • Pour la sous-classe E3c ( « faire sortir quelque chose d’un lieu » avec locatif ende), le sous-type des entrées à locatif implicite (p. 77) est codé « T1300 » (où le 1 représente le sujet <+humain> et le 3 représente l’objet <qqch.>). 15 entrées sont concernées, parmi lesquelles couper03 et larguer01 :
    (16) On coupe les branches mortes (sous-entendu de l’arbre).
    (17) On largue les amarres (sous-entendu du quai).
  • Pour la sous-classe E4b ( « faire sortir quelque chose de quelque chose, d’un lieu »), le sous-type 1 avec complément de soi implicite ( « faire sortir de soi » p. 86) est codé T1300. 11 entrées relèvent de cette sous-classe, parmi lesquellesbannir04 et exhumer03 :
    (18) On bannit toute illusion, cette idée (sous-entendu de sa tête).
    (19) On exhume des rancunes anciennes (sous-entendu de son coeur)
  • Pour la sous-classe L3b ( « mettre quelque chose quelque part, dans, sur un lieu, autour de quelque chose »), le sous-type 1 à sujet non animé (p. 163) « mettre quelque chose hors de vue » est codé T3300 / P3006. Il s’agit des entrées éclipser01,occulter03 et estomper03, où le locatif “de la vue” est implicitement présent :
    (20) La lune éclipse, occulte le soleil.
    (21) La brume estompe les collines.

45Au terme de ces deux tris, 2 205 entrées ont été retenues (1 141 pour la classe E et 1 064 pour la classe L) et 1 754 ont été éliminées (1 295 pour la classe E et 459 pour la classe L).

3.1.2. 2e étape : Croisement des deux listes

46À ce stade de l’inventaire, les emplois retenus dans chaque ouvrage répondent au moins à deux critères définitionnels sur quatre : la structure N0 V N1Prép N2 Loc et le sens causatif. Un coup d’œil sur les exemples nous permet toutefois de constater que ces emplois ne mettent pas tous en jeu un complément locatif nucléaire.

47

(22) Max borde Ida dans son lit. (G&L)
(23) Des volets tamisent la lumière sur le mur. (D & D-C, tamiser 02)

48La nucléarité étant un critère relativement difficile à tester (cf. supra), nous avons fait le choix pragmatique de croiser les deux listes pour augmenter les chances de conserver les emplois qui présentent un lieu nucléaire. Ce croisement conduit à une réduction considérable de la classe, puisque 2050 emplois ne sont présents que dans une seule des listes (345 pour Guillet & Leclère contre 1705 chez Dubois & Dubois-Charlier) et 460 sont présents dans les deux listes.

3.1.3. 3e étape : Sélection manuelle

49L’étape précédente permet certes de réduire la liste en éliminant les emplois absents de l’un des deux ouvrages mais il reste toujours deux critères qui n’ont pas été testés de manière systématique : la nucléarité du lieu et l’interrogation en où/d’où. Les rubriques de Dubois & Dubois-Charlier et les propriétés de Guillet & Leclère associées à chaque classe ne permettent pas de sélectionnerles emplois qui répondent à ces deux critères. On doit donc procéder à un tri manuel.

50Cette sélection manuelle est délicate. Comme nous l’avons vu, la possibilité de suppression du locatif n’est pas un test permettant systématiquement de déterminer si le lieu est nucléaire ou non. La nucléarité se conçoit de manière graduelle et il est nécessaire d’avoir recours à une étude sémantique pour évaluer la solidité du lien qui unit le verbe et le locatif. De la même manière, la possibilité de l’interrogation en n’exclut pas forcément d’autres types d’interrogation (l’interrogation en « Prép. + quoi ? » peut également être admise, notamment dans le cas des localisations métaphoriques). Toutes ces difficultés conduisent à distinguer plusieurs profils :

a) Lieu nucléaire répondant à la question en où ?

51Pour ces emplois, la présence d’un complément locatif qui répond à la question en est obligatoire. C’est le cas par exemple de mettre 01 (Max met le verre sur la table. G & L) qui réclame la mention d’un lieu de destination (la table). On peut concevoir des cas où le complément locatif ne serait pas mentionné, mais il serait alors obligatoirement induit par le contexte ou la situation de communication.

b) Lieu nucléaire admettant d’autres types d’interrogation que où ?

52Certains emplois impliquent un lieu nucléaire qui répond mal à où ? :

53

(24) L’ouvrier coule l’or dans un moule. ? ? L’ouvrier coule l’or où ?
(25) On campe son chapeau sur l’oreille. ? ? On campe son chapeau où ?
(26) On exprime le jus d’un citron. ? ? On exprime le jus d’où ?

54Dans ces trois exemples, le complément prépositionnel est de nature locative [7]mais répond plus facilement à l’interrogation en « Prép. + quoi ? » (L’ouvrier coule l’or dans quoi ?, On campe son chapeau sur quoi ?, On exprime le jus de quoi ?). Ce profil concerne des emplois techniques ou dont le champ d’application est relativement limité ce qui a pour effet : I) une forte restriction de sélection quant à la sous-catégorie sémantique du N1 et du N2, II) une préposition de lieu fixe.

55

(24') Couler 06 : N0<+humain> V N1<métal> DANS N2<moule>
(25') Camper 04 : N0<+humain> V N1<vêtement> SUR N2<partie du corps>
(26') Exprimer 05 : N0<+humain> V N1<liquide> DE N2<contenant un liquide>

56On peut alors penser que l’ensemble V + N1 + Prép. s’est en partie figé. L’interrogation en où ? appelant une information sur le type de localisation (sur, sous,dans, à côté…), elle devient dans ce cas inutile. Par contre, l’interrogation en « Prép. + quoi ? » reprend la préposition et centre la demande d’information sur la nature exacte du N2.

c) « Ultra-nucléarité »

57L’ultra-nucléarité concerne des emplois dans lesquels le locatif est déjà présent dans le sémantisme du verbe ou est incorporé à la racine verbale. Il est alors facultatif et, lorsqu’il est mentionné, apporte une précision (cf. François 2004) :

58

(27) On héberge un ami pour la nuit, des réfugiés dans un camp.
(28) On emprisonne un voleur dans une cellule

d) Lieu non nucléaire mais répondant à la question en où ?

59Ce sont des emplois pour lesquels le complément prépositionnel, de nature locative, n’entre pas dans la valence du verbe. Il s’agit alors d’un circonstant déplaçable et suppressible. Il est également à noter que, pour ces emplois, le procès n’implique pas de transfert mais une activité qui est globalement localisée au moyen du complément de lieu :

60

(29) On peint un numéro sur la porte.
(30) On promène quelqu’un dans la ville. On promène son chien dans le parc.

e) Complément N2 nucléaire mais ne répondant pas à la question où ?

61Ces emplois intègrent bien la structure N0 V N1 Prép N2Loc mais le syntagme prépositionnel ne peut être interprété comme un lieu. Il s’agit de localisations abstraites (correspondant aux emplois dits « figurés » dans LVF). Nous avons décidé d’éliminer ces emplois car ils illustrent déjà, de notre point de vue, une forme particulière de polysémie et excluent l’interrogation en où ? :

62

(31) On jette quelqu’un dans l’embarras. ? *On jette quelqu’un où ?
(32) On implique un ministre dans le scandale. ? *On implique un ministre où ?

63Lors du tri, les emplois correspondant aux profils (a), (b) et (c) ont été retenus et les cas de figure (d) et (e) ont été éliminés. Au terme de cette sélection manuelle, on retient 282 des 460 entrées.

3.1.4. 4e étape : Sélection des emplois en fonction de la fréquence des verbes

64Cette étape a pour seul but de réduire encore la liste avant de procéder à l’étude des mouvements polysémiques. Il est maintenant admis que la polysémie est en rapport avec la fréquence des unités : plus une unité est fréquente plus elle a de sens différents(Dubois et alii, 1973 : 369). Nous avons donc choisi de retenir les emplois impliquant les verbes les plus fréquents. Les 282 entrées sélectionnées lors de l’étape précédente mettent en jeu 245 verbes qui ont été triés par ordre de fréquence à l’aide de la base de données Lexique 3[8]. Il ne s’agit pas ici de la fréquence des verbes dans leur emploi locatif mais de la fréquence « globale » de chaque lemme.

65La base de données Lexique 3 a été réalisée par Boris New, Christophe Pallier, Ludovic Ferrand et Rafael Matos et développée par le Laboratoire de Psycho-logie Expérimentale (LPE – CNRS, Université Paris 5). Cette base, à destinationdes psychologues et des psycholinguistes, permet d’obtenir la fréquence d’un lemme par million d’occurrences à partir d’un corpus constitué des sous-titres de 2960 films (18,8 millions de mots) et d’un corpus textuel littéraire constitué des 218 romans publiés entre 1950 et 2000 (14,8 millions de mots) présents dansFrantext. La présente recherche a été effectuée à partir du corpus littéraire deLexique 3.

66Sur 245 verbes, 5 n’étaient pas représentés dans la base de données :

67

défourner – dépaqueter – encabaner – encuver – étalager

68Les emplois mettant en jeu des verbes ayant une fréquence inférieure à 5 (73 verbes correspondant à 76 emplois) ont été éliminés pour l’étude des mouvements et régularités polysémiques. Il reste alors 201 entrées locatives pour 167 verbes soit, en ordre alphabétique :

69

abriter 02 – acheminer 02 – afficher 01 – allonger 08 – amener 03 – appeler 03 – appliquer 01 – apporter 01 – appuyer 01 – arracher 01 – asseoir 01 – avancer 01 – aventurer 02 – balader 02 – balancer 05, 06 – balayer 02 – basculer 02 – boucler 03 – bouger 04 – cacher 01 – camper 04 – cantonner 02. – carrer 01 – caser 01, 04 – charger 01, 06 – chasser 08 – clouer 03 – coincer 05 – coller 03, 05 – conduire 01 – confiner 03 – consigner 01, 04 – coucher 02 – couler 06, 13 – débarquer 03 – débarrasser 02 – dégager 02 – délivrer 04 – dépêcher 01 – déplacer 01, 08 – déposer 01, 02, 03 – déranger 05 – dériver 03 – détacher 08 – détourner 02 – dévier 03 – dissimuler 02 – draguer 02 – échouer 01 – effacer 05 – éloigner 02 – embarquer 02 – emboîter 02 – emmener 03 – emporter 02 – emprisonner 01 – encaisser 01 – enfiler 01, 02 – enfoncer 01 – enfouir 01 – engager 05, 06 – enlever 02 – enregistrer 01 – enrouler 01 – ensevelir 02 – enterrer 01, 02 – entonner 01 – entraîner 04 – entrer 15 – envoyer 05 – établir 03 – évacuer 02 – expédier 01 – exprimer 05 – expulser 01 – extirper 02 – extraire 02 – faufiler 01 – ficher 01 – ficher 04 – flanquer 04 – fourrer 01 – foutre 11 – garer 03 – glisser 09 – graver 02 – guider 03 – hasarder 02 – héberger 01 – hisser 02 – importer 02 – incorporer 04 – incruster 02 – infiltrer 01 – inscrire 03, 11 – insinuer 01 – installer 04 – intégrer 01 – introduire 01, 03, 05 – investir 03 – jeter 02, 03, 04, 23 – jucher 02 – lâcher 03 – laisser 02 – lancer 02 – larguer 03 – libérer 02 – loger 04 – masquer 02 – ménager 04 – mener 01 – mettre 01 – monter 03 – mouler 03 – murer 03 – nicher 04 – nommer 06 – ôter 01 – pendre 05 – percher 03 – piquer 08 – placer 01, 13 – planquer 01 – planter 01, 03 – plonger 12 – porter 06 – poser 01, 04, 05, 06 – poster 01, 02 – pousser 03 – précipiter 01 – prendre 20 – projeter 02 – puiser 01 – rabattre 14 – ramener 07 – ranger 04, 06 – rapporter 01 – rayer 05 – recevoir 11 – reconduire 02 – refouler 01 – réintégrer 01 – rejeter 02, 07 – remettre 01 – remonter 10 – rentrer 04 – renverser 02 – renvoyer 07 – répandre 01 – replier 05 – reporter 01 – reposer 02 – repousser 06, 07 – retirer 02 – rouler 03 – secouer 05 – semer 01 – serrer 13 – sortir 25, 28, 29 – soustraire 02 – tirer 10, 11 – traîner 02, 04 – transférer 01 – transporter 01 – tremper 01 – verser 03 – vider 03, 10, 11 – virer 05.

3.2. Les causatifs de déplacement : classes, sous-classes et relations

70Nous avons maintenant une classe de 201 emplois trivalenciels locatifs qu’il s’agit d’organiser en sous-classes sémantico-lexicales homogènes. On l’a vu, les emplois trivalenciels locatifs décrivent le déplacement d’un objet ou d’une personne (N1) d’un Lieu 1 (lieu d’origine) à un Lieu 2 (lieu de destination). Or, tous les emplois n’intègrent pas forcément toutes les étapes de ce déplacement. Les relations antonymiques et inverses permettent égalementde compléter l’organisation du champ. La fréquence d’emploi, ainsi que la récurrence des exemples proposés pour illustrer les emplois trivalenciels locatifs permettent de repérer quatre hyperonymes [9] pour la classe : METTRE, ENLEVER, TRANSFERER et LAISSER qui présentent l’intérêt de mettre en jeu des localisations de nature différente.

71METTRE. L’action de METTRE implique un déplacement d’un lieu d’origine inconnu et non mentionné vers un lieu de destination connu et obligatoirement mentionné.

72ENLEVER. L’action d’ENLEVER (complémentaire de METTRE par relation inverse) implique un déplacement d’un lieu d’origine connu, obligatoirement mentionné et introduit par la préposition de vers un lieu de destination inconnu et non mentionné.

73TRANSFERER. Le cas de TRANSFERER est plus complexe. L’action implique à la fois un lieu d’origine et un lieu de destination connus. Pour autant, un des deux lieux peut être implicite et c’est alors le lieu mentionné qui est « focalisé ».

74

(33) On importe des ordinateurs du Japon. ? lieu d’origine mentionné et focalisé.
(34) On avance la chaise vers la table. ? lieu de destination mentionné et focalisé.

75Lorsque le lieu d’origine et le lieu de destination sont mentionnés, c’est alors le passage entre les deux lieux qui est focalisé :

76

(35) On transporte des voyageurs de Paris à Marseille.

77La frontière entre les emplois du type TRANSFÉRER et ceux du type METTRE est parfois difficile à tracer ; c’est notamment le cas pour les emplois du type TRANSFERER où le lieu de destination est focalisé (avancer la chaise vers la table). La possibilité ou l’impossibilité de restituer le double locatif est un critère formel qui permet en partie d’éviter cet écueil. Les emplois du type METTRE n’acceptent pas cette restitution tandis que ceux du type TRANSFERER s’y prêtent assez bien :

78

(36) Max met le verre sur la table ? *Max met le verre du placard sur la table.
(34’) On avance la chaise vers la table ? On avance la chaise du mur vers la table.

79Les verbes de type TRANSFÉRER ne sont toutefois pas tous des verbes de déplacement à proprement parler : si tous supposent un déplacement de N1, certains, tels transporter dans (35) ou avancer dans (34) entraînent également un déplacement de N; d’autres tels envoyer, jeter ou lancer n’en impliquent pas. Dans ce cas, la restitution du lieu d’origine est souvent difficile :

80

(37) ? ? ? L’aviateur lâche des bombes de l’avion sur la ville.

81Ces observations conduisent à créer deux sous-classes dans TRANSFÉRER [10] :

82f) TRANSPORTER : pour ces emplois, le sujet se déplace avec l’objet et la restitution du double locatif est toujours possible.

83g) ENVOYER : le sujet ne se déplace pas avec l’objet et la restitution du double locatif est difficile (voire impossible).

84LAISSER

85Afin de prendre en compte les emplois qui dénotent une absence de déplacement de l’objet comme du sujet, il est nécessaire de créer une quatrième classe sous l’étiquette LAISSER (au sens « ne pas transporter quelque chose quelque part »). Cette classe s’oppose aux trois autres par relation d’antonymie et implique un lieu connu et obligatoirement mentionné qui est un lieu d’origine à partir duquel aucun déplacement n’est envisagé.

Tableau 1

Organisation et caractéristiques des classes sémantico-lexicales.

OrigineDestinationDéplacement
du sujet
Déplacement
de l’objet
METTRE+++
ENLEVER+++
TRANSFERERTRANSPORTER++++
ENVOYER(+)++
LAISSER+
figure im2

Organisation et caractéristiques des classes sémantico-lexicales.

86Pour obtenir un classement plus fin, il serait pertinent d’étudier dans chaque classe les types de prépositions et de préfixes en jeu, ainsi que les structures alternatives admises. Nous ne rentrerons pas dans les détails ici pour nous concentrer sur l’étude des grands mouvements polysémiques.

87En examinant le tableau 2, on constate que certains verbes (tels balancer, jeterou sortir) se retrouvent dans plusieurs sous-classes. Ils présentent donc une polysémie interne au déplacement. Notons toutefois que ces verbes sont relativement rares et que les sous-classes distinguées constituent lexicalement des inventaires complémentaires.

3.3. Inventaire de toutes les constructions et tous les emplois des 167 verbes pour repérer les mouvements polysémiques

88Il reste à présent à trouver un moyen de repérer les autres classes sémantico-syntaxiques dans lesquelles chaque verbe peut entrer. À partir des données lexicographiques fournies par le Petit Robert électronique, les autres emplois et constructions des 167 verbes ont donc été systématiquement listés. 11 12

Tableau 2

Classement des 201 entrées trivalencielles locatives selon les quatre hyperonymes.

METTRE
(98 entrées)
abriter 02 – afficher 01 – allonger 08 – appliquer 01 – appuyer 01 – asseoir 01 –
aventurer 02 – cacher 01 – camper 04 – carrer 01 – caser 01, 04 – charger 01, 06
– coller 03, 05 – consigner 01 – coucher 02 – couler 06, 13 – déposer 01, 02, 03 –
dissimuler 02 – échouer 01 – embarquer 02 – emboîter 02 – emprisonner 01 –
encaisser 01 – enfiler 01, 02 – enfoncer 01 – enfouir 01 – engager 05, 06 – enregistrer
01 – enrouler 01 – ensevelir 02 – enterrer 01, 02 – entonner 01 – entrer 15 – établir
03 – faufiler 01 – ficher 01, 04 – flanquer 04 – fourrer 01 – foutre 11 – garer 03
– graver 02 – hasarder [11]02 – héberger 01 – incorporer 04 – incruster 02 – infiltrer
01 – inscrire 11 – insinuer 01 – installer 04 – intégrer 01 – introduire 05 – investir
03 – jeter 02, 03 – jucher 02 – loger 04 – masquer 02 [12]– ménager 04 – mettre
01 – mouler 03 – nicher 04 – pendre 05 – percher 03 – piquer 08 – placer 01, 13
– planquer 01 – planter 01, 03 – plonger 12 – poser 01, 04, 05, 06 – poster 01, 02
– ranger 04, 06 – réintégrer 01 – remettre 01 – rentrer 04 – renverser 02 – répandre
01 – reposer 02 – semer 01 – serrer 13 – tremper 01 – verser 03
ENLEVER
(39 entrées)
arracher 01 – balancer 06 – balayer 02 – bouger 04 – chasser 08 – débarquer 03
– débarrasser 02 – dégager 02 – délivrer 04 – déranger 05 – draguer 02 – effacer
05 – éloigner 02 – enlever 02 – évacuer 02 – exprimer 05 – expulser 01 – extirper
02 – extraire 02 – jeter 23 – libérer 02 – ôter 01 – prendre 20 – puiser 01 –
rayer 05 – refouler 01 – rejeter 07 – renvoyer 07 – retirer 02 – secouer 05 –
sortir 25, 29 – soustraire 02 – tirer 10, 11 – vider 03, 10, 11 – virer 05
TRANSFÉRER
(55 entrées)
TRANSPORTER
(35 entrées)
acheminer 02 – amener 03 – appeler 03 – apporter 01 – avancer 01 – balader 02
– balancer 05 – basculer 02 – conduire 01 – déplacer 01, 08 – dériver 03 – déta
cher 08 – détourner 02 – dévier 03 – emmener 03 – emporter 02 – entraîner 04
– envoyer 05 – expédier 01 – glisser 09 – guider 03 – hisser 02 – importer 02
– inscrire 03 – introduire 01, 03 – jeter 04 – lâcher 03 – lancer 02 – larguer 03
– mener 01 – monter 03 – nommer 06 – porter 06 – pousser 03 – précipiter 01
projeter 02 – rabattre 14 – ramener 07 – rapporter 01 – recevoir 11 – reconduire
02 – rejeter 02 – remonter 10 – replier 05 – reporter 01 – repousser 06, 07 –
rouler 03 – sortir 28 – traîner 02, 04 – transférer 01 – transporter 01
ENVOYER
(21 entrées)
appeler 03 – apporter 01 – avancer 01 – balader 02 – balancer 05 – basculer 02
– conduire 01 – dépêcher 01 – déplacer 08 – dériver 03 – détacher 08 – détourner
02 – dévier 03 – emmener 03 – emporter 02 – entraîner 04 – envoyer 05 – expé
dier 01 – glisser 09 – guider 03 – hisser 02 – importer 02 – inscrire 03 – intro
duire 01 – introduire 03 – jeter 04 – lâcher 03 – lancer 02 – larguer 03 – mener
01 – monter 03 – nommer 06 – porter 06 – pousser 03 – précipiter 01 – projeter
02 – rabattre 14 – ramener 07 – rapporter 01 – recevoir 11 – reconduire 02 –
rejeter 02 – remonter 10 – replier 05
LAISSER
(8 entrées)
boucler 03 – cantonner 02 – clouer 03 – coincer 05 – confiner 03 – consigner 04
– laisser 02 – murer 03
figure im3

Classement des 201 entrées trivalencielles locatives selon les quatre hyperonymes.


4. LES MOUVEMENTS POLYSÉMIQUES

89Cette partie du travail concerne l’analyse de la polysémie de nos verbes. Il s’agit de repérer les mouvements polysémiques qui s’accompagnent de différences syntaxiques (donc aussi “polytaxiques”) et qui présentent une certaine régularité. Nous ne nous attaquons pas, dans le présent article, à l’épineuse question de la direction des extensions. En l’absence de critères indiscutables, le principe de précaution nous oblige en effet à ne pas nous prononcer sur la direction de la dérivation. Des analyses plus fines de chaque lexème tant sur le plan synchronique que diachronique sont alors nécessaires [13].

4.1. /Déplacement/figure im4/Causatif de déplacement/

90Un premier ensemble de verbes présente l’alternance intransitif (déplacement) /v/ transitif (causatif de déplacement). C’est le cas des verbes entrer, rouler oubouger dans les exemples suivants :

91

(38) « Demain j’entrerai dans la cuisine, sous un prétexte quelconque » (Martin du Gard, PR). Entrer des marchandises dans un pays (Académie, PR)
(39) Nous roulons vers Paris (PR). « Des nurses roulaient dans des voitures vernies des bébés en dentelles » (Chardonne, PR)
(40) Le blessé ne bouge plus. Bouger un meuble dans un coin

92Cette polysémie, qui concerne pas moins de 61 de nos verbes et repose sur l’alternance syntaxique intransitif /v/ transitif et l’opposition sémantique /non causatif/ /v/ /causatif/ n’est pas propre aux verbes locatifs. Elle concerne un vaste ensemble de verbes et se révèle particulièrement productive [14]. Pour certains de nos verbes, en particulier dans le cas d’un mouvement du corps, la structure intransitive se présente sous une variante pronominale (s’asseoir /v/ asseoir)  [15].

4.2. /Causatif de déplacement/figure im5/Donation/ ou /causatif d’appartenance/

93En alternant la nature lexicale de prépN2 (locatif /v/ datif humain), beaucoup de verbes de /déplacement/ deviennent des verbes de /donation/, comme dans les emplois suivants des verbes mettre, balancer ou apporter :

94

(41) le professeur met une bonne note à Pierre
(42) il lui a balancé une bonne gifle
(43) il apporte un café à Pierre

95La relation est particulièrement productive, en particulier pour les sous-classes TRANSFÉRER et ENLEVER, mais même laisser présente cette polysémie (ex. 44).Elle touche 58 de nos verbes. Dans le cas d’ENLEVER, il s’agit souvent, mais pas toujours (cf. 46), d’une relation antonymique de /privation / :

96

(44) laisser une maison à ses enfants (PR)
(45) arracher de l’argent à un avare (PR)
(46) le médecin délivre une ordonnance au malade (PR)

97Dans plusieurs classifications verbales (cf. Lazard 1994, Goldberg 1995), les trivalenciels locatifs et les verbes de /donation/ sont regroupés dans la vaste classe des verbes de /transfert/. Les deux ensembles présentent toutefois des différences syntaxiques et lexicales importantes, qui nous ont amenées à les traiter comme deux constructions autonomes.

4.3. /Causatifs de déplacement/figure im6/association/

98Un certain nombre de verbes, en particulier ceux du type METTRE et ENLEVER (26 au total) s’utilisent également dans une structure nominale d'/association/ (où N2 répond à la question « Prép. + quoi ? » et est de même nature lexicale que N1). Les deux compléments peuvent parfois permuter et être pronominalisés globalement par les[16]. Les emplois suivants des verbes coller et rapporter illustrent cette polysémie :

99

(47) coller un morceau à un autre
(48) rapporter un événement à une certaine époque (PR)

100Les verbes d'/association/ étant également en relation polysémique régulière avec les verbes de /donation/, un réel réseau de relations s’établit entre ces trois classes trivalencielles [17] :

figure im7
Arracher [01 03]
Coller [03,05 01]
Verbes de (dé) placement Verbes d’association
Apporter [01 02] Accorder [01, 02 03, 04, 07]
Ramener [07 04, 05] Opposer [02 07]
Verbes de donation

4.4. /Causatif de déplacement/figure im8/dire/

101Par le biais d’une complémentation phrastique (N0 V à N2 que Pind), certains verbes de /déplacement/ (16 de notre liste) se retrouvent dans la classe des verbes de /dire/ ou contraires (cf. ex. 49 et 50).

102

(49) il lui a caché/tu que son fils était parti
(50) on m’a rapporté que ses affaires allaient mal (PR)

103Cette classe, particulièrement accueillante, fait également partie d’un réseau, avec un lien étroit avec les verbes de /donation/ (accorder, assurer, confier, céderetc.). Pour nos verbes, le passage par la /donation/ semble même obligatoire. Le schéma se présente donc de la manière suivante :

figure im9
Causatif de déplacement
Cacher [01 06] Glisser [09 ? [18]]
Rapporter [01 02, 03, 07, 08] Balancer [05 09]
Donation
Cacher [06 04, 07] Glisser [ ? 11]
Rapporter [02, 03, 07, 08 09, 10, 11] Balancer [09 07]
Dire

4.5. /Causatif de déplacement/figure im10/ causatif d’action/

104Toujours à l’intérieur des structures trivalencielles, la possibilité de s’associer avec un objet infinitif déclenche le sens /causatif d’action/, comme dans :

105

(51) on entraîne les ouvriers à faire la grève, on entraîne qqn à faire une erreur
(52) on envoie Pierre chercher un ami à la gare

106Cette construction peut prendre des formes diverses : l’infinitif peut être direct (ex. 52) ou introduit par à/de. La structure directe concerne exclusivement un petit ensemble de verbes de déplacement (mener, conduire, amener, envoyer). Les structures indirectes, quant à elles, sont plus productives. Un sous-ensemble particulier concerne les verbes de /dire/ qui, par le biais de l’infinitif ou de la proposition complétive au subjonctif, deviennent en grand nombre des /causatifs d’action/ : dire (hurler, téléphoner, répondre) à qqn de faire qqch). Il en va de même pour certains de nos verbes locatifs, tel glisser dans l’emploi (53) :

107

(53) il lui a glissé à l’oreille de déguerpir

108Certains verbes, particulièrement polysémiques, parcourent diverses structures. C’est le cas des verbes balancer, glisser ou rapporter dont nous illustrons ci-dessous quelques possibilités.

109En tenant compte du sens probable de la dérivation (déplacement ? donation, donation ? dire, dire ? demande), on obtient de véritables chaînes polysémiques. C’est le cas du verbe glisser qui, à côté des emplois en tant que verbe de déplacement intransitif, peut exprimer, dans une structure trivalencielle, un transfert, une donation, un dire ou une demande. D’autres verbes, tels rapporterou balancer, ne parcourent que certaines étapes (cf. Willems 2005).

4.6. Tableau d’ensemble

110En reprenant l’ensemble des mouvements réguliers, nous obtenons le tableau suivant.

Tableau 3
figure im11
Tableau 4

verbes particulièrement polysémiques.

Déplacement
intransitif
Causatif de
déplacement
DonationDireCausatif
d’action
Association
Ne te balance pas
sur ta chaise
Balancer un objet
par la fenêtre
Balancer
une gifle à qqn
Ils ont balancé
la nouvelle au journal
de 20 h
Glisser sur une
peau de banane
Glisser un billet
dans une
enveloppe
Glisser un billet
à quelqu’un
Glisser à qqn qu’il
est temps de partir
Glisser à qqn
de se taire
Rapporter
du chocolat
de Suisse
Rapporter
un livre à qqn
Rapporter à qqn que
les affaires font mal
Rapporter
un événement
à une certaine
époque
figure im12

verbes particulièrement polysémiques.

111Pour revenir en fin de parcours au rapport entre syntaxe et sens, il nous semble important de distinguer trois cas de figure : 1. les emplois verbaux qui peuvent être décrits comme des alternances syntaxiques sans impact sur le sens et qui ne mettent pas en cause la monosémie des entrées (cf. les alternances prévues dans l’introduction de LVF du type Les moustiques pullulent dans le marais /v / le marais pullule de moustiques) ; 2. les emplois syntaxiques différentsprésentant des extensions de sens régulières et systématiques, et que nous qualifierions de « polysémiques ». C’est le cas des mouvements analysés ci-dessus ; 3. les emplois syntaxiques différents présentant des différences non systématiques et irrégulières. Nous y verrions, provisoirement du moins, des cas d’homonymie.

Bibliographie

Références bibliographiques

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Mise en ligne 01/01/2010

https://doi.org/10.3917/lf.153.0092

Notes

  • [1]
    Cf. Introduction de ce volume (en particulier § 3.5).
  • [2]
    Les tris successifs concernent les structures intransitives et transitives non locatives (cf. infra) : elles ont permis d’éliminer 1295 verbes pour la classe E, 459 pour la classe L.
  • [3]
    Si cette propriété caractérise l’anglais, elle se vérifie moins systématiquement pour le français.
  • [4]
    Distinction pratiquement inexistante en français.
  • [5]
    C’est notamment le cas de jeter (On jette son manteau sur ses épaules vs. On a jeté Pierre du lycée) et sortir (On sort des amis au restaurant vs. On sort un importun de la pièce).
  • [6]
    À savoir les sous-classes E1a, E1c, E1d, E1f, E1g, E2a, E2c, E2e, E3a, E3b, E3e, E4a, E4c, E4d, E4f, L1a, L2a, L3a et L4a. Bien que concernant des emplois intransitifs, la sous-classe E3d (aller qp / près d’ / vers / dans un lieu) a été conservée car elle contient quelques verbes à renversement (La balle dévie vers la gauche / On dévie la balle vers la gauche) qui possèdent des emplois trivalenciels locatifs (On dévie la balle dans le caniveau).
  • [7]
    Les synonymes donnés dans le Petit Robert électronique (2001) montrent la nature locative du complément prépositionnel : Couler 06 « Jeter dans le moule (une matière en fusion) », Camper 04 « Placer, poser (qqch.) avec décision », Exprimer 05 « Faire sortir par pression (un liquide) ».
  • [8]
    La base Lexique 3 est librement accessible à l’adresse suivante : www.lexique.org
  • [9]
    Afin d’éviter les confusions entre les hyperonymes qui sont utilisés comme des étiquettes (ou classifieurs) et les emplois, les hyperonymes seront en petites majuscules.
  • [10]
    Transférer admet les deux emplois : avec déplacement de N0 (transférer un prisonnier d’une prison à une autre), sans déplacement de N0 (transférer de l’argent d’un compte à un autre). Il fonctionne donc parfaitement comme hypéronyme pour l’ensemble de la classe.
  • [11]
    Exemple : On hasarde le pied dans la rivière (sens = « mettre en courant un risque »).
  • [12]
    Exemple : On masque la télé dans le buffet (sens = « cacher / celer »).
  • [13]
    Dans certains cas toutefois, différents indices (fréquence d’emploi, évolution historique) donnent un résultat cohérent : nous nous permettons dans ce cas de présenter dans notre tableau final (tableau 3) des flèches orientées.
  • [14]
    Cf. la vaste classe des verbes réversifs ou symétriques du type la branche plie/v/ le vent plie la branche, mais aussi des verbes tels apprendre (apprendre à nager /v/ apprendre à qqn à nager) ou louer(louer un appartement /v/ louer un appartement à qqn).
  • [15]
    Pour une analyse de l’opposition intr/pronominaux, cf. Bouchard (1995 : 199 sq.).
  • [16]
    Pour une analyse détaillée, cf. Willems (1981 : 111 sq.).
  • [17]
    Les verbes proposés sont accompagnés de leurs numérotations spécifiques dans LVF.
  • [18]
    LVF ne présente pas d’entrée spécifique pour le sens de "donation" du verbe glisser. Il est attesté dans d’autres dictionnaires.
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