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Article de revue

Négation d'un terme marqué et procédés de modalisation

Pages 100 à 111

Notes

  • [1]
    J’emprunte le terme « équivalent » à Arrivé, Gadet et Galmiche (1986, p. 383) : « Il n’est pas mal ce bouquin fonctionne fréquemment comme équivalent de Il est très bien. » L’emploi de ce terme ne préjuge pas, bien évidemment, des valeurs d’emploi que je serai amenée à mettre en évidence.
  • [2]
    « La Loi de négation (plus exactement la relation entre énoncés qui amène à formuler cette loi) exige donc qu’on ne puisse énoncer Si p, q sans reconnaître aussi non p comme un argument pour non-q » (Anscombre et Ducrot, 1983, p. 100).
  • [3]
    Au sens où l’entend Claude Muller (1992) : « le rejet sera le résultat de l’évaluation de l’énoncé jugé inadéquat vis-à-vis de la situation » (p. 28) et « Je dirai par conséquent que la négation signifie un jugement de rejet et que l’énoncé négatif qui l’exprime est l’assertion de ce jugement » (p. 30).
  • [4]
    a) En quelque circonstance que ce soit, et quelle que soit la conclusion C, si on utilise B en faveur de C, on doit croire A utilisable pour C.
  • [5]
    b) Il y a des circonstances où un locuteur peut utiliser A, pour une certaine conclusion C, sans pour autant croire B utilisable pour C.
  • [6]
    Sur la notion d’argument possible et d’argument décisif, voir Anscombre et Ducrot, 1983, p. 31.
  • [7]
    Nicole de la Tour d’Auvergne, 2001, p. 22.
  • [8]
    C’est-à-dire qu’elle « fait entendre d’autres voix, celles des énonciateurs et le sens de l’énoncé est produit (ou plutôt construit, voire reconstruit) par la position que dans l’énoncé le locuteur déclare prendre par rapport à ces énonciateurs et à leurs points de vue. » (Anscombre, 1985, p. 7).
  • [9]
    Voir Andrée Borillo (1979, p. 29) qui fait observer, à propos des « constructions interronégatives inversées » : « [elles sont] presque exclusivement interprétables comme des confirm-oui », ainsi que Claude Muller (1994).

Introduction

1Je me propose de réfléchir sur la valeur d’atténuation attribuée à certains emplois de la négation : il s’agit d’énoncés de polarité négative de type « SN + être + Nég + adjectif » – Ce n’est pas idiot – et les énoncés de polarité négative de type « SN + verbe + Nég » – Je ne te hais point – interprétés en relation avec C’est intelligent, Je t’aime, assertions de polarité positive et dans lesquelles l’adjectif ou le verbe dit « non marqué » se substitue à celui – dit « marqué » – de l’énoncé négatif.

2Je désigne ces dernières par l’appellation « assertions positives équivalentes[1] », afin de les distinguer des assertions positives correspondantes : C’est idiot, Je te hais.

3Lorsqu’on lie négation et atténuation, on pense à la « litote », mais le plus souvent les énoncés négatifs que je me propose d’examiner ici ne fonctionnent pas comme des litotes. Est-ce à dire pour autant que leur emploi ne produit pas, alors, un « effet d’atténuation » ?

4Je pars du constat qu’il existe d’une part des énoncés susceptibles de fonctionner comme des litotes, d’autre part des énoncés qui ne peuvent se prêter à une interprétation litotique. Les premiers énoncés répondent à la définition donnée par Anscombre et Ducrot (1983, p. 26) : « On définit l’effet litotique en disant qu’un énoncé prend une signification plus forte que sa signification littérale ».

5Il conviendra d’examiner en premier lieu si les effets de sens produits en discours par ces énoncés du premier type – lorsqu’ils sont pris dans leur signification littérale – relèvent de la modalisation. Je m’intéresserai ensuite à ce qui se produit lors de la mise en place de la signification litotique.

6Les énoncés du deuxième type ne sont pas susceptibles d’être interprétés comme des litotes. Après avoir montré en quoi ils se distinguent des énoncés du premier type, je m’interrogerai sur le fait que les sujets parlants ressentent bien cependant une « impression d’atténuation ». Restera à mettre en évidence cette valeur et à en préciser le statut.

1 – Les énoncés susceptibles d’une interprétation litotique

1.1 – Signification littérale et effet de litote

7Si l’on admet la définition d’Anscombre et Ducrot, pour pouvoir fonctionner comme litote, un énoncé où la négation se combine avec un terme marqué doit avoir une signification littérale différente de l’assertion positive équivalente. C’est le cas, par exemple de « ne pas haïr » dont la signification littérale est différente de celle de « aimer ». On peut effectivement ni aimer, ni haïr. De même, on peut être ni idiot ni intelligent, ni beau ni laid, ni petit ni grand. Ce qui est mis en évidence par les possibilités d’enchaînement :

(1)
Je ne le hais pas, mais je ne l’aime pas non plus.
(2)
Ce n’est pas idiot, mais ce n’est pas non plus intelligent.
(3)
Il n’est pas laid, mais il n’est pas vraiment beau.
Toutefois, toujours selon Anscombre et Ducrot, la signification littérale ne doit pas seulement être différente, elle doit être moins forte que la signification litotique, et donc, a fortiori, moins forte que celle de l’assertion positive équivalente. Reste à savoir ce qu’on entend par « plus fort » et « moins fort » ; en effet, ajoutent-ils : « l’utilisation d’une loi comme la litote suppose que les significations littérales aient, auparavant, été graduées, que la notion de force ait, auparavant, été définie ». (Anscombre et Ducrot, 1983, p. 26). Ce qu’ils font (1983, p. 32) :

8

Nous discuterons un des concepts construits […], « A est plus fort que B ». Nous lui donnons le sens :
  1. En quelque circonstance que ce soit, et quelle que soit la conclusion C, si on utilise B en faveur de C, on doit croire A utilisable pour C ;
  2. Il y a des circonstances où un locuteur peut utiliser A, pour une certaine conclusion C, sans pour autant croire B utilisable pour C.
Ce concept, qui introduit un ordre entre les énoncés et justifie l’expression « échelle argumentative », nous semble essentiel (il permet notamment de comprendre l’application à la langue d’une loi rhétorique comme la litote – qui suppose une gradation des énoncés).

9Soit A l’énoncé « Je l’aime » et B l’énoncé « Je ne le hais pas », je pourrais donc, d’après cette définition, considérer A comme plus fort que B si :

(4)
Je ne le hais pas, donc je peux discuter avec lui.
entraîne pour moi :
(5)
Je l’aime, donc je peux discuter avec lui.
Mais qu’en revanche je peux dire :
(6)
Je l’aime, c’est pourquoi j’adorerais passer une semaine de vacances en sa compagnie.
sans accepter forcément :
(7)
Je ne le hais pas, c’est pourquoi j’adorerais passer une semaine de vacances en sa compagnie.
La possibilité des enchaînements (8), (9), (10) témoigne également de ce que la négation du terme marqué est, dans tous ces cas, moins forte que l’assertion positive équivalente, la valeur enchérissante de « même » lui permettant d’introduire un énoncé 2 plus fort que l’énoncé 1 :
(8)
Je ne le hais pas, je l’aime même beaucoup.
(9)
Ce n’est pas idiot, c’est même intelligent.
(10)
Il n’est pas laid, il est même assez beau.
Lorsque la négation du terme marqué, comme dans les cas que nous venons de voir, a un sens moins fort que l’assertion positive équivalente, peut-on parler de modalisation ?

10Il convient d’abord de voir si « ce n’est pas idiot » et « ce n’est pas intelligent » ne font que signifier l’un comme l’autre que ce n’est ni idiot ni intelligent. Ducrot (1972, pp. 138-139) fait, sur ce point, une différence entre négation d’un terme marqué et négation d’un terme non marqué :

11

S’il est vrai que pas gentil est peu discernable de méchant, et pas beau de laid, il reste en revanche que pas laid et pas méchant sont très rarement équivalents à beau et à gentil […]. Plus généralement, si la négation d’un terme positif (ou « non marqué ») équivaut à peu près au négatif (« marqué ») correspondant, la négation de ce négatif est loin de ramener au positif […]. On expliquerait ainsi que Je ne l’aime pas soit très proche de Je le hais. Mais on devrait admettre alors une différence nette entre ne pas haïr et aimer.

12Cependant, s’il est bien vrai, au vu des énoncés (8), (9), (10), qu’il y a « une différence nette entre ne pas haïr et aimer », les enchaînements suivants montrent qu’il y a également gradation entre le sens littéral de « ne pas aimer » et celui de « haïr », celui de « pas laid » et celui de « beau » :

(11)
Je ne l’aime pas, et même je le hais.
(12)
Ce n’est pas laid, c’est même beau.
Alors que sont impossibles :
(13)
* Je le hais, et même je ne l’aime pas.
(14)
* C’est beau, et même ce n’est pas laid.
Toutefois, si l’on ne considère plus les seuls contenus, mais qu’on prend en compte l’orientation argumentative des deux énoncés, on constate que « Ce n’est pas idiot » a la même orientation que « C’est intelligent » et que « Ce n’est pas intelligent » a la même orientation que « C’est idiot », ce qui est conforme à la loi de négation [2] :
(15)
Ce n’est pas idiot ce que tu dis là, je vais en tenir compte.
(16)
C’est intelligent ce que tu dis là, je vais en tenir compte.
(17)
Ce n’est pas intelligent ce que tu dis là, je ne vais pas en tenir compte.
(18)
C’est idiot ce que tu dis là, je ne vais pas en tenir compte.
Il n’est donc pas argumentativement indifférent de dire « Ce n’est pas idiot » ou « Ce n’est pas intelligent ». La différence entre négation d’un terme marqué et négation d’un terme non marqué semble être moins une question de « force » ou de « contenu » que d’orientation argumentative : la négation – qu’il s’agisse d’un terme marqué ou non – d’une part a une signification littérale « moins forte » que l’assertion positive équivalente et, d’autre part, a la même orientation argumentative qu’elle.

13On peut rapporter cette orientation argumentative opposée entre négation du terme marqué et négation du terme non marqué au fait que la négation du terme marqué exprime un jugement de rejet [3] d’un énoncé précédent explicite ou implicite, alors que la négation du terme non-marqué est une négation descriptive n’impliquant aucune situation dialogique. Ainsi l’énoncé (17) est le rejet d’un énoncé préalable, asserté ou présupposé, signifiant « C’est intelligent », l’énoncé (15) celui d’un énoncé signifiant « C’est idiot », alors que cette dimension dialogique n’est pas impliquée par les assertions positives équivalentes : « C’est idiot » ne répond pas obligatoirement à un « C’est intelligent » préalable, ni « C’est intelligent » à un « C’est idiot ».

14On peut donc conclure que ces négations, prises dans leur sens littéral, réalisent une mise à distance d’une assertion sous-jacente : « Ce n’est pas idiot » fait entendre « C’est intelligent » mais avec une distance, comme « Je ne le hais pas » met à distance « Je l’aime ». Elles réalisent une stratégie de modalisation.

15Reste à déterminer ce qui se passe lorsque l’effet de litote apparaît.

1.2 – Modalisation et litote

16Nous avons vu la définition que donnent Anscombre et Ducrot de l’effet litotique. On peut aussi prendre en considération la définition proposée par Ducrot (1972, p. 137) : « La litote […] amène à interpréter un énoncé comme disant plus que son contenu « littéral », qui doit donc être constitué indépendamment d’elle, et avant elle ».

17On comprend généralement ce qui est dit ici (cf. Anscombre et Ducrot, 1983, p. 26 : « prend une signification plus forte que sa signification littérale ») comme signifiant que la litote – en général, et notamment dans le cas de la négation du terme marqué – se voit attribuer la même interprétation que l’assertion positive équivalente. Lorsque Chimène dit à Rodrigue « Va, je ne te hais point », celui-ci entend bien qu’elle lui dit qu’elle l’aime. En effet, comme le dit Ducrot (1972) :

18

Le déclenchement de l’interprétation litotique est étroitement lié au contexte d’énonciation […]. Il y a au moins une condition nécessaire à l’apparition de l’interprétation litotique, c’est que certaines raisons (peut-être des conventions sociales) s’opposent, dans la situation de discours donnée, à l’emploi d’un énoncé plus fort.

19Or, quel est cet « énoncé plus fort » auquel vient se substituer la litote « Va, je ne te hais point » ? C’est le « Je t’aime » que Chimène ne peut dire à celui qui a tué son père.

20Cela nous invite à nous poser la question de savoir si l’interprétation litotique – qui attribue sans conteste à un énoncé une « signification plus forte que sa signification littérale » – lui attribue une signification équivalente ou moins forte que celle de l’assertion positive équivalente.

21Des enchaînements comme ceux que nous avons envisagés en (1), (2), (3) – Je ne te hais point, mais je ne t’aime pas non plus – sont impossibles si on interprète « je ne te hais point » comme une litote.

22D’autre part, si l’on observe les deux énoncés ci-dessous :

(19)
Ne t’inquiète pas, je t’aime… je ferai n’importe quoi pour toi.
(20)
Ne t’inquiète pas, je ne te hais point… je ferai n’importe quoi pour toi.
on constate que (20), qui est pour le moins surprenant si « Je ne te hais point » est pris dans sa signification littérale, est parfaitement acceptable si on interprète « Je ne te hais point » comme une litote. C’est en fait, ici, la présence du contexte qui induit l’interprétation litotique. « Je ne te hais point » semble donc pouvoir alterner avec « Je t’aime » dans certains contextes.

23On est tenté d’en conclure que la négation du terme marqué, lorsqu’elle est interprétée comme une litote, constitue l’équivalent de l’assertion positive équivalente. Cependant, l’examen des énoncés suivants nous oblige à réviser cette conclusion :

(21)
Cet appartement est superbe, quel dommage que je n’aie pas les moyens de l’acheter !
(22)
Cet appartement est superbe, je l’achète tout de suite.
(23)
Cet appartement est superbe, maintenant que je l’ai vu, je sens que je ne pourrais pas vivre ailleurs.
(24)
Cet appartement n’est pas mal, quel dommage que je n’aie pas les moyens de l’acheter !
(25)
Cet appartement n’est pas mal, je l’achète tout de suite.
(26)
Cet appartement n’est pas mal, maintenant que je l’ai vu, je sens que je ne pourrais pas vivre ailleurs.
Les énoncés (21), (22) et (23) ne posent aucun problème. (25) et (26) semblent improbables, même en les interprétant comme des litotes. L’énoncé (24), en revanche, est acceptable, sous réserve d’une interprétation litotique. L’aspect incongru de (25) et (26) nous oblige à mettre en doute l’équivalence de l’énoncé négatif dans son interprétation litotique et de l’assertion positive équivalente. La différence est-elle une différence de « force » ? Peut-on dire, comme le suggère Ducrot, que la litote vient se substituer « à un énoncé plus fort » ?

24Reprenons la définition donnée par Anscombre et Ducrot de « A est plus fort que B ». On peut dire que les énoncés (24) et (21) illustrent la condition (a) [4] : considérer comme possible (24) implique qu’est possible (21), si effectivement « il est superbe » est plus fort que « il n’est pas mal ». Avec les énoncés (25) et (26), on vérifie la condition (b) [5] ; que (22) et (23) soient possibles n’implique pas que (25) et (26) le soient, la conclusion permise avec « il est superbe » ne l’étant pas forcément avec « il n’est pas mal » : il suffit, comme ici, que la conclusion ait un caractère radical, superlatif. Ainsi l’assertion de polarité positive apparaît bien comme « plus forte » que la litote correspondante. Ce qui est aussi vérifié par la possibilité, à côté de (25) et (26), des énoncés tout à fait acceptables :

(27)
Cet appartement n’est pas mal, il est même superbe, je l’achète tout de suite.
(28)
Cet appartement n’est pas mal, il est même superbe, maintenant que je l’ai vu je ne pourrais pas vivre ailleurs.
On peut supposer que c’est la persistance de la signification littérale, même lors de l’interprétation litotique, qui fait que la litote est « moins forte » que l’assertion positive équivalente. Celle-ci apparaît alors comme une assertion sous-jacente, mise à distance par l’emploi de la négation. Sans doute cela a-t-il à voir avec le statut de sous-entendu de la litote et l’instabilité qui en résulte : « Une première caractéristique du sous-entendu est sa dépendance par rapport au contexte, son instabilité » (Ducrot, 1972, p. 131).

25Il semble que le caractère « instable » de la litote ait pour conséquence le maintien du sens littéral qui subsiste sous le sens litotique, créant l’effet d’atténuation. Notons qu’il est impossible de faire apparaître l’un comme impliquant l’autre :

26

* Cet appartement n’est pas mal, donc il est superbe.

27Ceci peut être également mis en évidence par l’examen des énoncés suivants, produits lors du compte-rendu d’un travail scolaire :

(29)
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles dans votre devoir.
Au sens littéral, cela ne veut pas dire qu’elles sont très fréquentes, mais qu’il y en a un certain nombre. On peut en effet enchaîner :
(30)
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles dans votre devoir, mais elles ne sont pas non plus très fréquentes.
(31)
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles, mais l’ensemble est malgré tout de qualité.
tout comme on enchaînerait :
(32)
Il y a un certain nombre d’erreurs, mais elles ne sont pas non plus très fréquentes.
(33)
Il y a un certain nombre d’erreurs, mais l’ensemble est malgré tout de qualité.
Les enchaînements en (30) et (31) empêchent l’interprétation litotique de type « les erreurs sont très fréquentes », si l’on considère comme inacceptables les énoncés suivants :

28

* Les erreurs sont très fréquentes, mais elles ne sont pas non plus très fréquentes.
* Les erreurs sont très fréquentes, mais l’ensemble est malgré tout de qualité.

29Toutefois, Les erreurs ne sont pas exceptionnelles peut aussi faire l’objet d’une interprétation litotique et être compris comme « Les erreurs sont très fréquentes », par exemple dans les enchaînements suivants :

30

Les erreurs sont très fréquentes… Ce n’est vraiment pas un travail sérieux.
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles… Ce n’est vraiment pas un travail sérieux.

31Mais si l’on accepte sans réserve (34), on acceptera plus difficilement (35) :

(34)
Les erreurs sont très fréquentes, aussi êtes-vous invité à repasser l’examen.
(35)
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles, aussi êtes-vous invité à repasser l’examen.
Les erreurs ne sont pas exceptionnelles semble impropre à justifier la conclusion vous êtes invité à repasser l’examen, quand bien même on l’interprète comme une litote, comme s’il subsistait toujours, malgré l’interprétation litotique, la signification littérale, qui, elle-même – nous l’avons vu – implique toujours l’assertion de polarité positive correspondante (ici « les erreurs sont exceptionnelles »), dans le cadre d’une interprétation dialogique de la négation.

32S’il est vrai que la signification litotique d’un énoncé est plus forte que sa signification littérale, elle n’est pas pour autant aussi forte que la signification de l’assertion positive équivalente. Celle-ci, toujours sous-jacente, est mise à distance par la négation qui, du fait même de l’existence d’une signification littérale moins forte, en atténue la portée.

2 – Les énoncés non susceptibles d’une interprétation litotique

33Certains énoncés ne se prêtent pas à un effet de litote, dans la mesure où ils ont la même orientation que l’assertion positive équivalente. Dire que quelque chose n’est pas impossible ou qu’une critique n’est pas infondée, c’est dire que la chose est possible ou que la critique est fondée, comme le montre l’impossibilité des enchaînements suivants :

(36)
* Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas possible non plus.
(37)
* Cette critique n’est pas infondée, mais elle n’est pas non plus fondée.
(38)
* Il n’est pas inopportun de le préciser, mais ce n’est pas opportun.
En conséquence, les deux énoncés ayant apparemment la même « force », et –conformément à loi de négation – la même orientation argumentative, ils peuvent être utilisés comme arguments pour les mêmes conclusions :
(39)
Tu as entrepris de faire ta thèse, mais est-ce que c’est possible en travaillant et avec trois enfants ? Je crains que tu n’y arrives pas.
(40)
Tu as entrepris de faire ta thèse, mais est-ce que ce n’est pas impossible en travaillant et avec trois enfants ? Je crains que tu n’y arrives pas.
Effectivement, si l’assertion positive et sa négation ont la même « force », toute conclusion tirée de l’une doit pouvoir être tirée de l’autre.

34Cependant, les sujets parlants interrogés affirment percevoir une différence entre la négation du terme marqué et l’assertion positive équivalente : « ce n’est pas impossible » leur semble « moins fort » que « c’est possible ». Si cette impression ne tient pas à une différence de « force », d’où peut-elle procéder ? Il semble que des différences se manifestent dans le cadre des structures concessives.

2.1 – La négation du terme marqué dans les structures concessives

35Il s’avère que la plupart des négations du terme marqué relevées dans des essais ou des travaux universitaires (genres de discours où, on le sait, les procédés de modalisation sont fréquents) se trouvent dans des structures concessives.

36Dans les tournures concessives, le premier argument est tenu comme possible pour une certaine conclusion, mais on n’utilise pas cette possibilité puisqu’on conclut selon le second argument d’orientation inverse qui apparaît alors comme l’argument décisif [6]. Ainsi, si « ce n’est pas impossible » est un argument possible pour la conclusion « je me prépare à cette éventualité », je peux refuser de l’utiliser et lui préférer l’argument considéré comme décisif « c’est très improbable » qui me permettra de conclure, par exemple, « donc je ne tiens pas compte de cette éventualité ».

37Le plus souvent, la négation du terme marqué va apparaître dans l’argument considéré comme décisif ; on peut, en effet, avoir :

(41)
Cette critique est fort discutable, mais elle n’est pas infondée.
(42)
Bien que ce que tu dis ne soit pas faux, je ne peux pas être complètement d’accord avec toi.
Ces énoncés semblent plus naturels que :
(43)
Cette critique est fort discutable, mais elle est fondée.
(44)
Bien que ce que tu dis soit vrai, je ne peux pas être complètement d’accord avec toi.
Il semble ici que la présence d’un argument possible d’orientation inverse gêne l’affirmation trop péremptoire de l’argument pourtant décisif. En fait, c’est le principe même de la concession qui s’accommode particulièrement bien de la négation du terme marqué, mais qui ne l’induit pas obligatoirement.

38Considérons la phrase suivante relevée dans un article de Pierre Bayard (2001, p. 209) :

(45)
Est aussi intervenue ma prise en compte, en tant que critique et que psychanalyste, de toute une série de reproches que l’on a, depuis longtemps, adressés à la psychanalyse des textes et qui ne me paraissent pas infondés, quels qu’en puissent être les excès.
Ici, sans doute, qui ne me paraissent pas infondés pourrait sans difficulté être remplacé par « qui me paraissent fondés ». Cependant ce n’est pas ce qui a été écrit. Or on peut constater que qui ne me paraissent pas infondés est en fait l’argument décisif pour la conclusion Est aussi intervenue ma prise en compte […] de toute une série de reproches que l’on a, depuis longtemps, adressés à la psychanalyse des textes, et que l’on a affaire à une structure concessive dont l’argument possible – mais non retenu – d’orientation inverse est quels qu’en puissent être les excès. Cette phrase complexe peut en effet être ramenée à un énoncé qui serait :

39

Ces reproches sont excessifs, mais ils ne sont pas infondés, donc je les ai pris en compte.

40Or les deux arguments pourraient très bien s’intervertir, ce qui entraînerait la conclusion inverse. Rien n’empêche de dire :

41

Ces reproches ne sont pas infondés, mais ils sont excessifs, c’est pourquoi je ne les prends pas en compte.

42Pour que la concession soit possible, il faut qu’il y ait compatibilité entre les deux arguments bien que leur orientation soit inverse. La négation du terme marqué réduit la distance entre les deux arguments, accentue leur compatibilité – ce qui peut expliquer sa présence fréquente dans les contextes concessifs. La négation du terme marqué serait toujours un « Oui, mais… » : « Ces reproches ne sont pas infondés » serait alors l’équivalent d’un « ces reproches sont fondés, mais… » ou d’un « ces reproches sont fondés quoique… ». Même hors d’une structure concessive explicite, il y a toujours une concession implicite lorsqu’il y a négation du terme marqué. Examinons l’exemple suivant :

(46)
Il ne paraît pas inutile d’avoir ajouté ces précisions avant de reprendre l’argumentation annoncée, en l’occurrence celle de Hans-Robert Jauss.[7]
En l’absence de toute structure concessive réalisée, on peut entendre dans cette phrase l’argument possible et récusé implicite « ces précisions sont superflues ». La phrase fonctionne comme un énoncé concessif du type : « Même si on peut les trouver lassantes et superflues, ces précisions sont utiles, donc je les ajoute ». Remarquons aussi que la mise à distance réalisée par l’emploi de « il paraît » s’accommode très bien de la négation du terme marqué – comme, on le verra, le conditionnel – alors que son emploi serait moins naturel avec l’assertion positive équivalente : « Il paraît utile d’avoir ajouté… ». On dirait plutôt : « Il est utile… ». Ce qui peut en effet s’expliquer par le fait qu’introduisant elle-même une distance la négation du terme marqué se trouve particulièrement à l’aise dans des contextes par ailleurs modalisants.

43La négation du terme marqué prend ainsi en compte une contestation implicite retenue comme argument décisif ou seulement possible, ce que ne permet pas, ou moins aisément, l’assertion positive équivalente :

(47)
Ces reproches ne sont pas infondés, cependant je ne les prendrai pas en compte.
(48)
Ces reproches sont fondés, cependant je ne les prendrai pas en compte.
Que (47) soit plus acceptable que (48) peut s’expliquer de la même façon : la négation du terme marqué, parce que la distance avec l’argument d’orientation inverse – ici non exprimé – est moindre, permet assez facilement d’enchaîner sur le contraire de la conclusion qu’il favorise (c’est-à-dire d’admettre un argument décisif virtuel d’orientation opposée), alors qu’enchaîner une conclusion contraire à l’orientation d’une assertion positive est plus délicat et crée une impression de bizarrerie dans le raisonnement ou d’agressivité gratuite dans la relation à l’autre.

44Mais admettre que la distance est moindre entre Ces reproches ne sont pas infondés et Ces reproches sont excessifs qu’entre Ces reproches sont fondés et Ces reproches sont excessifs, c’est reconnaître une différence de « force » entre la négation du terme marqué et l’assertion positive équivalente, différence de « force » que nous avions tout d’abord réfutée, autrement dit la présence d’une gradation d’états intermédiaires. Ce qui n’est pas infondé est fondé, mais plus ou moins. Et ce qui n’est pas faux peut être plus ou moins vrai.

45Cette gradation apparaît nettement si l’on ajoute à la négation un adverbe comme « vraiment » ou « tout à fait » :

(49)
C’est hautement improbable, mais pas vraiment impossible.
(50)
* C’est hautement improbable, mais vraiment possible.
(51)
Cette critique est fort discutable, mais pas vraiment infondée.
(52)
* Cette critique est fort discutable, mais vraiment fondée.
En (49) et (51), l’adverbe porte sur le terme marqué. Ce qui est nié, c’est la radicalité de l’impossibilité, de l’absence de fondement. Ce qui permet une possibilité faible, une critique discutable, un accord relatif. En revanche, les énoncés (50) et (52) ne sont pas acceptables : l’adverbe portant sur le terme non marqué joue le rôle d’un adverbe de degré. Or le degré maximal de possible – ou de fondement d’une critique – est totalement incompatible avec l’improbabilité, ou encore le caractère discutable de cette critique.

46D’autres exemples pris chez Pierre Bayard qui, décidément, affectionne la négation d’un terme marqué, méritent d’être interrogés :

(53)
Tout cela est extrêmement difficile, mais pas irréalisable. En revanche, un autre point est tout à fait invraisemblable. (Bayard, 1998, p. 83)
Dans cet énoncé, pas irréalisable – qui signifie que c’est réalisable : quelque chose ne peut pas être ni réalisable, ni irréalisable – figure comme argument décisif face à l’argument donné comme possible : extrêmement difficile. L’adverbe d’intensité situe « difficile » au degré ultime de difficulté compatible avec « réalisable » : plus qu’extrêmement difficile, c’est effectivement irréalisable. Sans doute est-il possible de dire : « tout cela est extrêmement difficile, mais réalisable » ; cependant l’emploi de la négation du terme marqué diminue l’écart entre les deux regards portés sur le même fait – même si, en tant qu’arguments, ils ont une orientation inverse – les rendant aisément compatibles : « pas irréalisable » implique un certain degré de difficulté que l’on ne trouve pas dans « réalisable ».

47La seconde phrase, introduite par en revanche, exprime ce qui est vraiment incompatible avec toute possibilité de réalisation ; on ne pourrait avoir :

(54)
* Tout cela est extrêmement difficile, mais tout à fait invraisemblable.
(55)
* Tout cela est tout à fait invraisemblable, mais pas irréalisable.
« Difficile » et « réalisable » peuvent figurer dans une même structure concessive parce qu’ils ne s’excluent pas l’un l’autre. Mais « pas irréalisable » offre une meilleure compatibilité.

48Un autre énoncé de Pierre Bayard (1998, p. 15) semble, à première vue, poser problème :

(56)
Ainsi ne serait-il pas faux de dire que notre livre est consacré à l’édification expérimentale d’une lecture délirante, construite en miroir et selon les mêmes principes que la lecture de Poirot, dont elle voudrait tenter de mimer les mouvements de pensée. Lecture non pas intrinsèquement folle, mais sans doute traversée par moments, comme les grands délires systématisés, par une fêlure invisible.
L’emploi de Ainsi ne serait-il pas faux de dire… peut sembler ici curieux, car l’énoncé se présente comme une conclusion et on s’attendrait à un plus simple « Ainsi serait-il juste… ». Cependant, cette conclusion est elle-même l’objet par la suite d’une réserve exprimée par le biais d’une concession : « Lecture non pas intrinsèquement folle, mais sans doute… ». On peut penser que c’est cette introduction d’une réserve – « non pas intrinsèquement folle » – qui explique a posteriori l’emploi de la négation du terme marqué : il n’est pas faux de le dire, mais cela pourrait toutefois être contesté, la lecture n’étant pas « intrinsèquement folle ». Cette contestation semblerait un peu gratuite, voire étrange, après une affirmation comme : « Ainsi serait-il juste de dire… ». Bien entendu, l’emploi du conditionnel renforce ici l’effet de mise à distance conférant tout son sens à la concession qui suit. Mais l’emploi de l’indicatif ne modifierait pas foncièrement la situation. « Ainsi n’est-il pas faux de dire… » autorise mieux la réserve que ne le ferait « Ainsi est-il juste de dire… ».

49Un dernier exemple de ce même mécanisme discursif, relevé dans un autre ouvrage de Pierre Bayard (2000, p. 24) :

(57)
D’autres œuvres de notre corpus, comme celles de Ronsard ou de Maupassant, illustreraient également à quel point un sujet mal choisi peut handicaper lourdement le travail d’écriture. Ou, pour dire les choses plus simplement, comment il n’est pas inutile pour réussir une œuvre, même si cela est évidemment loin de suffire, de disposer d’un sujet qui se tienne.
Nous pouvons observer à nouveau l’inscription de la négation d’un terme marqué au sein d’une concession : même si cela est évidemment loin de suffire.

50Or toute structure concessive est polyphonique [8] : l’argument présenté comme seulement possible laisse entendre une autre voix, celle d’un énonciateur auquel on « concède » la possibilité d’une conclusion contraire. Dans (57), on entend la voix du locuteur disant qu’il est utile de « disposer d’un sujet qui se tienne » et une autre disant que cela « est loin de suffire ».

51Nous nous trouvons ainsi dans une situation dialogique. Aussi nous a-t-il semblé intéressant d’examiner quelques emplois de la négation d’un terme marqué dans des situations d’interlocution, et notamment comme réponse à une question.

2.2 – La négation d’un terme marqué comme réponse

52Envisageons d’abord la négation d’un terme marqué comme réponse à une interrogation totale :

(58)
— Est-ce que tu restes ?
Je ne pars pas.
Il est bien évident qu’il y a une différence avec la réponse « oui », même si – stricto sensu – la signification est la même. La réponse « Oui » permet notamment un commentaire de type « Oui, avec plaisir » exclu par la réponse « je ne pars pas » : *« Je ne pars pas, avec plaisir ». On entend une concession sous-jacente : « je ne pars pas, mais j’aimerais bien… », comme si, en fait, la réponse était un : « oui, mais… (c’est bien malgré moi, c’est bien pour vous faire plaisir, etc. »). Autrement dit, en sus de l’affirmation que je reste, en disant « je ne pars pas », je manifeste une réticence à faire ce que je dis que je fais. Deux voix se font ici entendre, l’une disant « je reste », l’autre « j’aimerais bien partir ». D’autres interprétations sont possibles, en fonction du contexte d’énonciation, mais manifestent le même dédoublement de la voix du locuteur, ou, si l’on préfère, une structure concessive sous-jacente : si la question est posée, dans une situation de crise familiale, à quelqu’un dont la présence est précieuse mais que ses obligations professionnelles obligent à partir, par quelqu’un qui le sait, la réponse « je ne pars pas » met en évidence le sacrifice consenti, réalisant une structure concessive du type : « j’ai décidé de rester, malgré tout/même si, en principe, je devrais partir ».
(59)
— Est-ce que c’est vrai que Max avait trop bu hier ?
Ce n’est pas faux.
On voit, là encore, la différence avec la réponse « oui, c’est vrai ». « Ce n’est pas faux » manifeste une certaine réticence à admettre sinon les faits, du moins l’interprétation qui peut en être faite : « Certes, Max avait trop bu, mais il ne faut rien exagérer » ou même « Oui, mais je n’ai pas envie d’en parler ». L’emploi de la négation d’un terme marqué met à distance l’affirmation dont on reconnaît en même temps la justesse.

53Lorsque la question posée l’est sous la forme d’une interronégative inversée, orientée vers une réponse positive [9], l’effet de mise à distance induit par une réponse comportant la négation d’un terme marqué est encore plus net :

(60)
N’ai-je pas raison de dire cela ?
La réponse attendue est « oui, tu as raison ». Si l’interlocuteur répond « Tu n’as pas tort » au lieu de « Oui, tu as raison », l’effet n’est pas du tout le même, on peut le constater à la réaction du questionneur qui au lieu d’arborer un sourire d’autosatisfaction va reprendre sa démonstration et chercher à mieux convaincre de son bien-fondé – ou même demander des explications. On peut envisager par exemple l’enchaînement (61) tout à fait exclu avec la réponse « Oui, tu as raison » :
(61)
— N’ai-je pas raison de dire cela ?
— Tu n’as pas tort.
Comment cela ? Tu n’es pas d’accord avec moi ?
« Tu n’as pas tort » est entendu comme un accord réticent, sans conviction ou avec au moins quelques réserves, comme si, là encore, une concession virtuelle se faisait entendre : « Tu n’as pas tort, mais… ».

54Dans les réponses à des interrogations partielles, nous observons le même phénomène :

(62)
— Que penses-tu de mon plan ?
Il n’est pas impossible que cela réussisse. (Simenon, 1970, p. 150)
La réponse « il est possible que cela réussisse » aurait déjà manifesté quelques réticences – ou du moins quelque prudence – par rapport à la réponse optimiste « Cela va réussir ». Toutefois, l’emploi de il n’est pas impossible réalise un degré de réticence supplémentaire : au lieu de la constatation objective d’une possibilité – qui n’est pas bien entendu une certitude, ni même une probabilité – on a l’expression d’une concession virtuelle, quelque chose comme : « il n’est pas impossible que cela réussisse, mais rien n’est moins sûr » ou « il n’est pas impossible que cela réussisse, mais j’ai du mal à l’imaginer ». Ce qu’on entend dans cette réponse, c’est certes la reconnaissance d’une certaine possibilité, mais reconnaissance mise à distance, admise « du bout des lèvres ».

3 – Conclusion

55Au terme de cette étude, on constate que l’emploi de la négation d’un terme marqué représente, dans tous les cas, un choix du locuteur manifestant une réticence à employer l’assertion positive équivalente. Si la figure classique de la litote, à laquelle ne se réduit pas – et de loin – la négation d’un terme marqué, produit bien l’effet d’atténuation souvent signalé, ses autres emplois réalisent toujours eux aussi une stratégie de modalisation, comme le montre le lien étroit qu’elle entretient avec la concession. Cette stratégie est à replacer dans une perspective polyphonique : la négation d’un terme marqué met à distance l’assertion positive équivalente. En ce sens, elle est toujours écho d’un point de vue autre que celui du locuteur – ou d’un autre point de vue du locuteur – qu’il soit en dernier ressort récusé ou admis.

Bibliographie

  • Anscombre, Jean-Claude (1985), « Introduction », Langages n° 80, pp. 5?8.
  • Anscombre, Jean-Claude et Ducrot, Oswald (1983), L’Argumentation dans la langue, Bruxelles, Mardaga.
  • Arrivé, Michel, Gadet, Françoise, Galmiche, Michel (1986), La Grammaire d’aujourd’hui, Paris, Flammarion.
  • Bayard, Pierre (1998), Qui a tué Roger Ackroyd ?, Paris, Minuit.
  • Bayard, Pierre (2000), Comment améliorer les œuvres ratées ?, Paris, Minuit.
  • Bayard, Pierre (2001), « De la psychanalyse appliquée à la littérature appliquée », in Littérature et Sciences humaines, Centre de Recherche Texte/Histoire, Université de Cergy-Pontoise, pp. 209-222.
  • Borillo, Andrée (1979), « La négation et l’orientation de la demande de confirmation », Langue française n° 44, pp. 27?41.
  • Ducrot, Oswald (1972), Dire et ne pas dire, Paris, Hermann.
  • Muller, Claude (1992), « La négation comme jugement », Langue française n° 94, pp. 26?34.
  • Muller, Claude (1994), « La négation comme jugement : une application aux interronégatives », LINX, numéro spécial La négation, pp. 205-221.
  • Simenon, Georges (1970), Maigret et le marchand de vin, Paris, Presses de la cité.
  • Tour d’Auvergne (de la), Nicole (2001), Guillaume de Normandie, personnage légendaire et/ou personnage historique : histoire d’une réception littéraire, maîtrise de lettres modernes, Université de Cergy-Pontoise.

Date de mise en ligne : 07/12/2011

https://doi.org/10.3917/lf.142.0100

Notes

  • [1]
    J’emprunte le terme « équivalent » à Arrivé, Gadet et Galmiche (1986, p. 383) : « Il n’est pas mal ce bouquin fonctionne fréquemment comme équivalent de Il est très bien. » L’emploi de ce terme ne préjuge pas, bien évidemment, des valeurs d’emploi que je serai amenée à mettre en évidence.
  • [2]
    « La Loi de négation (plus exactement la relation entre énoncés qui amène à formuler cette loi) exige donc qu’on ne puisse énoncer Si p, q sans reconnaître aussi non p comme un argument pour non-q » (Anscombre et Ducrot, 1983, p. 100).
  • [3]
    Au sens où l’entend Claude Muller (1992) : « le rejet sera le résultat de l’évaluation de l’énoncé jugé inadéquat vis-à-vis de la situation » (p. 28) et « Je dirai par conséquent que la négation signifie un jugement de rejet et que l’énoncé négatif qui l’exprime est l’assertion de ce jugement » (p. 30).
  • [4]
    a) En quelque circonstance que ce soit, et quelle que soit la conclusion C, si on utilise B en faveur de C, on doit croire A utilisable pour C.
  • [5]
    b) Il y a des circonstances où un locuteur peut utiliser A, pour une certaine conclusion C, sans pour autant croire B utilisable pour C.
  • [6]
    Sur la notion d’argument possible et d’argument décisif, voir Anscombre et Ducrot, 1983, p. 31.
  • [7]
    Nicole de la Tour d’Auvergne, 2001, p. 22.
  • [8]
    C’est-à-dire qu’elle « fait entendre d’autres voix, celles des énonciateurs et le sens de l’énoncé est produit (ou plutôt construit, voire reconstruit) par la position que dans l’énoncé le locuteur déclare prendre par rapport à ces énonciateurs et à leurs points de vue. » (Anscombre, 1985, p. 7).
  • [9]
    Voir Andrée Borillo (1979, p. 29) qui fait observer, à propos des « constructions interronégatives inversées » : « [elles sont] presque exclusivement interprétables comme des confirm-oui », ainsi que Claude Muller (1994).

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