Couverture de LFA_178

Article de revue

Enseigner les lettres dans le cadre d'un espace numérique de travail création d'un musée virtuel

Pages 89 à 98

1 Mené dans une classe de seconde d’un lycée général et technologique du bassin minier de Lens, ce projet, qui s’est étendu sur une dizaine de semaines, avait pour ambition d’introduire naturellement les œuvres, notamment des œuvres picturales, au sein de la séquence d’enseignement de français. Les deux professeurs souhaitaient également exercer chez les élèves un regard personnel et motivé sur les productions artistiques. En installant les échanges, les délibérations, les argumentaires comme leviers de la réflexion, les professeurs ont voulu, dans un premier temps, « désacraliser » le rapport des élèves à l’art pour mieux leur faire apprécier la modernité et la vitalité des œuvres. Fortement axée sur l’acquisition d’une mémoire culturelle chez ces jeunes lycéens, la réalisation du projet a trouvé dans l’espace numérique de travail (ENT) un support essentiel qui a permis un travail d’appropriation et d’assimilation qui n’aurait sans doute pas été possible sans ce « nouveau » média. Nous verrons en effet que l’ENT n’est pas utilisé ici comme une ressource en surplus de dispositifs didactiques et pédagogiques préexistants mais bien comme le pilier fondateur, le cadre essentiel du projet.

2 Sous la direction des deux professeurs qui ont orchestré ce travail, les élèves ont, par le biais d’une exposition virtuelle créée sur le site de l’établissement, réinvesti la séquence d’enseignement et construit une nouvelle relation aux œuvres d’art, relation moins contrainte puisqu’ils ont été, dès les premiers échanges sur le forum (conçu et administré par les professeurs comme un espace collaboratif sur lequel les élèves échangent leurs impressions et exposent des documents) et jusqu’à « l’ouverture » du site, les créateurs, mais aussi les premiers spectateurs et les premiers « critiques » de cette exposition virtuelle. Là était bien la finalité du projet : utiliser la ressource numérique, non comme un simple lieu de consultation ou d’échanges, mais comme un espace de réflexion et de création au service d’une plus grande familiarisation des élèves avec l’art. La culture humaniste est donc au centre de ce projet qui accompagne et prolonge une séquence d’enseignement construite autour de la problématique suivante : en quoi la représentation du corps-paysage est-elle révélatrice d’un regard sur le monde et sur l’homme ?

3 Afin de bien saisir la dynamique du projet, nous proposerons d’abord un rapide descriptif des différentes étapes de sa réalisation avant de formaliser les objectifs qui l’ont motivé. Nous présenterons alors distinctement chacun des « outils » numériques et leurs spécificités en montrant combien leur utilisation est éloignée de l’anecdotique ou du ludique tant ils ont été non seulement des déclencheurs essentiels (des échanges, de la réflexion, de l’écriture, de la réécriture...) mais aussi des tremplins efficaces vers les exercices plus « scolaires » comme la dissertation ou l’oral de l’épreuve anticipée de français (EAF). Cette passerelle « naturelle » entre l’activité numérique des élèves et le scolaire sera l’objet de la dernière partie de cet article.

À chaque étape du projet : une exploitation particulière des outils numériques

4 Ce projet s’étend sur un demi-trimestre et se construit en prolongement d’une séquence d’enseignement préalablement réalisée en classe autour de l’objet d’étude de la classe de première : Écriture poétique et quête du sens, du XVIe siècle à nos jours. Les différentes étapes sont les suivantes :

5 Un diagnostic : au terme de la séquence faite en cours, les élèves expriment le besoin d’approfondir les recherches culturelles et artistiques autour de la question de l’anthropomorphisme poétique. Les documents rencontrés les ont intrigués et séduits ; ils souhaitent poursuivre cette exploration. Le professeur leur propose donc ce projet qui prolongera la réflexion et étendra leurs connaissances.

6 Création d’un forum pour motiver et créer une dynamique d’écriture guidée par les professeurs. Les échanges du forum vont permettre de définir les thèmes qui orienteront les salles du musée virtuel. Le professeur de français de la classe et un collègue « extérieur » à cette classe interviendront sur le forum en tant que modérateurs pour impulser, relancer et guider les recherches et la progression des travaux.

7 Création d’un wiki qui sert d’espace d’écriture collaborative par groupe. C’est sur ce wiki que chaque groupe va construire sa « salle » de musée virtuel. Les différentes strates du travail sont gardées en mémoire et le travail avance par amplification-sélection. Les échanges du forum sont donc réinvestis à ce stade pour prendre une forme plus aboutie. Les écrits personnels du forum prennent alors une forme plus codifiée qui sera l’objet de négociations collectives permanentes et de réécritures.

8 Enregistrement d’un audioguide qui accompagne les visites virtuelles de chaque salle. La prestation orale intervient à ce niveau ; elle doit, à l’image de ce qui se fait pour l’entretien de l’examen oral de l’EAF, proposer une circulation commentée entre les différentes œuvres et productions personnelles de la salle du musée.

9 Exposition sur le site de l’établissement des six salles du musée virtuel (« L’homme microcosme », « Le portrait allégorique », « La métamorphose », « Le paysage anthropomorphe », « La femme paysage », « Le regard »).

10 Divers travaux d’écriture « scolaire » (du type EAF) qui prolongent les écrits réalisés sur le forum et le wiki. L’écriture codifiée devient donc le prolongement « logique » de l’écrit « non scolaire ».

Les objectifs du projet : lectures, écritures et culture humaniste

11 Trois objectifs guident ce projet.

12 Il s’agit tout d’abord de réinvestir par un travail personnel hors de la classe, les acquis et les connaissances apportés par le cours ; le lien entre « l’école » et « la maison » se concrétise et les élèves transfèrent naturellement, via un forum créé sur le site du lycée, le travail « scolaire » dans cet espace collaboratif qu’est l’ENT de l’établissement. Au fil des échanges sur le forum et de la création de leur « salle de musée virtuel », ils vont donc re-parcourir la séquence d’enseignement dans l’esprit de ce qui leur est demandé à l’entretien de l’EAF en première. Ils apporteront également leurs réflexions personnelles et leurs suggestions d’enrichissement de la séquence.

13 Ce travail de réappropriation et d’investissement personnel du cours par le forum et le wiki qui en naitra doit avant tout conduire les élèves vers la rédaction. C’est le deuxième objectif du projet. L’écriture – libre comme celle propre aux forums, puis plus contrainte comme celle des écrits codifiés des épreuves du baccalauréat – ponctue chaque étape du projet. Elle est présente à l’ouverture lorsque les élèves, de leur domicile, échangent sur les documents envoyés par le professeur ou leurs camarades. Elle est présente dans la seconde étape (celle du Wiki) au cours de laquelle les élèves rédigent, par strates, le texte de présentation de leur salle puis le commentaire qui sera enregistré pour l’audioguide. Elle s’impose également au terme du projet, sous la forme cette fois plus codifiée, de travaux d’invention et de dissertation et qui se nourrissent des étapes précédentes.

14 Enfin, dernier objectif : l’histoire des arts. L’espace numérique est incontournable dans ce domaine de l’enseignement. Autour de la problématique de la séquence (En quoi la représentation du corps-paysage est-elle révélatrice d’un regard sur le monde et sur l’homme ?), les élèves vont faire des recherches pour enrichir leurs salles de musée de nouvelles créations artistiques en complément de celles rencontrées dans le corpus de la séquence étudiée en classe.

Les outils numériques utilisés

Le forum : un espace d’écriture « libre » mais encadré par les professeurs

15 En prolongement des travaux effectués en classe, ce forum, créé sur le site du lycée, permet des échanges (professeurs-élèves mais aussi élèves-élèves) sur des sujets proposés par les professeurs. Les élèves y mutualisent leurs recherches, partagent leurs commentaires sur tel ou tel document « posté » par les professeurs, ou lisent simplement les remarques de leurs camarades. Des demandes de justification ou d’éclaircissement sont faites par les professeurs ou les autres élèves et ces échanges peuvent se poursuivre au sein de la classe. Certains élèves, plutôt discrets en classe, trouvent dans l’écriture sur le forum une nouvelle motivation et multiplient les interventions. Une dynamique se crée et ainsi, petit à petit, sur une période de trois semaines, les professeurs jalonnent le projet et « négocient » les thématiques qui seront celles des salles du musée virtuel (toutes en rapport avec la problématique bien définie de la séquence d’enseignement).

Figure 1

Le Forum

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Le Forum

16 Les professeurs joignent des documents à commenter, relancent les analyses des élèves qui proposent à leur tour de nouvelles pistes de recherches ou de nouveaux documents. Des capacités différentes s’exercent chez les élèves. On voit sur le document que le premier commentaire relève de l’analyse scolaire, l’élève exploitant ses connaissances et les acquis du cours. Un autre intervenant sur le forum met à disposition le fruit de ses recherches, impulsant ainsi une nouvelle lecture de l’œuvre d’Arcimboldo qui sert de support à ces premiers échanges. Un troisième élève oriente plus son intervention autour d’une argumentation personnelle. Ainsi, sous des formes différentes, la lecture de l’œuvre s’enrichit et chacun peut se nourrir des commentaires des autres. Les professeurs invitent systématiquement les intervenants à justifier leur choix, à approfondir leurs remarques et à les mettre en lien avec le travail fait en cours. Cela les met ainsi dans une posture réflexive sur la séance puisqu’ils doivent en quelque sorte la relire et la synthétiser à la lumière de ces documents et des commentaires de leurs camarades sur le forum. Ils développent donc une posture métacognitive. Sur les trois semaines d’ouverture du forum, près de mille interventions seront recensées.

Figure 2

Le forum

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Le forum

Le wiki : un espace d’écriture collective par strates

17 Le wiki est un site web, dont les pages sont modifiables, qui garde une trace de toutes les interventions. Les écrits du forum ont permis de lancer la dynamique d’écriture et de réflexion ; ceux du wiki vont organiser le travail de rédaction des textes de présentation des salles du musée virtuel. Par groupe de trois ou quatre rédacteurs, les élèves vont construire progressivement leur texte et leur salle en publiant leurs articles sur le wiki, en y intégrant les œuvres qu’ils souhaitent « exposer » dans leur salle, en modifiant leurs écrits sans pour autant perdre les versions précédentes. C’est un travail d’amplification, de suppression, de déplacement qui s’effectue et celui-ci sollicite en permanence une posture réflexive des élèves sur leur propre écrit. Lieu de l’écriture in progress, cet espace développe chez les rédacteurs les capacités à écrire, à corriger, à réécrire, à lire et relire, à défendre tel ou tel choix et à négocier. Ces capacités s’ajoutent à celle de sélection des informations dont doivent témoigner les salles réalisées. Le wiki « emmagasine » les documents, les articles, et exige donc, au terme du travail, une capacité particulière de synthèse.

18 En plus des œuvres sélectionnées et des articles les accompagnant, les élèves doivent rédiger un texte personnel illustrant le thème de leur salle. Là encore, la négociation et les améliorations collectives du premier jet exercent la posture réflexive des élèves qui travaillent et retravaillent un texte qui n’est pas forcément le leur. La version finale qui apparaitra dans la « salle » du musée sera donc le fruit d’une écriture à plusieurs mains.

19 L’historique des interventions est conservé et les élèves peuvent évaluer le processus d’amélioration. Les professeurs, en tant qu’administrateurs, peuvent intervenir sur la page wiki d’un groupe et dispenser de nouveaux conseils, proposer de nouveaux documents.

Figure 3

Le wiki

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Le wiki

20 Sous forme d’un tableau à colonnes, les différentes versions du wiki apparaissent facilitant le travail de comparaison des strates d’écriture. Les modifications s’inscrivent en rouge sur la page du wiki ; chaque version intermédiaire est conservée et donc consultable. Les élèves peuvent reprendre la version de tel ou tel jour, la mettre en regard avec une autre mouture de leur texte et ainsi agencer, supprimer, déplacer les éléments qu’ils conserveront dans la version finale. La réflexion sur le travail d’écriture est donc particulièrement riche durant cette étape car chaque groupe apprend à s’interroger sur la pertinence des choix d’écriture effectués, à réécrire et finalement à organiser sa page de musée dans le souci d’une réception la plus accueillante du visiteur. Les compétences de lecture et d’écriture se développent conjointement puisque chaque contribution est soumise à la lecture critique des autres membres du groupe, et doit faire l’objet d’une réécriture. La version « aboutie » est donc le fruit d’un véritable processus d’écriture dans lequel le collectif et l’individuel se marient constamment. Ainsi des capacités particulières de travail de groupe, de collaboration, d’acceptation de la critique sont mises à l’épreuve.

L’argumentaire de la salle et l’audioguide : écrire et parler pour un public virtuel

21 Outre la rédaction de l’argumentaire, véritable écrit fonctionnel de synthèse, qui servira de page d’accueil à leur salle, les élèves rédigent puis enregistrent un audioguide. Grâce au logiciel gratuit Audacity, ils peuvent, tout comme sur un traitement de texte, enregistrer, couper certains passages, les enregistrer de nouveau, coller de nouveaux commentaires sur une piste-son déjà existante. Là encore, le travail d’amélioration par strates s’effectue, et la mise en voix du texte de présentation des œuvres contribue en grande partie à l’intérêt et à l’attrait de la salle.

22 Par ce travail oral, ils préparent aussi la deuxième partie de l’examen oral de l’EAF puisqu’ils invitent les visiteurs à une « circulation » justifiée et illustrée au sein de leur salle tout comme le candidat doit pouvoir « inviter » l’examinateur à une circulation au sein de son descriptif de séquence.

Figure 4

Audacity

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Audacity

23 Comme sur un traitement de texte, les pistes enregistrées peuvent être « coupées », de nouveaux passages peuvent être insérés à n’importe quel endroit ; ce qui permet par exemple de multiplier les voix sur une même piste. Outre les qualités orales, les élèves travaillent également des capacités d’écoute qui les sensibilisent à l’efficacité de leur mise en voix destinée aux visiteurs de leur salle. La lecture expressive devient alors concrètement objet d’apprentissage.

L’exposition sur le site de l’établissement : l’aboutissement du projet

24 L’affichage des salles sur le site du lycée constitue donc la dernière étape du projet. Les élèves définissent eux-mêmes leur « muséographie » : beaucoup de commentaires ou pas, œuvres exposées directement (avec les contraintes de taille que cela pose) ou bien des liens qui y renvoient, quel type de disposition (linéaire ou pas), quelle police... Toutes ces questions n’ont rien d’anecdotique car elles engagent les élèves dans une réflexion féconde sur l’écrit en tant qu’« objet » et sur la question de la réception d’une création. Cette réflexion n’a été qu’esquissée lors de notre projet, mais elle pourrait être reprise avec bonheur car elle confronterait les élèves avec l’écriture, voire la publication numérique et le rapport au lecteur qu’elle induit. Cette forme d’écriture (qui est désormais devenue courante) séduit très souvent les élèves car elle les libère d’une certaine appréhension, encore bien présente en seconde ou en première, face à l’écriture manuscrite. L’erreur, la faute y semblent moins « traumatisantes » et, surtout, la correction y est aisée. Jusqu’au dernier moment, les élèves sont intervenus sur leur page et ont réécrit leurs textes.

Le logiciel Wink

25 Au sein de leur salle, les élèves proposent, aux visiteurs qui le souhaitent, une circulation totalement dirigée sous forme d’une vidéo qui présente leur salle et les œuvres qui la constituent. Grâce au logiciel wink, logiciel libre et gratuit qui permet d’enregistrer le son ainsi que tous les déplacements de la souris sur l’écran, ils vont soumettre cette vidéo de 2 à 4 minutes au public. Wink enregistre donc tout ce qui se passe à l’écran à chaque clic de souris et on capte également le son du micro. Le logiciel restitue ensuite les écrans enregistrés sous forme d’une vidéo au format « flash ». Chaque groupe va donc, en autonomie, élaborer son parcours au sein des différents documents, ouvrir les liens selon la logique choisie et l’enregistrer avec Wink. Bien entendu les professeurs disposeront, avant la publication sur le site, de ces « vidéos » pour travailler avec les élèves les améliorations à apporter à leur « visite guidée ». Ainsi, en plus de l’audioguide, le visiteur pourra, s’il le souhaite, regarder cette vidéo qui le promènera, sans qu’il ait besoin d’ouvrir les liens ou de lire les commentaires écrits, dans la salle du musée.

Des écrits « numériques » aux écrits « scolaires »

26 Inversant l’ordre traditionnel le plus souvent rencontré, ce projet a utilisé les écrits numériques et les espaces collaboratifs comme tremplins aux écrits plus codifiés comme ceux pratiqués à l’examen. Ainsi, les pages du forum ont servi de pré-texte à des écrits de commentaire littéraire, chaque élève pouvant se nourrir des remarques publiées par l’ensemble du groupe et exercer ses capacités de sélection et d’organisation. Le wiki a donné lieu à un écrit d’invention à plusieurs mains où les négociations, les relectures, les réécritures, les choix ont sollicité chez les élèves une posture réflexive sur la production du groupe et favorisé ainsi, chez eux, une certaine mise à distance face à leurs pratiques d’écriture. Une dissertation a conclu ces travaux d’écriture. Le sujet proposé trouvait, dans l’ensemble des connaissances accumulées durant le projet par les différents groupes, matière à un traitement éclairé. Par une promenade dans les différentes salles du musée, les élèves pouvaient « dénicher » les idées et les exemples pour guider leur travail. Enfin, un écrit de commentaire devait introduire le visiteur dans chaque salle et lui présenter les choix faits pour cette exposition. Véritable écrit fonctionnel qui engage l’élève à « re-parcourir » son travail pour en proposer une présentation motivée, cette production a sollicité chez les élèves des compétences de mise à distance et une posture critique sur leurs propres travaux.

Conclusion : l’apport du numérique

27 Sur les trois semaines qu’a duré la première étape, celle des échanges sur le forum, nous avons dénombré près de mille interventions d’élèves. À aucun moment les deux professeurs qui encadraient, et donc « modéraient » le forum, n’ont eu à intervenir pour retirer ou modifier des commentaires. De nombreux élèves, discrets en classe ou en difficulté à l’écrit, ont trouvé dans ce forum un moyen d’expression qui leur convenait et nous avons constaté, avec plaisir, la pertinence de leurs remarques ou leur participation à la vie du forum. Ceux-là mêmes ont su tirer profit de cet espace collaboratif et les écrits « scolaires » qui ont accompagné le projet ont témoigné chez eux d’une amélioration sensible de leurs qualités d’expression et d’analyse, et, pour tous, un regain de motivation.

28 Au sein du wiki, ce sont bien entendu les capacités de collaboration et de sélection qui ont été mises à l’épreuve et, très souvent, avec succès. Si un groupe sur les sept n’est guère parvenu à « s’entendre » sur le choix des œuvres à exposer et sur la « disposition » de leur salle, les six autres ont parfaitement compris le rôle essentiel dans ce travail de la négociation, de la critique constructive, de la correction et de la reprise. La publication sur le site du lycée et la présentation de leur musée devant des élèves d’autres classes ont évidemment contribué à ce souci de « perfection » et cette appétence nouvelle. Là encore, nous avons pu constater combien les élèves avaient réinvesti cette expérience dans les travaux codifiés (comme la dissertation) qui avaient suivi.

29 Enfin, le projet, par les nombreuses œuvres qu’il a fait découvrir aux élèves – et l’apport du multimédia fut sur ce point essentiel, chaque professeur se chargeant de nourrir en proposant sur le forum, puis sur le wiki, de nouveaux tableaux, de nouveaux textes, de nouveaux liens – a familiarisé les élèves avec un autre usage du Net, un usage culturel auquel ils n’ont pas eu trop de mal à s’habituer. L’histoire des arts, la réflexion « intergénérique », les lectures en correspondances, les comparaisons d’œuvres ont été au croisement de chaque étape de ce projet. Bien que la séquence proposée ait été réalisée en lycée, ce travail peut éclairer les pratiques des enseignants de français du primaire et du collège. En effet, il intéresse tous ceux qui veulent développer des pratiques d’écriture réflexive et permettre aux élèves de trouver du sens dans leurs apprentissages.


Date de mise en ligne : 08/10/2012

https://doi.org/10.3917/lfa.178.0089

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