Notes
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[1]
Il s’agit bien sûr de Nicolas Sarkozy, l’ex grand président de la France, et non du « Petit Nicolas », l’enfant des bandes dessinées de Sempé.
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[2]
Il existe une réelle reconnaissance de la valeur et de la capacité des joueurs entre eux, comme il existe une réelle reconnaissance des individus dans les réseaux sociaux.
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[3]
S. Freud (1914), « Psychopathologie du lycéen », Résultats, idées, problèmes I, Paris, Puf, 1997.
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[4]
V. Dufour, S. Lesourd, « La difficile construction du père dans le monde moderne », Colloque international de psychanalyse, Kiev, 2007.
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[5]
O. Mannoni, « Je sais bien, mais quand même… », dans Clefs pour l’imaginaire, Paris, Le Seuil, 1969, p. 9-33.
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[6]
M. Foucault, Le courage de la vérité, Cours au Collège de France (1984), Gallimard, Le Seuil, 2009.
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[7]
Pourquoi aime-t-il ses parents, ceux qui tiennent cette place ? Pour une raison très simple qu’il faudrait répéter aux parents : il les aime parce qu’il y est obligé, parce qu’il dépend d’eux pour sa survie matérielle et psychique. C’est même pour cela qu’il se coule dans le moule qu’ils lui proposent. C’est pour cela qu’un enfant va aimer un parent qui lui tape dessus, qui le viole, qui l’agresse, qui le détruit même si vivre cela est insupportable. L’amour de l’enfant n’est pas l’amour dont on rêve en tant qu’adulte, l’amour du choix de l’objet élu dans lequel nous aurions projeté notre objet de désir. L’amour de l’enfant pour son parent et l’amour du parent pour son conjoint sont des amours qui ne structurent pas de la même façon, et à vouloir confondre les deux dans la relation affective, nous créons une confusion dans un champ nécessaire de repérage. Cette confusion amène à croire que l’amour est un choix. Or la psychanalyse nous apprend que c’est un choix forcé dont parfois avec une longue analyse le sujet arrive à se débrouiller un peu mieux. Il est important d’entendre dans cette projection que font les parents sur leurs enfants en supposant qu’ils pourraient ne pas les aimer, qu’ils mettent leurs enfants en place d’adulte, qu’ils projettent sur l’enfance le mode adulte de l’amour. Cela leur permet de rester eux, les adultes, des enfants dépendants de l’amour de leur enfant adulte qui les regarde. Il est donc important d’entendre cette confusion de langue, comme le disait Ferenczi, entre l’adulte et l’enfant sur l’amour, en traitant l’amour de l’enfant comme l’amour de l’adulte. C’est pourquoi d’ailleurs nous traitons les affaires d’amour entre parents et enfants de la même façon qu’entre adultes, en demandant au juge qu’il vienne trancher en disant qui est le bon ou le mauvais.
1La première remarque que je voudrais faire est à propos du titre de cette partie du travail : Qu’est-ce qu’une grande personne ? Eh bien une grande personne ce n’est pas un adulte, c’est la façon dont les enfants désignent les adultes, une grande personne c’est un mot enfantin, comme papa ou maman. Papa ce n’est pas père, maman ce n’est pas mère, et grande personne ce n’est pas adulte. Ces mots enfantins nous parlent de l’Œdipe, même quand ce sont les adultes qui les utilisent, ils nous parlent de différence des générations et donc de différences de puissance et de potentialité de réalisation. C’est d’ailleurs ce que l’on souligne quand on dit d’une personne connue, c’est une grande personne : derrière cette formule il y a toujours chez celui qui parle la sensation de ne pas être à la hauteur de l’autre, dont il parle, de ne pas être « grand » comme lui. Finalement ce qui constitue une grande personne c’est qu’on lui attribue l’organe de la puissance : le phallus. Et parce qu’elle possède le phallus, la grande personne est celle qui peut. Freud d’ailleurs ne disait pas autre chose quand il soulignait que le but de la vie « adulte » était de faire, c’est-à-dire de travailler et de faire des enfants, ou pour le dire autrement de créer et de procréer. L’adulte pour Freud, est celui qui peut et parce qu’il peut qui doit faire, mais, nous y reviendrons, l’adulte freudien est aussi celui qui sait qu’il ne peut pas… tout.
2La grande personne, est donc l’adulte vu par l’enfant qui lui ne peut pas, et donc celle qui peut… tout, et qu’il aime parce qu’elle peut. Ainsi cette grande personne devient-elle un modèle. C’est ce que je veux devenir quand je serai(s) grand. Serai, à entendre/écrire comme vous le voulez au futur ou au conditionnel, vous y mettez le S du sujet, ou pas. Devenir grand c’est quand même depuis toujours le rêve de l’enfant, et cela reste le rêve des adultes, même quand ce rêve s’arrête. Je pense ici à un certain Nicolas, le « petit Nicolas [1] », bien sûr… C’est d’ailleurs une période d’adolescence difficile à vivre quand le rêve s’arrête, quand le rêve de la grande personne que je veux devenir s’arrête, ce que nous décrit merveilleusement Tristan Garcia Fons, dans ce processus adolescent qui met à mal les figures parentales. Mais avant d’aller un peu plus loin, il faut rappeler que devenir la grande personne, est fondamentalement pour le sujet humain une nécessité logique, une nécessité vitale ; une nécessité vitale car cette grande personne a dans la construction de la subjectivité trois fonctions incontournables pour la subjectivation.
La grande personne : une fonction logique nécessaire
3Tout d’abord la grande personne représente un idéal, un idéal de projection dans l’avenir : quand je serai grand, quand enfin je pourrai. Cet idéal est porteur de quelque chose de tout à fait fondamental, non seulement de la projection dans le futur, mais aussi de l’idée que nous allons pouvoir un jour. Cet idéal ouvre à un maintien d’une tension de désir que nous réaliserons peut-être un jour. La grande personne est porteuse du désir de l’enfant, à la fois dans le fait qu’elle l’incarne ce désir, et à la fois dans le fait qu’un jour « je pourrai être comme cette grande personne réalisant mon désir » comme l’enfant se l’imagine. C’est peut-être un des problèmes de notre société que les adultes n’incarnent plus la grande personne, c’est-à-dire qu’ils n’incarnent plus une réalisation désirante.
4Deuxième fonction : la grande personne, avec la différence des générations est créatrice de la temporalité, créatrice d’un passé, d’un présent et d’un futur. Ce n’est pas pour rien que les enfants n’apprennent l’heure qu’après le passage œdipien, car la différence des générations permet de situer quelque chose de déjà passé, dans un présent, pour un futur en devenir. La grande personne c’est ce que je pourrai être dans le futur par rapport à mon présent d’impuissance qui est déjà un gain par rapport à mon passé de détresse infantile. Cette temporalité est porteuse d’une possible réussite de la satisfaction réelle du sujet, et ce n’est là aussi sans doute pas pour rien que toutes les sociétés classiques situaient dans un futur la réalisation totale du bonheur dans la béatitude du paradis trouvé, bien sûr après la mort. Il fallait mourir avant la réalisation totale du bonheur et jusque-là il fallait supporter la « vallée de larmes ». Cette temporalité va créer quelque chose de fondamental, à laquelle notre société s’oppose dans sa promesse d’immédiateté de la satisfaction, c’est une tension d’avenir, une tension désirante. Or cette tension désirante, porteuse d’un projet de vie, ne peut pas se réaliser dans l’ici et maintenant du présent, même si c’est ce que prône notre société moderne avec l’illimité, le « tout tout de suite », et bien sûr la consommation permanente des objets toujours nouveaux – le GSM 4 à la place du 3, les tablettes numériques à la place des livres, etc. Il faut toujours présenter un objet nouveau pour maintenir un minimum de tension désirante, mais dans une temporalité qui reste celle du présent, de l’immédiat. Alors, les enfants et les adolescents qui vivent dans ce monde de présence et de présent, d’immédiateté, ne trouvent plus dans les adultes la grande personne qui réalisera tout, la grande personne idéale qui crée le futur, mais ils la trouvent dans leurs jeux vidéos. Dans ces jeux ils deviennent tout de suite grands, ils deviennent égaux à la grande personne qui se réalise dans son existence, dans une réalisation de soi au travers des avatars et la réussite dans le jeu [2]. Dans cette réalisation de soi que propose la société de marché s’inscrit pourtant une panne, celle du désir comme moteur des souhaits d’avenir.
5La dernière fonction de cette figure de la grande personne se déduit des précédentes : la grande personne est une figure d’identification, ce que Freud avait déjà repéré dans la figure des professeurs de lycée [3]. Figure d’identification à laquelle l’enfant va tenter de ressembler, et que malheureusement, j’oserai dire, une grande majorité des parents n’ose plus incarner, et quand ils l’incarnent c’est presque toujours en disant « surtout ne fais pas ce que j’ai fait », ce qui revient à devenir pour l’enfant une figure de désidentification, certes nécessaire à l’adolescence, mais aujourd’hui beaucoup trop précocement présentée aux enfants.
La grande personne c’est le Père imaginaire
6Cette figure de la grande personne, cette figure logique Lacan lui a donné un nom, il l’a appelée le Père imaginaire, c’est-à-dire le père de la puissance. Ce père, c’est celui que l’enfant se crée quand il dit : « Tu vas voir mon papa, il va venir casser la gueule au tien à la sortie de l’école. » ou encore « mon papa il a une voiture qui va plus vite que celle du tien ». Pour résumer : « Mon papa c’est le plus fort, c’est le plus beau, et puis mon papa il a toujours raison. » Ce père imaginaire, nécessaire à l’enfant, a une fonction fondamentale pour la construction subjective car il est pourvu de cette puissance d’être capable de priver l’enfant de ses objets de jouissance, et donc de constituer un manque porteur du désir. Ce Père imaginaire est celui dont nous avons constaté, dans une étude que nous avons réalisée à Strasbourg avec Véronique Dufour sur sept pays répartis sur les cinq continents [4], qu’il disparaissait du psychisme de l’enfant, tel qu’il l’exprime à travers le dessin de la famille. Ce père imaginaire, l’enfant tente désespérément d’essayer de le créer dans des figures sociales telles que des sportifs, des policiers. Les enfants cherchent en effet quelqu’un qui dans la réalité vienne répondre d’une puissance qu’ils puissent rencontrer enfin pour trouver une limite nécessaire à une projection dans le futur de la réalisation désirante et à la réalisation de la jouissance.
7Mais cette figure nécessaire de la grande personne pour l’enfant, est une figure vouée à la mort, et au meurtre au temps de l’adolescence. À l’adolescence, comme Tristan Garcia-Fons le décrit très bien, il s’agit de mettre à mal cette grande personne pour trouver son propre lieu de désir, il s’agit de la destituer de sa place imaginaire pour la faire advenir au symbolique, c’est-à-dire de la transformer en une figure qui certes n’existe pas dans la réalité mais qui est nécessaire au fonctionnement psychique, celle de la place d’exception qui ordonne les rapports humains. C’est d’ailleurs pour cela que les adolescents sont tellement agaçants pour les vieux, ceux qui sont déjà devenus grands, car ils attaquent ceux qui incarnaient jusque-là cette figure de la grande personne, et aujourd’hui spécialement ses représentants sociaux. Mais cette figure un fois déboulonnée, il va falloir qu’ils la remplacent par d’autres figures sociales. Cela peut être une figure politique, une figure publique comme les idoles sportives, une figure religieuse toujours porteuse d’un idéal en devenir. Mais la question qui se pose aujourd’hui, c’est que, vu la forme communautariste du lien social, ce sont plutôt des figures de petits maîtres totalitaires ou de gourous qui prennent place comme idéal adolescent, avec tous les dangers que cela représente pour la cohésion des dits liens sociaux.
8Finalement ce passage adolescent qu’impose-t-il ? Il impose que la grande personne, pour l’adolescent comme pour l’adulte qui l’a incarnée, devienne un adulte, et un adulte, comme nous l’avons vu, ce n’est pas une grande personne. Un adulte, pour le dire rapidement c’est un qui supporte la castration, un qui supporte qu’il y ait du manque, et que le désir soit impossible à réaliser, ce qui ne veut pas dire qu’il faille y renoncer. Un adulte c’est un qui doit croire qu’il sera grand, sans y croire. L’adulte c’est quelqu’un qui est capable de faire semblant que ça existe une grande personne, tout en ne croyant pas qu’il est cette grande personne. La fonction du semblant est ici fondamentale. Comme le disait déjà Octave Mannoni dans un très beau texte qui s’intitule « Je sais bien, mais quand même [5]… » : je sais bien qu’il va falloir que je fasse semblant de croire que je suis cette grande personne, mais quand même je n’y crois pas. C’est ce qui permet à quelqu’un que j’aime beaucoup Georges Brassens de dire dans une interview : « Je suis anarchiste à un tel point que je traverse toujours dans les clous pour ne jamais avoir à faire avec la maréchaussée. » Pour le traduire en d’autres termes, je respecte parfaitement la loi, ce qui m’évite de me faire gronder comme un enfant par la « grande personne » représentante de la loi. Lacan ne disait pas autre chose, quand il affirmait que : « Le père on peut s’en passer, à condition de faire avec. » Ce qui au fond fait la différence entre la grande personne et l’adulte, c’est que la grande personne a besoin d’un vrai Père-la-loi incarné, là où l’adulte a à faire avec, même en son absence.
Pas tout conclure
9En conclusion, quel lien pouvons nous faire avec les enjeux sociaux actuels pour déployer quelques propositions à l’égard de ces adolescents qui viennent nous rencontrer ? La grande personne est un adulte qui fait semblant de l’être, c’est-à-dire un adulte capable de dire : je suis assuré de ce que je désire, même si au fond de moi je sens et parfois je sais que ce n’est pas ça que je veux ; mais cette deuxième proposition je ne la dis pas, je le garde pour moi. Être un adulte c’est pouvoir soutenir cette fonction fondamentale qui fait que je suis dans une tension vers la réalisation d’un désir. Un adulte c’est celui qui peut dire à l’enfant je ne suis pas comme tu le crois, toi l’enfant en devenir adulte, dans une réalisation de la jouissance immédiate que tu me supposes. Pas plus que toi, l’enfant, je n’ai la capacité de réaliser cette jouissance.
10C’est sur ce point-là qu’une question se pose à notre modernité et à la technicité qu’elle impose à la réalisation du plaisir. Les ex-pères (experts) sont ceux qui viennent vous décrire les modalités par lesquelles vous êtes capables de réaliser quelque chose qui n’entame pas, qui n’écorne pas la jouissance que vous visez. La vraie question, pour la prendre du côté parental, c’est l’expert qui pour apprendre aux parents à être parents, vient leur dire : « Vous pouvez être parents sans renoncer à croire que vous êtes vraiment une grande personne, c’est-à-dire sans renoncer à ce mythe que vous construisez depuis l’enfance et que vous êtes enfin arrivés à réaliser. Si vous savez bien y faire, vous devenez alors celui qui est capable de maîtriser cette jouissance. » Ce qui vous est dit d’ailleurs au niveau de toutes les techniques, de toutes les technologies qui vous sont proposées, proposition sur laquelle reposent tous les biopouvoirs si bien décrits par Foucault [6]. Que vous proposent, en termes simples, tous les experts : en tant qu’adulte vous pouvez garder une position idéale pour l’enfant, le vôtre bien sûr, mais surtout pour l’enfant qui reste en vous. C’est ce que les parents expliquent de manière très simple aujourd’hui dans cette interrogation banale : « Si je m’oppose à mon enfant m’aimera-t-il encore ? » Telle est la position de maintien de la croyance en la jouissance pleine de l’enfant que l’adulte a été et qu’il supposait aux adultes de son temps d’enfance. Ce changement du camp de la peur de la perte d’amour, qui n’est plus le fait de l’enfant, mais celui du supposé adulte vient signifier que nous ne pouvons renoncer à cette croyance que nous avons encore, collectivement et socialement, en une vraie place d’une grande personne, la grande personne que nous voulons toujours aimer et ne pouvons absolument pas destituer de sa place [7]. Le travail que nous avons à faire est d’accepter que tant que nous serons dans cette idée que dans l’individu autonome que nous prônons, cet individu qui serait une grande personne capable de gérer elle-même l’intégralité de ses désirs et de sa vie, nous ne proposerons jamais à un enfant, ni à un adolescent, de rencontrer un adulte. Alors les adolescents de notre société, et déjà les pré adolescents, que font-ils ? Ils viennent cogner la grande personne pour essayer de découvrir l’adulte qui est en dessous, celui qui serait capable de dévoiler son manque, sa faille sans que pourtant cela ne l’abatte, ne le désespère d’avoir cette faille. Et quand par hasard, au hasard des rencontres dans les institutions, l’adolescent ou l’enfant rencontre cet adulte derrière la grande personne, derrière l’expert, se noue une aventure extraordinaire, une aventure de transmission que la psychanalyse a appelée transfert.
Notes
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[1]
Il s’agit bien sûr de Nicolas Sarkozy, l’ex grand président de la France, et non du « Petit Nicolas », l’enfant des bandes dessinées de Sempé.
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[2]
Il existe une réelle reconnaissance de la valeur et de la capacité des joueurs entre eux, comme il existe une réelle reconnaissance des individus dans les réseaux sociaux.
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[3]
S. Freud (1914), « Psychopathologie du lycéen », Résultats, idées, problèmes I, Paris, Puf, 1997.
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[4]
V. Dufour, S. Lesourd, « La difficile construction du père dans le monde moderne », Colloque international de psychanalyse, Kiev, 2007.
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[5]
O. Mannoni, « Je sais bien, mais quand même… », dans Clefs pour l’imaginaire, Paris, Le Seuil, 1969, p. 9-33.
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[6]
M. Foucault, Le courage de la vérité, Cours au Collège de France (1984), Gallimard, Le Seuil, 2009.
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[7]
Pourquoi aime-t-il ses parents, ceux qui tiennent cette place ? Pour une raison très simple qu’il faudrait répéter aux parents : il les aime parce qu’il y est obligé, parce qu’il dépend d’eux pour sa survie matérielle et psychique. C’est même pour cela qu’il se coule dans le moule qu’ils lui proposent. C’est pour cela qu’un enfant va aimer un parent qui lui tape dessus, qui le viole, qui l’agresse, qui le détruit même si vivre cela est insupportable. L’amour de l’enfant n’est pas l’amour dont on rêve en tant qu’adulte, l’amour du choix de l’objet élu dans lequel nous aurions projeté notre objet de désir. L’amour de l’enfant pour son parent et l’amour du parent pour son conjoint sont des amours qui ne structurent pas de la même façon, et à vouloir confondre les deux dans la relation affective, nous créons une confusion dans un champ nécessaire de repérage. Cette confusion amène à croire que l’amour est un choix. Or la psychanalyse nous apprend que c’est un choix forcé dont parfois avec une longue analyse le sujet arrive à se débrouiller un peu mieux. Il est important d’entendre dans cette projection que font les parents sur leurs enfants en supposant qu’ils pourraient ne pas les aimer, qu’ils mettent leurs enfants en place d’adulte, qu’ils projettent sur l’enfance le mode adulte de l’amour. Cela leur permet de rester eux, les adultes, des enfants dépendants de l’amour de leur enfant adulte qui les regarde. Il est donc important d’entendre cette confusion de langue, comme le disait Ferenczi, entre l’adulte et l’enfant sur l’amour, en traitant l’amour de l’enfant comme l’amour de l’adulte. C’est pourquoi d’ailleurs nous traitons les affaires d’amour entre parents et enfants de la même façon qu’entre adultes, en demandant au juge qu’il vienne trancher en disant qui est le bon ou le mauvais.