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Article de revue

Un cri sans appel

Pages 39 à 45

Notes

  • [*]
    Karima Lazali, psychologue (mecs, cmpp), psychanalyste.
  • [1]
    S. Freud, « Introduction au narcissisme », dans La vie sexuelle, Paris, puf, 1914.
  • [2]
    S. Ferenczi, « Réflexions sur le traumatisme », dans Psychanalyse, tome IV, p. 147.
  • [3]
    S. Ferenczi : « Une partie de notre personne peut mourir, et si le reste survit au traumatisme, on se réveille avec une lacune dans la mémoire, une lacune dans la personnalité à proprement parler, car non seulement le souvenir de l’agonie, mais aussi toutes les circonstances qui s’y rattachent ont disparu de façon sélective, et sont peut-être anéanties. »
  • [4]
    S. Freud, « De l’esquisse d’une psychologie scientifique », dans Naissance de la psychanalyse, Paris, puf, p. 342.
« Il avait supporté l’attente. L’attente l’a rendu éternel, et maintenant il n’a plus qu’à attendre éternellement. »
M. Blanchot, L’attente, l’oubli

1Il est fréquent d’entendre au sein des institutions accueillant des enfants placés par décision administrative ou judiciaire, que ces enfants sont en souffrance de la séparation. Ce discours ambiant participe d’une confusion chez les professionnels entre l’éloignement de l’enfant de son monde familier et le processus de séparation. Ainsi, le placement équivaut à une séparation qui est source de souffrance psychique, à traiter dans le cadre d’une prise en charge dite « globale ».

2Or le processus de la séparation chez l’enfant, entendu comme processus subjectivant, ouvre la possibilité à l’enfant de prendre place sur la scène du monde, comme sujet désirant.

3Notre expérience du travail analytique avec des enfants placés en institution nous a conduits à faire le constat que certains n’ont justement pas eu la possibilité d’être traversés par le processus de la séparation. Ce qu’ils expriment au moment de leur accueil en institution n’est pas de l’ordre d’une souffrance de la séparation mais plutôt d’une douleur témoignant de l’impossible de la séparation. Ces enfants se présentent dans un grand vide psychique et une panne manifeste au niveau de l’élaboration secondaire, tout travail de liaison est haché. Il apparaît une forme d’immobilisme de la pensée et une absence de rêverie, donnant l’impression d’une mise en arrêt de l’existence ou plutôt d’une suspension dans ce que Winnicott nomme « un état de mort ». Ces enfants sont souvent peu repérés dans le temps et dans l’espace et expriment une grande confusion des lieux du corps, aucune construction imaginaire ne peut venir ordonner le désordre corporel et interroger sa venue au monde pour l’Autre, du point de vue de son désir.

4En revanche, les enfants placés qui ont pu éprouver dans leur construction le processus de la séparation, ne cessent d’interpréter leur placement à partir d’une succession de lectures et de traductions diverses, ayant trait à leur histoire infantile et à ce qu’ils supposent du désir du ou des parents, dont ils sont éloignés. La culpabilité est d’ailleurs très souvent le fidèle compagnon de ces enfants.

5Nous proposons de penser que les enfants placés et en panne de séparation présentent une structuration psychique proche de la mélancolie, avec la prédominance du gel psychique et une suspension dans la mise en arrêt de tout mouvement psychique. Le vide qui se dégage des séances se fait narrateur d’une histoire restée hors récit. Ce vide est le témoin d’une histoire infantile, qui a propulsé l’enfant en position d’être le lieu d’une désintrication pulsionnelle, le laissant aux prises avec la pulsion de mort dans sa forme la plus ravageuse. Ces enfants n’ont jamais pu venir pour leurs parents en position de « His majesty the baby [1] ». Il s’agit souvent de parents présentant une structuration psychotique qui ne leur permet pas de prendre en compte le corps de leur enfant (besoins) ou de parents qui ont vécu dans leur enfance des défaillances graves du lien primaire, qui s’expriment avec leurs propres enfants, empruntant les formes de la maltraitance, de la négligence ou de la non-réponse.

6C’est ce dernier point que nous allons retenir plus loin car il permet d’éclairer en quoi l’organisation d’allure mélancolique au moment du placement s’inscrit très probablement comme défense élaborant ce qu’il en a été des traumatismes précoces pour l’enfant, au cours de sa toute première enfance.

7La notion de traumatismes précoces est complexe dans la mesure où ces derniers ne sont cliniquement repérables qu’à partir de leurs effets : failles originaires au niveau de l’organisation moïque, clivages narcissiques et défauts de symbolisation. En effet, l’enfant est suspendu à un temps d’arrêt qui ne lui permet pas de disposer de la temporalité instaurée par « l’après-coup » du traumatisme psychique. Après-coup à partir duquel peut commencer un travail de construction et d’élaboration de ce qui précisément a fait trou pour le sujet.

8Les traumatismes précoces créent un écrasement, qui constitue l’empreinte de cet ayant-eu-lieu resté hors-lieu du discours, insituable dans le temps.

9Avec Ferenczi, on peut considérer que le vide est la trace de ce qu’il nomme « auto-déchirure [2] ». L’auteur explique que les effets de ces traumatismes apparaissent dans le fait que le petit enfant éprouve qu’une partie de lui meurt [3].

10Cette mise en éclat de la vie psychique se produit dans l’antériorité de la constitution d’enveloppes psychiques, permettant la distinction entre le dedans et le dehors, le moi et le non-moi. Le sujet est condamné à se confondre avec un objet malveillant et sans cesse soumis à un ordre féroce de destruction, sans possibilité de fuite ni de ruse. Le surmoi de ces enfants s’écarte d’un surmoi « héritier du complexe d’Œdipe ». C’est un surmoi ravageur, ordonnant le maintien de l’éclatement psychique et l’annulation de toute barrière protectrice. Il semble que cette destruction se soit produite dans un temps antérieur à la constitution de la subjectivité et du corps, c’est-à-dire avant que l’enfant ne puisse accéder au sentiment d’avoir un corps, dans un temps qui précède l’instauration de l’expérience de permanence. Le sujet est accroché à une loi folle, privée de tout sens et dictant une destruction organisée par le désir de l’Autre.

11Nous nous limiterons à étudier les traumatismes précoces qui relèvent d’une défaillance des premiers soins apportés à l’enfant. Les soins maternels, lorsqu’ils se constituent en réponse au cri de l’enfant, entendu comme appel, permettent que se distinguent : le lieu d’origine de l’excitation (dedans-dehors), le besoin du désir, le corps physiologique du corps érogène.

12C’est donc à partir de la réponse apportée aux différentes manifestations de l’enfant que se produit de la séparation. Ce processus crée de la distinction, et met fin à la réduction de l’enfant à son environnement et à l’indistinction entre son corps et celui de l’autre maternel. Cette séparation est ouverture vers l’altérité et sortie de la confusion, en tant qu’elle engendre du même. Mais ceci fonctionne dans l’éventualité d’une réponse suffisamment adéquate de la mère aux besoins physiologiques du bébé. Cette relation, lorsqu’elle est continue, engendre l’intériorisation par l’enfant du sentiment de bienveillance, nécessaire ultérieurement pour faire face aux différents événements et ruptures diverses de l’existence.

13Le vide qui assiège ces enfants dont le cri ne peut être entendu comme un appel indique comment une part de l’infantile s’est cadavérisée dans cette attente de la réponse de l’autre. Désormais, lorsqu’il y a de l’attente, celle-ci est sans objet et l’appel demeure sans autre retour que le vide de la non-réponse. Le vide vient en lieu et place de toute construction imaginaire. La réponse de l’autre, qui est non-réponse, n’implique pas d’objection et/ou d’écart mais un impossible, excluant l’enfant de la possibilité de fabriquer des passerelles entre le besoin, la demande et le désir. La demande est comme réduite à néant et le désir gelé. Être trouvé par l’autre pour l’enfant renvoie au fait que son cri ait pu être entendu et il restera de cela une trace irréversible. C’est ainsi qu’il peut accéder à la présence de l’absence et jouer à disparaître du regard de l’autre. Sans cette expérience fondamentale car constitutive de toute possibilité d’interlocution, l’absence et la présence, la mort et la vie s’équivalent dans un non-sens. Les enfants placés dont le mode d’organisation psychique s’apparente à la mélancolie ne peuvent pas porter dans leur pensée et dans leurs gestes cette présence de l’absence, donnant presque l’impression que l’autre n’a jamais pu exister pour eux.

14La notion de détresse chez Freud nous permet de penser comment la réponse au cri de l’enfant est une expérience inaugurale dans la construction de la subjectivité et du désir. Si on ne peut pas aller jusqu’à poser de manière radicale que les traumatismes précoces relèvent d’une non-réponse totale, car dans ce cas, le nourrisson meurt, nous envisagerons dans ce texte deux formes d’absence de réponse :

  • soit, il y a eu réponse au cri entendu comme appel, ce qui a permis l’inscription de traces qui font relance mais cette réponse s’est ensuite interrompue à un moment de l’existence du petit enfant ;
  • soit, le cri du nourrisson n’a jamais été entendu comme une demande adressée à un autre, mis par l’enfant en position de pouvoir venir le secourir. Dans ce cas, la non-réponse est dans le fait que le cri ne fait pas appel.
Pour Freud, l’immaturité du petit humain le plonge dans une dépendance totale à la réponse de l’autre. C’est en interprétant le cri de l’enfant en termes d’appel à l’aide et en y répondant que cesse l’état de tension et d’excitation dans le corps du nourrisson. Par cette réponse se distinguent et se constituent le plaisir et le déplaisir. Les traces déposées par ces deux expériences déterminent comment le renouvellement de l’excitation (par exemple, la faim) engage l’investissement de la trace de satisfaction, sous un mode hallucinatoire. L’intervention de l’objet extérieur (par exemple, la nourriture) entraîne la capacité de distinguer ce qui cause le plaisir ou le déplaisir, ce qui est de l’ordre de la réalité ou de l’hallucination. Néanmoins, avant que le moi de l’enfant ne puisse se constituer dans sa fonction de régulation et de reconnaissance, il revient à l’autre maternel ou à un substitut d’occuper cette fonction.

15Freud précise que l’inexistence de l’objet dans la réalité extérieure permettant de mettre fin à l’état de tension laisse le petit enfant dans ce qu’il nomme « une impuissance dangereuse [4] », rendant impossible la satisfaction et donc le réinvestissement du trajet de la trace. Dans ce cas l’enfant est aux prises avec une attente sans objet car le trajet de la trace réengagé rencontre le vide.

16La non-constitution du cri de l’enfant en appel ou l’interruption brusque de la réponse arrête quelque chose du circuit du désir. Le vide se substitue aux premiers souvenirs inconscients.

17C’est à partir de la réponse apportée à la détresse de l’enfant confronté à l’excitation du corps et à son impuissance à la traiter que se créent de l’objet (interne), du corps désirant et de la pensée comme construction de la différence. Entendre le cri de l’enfant comme un appel engage les premières fondations de la vie psychique, à savoir le rapport au désir et aux processus de cognition. La réponse de l’autre maternel au cri de l’enfant participe de la mise en place de l’activité de représentation. En effet, les gestes, la parole et le regard portés à l’attention de l’enfant contribuent à ce qu’il advienne comme un être quelque peu séparé de lui-même, c’est-à-dire divisé. C’est ce que peut signifier la mise au monde du sujet.

18L’expérience du « stade du miroir » formalisée par Lacan, est celle d’un appel au regard de l’autre, qui peut ou pas nommer et reconnaître l’enfant pour que s’opère son identification à son image, à une forme permettant la constitution de l’éprouvé de l’unité corporelle. Or, les enfants qui présentent une organisation d’allure mélancolique ne semblent pas avoir rencontré ce regard accompagné d’une nomination. En effet, un regard qui s’est absenté leur laisse une étrange impression d’une tête sans visage, mettant à mal la reconnaissance du semblable par le sujet. La présence de l’autre fait défaut pour prononcer la désignation au sujet de sa forme dans le miroir. En d’autres termes, l’expérience de la traduction du cri en appel et la réponse apportée par les soins maternels au niveau des premiers temps de la vie du nourrisson sont à nouveau convoquées lors du « stade du miroir ». La non-réponse peut réapparaître à travers l’absence de regard.

19Par le geste, le regard et la parole, l’autre se porte en quelque sorte caution de l’identité du sujet et l’extrait du risque d’une chute infinie dans l’inconsistance, effet de la dissolution de la forme.

20Un corps sans regard porté sur lui est un corps dépourvu de toute forme et donc inhabitable ou un corps trou, s’auto-absorbant, ouvert sans contours ni limites. Le cadre du miroir reste vide à défaut d’une image qui vient l’habiter.

21Le trajet de la cure de Sabine a permis de reconstruire comment la mélancolie de cette enfant s’est constituée comme réponse face à une non-réponse première qui l’a propulsée dans un arrêt de tout mouvement psychique.

22Sabine est une enfant âgée de 8 ans placée en institution par décision judiciaire depuis trois ans. Ce placement fait suite à un travail éducatif exercé en aemo judiciaire pendant six ans. Cette mesure intervient après plusieurs signalements alertant sur la mise en danger des enfants et la gravité des carences existant dans le milieu familial. Les parents répondaient par la fuite aux appels des différents services sociaux, ils s’installaient dans des villes qu’ils quittaient assez vite par crainte d’un placement des enfants. Sans aller plus avant dans la présentation de l’histoire familiale, ni même de la gravité des carences éducatives ou des négligences parentales à l’égard de leurs enfants, on peut dire que les deux parents sont alcooliques et se montrent très en difficulté pour prendre soin de leurs enfants. Madame exprime des idées quasi délirantes, ayant trait au pourrissement de l’intérieur de la cavité buccale, ce qui la conduit à refuser toute proposition de soins dentaires. Monsieur se présente sur un versant psychopathique.

23Sabine est la troisième d’une fratrie de quatre enfants. Elle a souffert d’asthme tout au long de son enfance, jusqu’au moment de son accueil en institution. Cette enfant a été présentée comme très discrète, repliée sur elle-même et surtout ne pouvant pas s’inscrire dans les processus d’apprentissage. Sabine est une enfant désorientée dans le temps et l’espace.

24Durant un an, les séances de Sabine se déroulent à l’identique : Sabine est recroquevillée sur elle-même, elle ne peut ni dessiner ni manifester la moindre curiosité pour les différents jouets qu’il y a dans le bureau. La parole est très rare et lorsque cette enfant s’exprime, elle semble plongée dans une succession de mots hors sens et surtout hors adresse. Pendant les séances, Sabine est occupée par un autre invisible qui l’absorbe complètement, en la laissant dans un grand vide et une tristesse infinie. À certaines séances, cette enfant se met à tirer un fil de son vêtement et à jouer avec ; en fait, il s’agit moins de jeu que de mise en mouvement du fil et ce, pendant de nombreuses séances, laissant penser que les séances sont le lieu où se déploie une activité auto-érotique privée d’objet. À d’autres séances, l’enfant est par terre, elle ne bouge pas, le corps en croix, et évoque dans une parole hachée et découpée la mort de son frère jumeau décédé à 4 jours. Quelquefois, Sabine se met à ramasser sur le sol de manière minutieuse des poussières ou des morceaux de pâte à modeler à peine visibles laissés par d’autres enfants.

25À ces séances-là, l’enfant est hermétique à toute parole ou sollicitation quelconque de la part de l’analyste. Sabine semble absorbée dans un monde invisible, duquel toute présence humaine (par la voix et le regard) est exclue. Cette enfant n’avait manifestement pas accès à la possibilité que sa parole ou que son geste soient érigés en position de demande, puisque la présence de l’autre s’apparentait à sa disparition et non pas à son absence.

26Sabine laisse penser qu’elle est dépourvue de toute construction imaginaire, qu’il s’agisse de son histoire ou de sa vie en institution. Son environnement familial entre en séance par le biais du mouvement de son corps. En effet, au début de son placement, cette enfant se retirait dans un coin du bureau, assise par terre et aux prises avec un balancement stéréotypé du haut du corps. Ce n’est qu’à partir du moment où un lieu d’interlocution s’est constitué dans le transfert avec cette enfant qu’est devenu possible de dire et d’entendre le sens de ces mouvements corporels (chute et balancement). Sabine transformait le sol en un appui pour limiter la chute, rendant possible à partir de là le balancement de la tête. Le travail avec les parents a permis de dégager le fait que cette enfant, pendant les séances, relatait, dans et par son corps, la folie maternelle, ainsi que les diverses chutes de la mère au domicile, suite à des comas éthyliques. Ce collage avec la folie maternelle ne relevait pas d’un trait identificatoire, où l’enfant joue « à être comme » mais plutôt d’une indifférenciation totale, non avec la mère, mais avec la folie qui s’emparait de sa mère.

27Ce qui a permis d’opérer dans cette cure un travail de « déconfusionnement », c’est l’épinglage de certains signifiants maternels, à partir desquels cette fillette avait construit ce qu’elle a pu nommer « une prison vide », en lien avec ce que la mère appelait « deux dents pourries », entendu comme « dedans pourri ». La cure de Sabine est devenue le lieu d’accueil des fantômes maternels et de ses différentes doublures auxquelles l’enfant était assignée. Ce qui s’est apparenté à de la négligence parentale dans l’évolution de cette fillette répondait à l’impossibilité chez la mère de regarder et de répondre à cette enfant autrement qu’en la mettant à cette place d’incarner son « dedans pourri ».

28À partir du moment où l’apparition du « dedans pourri » a pris place sur la scène du transfert, par l’usage fait par Sabine du corps de l’analyste, Sabine a pu commencer à dessiner (des bouches pleines de dents pourries) puis à jouer tout en demandant à ce que lui soit nommé chaque objet qu’elle avait saisi. Sabine s’est mise à rapporter des rêves en séances, témoignant de la mise en place dans et par le transfert d’un travail de substitution et de métaphorisation. La cure de cette enfant a permis de sortir de cette chute mélancolique par la séparation des lieux et des corps, ouvrant à l’installation mobile du processus identificatoire. En effet, Sabine dira un jour à sa séance « Aujourd’hui on joue au comme si…Toi tu es Sabine et moi je suis la psychologue ». La séance suivante, cette enfant me dit « Qu’est-ce que tu penses de quand tu seras morte ? »

29Penser la chute mélancolique de certains enfants en termes de trace de non-réponse de l’autre nous oriente sur la conduite de la cure et la prise en charge éducative de ces enfants en institution. L’accueil de l’enfant en institution à partir d’une présence vivante et entamée de l’analyste revêt un caractère crucial pour traiter de l’assignation de l’enfant à la non-réponse ou à l’impossibilité d’entendre son cri comme un appel. C’est dans une réponse qui témoigne d’une traduction et d’une supposition formulées en termes de « il y a du sujet » que se crée de l’écart, c’est-à-dire « un état de désir ».

30Un être là pour l’autre qui se supporte d’un manque, dans un nouage entre le geste, la parole et le regard permet la fabrication de bords, c’est-à-dire de limites qui arrête une chute infinie dans le vide et une absorption dans des mouvements d’auto-avalement.


Mots-clés éditeurs : mélancolie, regard, la non-réponse, attente, processus de séparation, appel, traumatismes précoces, cri

Date de mise en ligne : 01/09/2006.

https://doi.org/10.3917/lett.064.45

Notes

  • [*]
    Karima Lazali, psychologue (mecs, cmpp), psychanalyste.
  • [1]
    S. Freud, « Introduction au narcissisme », dans La vie sexuelle, Paris, puf, 1914.
  • [2]
    S. Ferenczi, « Réflexions sur le traumatisme », dans Psychanalyse, tome IV, p. 147.
  • [3]
    S. Ferenczi : « Une partie de notre personne peut mourir, et si le reste survit au traumatisme, on se réveille avec une lacune dans la mémoire, une lacune dans la personnalité à proprement parler, car non seulement le souvenir de l’agonie, mais aussi toutes les circonstances qui s’y rattachent ont disparu de façon sélective, et sont peut-être anéanties. »
  • [4]
    S. Freud, « De l’esquisse d’une psychologie scientifique », dans Naissance de la psychanalyse, Paris, puf, p. 342.
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