Manuelle Missonnier va quitter la revue Carnet Psy. Elle m’a demandé de contribuer au dernier numéro qu’elle coordonne en écrivant un article sur ce que je trouvais important de dire actuellement sur l’état de la psychiatrie.
Il se trouve que la psychiatrie est en passe d’être totalement démantelée au profit de lobbies partisans, incapables de parvenir à une pensée intégrée des différents courants vitaux pour son développement équilibré et humanisant, au plus grand contentement des grands argentiers du service public.
Or s’il est une conjonction qui a réussi à parvenir à une psychiatrie humaine au cours du siècle dernier tant marqué par les conflits planétaires et les malheurs de tous ordres, c’est bien celle de la psychothérapie institutionnelle et de la psychiatrie de secteur au sortir de la deuxième guerre mondiale et ceci, jusqu’à la fin du vingtième siècle. Aussi lui ai-je proposé de rédiger une sorte de cadeau de remerciement pour la qualité de son accueil et l’intelligence de ses interventions en tant que fondatrice et rédactrice de Carnet Psy, en forme de prise de position pour une psychiatrie humaine. Je sais que Kevin Hiridjee qui va lui succéder, y sera également sensible.
En 1977, encore interne, je venais de passer quasiment tout mon internat dans un service de psychiatrie angevin qui mettait en place à la fois la sectorisation et une dynamique de psychothérapie institutionnelle, et si j’avais déjà la très nette perception avec tous mes amis infirmiers, médecins et autres, que cette aventure allait être passionnante, je n’en ai compris la fécondité que plusieurs années plus tard, lorsque, devenu plus expérimenté, j’ai pu mesurer les perspectives que cette forme révolutionnaire de psychiatrie offrait aux soignants, et surtout les effets observés sur les patients pris en charge…