Manuelle Missonnier : Le développement de Carnet Psy vous doit beaucoup et je tiens à vous remercier sincèrement de votre présence à mes côtés depuis la création de Carnet Psy. Pour ce numéro de transmission de la revue à son nouveau Directeur de la Publication, Kevin Hiridjee, il m’a semblé important de revenir sur votre parcours et votre œuvre. Parmi les pédopsychiatres et psychanalystes d’enfants, vous êtes celui qui s’est le plus intéressé au premier développement de l’enfant et au repérage des difficultés précoces de celui-ci. Est-ce que votre position a évolué depuis votre livre Le développement affectif et intellectuel de l’enfant ?
En fait, en réfléchissant à mon trajet professionnel, c’est au fond la question des liens qui m’a surtout intéressé. Trois domaines m’ont principalement mobilisé : le développement du tout-petit avec la mise en place des liens primitifs ; les autismes qui sont des situations catastrophiques où justement les enfants échouent à mettre en place ces liens ; et l’adoption qui est une situation paradigmatique où les enfants ont à construire des liens avec des adultes qui ne les ont pas engendrés mais qui vont se positionner comme leurs parents la vie durant. Donc le lien fait le « lien » - sans jeu de mots aucun - entre ces trois domaines. Que ce soit d’un point de vue clinique, thérapeutique ou pratique, c’est vraiment la question du lien qui est au centre de mes préoccupations.Manuelle Missonnier : A partir de votre expérience de chef de service de pédopsychiatrie à l’Hôpital Necker, quel regard portez-vous sur les pratiques de la pédopsychiatrie française aujourd’hui …