Tous les spécialistes s’accordent pour dire que l’adolescence est une crise. Sa traversée peut s’avérer très tumultueuse sans laisser pour autant de problèmes structurels graves. Cette crise se situe à plusieurs niveaux :
Le niveau intra-psychique qui concerne les fondements identitaires et le fonctionnement pulsionnel
Le niveau inter-subjectif qui concerne le remaniement des liens avec l’autre, les parents comme les pairs
Le niveau sociétal qui modifie le positionnement dans la communauté humaine avec l’horizon de l’âge de la majorité, de ses responsabilités, de ses droits et de ses devoirs.
Dépourvue des grands rites de passage que constituaient les premiers brevets scolaires, ou l’entrée dans le monde du travail, ou les cérémonies religieuses venant confirmer l’autonomie de pensée et la maturité par les rituels religieux, l’appel sous les drapeaux, ou même les fiançailles, notre époque actuelle peine à accompagner de façon symbolique les mouvements perturbateurs mais transformateurs que traversent les adolescents.
Aujourd’hui, l’accès immédiat aux multiples informations dont regorgent les téléphones et les écrans des jeunes comme le réseau infini qui les happe ne leur permettent pas l’épaisseur du temps, la traversée de l’espace, l’inscription corporelle et la transmission qui encadraient le processus de changement. Dans ce monde virtuel, tout est accessible, tout va vite, tout est possible. Pour autant, le potentiel infini des identités qu’ils peuvent ainsi se construire ne les dédouane pas du conflit saisissant que leur impose leur maturation sexuelle…