Loin du modèle continuiste de la mémoire, le trauma détonne par sa dimension de rupture qui, cependant, s’inscrit toujours dans la singularité d’un parcours et d’un fonctionnement comme l’atteste l’extrême variabilité des réactions inter-individuelles face au même évènement traumatogène. Ainsi, si après une rencontre potentiellement traumatique certains ne développeront aucun motif de souffrance, d’autres se distingueront par le polymorphisme de leurs manifestations psychopathologiques. Les effets du trauma sont en effet variables en fonction de la manière dont le sujet va tenter de suturer la marque de cette rencontre, soit spontanément, soit à l’aide du dispositif de soins. Ils vont des manifestations symptomatiques les plus bruyantes - le syndrome de répétition traumatique - au simple changement du parcours de vie, en passant par des modifications du mode d’être au monde de l’individu. Nous proposons, à partir d’un cas clinique d’un patient militaire, d’explorer ces aspects de continuité et de discontinuité, entre le traumatisme de guerre -brutal tant par les changements induits par la rencontre avec la potentialité de la mort que par ses effets de désorganisation du psychisme - et une autre dimension qui est celle d’une révélation pour le sujet d’un sens nouveau induit par une mise en série des traumatismes au cours du processus d’élaboration et, notamment, des traumatismes infantiles qui nous intéressent particulièrement dans cette journée d’étude.
Jean est un militaire d’une trentaine d’années…