1La S.E.P.T. (Société d’Etudes du Psychodrame Pratique et Théorique) est une association de praticiens, fondée en 1962, pour l’étude, la pratique et la formation au psychodrame freudien. Deux journées d’études annuelles, un Congrès tous les quatre ans -le 10ème a eu lieu en 2002- un bulletin qui en est à son 144ème numéro, paraissant régulièrement depuis 1965, témoignent de l’activité de ses membres. Paul Lemoine(†), Simone Blajan-Marcus, André Espaza fondèrent la S.E.P.T. en 1962, au carrefour paradoxal de S. Freud et J. Lacan d’une part et de Moreno d’autre part. En 1990, la direction de l’association fut officiellement transmise par Génnie Lemoine-Luccioni à la génération suivante.
2Aussi paradoxal que l’énoncé puisse en paraître, je dirai que, pour nous, le psychodrame, c’est la parole. Notre dispositif se laisse décrire en peu de mots : un cercle -plutôt ovale, d’ailleurs- de quelque cinq à quinze participants ; deux praticiens alternant en deux positions : celle d’où se dirige le travail de séance et celle d’où il est relevé, verbalement, en final. Donc, un collectif restreint de sujets -dépareillés- côte à côte. Que chacun soit identifiable pour chacun, à portée de parole et de regard ; d’écoute et de soutien ; en fait de situation de groupe, voilà qui nous suffit.
3Un seul et même lieu, mais qui a creusé en lui-même un vide central, représentant ce qui sépare chacun de lui-même et des autres.
4- Ce qui importe, bien sûr, c’est le fonctionnement, dont la logique s’origine du vide central, appelant les paroles et accueillant les représentations psychodramatiques.-
5La règle ? Elle est de parler et d’avoir à représenter l’épisode vécu qui semble au plus près du problème dont parle le participant. Ainsi, avant toute mise en jeu, y a-t-il une pratique de parole partagée entre quelques-uns parmi l’assistance.
6Une règle d’intersubjectivité discursive est donc au départ de chaque séance ; elle constitue, selon nous, la modalité spécifique d’un transfert en groupe restreint.
7Cette interlocution en collectif, que soutient le praticien, touche au mieux à son terme en revenant au premier participant engagé dans la parole ; avec divers commentaires, reprises, échos -par analogie et différences-de la part de quelques autres parmi les présents. Il convient alors de relancer, ailleurs et différemment, la parole et l’enjeu du sujet. Au discours d’un petit collectif va succéder celui du jeu psychodramatique.
8Celui-ci a pour lieu l’espace central, lequel a pour particularité de l’exposer au su et au vu de tous, alors même que la représentation, comme sa mise en jeu, échappe à la juridiction directe du groupe.
9En effet, seul le praticien y donne accès et l’assistance se fait momentanément public silencieux ; mais, bien sûr, composé d’auditeurs et de spectateurs attentifs.
10La mise en jeu va dès lors appliquer ses ressorts au long de la représentation de l’épisode vécu : scansions de la parole, doublage verbal, interversion des protagonistes de deux places interlocutives, apartés… Autant de moyens propres à ce que nous appellerons la fonction scénique, au service de la parole du sujet. Et ce sont autant de “regards”, de vues transversales, de perspectives, qui s’esquissent ainsi en traversant la représentation proprement dite, favorisant surprises subjectives et effets de sens. Le travail du jeu trouve son terme dans une verbalisation associative autour du point d’arrêt, de souffrance qui vient d’être représenté. Sans tenter de le franchir : la représentation va à l’inverse de l’agir.
11Le praticien passe au discours du jeu pour parer aux défenses groupales ; il revient au discours de l’assistance pour prévenir la capture du protagoniste en sa propre image ; le travail va et vient entre ces deux pôles, comme le sujet ; comme le “Je” lui-même dans sa parole : entre individuation et collectivisation.
12Au moment où nous mettons ce numéro sous presse, nous venons d’apprendre le décès de Serge Gaudé survenu accidentellement le 12 septembre 2005.
La Rédaction de Carnet Psy adresse ses sincères condoléances et sa sympathie à sa famille et à l’Association SEPT.