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Article de revue

Myriam David, passionnée mais paisible

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Myriam David et Françoise Jardin

1Myriam David vient de nous quitter, après avoir consacré sa vie aux jeunes enfants, à leurs parents et aux professionnels qui en ont la charge : les familles d’accueil, les auxiliaires de puériculture, les puéricultrices, les travailleurs sociaux, les pédiatres, les pédopsychiatres. Courageuse, éprise de liberté, passionnée, nous l’avons admirée.

2- Passion pour la médecine, elle se voulait d’abord médecin, c’est-à-dire celui qui entend, qui reconnaît la souffrance et essaye de la soulager.

3- Passion pour un acteur privilégié, le bébé. Son action de pionnière couvre le champ de la clinique, de la recherche, de la formation.

4Une bourse de pédiatrie, au sortir de déportation, lui permit de partir aux USA, sa rencontre avec Kanner lui ouvrit le champ de la pédopsychiatrie, elle décida de s’y consacrer et commença sa formation… Dans le même temps elle commença son expérience analytique.

5Sa pratique clinique concernant la petite enfance s’est effectuée ensuite essentiellement sur l’inter-secteur infanto juvénile du 13e arrondissement. Elle y créa deux Unités de soins :

6- en 1965, le placement familial de Soisy sur Seine, devenu Centre d’action familiale thérapeutique géré par l’Association Santé Mentale.

7- en 1975, l’Unité de Soins Spécialisés pour Jeunes Enfants gérée par la Fondation de Rothschild. Elle souhaitait alors permettre des interventions précoces auprès des jeunes enfants, avant les situations de crises nécessitant des séparations, créer les conditions pour reconnaître précocement les signes de souffrance du bébé, ses modalités défensives, facilitant ou entravant son développement. Cette reconnaissance in statu nascendi pouvant éviter des fixations pathogènes grâce au traitement précoce. Cette Unité accueille les parents et les professionnels impliqués dans le suivi. Son équipe soignante est susceptible d’accompagner la mère, le couple parental et les professionnels qui le demandent.

8- Myriam David fut amenée à mettre en complémentarité les soins parentaux et les soins professionnels “les parents aiment leur enfant parce qu’il est le leur, les professionnels aiment le bébé parce qu’ils le soignent” aimait-elle à dire.

9Si nombre de ses concepts, tel celui des interactions mère-bébé, de l’enfant vide, des carences intra et extra-familiales ont été repris et développés par d’autres auteurs, en particulier dans le cadre de la WAIMH, elle a défendu l’importance du soin direct au bébé. Elle a montré comment les soins corporels donnés avec affection et attention, soins non dénués de technicité, participent à la construction psychique du bébé, à la relation d’attachement, à sa relation d’objet, en bref à la santé mentale du sujet en devenir. (Ses rencontres avec Emmi Pikler et ses collaboratrices de Pikler Loczy de Budapest l’ont confortée dans ce sens).

10Passion pour la formation. Comme tous les grands enseignants reconnus, elle ne cachait pas le plaisir qu’elle y prenait. Dans le cadre des formations organisées par des institutions tels le COPES, l’Association Pikler Loczy de France, la WAIMH et en bien d’autres lieux, elle aimait commenter des moments de vie partagés par un de ses collaborateurs auprès du jeune enfant et de ses parents pour en dégager un enseignement qui lui était propre, loin de tout esprit de chapelle… Courageuse, ses divers engagements connus en témoignent. Elle entra dans la résistance à la fin de ses études de médecine, elle vécut dans la clandestinité durant un an avant d’être enfermée à Drancy, prélude à des mois de déportation dont elle revint. De cette expérience peu commentée, elle dégagea une connaissance de l’humain, et des conditions nécessaires à la vie.

11Eprise de liberté, elle a mis tous ses jours et tous ses instants au service d’un seul objectif : développer, dès la naissance pour le petit humain qui naît dépendant, des moyens d’acquérir une confiance dans ses compétences évolutives et son espace de liberté. Derrière sa force et sa passion se cachaient des réserves de tendresse qu’elle dispensait discrètement, et des réserves d’émotion qu’elle savait faire partager lorsque des marques de reconnaissance lui étaient manifestées. Myriam était passionnée mais paisible. Elle sera pour nous toujours présente.

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