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Article de revue

Le parcours des jeunes en institution : une question dépassée ?

Pages 158 à 164

Notes

  • [*]
    Hélène Chéronnet est sociologue, chercheure à l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (enpjj), membre du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques (clersé, umr 8019 cnrs, université de Lille 1). Elle est responsable d’une recherche pluridisciplinaire intitulée Parcours de jeunes sous main de justice et carrières délinquantes.
  • [1]
    La formation au sein de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse est assurée par le service de la formation et de la coopération internationale. Ce dernier est représenté au sein du site central situé à Roubaix de deux pôles : pôle de la formation statutaire et de la coopération internationale ; pôle de la formation continue. À ces deux pôles s’ajoutent neuf pôles territoriaux de formation présents dans les différentes inter-régions. [n.d.l.r.]
  • [2]
    Note d’orientation de la Protection judiciaire de la jeunesse du 30 septembre 2014.
  • [3]
    « Parcours institutionnel des mineurs : entre ruptures et continuités », les 25 et 26 septembre 2014 à Sausset-les-Pins.
  • [4]
    Hélène Chéronnet, « Parcours de jeunes et instituions : les apports de la recherche pour penser l’accompagnement », enpjj/clerse.
    Isabelle Frechon « Trajectoire de prise en charge des jeunes protégés ». Chargée de recherche au laboratoire printemps (cnrs), chercheure associée à l’ined.
    Ludovic Jamet, « Continuité et discontinuité. Réflexion sur la nécessaire coordination entre les services éducatifs ». Post-doctorant au laboratoire printemps.
  • [5]
    C’est-à-dire un cadre où ces jeunes ne peuvent expérimenter des prises de distance par rapport au foyer familial et doivent parvenir à une autonomie pleine et entière à 18 ans au plus à 21 ans. Robin, Pierrine. Séverac, Nadège, « Parcours de vie des enfants et des jeunes relevant du dispositif de protection de l’enfance : les paradoxes d’une biographie sous injonction », Recherches familiales, 2013 /1 n° 10, p. 91-102.
  • [6]
    Parcours de jeunes sous main de justice et carrières délinquantes. Ce projet de recherche est piloté par Hélène Chéronnet [n.d.l.r.].

1Les 25 et 26 septembre 2014, chercheurs, formateurs, acteurs de la protection de l’enfance, se retrouvaient le temps d’un colloque au sein du pôle territorial de formation sud-est de l’enpjj, pour échanger autour de la question des parcours des jeunes en institutions. Au-delà d’un événement scientifique, l’existence de ce colloque est surtout l’illustration d’un travail de longue haleine, débuté en 2013, et de collaborations qui par leur richesse permettent d’éclairer une thématique centrale et exigeante.

2D’un point de vue historique, on constate que la question du parcours des jeunes en institution et hors les murs n’est pas nouvelle. Dès lors que les politiques publiques, et notamment l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante et fondée sur les principes d’éducabilité du jeune délinquant, se préoccupent de sa réinsertion, les professionnels de l’éducation s’interrogent sur les modalités possibles de la « fabrication de ce parcours » et surtout sur les conditions de sa cohérence.

3Dans le travail social, les différentes dispositions législatives et réglementaires ont introduit, au début des années 1980, la notion d’individualisation de l’accompagnement. La notion de projet personnalisé cristallise ce passage d’une logique de filière à une logique de service à la personne.

4De même, dès les années 1980, les textes produits par l’Éducation surveillée affirment la nécessité de travailler avec l’ensemble des partenaires et une circulaire vient consacrer tout l’intérêt de la territorialisation de cette action éducative. L’esprit est déjà celui du travail en réseau. Il s’agit alors de rassembler des professionnels pour participer à l’action et au suivi de la situation plus que de se focaliser seuls sur des « cas difficiles ».

5Idéalement, il est question de réinsérer le jeune délinquant en s’appuyant sur les ressources de l’environnement social et sur la collaboration des différents établissements ou services concourant à l’action éducative.

6La question du parcours est renouvelée par les nouvelles orientations des politiques publiques, tant en ce qui concerne le droit des usagers, avec la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médicosociale, que du point de vue de la territorialisation des politiques publiques, nouveau mode de régulation censé garantir leur performance.

7Le décret du 26 novembre 2004 relatif au document individuel de prise en charge concrétise la notion d’individualisation du parcours en introduisant la nécessité d’une contractualisation plus ou moins nuancée selon le statut de l’établissement concerné.

8Dans le même esprit, les référentiels des politiques sociales promeuvent le modèle de la médiation. Il s’agit, pour les travailleurs sociaux, de trouver une juste correspondance entre une norme générale et une situation particulière. C’est-à-dire qu’il est question de développer d’autres modalités d’accompagnement où les différentes institutions sont envisagées comme autant d’appuis et de moyens proposés à une personne pour l’aider à s’en sortir.

9La territorialisation des politiques publiques (y compris celle de Protection judiciaire de la jeunesse - pjj) consacre la notion de territoire pertinent. À la pjj, le territoire représente l’échelon où se met en œuvre une politique de prévention de la délinquance et de justice pénale juvénile. L’objectif est, entre autres, de proposer une « offre » et des supports d’éducation et de sanction, suffisamment diversifiés, pour permettre la construction de parcours qui concourent à l’insertion sociale de jeunes délinquants.

10Dans l’ensemble du secteur de la protection de l’enfance, cette philosophie de l’accompagnement a eu de la difficulté à se mettre en œuvre car les institutions peuvent aussi fonctionner pour reproduire leurs propres buts. Mais on peut également observer la réticence des professionnels pour qui la lecture des missions était parfois aléatoire et l’identité incertaine. Pour partager avec d’autres, il faut en effet d’abord pouvoir se définir.

11La recherche de la performance, le retour des institutions sur leur cœur de mission peuvent aussi entrer en tension avec la cohérence du parcours. On peut interroger les effets d’une logique de service et d’un travail social utile centré sur la réponse à un problème, et les effets de segmentation des réponses apportées au jeune et à sa famille.

Quand recherche, préoccupations des acteurs de terrain et orientations nationales de la Protection judiciaire de la jeunesse se rencontrent

12En 2013, le service de la recherche et de la documentation de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (srd-enpjj) a mis ces questions au travail en proposant aux chercheurs, formateurs et professionnels de terrain, un séminaire intitulé « Parcours de jeunes et institutions :  Individualisation de l’accompagnement, segmentation des institutions, cohérence des parcours ? ». Des chercheurs de disciplines différentes y ont communiqué sur leurs travaux et des séances de travail ont été ensuite organisées avec des formateurs. Le but était alors de partager une appropriation des résultats de recherches et d’en dégager, le cas échéant, des thèmes de formation.

13La même année, le pôle territorial de formation sud-est (ptf  [1]) inscrit la question du parcours des jeunes dans le plan de formation 2014 et le pôle est chargé, en concertation avec la direction interrégionale sud-est (dir-se), d’organiser une action de formation sur ce thème. Pour la directrice du ptf, les nombreux acteurs de la protection de l’enfance (État, autorité judicaire, collectivités locales, associations…) disposent chacun de leur champ de compétences et la vigilance est nécessaire pour éviter le risque du cloisonnement des pratiques. Ce, d’autant plus que ces acteurs sont liés par le développement de l’adolescent fragile et parfois transgressif qu’il faut conduire vers l’âge adulte. Construire des articulations, un maillage capable de fluidifier le parcours tout au long de la prise en charge, est une condition de la réussite de la mission. Les complémentarités doivent nécessairement exister en interne, entre les services de la pjj (milieu ouvert socle de l’intervention éducative globale, placement judiciaire et activité de jour dans un accompagnement de proximité), et avec les partenaires externes (protection administrative ou judicaire, détention, insertion scolaire et socioprofessionnelle). Les apports du séminaire du srd ont montré toutefois qu’il peut exister des freins à cette collaboration. Sans être exhaustif, on peut citer :

  • la question de la territorialisation : comment est déclinée la politique publique de justice des mineurs sur le territoire ? Quels sont les modes de collaboration entre les différentes institutions, les antagonismes historiques ? Comment se confrontent-ils avec la notion de territoire pertinent ?
  • La question des missions et des buts poursuivis par les institutions. Ce volet concerne à la fois la notion de connaissance et de représentations réciproques, mais également les valeurs défendues par chacune des instances : qu’est-ce qu’accompagner un jeune sous main de justice ?
  • La question des identités et des clivages professionnels : qu’est-ce qui relève de ma profession ? Qu’est-ce que, dans l’accompagnement, je considère comme prestigieux, comme « le sale boulot » ?
  • La question des temps de prise en charge : ceux-ci se restreignant, comment penser l’accompagnement en coopération avec les autres partenaires ? Comment anticiper la fin de la prise en charge ?

14Ces réflexions et ces axes de travail viennent rencontrer les orientations de la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse en faveur de pratiques garantissant la continuité des parcours des jeunes  [2].

Construire un colloque : un lieu pour partager les savoirs

15Mobilisant les apports du séminaire « Parcours de jeunes et institutions », le service de la formation et de la coopération internationale de l’enpjj, via les formateurs du ptf sud-est, la direction des ressources humaines de la dir-se et la chercheure en sociologie du service de la recherche et de la documentation de l’enpjj ont travaillé ensemble pour construire un colloque qui s’est déroulé en septembre 2014  [3]. Il s’agissait de mieux comprendre comment se décline la question du parcours de mineurs sous main de justice sur le territoire sud-est. Il a eu pour objectif de réunir les institutions et les professionnels engagés dans la mise en œuvre du parcours institutionnel du mineur (pjj, secteur associatif, magistrats, conseils généraux, acteurs de la santé, principaux de collèges, professionnels de l’insertion, etc.) autour d’une réflexion, nourrie par le croisement des savoirs, pour dépasser les représentations, favoriser les articulations et identifier des axes de formation ciblés au bénéfice des acteurs du parcours.

16Des réunions de travail, sous la responsabilité de la directrice du ptf, ont eu lieu avec la directrice ajointe des ressources humaines de la dir, les formateurs des ptf et la chercheure en sociologie pour élaborer le contenu de ce colloque et ce, à partir d’une analyse croisée de situations professionnelles, relevées par les formateurs lors de stages de formation, ou de suivi d’éducateurs sur l’établissement ou service de pré-affectation.

17Il a été convenu d’aborder la question du parcours institutionnel du mineur à travers trois conférences  [4] (deux sociologues, une socio-démographe). Ce parcours a également été décomposé sous l’angle de cinq ateliers :

  • l’arrivée du mineur et l’intégration de sa trajectoire institutionnelle dès le début de la prise en charge : il s’agissait d’identifier les modalités selon lesquelles s’organise l’arrivée du mineur dans la structure (placement, milieu ouvert, protection administrative, etc.) ;
  • les modalités de l’accompagnement : il était ici question d’examiner l’articulation entre le projet de fonctionnement de l’unité et le projet personnalisé du jeune. L’atelier visait aussi à identifier les outils de l’accompagnement et les modalités relatives à la mobilisation des ressources externes et internes ;
  • les acteurs du parcours institutionnels : Qui sont-ils ? Quelles sont leurs missions ? Quelles sont les modalités selon lesquelles ils peuvent s’articuler ou non, dans le cadre de la protection de l’enfance, au service des besoins d’un jeune et de son parcours institutionnel ?
  • l’association de la famille au projet du jeune : Que recouvre la notion de « travail avec les familles » pour chacun des professionnels des structures ? De quelle manière les services associent-ils la famille au parcours du jeune ?
  • la fin de la prise en charge et la mobilisation des relais : la fin de la prise en charge est-elle anticipée ? Comment s’opère-t-elle concrètement ? Quels sont les relais possibles ? Comment sont-ils mobilisés par les professionnels et selon quelle(s) articulation(s) ?

18Les ateliers ont été animés conjointement par un formateur du ptf et un responsable d’unité éducative du territoire. Ils ont accueilli des professionnels des différents services et des partenaires extérieurs.

Les apports du colloque

19Ouvert par le chef du bureau des méthodes et de l’action éducative de la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, la directrice interrégionale sud-est et par le directeur adjoint de l’enpjj, ce colloque a incarné, sur le plan politique, une prise en compte des orientations nationales de l’administration.

20Mais au-delà, avec le support des communications des chercheurs, il a permis de mettre en évidence, notamment avec la socio-démographie, des parcours type, de questionner, à l’aune des travaux sociologiques, les interstices de l’accompagnement et de réfléchir sur ce que Pierrine Robin et Nadège Séverac appellent, pour les jeunes de l’Aide sociale à l’enfance, « l’autonomie dans un cadre contraint  [5] ».

21Ce colloque a aussi offert un espace pour se connaître entre professionnels des différents services de la pjj et acteurs extérieurs concourant à la protection de l’enfance. Les échanges, relatifs aux pratiques d’accompagnement de jeunes sous main de justice, ont contribué à l’élaboration d’une analyse réflexive. Des thèmes spécifiques ont été abordés. Sans être exhaustifs, on peut citer la cohérence des projets (sepm, milieu ouvert) au profit du jeune incarcéré en établissement pénitentiaire pour mineur. La question du parcours des mineurs isolés étrangers a également retenu l’attention des professionnels. Comment organiser le relais entre les services du conseil général et les dispositifs de droit commun quand le suivi de ces jeunes ne relève plus de la justice pénale ?

22Ce colloque a été l’occasion de discuter les tensions existantes entre l’aspect structurant de l’accompagnement dans un cadre collectif et l’individualisation de la prise en charge ; également entre la rencontre avec un être singulier, les protocoles et les outils. Si ces derniers favorisent l’égalité de traitement en modulant l’interpersonnel, ils peuvent, selon les professionnels, également nuire à l’accompagnement en proposant une rencontre trop formatée voire standardisée.

23Pour les professionnels, la question du parcours reste une alchimie complexe concrétisant la rencontre des subjectivités. La charge émotionnelle ne serait pas la même en fonction du lieu où s’incarne l’exercice professionnel. Elle vient rencontrer la subjectivité d’un jeune qui peut parfois ne peut pas se reconnaître dans les orientations proposées et par conséquent ne pas s’y investir. Si l’époque de « ne rien vouloir dire d’un jeune », au nom du colloque singulier, paraît révolue, « vouloir tout en savoir » n’est pas encore une période advenue. Comme le disait le chef du bureau des méthodes de l’action éducative, à l’ouverture de ce colloque, œuvrer à la cohérence des parcours ne veut pas dire intervenir de façon totalisante pour enfermer un jeune dans les mailles du filet des différents services et institutions. Les professionnels savent bien qu’un jeune peut être aussi « là où on ne l’attend pas ». C’est ce qui fait dire à un éducateur d’uemo « qu’il faut toujours avoir une solution d’avance » pour soutenir la continuité de l’accompagnement.

24Étudiant les trajectoires de jeunes « en risque de danger », placés à l’Aide sociale à l’enfance, Pierrine Robin et Nadège Séverac constatent que les jeunes qui parviennent à avoir une représentation construite de leur propre histoire sont ceux qui ont pu trouver un espace de réflexivité dans le placement. Ceci nécessite un lien de confiance intense avec un « autrui significatif » et un espace de dialogue entre les différents acteurs.

25La réflexion, ainsi amorcée, se poursuit dans le cadre d’un projet de recherche validé par la dpjj  [6]. Il y sera question d’observer la circulation des jeunes dans les établissements ou services de la PJJ ou du secteur associatif habilité selon trois dimensions : le processus pénal, le parcours du jeune, la carrière délinquante. On cherchera à identifier des moments clés relatifs à la rupture de l’accompagnement ou a contrario des facteurs favorisant la continuité. Ce, en lien avec la politique et l’offre de service d’un territoire. On observera les corrélations entre les actes et les décisions de justice et les parcours des jeunes pour établir des parcours types. L’objectif de la recherche étant aussi de pouvoir dégager des pistes heuristiques pour l’accompagnement de jeunes aux trajectoires accidentés et/ou morcelées.

Notes

  • [*]
    Hélène Chéronnet est sociologue, chercheure à l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (enpjj), membre du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques (clersé, umr 8019 cnrs, université de Lille 1). Elle est responsable d’une recherche pluridisciplinaire intitulée Parcours de jeunes sous main de justice et carrières délinquantes.
  • [1]
    La formation au sein de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse est assurée par le service de la formation et de la coopération internationale. Ce dernier est représenté au sein du site central situé à Roubaix de deux pôles : pôle de la formation statutaire et de la coopération internationale ; pôle de la formation continue. À ces deux pôles s’ajoutent neuf pôles territoriaux de formation présents dans les différentes inter-régions. [n.d.l.r.]
  • [2]
    Note d’orientation de la Protection judiciaire de la jeunesse du 30 septembre 2014.
  • [3]
    « Parcours institutionnel des mineurs : entre ruptures et continuités », les 25 et 26 septembre 2014 à Sausset-les-Pins.
  • [4]
    Hélène Chéronnet, « Parcours de jeunes et instituions : les apports de la recherche pour penser l’accompagnement », enpjj/clerse.
    Isabelle Frechon « Trajectoire de prise en charge des jeunes protégés ». Chargée de recherche au laboratoire printemps (cnrs), chercheure associée à l’ined.
    Ludovic Jamet, « Continuité et discontinuité. Réflexion sur la nécessaire coordination entre les services éducatifs ». Post-doctorant au laboratoire printemps.
  • [5]
    C’est-à-dire un cadre où ces jeunes ne peuvent expérimenter des prises de distance par rapport au foyer familial et doivent parvenir à une autonomie pleine et entière à 18 ans au plus à 21 ans. Robin, Pierrine. Séverac, Nadège, « Parcours de vie des enfants et des jeunes relevant du dispositif de protection de l’enfance : les paradoxes d’une biographie sous injonction », Recherches familiales, 2013 /1 n° 10, p. 91-102.
  • [6]
    Parcours de jeunes sous main de justice et carrières délinquantes. Ce projet de recherche est piloté par Hélène Chéronnet [n.d.l.r.].
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