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Article de revue

« Les rendre odieux dans tous les pays Arabes » : La France et la famine au Liban 1914-1918

Pages 33 à 47

Notes

  • [*]
    Originaire de Caroline du Nord, Graham Auman Pitts est en train d’achever une thèse de doctorat sur le Liban contemporain à la Faculté d’histoire de Georgetown University (Washington, D.C., États-Unis).
  • [1]
    Bulletin du Comité de l’Asie française, « La famine du Liban et l’assistance française aux Libanais pendant la Grande Guerre (1915-1919) », février 1922.
  • [2]
    Voir Introduction (Ndlr).
  • [3]
    Le Mont-Liban jouissait jusque-là d’un statut d’autonomie administrative au sein de l’Empire ottoman (Ndlr).
  • [4]
    Beyrouth fut la capitale d’une autre province après 1888, mais elle restait entourée de tous côtés par la province autonome du Mont-Liban.
  • [5]
    Yūsuf Al-Hakīm, Bayrūt wa-Lubnān fī ‘ahd Āl ‘Uthmān, Beyrouth, 1964, p. 233.
  • [6]
    Al-Ittihad al-Uthmani, 21 novembre 1914.
  • [7]
    Centre des archives diplomatiques de Nantes (CADN) Constantinople Ambassade 275 : Ottavi à Bompard, 29 septembre 1914.
  • [8]
    CADN Constantinople Ambassade 275 : Ottavi à Bompard, 29 août 1914 ; MAE : SG 868 : Defrance à Declassé, 24 avril 1915.
  • [9]
    Jam‘īyat al-Mursalīn al-Būlusīyīn, Société des Missionnaires de Saint Paul, Harissa, Liban Sijil al-Yawmiyyat (Registre quotidien).
  • [10]
    Başbakanlık Osmanlı Arşivi (BoA), }MTZ-CL 7/294, n° 2 : Ohannes Paşa à Bab-ı Ali, 19 Nisan 1331 (2 mai 1915).
  • [11]
    BoA : DH. ŞFR 471/105, Şam Valisi (Gouverneur de Damas) à Dahiliyye Nazaretine (Ministère de l’Intérieur) 4 Mayis 1331 (17 mai 1915).
  • [12]
    Harissa, juillet 1916.
  • [13]
    Archives du Patriarcat maronite, Bkerké, Liban (Bkerké), Dossier Elias Huwwayik 32/270.
  • [14]
    MAE, Série Guerre 873, Defrance au ministère des Affaires étrangères, 25 mai 1916.
  • [15]
    MAE, Série Guerre 873 : François Georges-Picot, memorandum, 26 juillet 1916.
  • [16]
    MAE, Série Guerre 873 : Bertie (Ambassade britannique, Paris) à Margerie, 2 juin 1916.
  • [17]
    Ibid.
  • [18]
    MAE, Série Guerre 874 : Defrance au MAE, 29 septembre 1916.
  • [19]
    National Archives and Records Administration (NARA), Archives du Département d’État relatives aux affaires internes de Turquie, 1910-29, Microcopie n°. 353, rouleau 52, Garrels, Consul (Alexandrie) au Secrétaire d’État, 29 janvier 1917.
  • [20]
    Le gouvernement britannique annonça son intention de lancer une offensive contre Al-Arish en janvier, et encouragea la participation française, MAE, Série Guerre 874 : De la Panouse (attaché militaire, Londres) au major Général français, 6 octobre 1916.
  • [21]
    MAE, Série Guerre 874 : Margerie [MAE] à Washington, 25 septembre 1916.
  • [22]
    Archives nationales britanniques, FO 372/1273 : Harmsworth à l’Amirauté, 26 février 1919.
  • [23]
    MAE, E-Levant 59 : Coulondre au MAE, 29 octobre 1918.
  • [24]
    Voir AUB : L’Asie française, « La Famine du Liban », 1922.
  • [25]
    MAE, E Levant 59 : Georges-Picot au MAE, 18 décembre 1918.
  • [26]
    MAE, E-Levant 59 : Georges-Picot au MAE, 4 mars 1919.
  • [27]
    MAE, E-Levant 59 : Feer au MAE, 7 mai 1919. Plusieurs navires de secours étaient arrivés de Marseille dans l’intervalle : le Bosphore le 28 février, le Waldeck Rousseau le 17 mars, l’Ispahan le 20 mars et le San-Antao le 29 mars. En outre, les autorités françaises trouvèrent du blé localement à Alexandrette, Lattaquié et dans le Hauran. Les autorités britanniques avaient également livré des céréales à Beyrouth. MAE, E-Levant 59 : Picot à Pichon, 7 juillet 1919.
  • [28]
    MAE, E- Levant 5 : Goussen à Picot, 25 novembre 1918 ; Picot au MAE, 4 décembre 1918.
  • [29]
    La pétition a finalement été distribuée aux délégués français à la Conférence de la paix en février 1919. MAE, E-Levant 5 : Conseil Administratif du Liban, pétition, 19 décembre 1918.
  • [30]
    MAE, E-Levant 5. Georges-Picot à Pichon 22 novembre 1918.
  • [31]
    USEK, YS-12L-032 (-e) : Sarhan al-Khoury to Yusuf al-Sawda, 8 September 1920.
  • [32]
    La revue phénicienne, 1919.

1En ratio par habitant, le Liban a souffert un taux de décès plus élevé que toute autre nation pendant la Première Guerre mondiale. Un Libanais sur trois, soit 150 000 âmes environ, n’a pas survécu à la guerre. La famine et les maladies qui en ont découlé ont ravagé le pays entre 1915 et 1918, jusqu’à ce que l’armée française arrive pour mettre fin à la pénurie céréalière en octobre 1918. Or, le rôle du gouvernement français dans cette tragédie reste encore largement méconnu.

2Après la fin de la Première Guerre mondiale, la propagande impérialiste française nia jusqu’à la participation de la France au blocus des territoires ottomans en Méditerranée orientale, y compris au Liban. Les diplomates britanniques, quant à eux, insinuèrent que la marine française en avait été seule responsable, affirmant que leurs dirigeants avaient perçu le blocus comme un handicap politique potentiel au moment où les puissances française et britannique tentaient de coloniser le Moyen-Orient. Un article paru en 1922 dans la revue colonialiste du Comité de l’Asie française suggéra que c’était la marine ottomane qui avait mené le blocus de la côte, et non l’Entente : « Plus de ravitaillement par la mer, surveillée par la flotte et les sous-marins turco-boches, plus de ravitaillement par voie de terre, partout gardée par des troupes. » Le discours français d’après-guerre laissa ainsi entendre que l’Empire ottoman avait eu l’intention d’affamer la population libanaise, assimilant le traitement des Libanais à celui des Arméniens : « […] de même qu’Arméniens et Assyro-Chaldéens ont été massacrés de la manière la plus barbare par les Germano-Turcs – méthode allemande, travail turc […], de même aussi les Libanais ont été traités par eux sans la moindre pitié.[1] » Cet empressement à occulter la participation française au blocus, et à réécrire l’histoire en ce sens, révèle le malaise suscité chez les Français par un blocus qu’ils ont maintenu tout au long de la guerre, en dépit de la famine provoquée chez leurs « alliés » libanais.

3Créé dans ses frontières actuelles par la France à l’issue de la Première Guerre mondiale [2], le Liban entretenait avec elle des liens dont les racines remontaient à plusieurs siècles. La plus grande industrie du Liban était la production de soie, exportée principalement à Lyon, et les Jésuites avaient établi leur présence dans le pays dès le XVIIe siècle, tandis que l’Empire français avait entretenu de bonnes relations avec les maronites catholiques, considérés comme un avant-poste de son influence au Levant depuis au moins les années 1840. Chez les partisans du colonialisme français, François Georges-Picot, consul à Beyrouth, était considéré comme le principal expert de la Syrie dans son ensemble, y compris et surtout du Liban. Avant le déclenchement de la guerre en novembre 1914, il avait tenté d’organiser une révolte contre l’autorité ottomane. Ses activités, et ce qui était perçu comme un rapprochement politique du Liban avec les impérialistes français, déplaisaient à Istanbul : aux yeux d’une élite jeune-turque ottomane se préparant à la guerre contre la France, les Libanais apparaissaient comme une population déloyale.

4Le Liban a beaucoup souffert pendant la guerre et la France n’a pas été en mesure d’y étendre la protection qu’elle avait toujours promise à ses « clients ». Le Mont-Liban était devenu une province autonome de l’Empire ottoman en 1861 – entre toutes les grandes puissances européennes, c’était la France qui était garante de ces privilèges libanais. Or, l’autonomie du pays agaçait les nationalistes turcs ; c’était l’une des « capitulations » considérées par la souveraineté ottomane comme un symbole d’impuissance face aux empires français et britannique. La Première Guerre mondiale et la rupture des relations diplomatiques avec la France ont offert aux Turcs la possibilité d’occuper le Liban et de mettre fin aux avantages dont il bénéficiait sous la protection française. La peur de représailles, voire de massacres, régnait dans le Mont-Liban [3]. Toutefois, l’occupation du Liban commença sans incident significatif en novembre 1914.

5Alors que les troupes ottomanes déferlaient depuis l’est sur les montagnes libanaises, les marines française et britannique commencèrent à imposer un blocus de la côte à l’ouest. Leurs gouvernements n’avaient jamais eu l’intention de cibler le Liban par ce blocus – Georges-Picot passe la guerre à supplier Paris d’intervenir au Liban pour soulager les souffrances qu’il engendre. La politique de blocus, pensée par le gouvernement britannique dès 1912, visait au contraire à affamer l’Allemagne pour la faire sortir de la guerre. En définitive, ce plan a porté ses fruits, l’Allemagne s’étant effectivement rendue lorsque sa population fut affamée, à l’automne 1918. Mais le blocus n’était pas supposé mettre aussi longtemps à aboutir, ni avoir pour effet les plus terribles ravages sur les populations ottomanes, en particulier les Libanais qui étaient des alliés manifestes de l’Entente. Néanmoins, les gouvernements britannique et français trouvèrent a posteriori dans ces famines de guerre une opportunité politique. Malgré le rôle qu’avait joué leur blocus, ils espéraient rejeter sur les Ottomans la responsabilité de la pénurie de blé. En 1916, les autorités françaises n’avaient ainsi aucune intention de laisser passer une mission de secours américaine ; le ministère français des Affaires étrangères espérait cependant que l’échec de la mission pourrait être reproché aux « Turcs » : « nous pourrions les rendre odieux dans tous les pays arabes. »

6Cette politique porta en fin de compte ses fruits. Le désespoir des habitants facilita la mise en place du colonialisme français entre 1918 et 1920. De fidèles sujets ottomans avaient perdu patience face au gouvernement d’Istanbul : après quatre ans de désolation, leur loyauté avait cédé. En 1916, par ses accords secrets avec le diplomate britannique Mark Sykes, François Georges-Picot avait contribué à préparer l’ordre colonial de l’après-guerre ; il dressa également des plans minutieux pour assurer au Liban un approvisionnement régulier en blé. Nous nous intéresserons ici à la manière dont la France et son représentant Georges-Picot ont fondé la légitimité de leur présence au Liban sur la distribution de pain à une population affamée, tirant ainsi parti de leur propre politique de blocus et de la souffrance de leurs « alliés ». Les nationalistes libanais, dirigés par le patriarche maronite, exploitèrent de leur côté les exigences françaises pour maximiser leurs gains territoriaux à la conférence de Paix de Paris en 1919.

7La pénurie s’installa à Beyrouth et au Mont-Liban dès l’entrée de l’Empire ottoman dans la guerre, en novembre 1914. L’arrêt d’un commerce fortement tributaire des échanges en Méditerranée, et en particulier de l’exportation de la soie vers les usines lyonnaises, mit en péril les moyens de subsistance de toute la population. Au printemps de 1915, la disette devint famine, les classes les plus pauvres n’ayant pu acheter de pain durant plusieurs mois – le pain devait rester une denrée rare tant que les gouvernements belligérants privilégiaient, dans les deux camps, leurs efforts de guerre respectifs au détriment du bien-être des civils. L’armée ottomane réservait ainsi jalousement ses provisions pour elle-même, et l’Entente empêchait toute importation. C’était le règne de la maladie et de la faim, et la famine toucha tous les habitants de la région, excepté les plus riches. Bien loin des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, la guerre a donc infligé une violence considérable à la province autonome du Liban et à la ville portuaire qui, en temps de paix, la reliait au reste du monde : Beyrouth [4].

8Georges-Picot quitta Beyrouth le 2 novembre 1914, juste au moment où la France et l’Empire ottoman avaient ouvert les hostilités. Avant de monter dans un bateau à vapeur à destination d’Alexandrie, en Égypte, il lança à ses connaissances : « À dans deux semaines ![5] » Soit il ne s’attendait pas à ce que la guerre durât très longtemps, soit il supposait que la France avait prévu un débarquement sur la côte, soit encore il espérait, tout comme d’autres membres du corps diplomatique, que les Libanais se soulèveraient pour soutenir l’Entente. Georges-Picot avait d’ailleurs caché ses papiers personnels derrière un faux mur, dans l’espoir de les récupérer à son retour. Mais la guerre s’éternisa. L’appareil de renseignement de l’armée ottomane finit par abattre le faux mur, ouvrir ses boîtes de correspondance et identifier les Libanais qui avaient collaboré avec les diplomates français dans l’objectif d’une indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman parrainée par la France.

9Trente-trois de ceux qui furent reconnus par l’administration de guerre ottomane coupables de collusion avec le consulat français finirent au bout d’une corde ; ils sont devenus les « martyrs du Liban », commémorés par une statue au centre-ville de Beyrouth. Aucun monument au Liban ne commémore en revanche les 150 000 victimes de la famine.

10Lorsqu’il fut clair que la guerre serait longue, il parut évident à Picot que le Liban était menacé par l’arrêt prolongé du commerce. Il savait combien le pays dépendait des importations de céréales. Depuis quelques temps, il rappelait avec insistance à Paris que la prospérité tirée par le pays du commerce de la soie était moribonde. Les fonds que les émigrés envoyaient des Amériques à leurs proches représentaient une plus grande source de revenus pour les Libanais que la production et la vente de soie brute. Or, en l’absence de banques internationales pour encaisser ces chèques, les transferts de fonds avaient pratiquement cessé. En novembre 1914, il était déjà manifeste que la pénurie constituerait un défi de taille : la « question du blé » était le « principal sujet de discussion en ville (shughul al-Madina al-shāghil) […] Personne ne parle de rien d’autre », selon le principal quotidien de Beyrouth, Al-Ittihad al-Uthmani (l’Union ottomane). [6]

11Inquiet de la loyauté de la population côtière chrétienne comme musulmane, le commandant des forces ottomanes pour l’ensemble de la Syrie, Jamal Pacha, limita les expéditions de grain vers la côte depuis les districts syriens de l’intérieur, producteurs de céréales. Il avait visiblement intercepté les télégrammes de diplomates français plaidant pour une intervention. Le consul de France à Damas pensait qu’il ne fallait « pas laisser à d’autres le privilège d’avoir donné seuls aux Montagnards l’appui qu’ils ont toujours attendu de la France », et faisait remarquer que le consul de Grèce avait prévu de fournir 10 000 fusils en vue d’une révolte [7]. Georges-Picot lui aussi plaida tout au long de la guerre en faveur d’une intervention alliée, mais Paris et Londres n’envisagèrent jamais sérieusement de détourner des ressources pour soustraire la Syrie et le Liban à la domination ottomane en lançant un débarquement. La réponse de Jamal Pacha et de l’armée ottomane à la menace fantôme décrite dans la correspondance des diplomates locaux fut de limiter les expéditions de céréales pour empêcher l’accumulation de stocks qui pouvaient être utilisés par une population en révolte, ou par une force d’invasion de l’Entente [8].

12Le chaos s’ensuivit dans le fonctionnement des marchés céréaliers : il était impossible pour la population d’importer des céréales par voie maritime à cause du blocus, et le grain provenant de l’intérieur demeurait insuffisant. Au printemps 1915, la faim extrême était déjà devenue une réalité de la vie quotidienne à Beyrouth et au Mont-Liban, lorsqu’une invasion catastrophique de criquets survint à la fin du mois d’avril, « si épaisse qu’on pouvait à peine marcher[9]. » Les sauterelles endommagèrent les cultures et accrurent la panique sur le marché des céréales ; ces dernières n’étaient plus ouvertement disponibles à la vente. Désormais, des relations bien placées et de grosses sommes d’argent étaient les deux seuls moyens d’accès à la farine ou au pain. L’administration ottomane, bien qu’informée de la question [10], refusait de détourner des ressources utiles à son effort de guerre, ou n’était pas en mesure de contrôler les politiciens locaux qui exploitaient le goulot d’étranglement de la distribution de grain pour tirer profit de la crise [11].

13En été 1916, une famine massive commençait à frapper les districts centraux du Mont-Liban, où un abbé signalait que dans les villages adjacents à son monastère, les habitants mouraient, « non par dizaines, mais par centaines[12]. » Il rejetait la responsabilité de la tragédie sur les profiteurs de guerre, chez les marchands et dans le haut clergé, qui vendaient le grain reçu de l’administration ottomane et destiné à être distribué gratuitement – Jamal Pacha avait en effet chargé des notables et des membres du clergé libanais de distribuer les secours. Beaucoup de ceux à qui avait été confiée ladite répartition avaient fidèlement exécuté cette tâche – comme le patriarche maronite – mais d’autres au contraire, cibles de la critique de l’abbé, avaient effectivement vendu les céréales en question. Jamal Pacha avait reconnu le problème et tenté d’y remédier en cooptant les réseaux de pouvoir déjà existants.

14Les conséquences de la pénurie de céréales et de l’échec de l’aide alimentaire ottomane furent dévastatrices. La famine se poursuivit jusqu’à la fin de la guerre ; elle fut à peine atténuée par la récolte de céréales correcte de 1917 et la diminution de la pression démographique – l’hécatombe liée à la famine réduisant le nombre de bouches à nourrir. En mars 1917, deux prêtres chargés par le patriarche maronite de distribuer des céréales et de l’argent aux nécessiteux visitèrent les villages du nord du Liban. Leur mission était, à chaque étape, de célébrer la messe, entendre les confessions, distribuer de la farine et de l’argent, et évaluer les dégâts causés par la famine au cours des trois années précédentes. Le 7 mars 1917, ils atteignirent l’un des plus hauts villages du Liban, Tannourine, où ils trouvèrent des villageois espérant effectuer une confession abrégée. Ils étaient, selon le rapport des prêtres :

15

[…] arrivés aux portes de l’éternité en raison de l’extrême pénurie […], du terme brutal apporté à leurs sources de prospérité, et du décès de beaucoup d’entre eux, morts de faim et de maladies infectieuses telles que la variole, le typhus, la dysenterie et la fièvre pouilleuse. Nous essayâmes de déterminer le nombre de pauvres démunis, qui atteignait 800 personnes manquant d’approvisionnement quotidien, quand d’un coup nous apparut la moitié [de ce nombre] et la réalité nous frappa et nous coupa la parole, parce que nous avions vu les pauvres dans leur misérable multitude et leur état désespéré… debout dans la pluie verglaçante et les vents de tempête… [ce] qui peine le cœur, surtout la vue des silhouettes nues parmi eux… nous réconfortâmes les malades, offrîmes nos condoléances mais, en raison de la misère qui les engloutit, leurs oreilles n’entendent pas, leurs yeux ne peuvent voir, et leurs cœurs ne comprendront pas[13].

16Les prêtres estimèrent qu’un tiers de la population du district (environ 3 000 personnes avant la guerre) avait péri. L’expérience de Tannourine résume plus généralement celle du Liban au cours de la guerre, en termes de nombre de morts et de causes de décès : l’arrêt du commerce en raison de la guerre, la famine et les maladies qui s’ensuivirent et plongèrent un grand nombre de personnes dans une agonie horrible et prolongée.

17En mai 1916, l’administration française connaissait bien les conditions auxquelles étaient confrontés les Libanais. Leur envoyé au Caire, Defrance, alerta Paris de « nouvelles de plus en plus alarmantes » dans lesquelles il détaillait l’état de la famine au Liban. De nombreux exilés politiques avaient fui au Caire pour éviter la répression du régime de Jamal Pacha. « L’émotion chez les Syriens est intense […] Ici, les Syriens discutent le projet d’envoyer à Paris une délégation pour implorer le secours de la France et émouvoir l’opinion publique. » Le diplomate français ne voyait cependant pas la nécessité pour eux de faire le voyage, parce que « le Gouvernement de la République est informé le plus exactement possible de la situation en Syrie ». Defrance, qui rencontrait quotidiennement ses contacts libanais, implorait Paris d’agir, en envoyant des lettres de Libanais rappelant à la France ses propres prétentions à s’ériger en « protectrice séculaire du Liban. » Defrance se fit l’écho de leurs critiques, soulignant les « obligations matérielles et morales [envers le Liban […] comme auteur partiel et involontaire de la détresse et des souffrances de la population libanaise ; il est certain que le blocus des côtes, établi et maintenu par une escadre française, fait obstacle au ravitaillement du Liban.[14] » Il cherchait néanmoins encore à disculper la France en ajoutant que tout secours arrivant par le blocus serait confisqué par l’armée ottomane, et, en tout état de cause, ne parviendrait pas aux civils.

18Georges-Picot fit également pression sur le gouvernement français pour une intervention. Il craignait qu’en l’absence d’action décisive, l’aura de la France protectrice des chrétiens ne subît des dommages irréparables [15]. Mais jamais ni Paris ni Londres n’envisagèrent sérieusement une mission de secours qui soulageât « la pénurie de vivres qui est l’objectif même du blocus. [16] » Les États-Unis firent de leur côté pression sur les administrations française et britannique pour faire autoriser des missions humanitaires à l’été 1916. Dès que les câbles diplomatiques évoquèrent une éventuelle mission de secours du steamer américain Ceasar, les ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne s’entendirent pour afficher publiquement leur approbation du plan de secours tout en entretenant en sous-main un différend diplomatique avec l’administration de l’Empire ottoman sur les détails de la distribution [17]. Les fonctionnaires ottomans convinrent finalement d’autoriser la mission, et de laisser la Croix-Rouge américaine distribuer l’aide alimentaire [18]. En janvier 1917, le Ceasar atteignit Alexandrie en provenance de New York, chargé de tonnes de marchandises à destination de Beyrouth. Au moment même où le navire s’apprêtait à appareiller pour Beyrouth, la marine française câbla à des diplomates américains en Égypte pour leur signifier que l’autorisation de passage était refusée [19].

19Paris choisit d’attendre la résolution militaire définitive du conflit : l’armée britannique avancerait méthodiquement à partir de l’Égypte, refoulant ainsi lentement l’armée ottomane au début de 1917 [20]. À partir de ce moment, les projets pour « sauver » les Libanais et Syriens affamés disparurent de l’esprit des diplomates français qui s’étaient jusque-là opposés à l’inaction de Paris. Paris et Londres décidèrent de se concentrer sur la mise en place d’un discours officiel dans lequel la famine avait été intentionnellement déclenchée par les Ottomans. L’ambassadeur français à Washington avait déjà reçu pour instruction de faire comprendre au président Wilson que la famine n’était pas due à un manque de ressources mais plutôt à un blocus intentionnel du Liban par Jamal Pacha [21].

20Contrairement à l’histoire tissée par Paris, il n’existe aucune preuve explicite indiquant que l’administration ottomane avait l’intention d’affamer la population libanaise. Dans quelle mesure les Britanniques et les Français ont-ils été conscients de leur propre responsabilité ? En 1918, le Foreign Office refusa même d’admettre par la suite que la Grande-Bretagne eût même déclaré un blocus, cherchant ainsi à en rejeter la responsabilité sur les Français [22]. La Grande-Bretagne avait bien sûr non seulement déclaré le blocus, mais l’avait également mené à bien, et la tentative de déni britannique révèle que la famine représentait un potentiel handicap politique. La capacité des membres de l’Entente à fournir l’aide alimentaire qui mettrait fin à la famine était désormais cruciale pour contribuer à sauver leur propre réputation. Des années de famine avaient brisé la loyauté de la population à l’égard du régime ottoman. Les terribles conditions de vie des habitants créaient les conditions de loyautés nouvelles après la chute de l’armée ottomane en Syrie, en octobre 1918.

21À leur arrivée en octobre 1918 à la suite du retrait ottoman, les administrateurs français adoptèrent un projet soigneusement élaboré par Georges-Picot et consistant à faire valoir l’influence française grâce à la distribution gratuite de céréales aux pauvres. Au lieu de compter sur des intermédiaires, comme l’avaient fait les Ottomans, les vivres devaient passer directement des mains des soldats à celles de leurs destinataires, réduisant ainsi le risque de fraude au minimum. Dans le même temps, l’impact politique de ces opérations faisait l’objet d’une réflexion permanente : « La distribution gratuite de ces […] vivres, don de bienvenue de la France, indispensable pour arracher à la mort cent mille Libanais affamés, produira une grosse impression dans le pays[23]. » Vingt mille cartes de secours devaient être distribuées aux « familles les plus nécessiteuses », selon les estimations des autorités locales.

22Dans le sillage de l’armée française se trouvaient des prêtres jésuites qui avaient passé des décennies au Liban et revenaient superviser la distribution des céréales [24]. Leur expérience permit aux autorités françaises d’acheminer rapidement et efficacement les secours à Beyrouth et dans les districts ruraux du Liban. Les « accapareurs » cédèrent leurs stocks. François Georges-Picot souligna l’impact politique de la résolution de la famine : « Tous à Beyrouth témoignent leur vive reconnaissance pour l’initiative prise par le gouvernement français.[25] » Les mesures suivantes consistèrent à effacer les traces visibles de l’horreur de la famine aux yeux du public et à fournir un abri aux orphelins ainsi qu’un emploi rémunéré aux femmes tombées dans la prostitution. Face aux objections concernant les dépenses occasionnées par les secours, Georges-Picot répondit que l’opération était « une nécessité politique de premier ordre. [26] » En mai 1919, les autorités françaises sur le terrain estimèrent que les envois ultérieurs de cargos français chargés de blé à distribuer gratuitement étaient désormais inutiles [27].

23Après son retour à Beyrouth, en réponse à un appel désespéré des émigrés libanais de Buenos Aires en mal de nouvelles de leurs compatriotes, Georges-Picot câbla pour réfuter le chiffre, parvenu en Argentine, selon lequel 30 % de la population avait péri au cours de la guerre. [28] Georges-Picot était toutefois prêt à utiliser la souffrance libanaise dans un but politique au moment opportun : une semaine après son câble à Buenos Aires, il transmit une pétition suggérant que « la moitié » de la montagne était morte de faim pendant la guerre [29]. Il servait là deux buts politiques différents. D’une part, l’incapacité de la France à protéger les Libanais pendant la guerre était un handicap politique ; Georges-Picot sentait qu’il devait le cacher aux « clients » libanais de la France à l’étranger ; d’autre part, exagérer l’ampleur de la tragédie venait renforcer les revendications pour bâtir un pays aux frontières étendues, nécessité qui apparaissait comme un rempart contre une répétition de la famine. Sans l’adjonction de districts agricoles supplémentaires au territoire libanais, s’inquiétait Picot, la France courait le risque de « décevoir gravement nos clients du Liban en les enfermant comme en 1860 dans un cercle de montagnes abruptes où ils ne sauraient vivre […] » [30] Le spectre de la famine alimentait les débats sur l’avenir du Liban, et constituait un support crucial aux revendications nationalistes libanaises en vue de frontières étendues.

24Le patriarche maronite Elias Al-Huwwayik et son adjoint, Abdallah Al-Khouri, emmenèrent trois délégations à Paris, qui restèrent sur place jusqu’à ce que le Premier ministre Millerand accédât à leurs demandes. Dans un document majeur présentant leurs exigences, les Revendications du Liban, le patriarche maronite mentionna systématiquement cette question des frontières, justifiant la demande par l’existence du Liban dans l’Antiquité, sa différence culturelle par rapport aux régions environnantes, l’affinité résultante avec la France, et les souffrances subies pendant la Première Guerre mondiale. Dans son récit, « plus d’un tiers de la population libanaise » serait morte à cause d’un « affamement systématique par les autorités turco-allemandes […] Enfin et surtout, le Liban paya, durant la guerre, le plus formidable, le plus sanglant tribut qu’un peuple ait jamais eu à payer pour la défense d’une cause […]. Les puissances alliées et associées pour lesquelles le Liban a tant souffert feront-elles moins pour ce pays que la Turquie elle-même ? » Millerand reçut également des supplications semblables de l’intérieur du Liban. L’archevêque grec-catholique de Zahlé lui écrivit ainsi : « En effet, sans cette annexion [de territoire supplémentaire], le Liban serait condamné à mourir de faim. » Aucun document ne prouve que ces prières aient influencé Millerand ou Georges-Picot ; cependant, des années de comptes-rendus sur la famine à l’intérieur du Liban, juxtaposées à la rhétorique de la France se présentant elle-même comme « la protectrice du Liban » et à la réalité du blocus, doivent avoir rendu la France réceptive aux exigences nationalistes libanaises durant les pourparlers de paix.

25En fin de compte, le 1er septembre 1920, le Haut-Commissaire de l’Autorité française mandataire, le général Henri Gouraud, déclara à Beyrouth la création du « Grand Liban ». Les nationalistes libanais célébrèrent l’événement, et voici comment l’un d’eux résuma leur réaction : « Tout est réglé. C’est un succès total[31] » – alors même qu’ils avaient accepté la colonisation française. Le Grand Liban intégrait non seulement des villes de la côte – Tripoli, Beyrouth, Sidon, et même Tyr, qui n’avait jamais fait partie de la province ottomane du Mont-Liban –, mais aussi les plaines fertiles du Akkar et la vallée de la Bekaa. La frontière sud devait inclure les districts agricoles bien arrosés situés à l’ombre du mont Hermon. Le principal journal nationaliste libanais quantifia prudemment ces régions en fonction de leur contribution agricole au nouveau territoire, indiquant qu’elles faciliteraient « l’indépendance » libanaise du reste de l’arrière-pays syrien [32]. Le district autonome du Mont-Liban avait englobé 3 200 kilomètres carrés ; le Grand Liban, après 1920, s’étendit à plus de 10,000 km2.

26La France et les nationalistes libanais auraient toutefois eu des raisons de s’opposer à l’adjonction de territoires au Liban. Pour le mandat français naissant, l’annexion de terres présentait un handicap politique évident. Une telle mesure était considérablement impopulaire dans toute la Syrie, et surtout dans les futurs territoires annexés. Majoritairement musulmans, ils remettaient par ailleurs en cause la prépondérance chrétienne du Mont-Liban. Le Patriarcat visait à créer un État chrétien, mais les conséquences de cette annexion sur la domination chrétienne du pays semblait un mal nécessaire ; éviter une répétition de la famine de la guerre constituait la principale priorité des nationalistes libanais. À des moments critiques, la France et les nationalistes maronites insistaient publiquement sur le fait que Liban serait un État pour tous. Dans la mesure où le Liban était destiné à devenir un refuge pour les chrétiens, la décision de tripler sa superficie portait en elle des effets incertains car, avec les plaines céréalières fertiles et les villes portuaires, venaient aussi de nombreux habitants musulmans. Les contradictions entre les réalités démographiques du pays créé en 1920 et le monopole maronite sur le pouvoir politique auraient des conséquences fatidiques pour le Liban au cours du XXe siècle.

27La Première Guerre mondiale projeta sa violence bien au-delà des champs de bataille européens et moyen-orientaux. La guerre entretint un contexte de famine, de maladie et un climat délétère au Liban durant quatre ans. Rien ne laisse penser que l’une ou l’autre des parties se soit réjouie de la famine qui a eu lieu ; elle a été le résultat « extérieur » d’un affrontement militaire entre Empires. Le Liban, imparfaitement colonisé tant par les Français que par les Ottomans, fut victime de sa place secondaire dans les stratégies militaires de ces empires. François Georges-Picot en particulier déplora que la France ne se fût pas montrée à la hauteur d’un demi-siècle de rhétorique affirmant son statut de protectrice des Libanais. Si la politique française n’avait visé à ce qu’une telle calamité s’abattît sur le pays, elle était néanmoins prête à profiter de la crise pour établir la légitimité de ses mandats. On ne peut présumer que tous les Libanais étaient destinés à recevoir les Français en colonisateurs. La famine doit être prise en compte pour expliquer, dans une certaine mesure, l’absence de résistance à la mise en place du contrôle français, tant elle avait laissé la population désespérément en attente d’un sauveur arrivant sur des navires chargés de grain.


Date de mise en ligne : 01/11/2016.

https://doi.org/10.3917/lcdlo.119.0033

Notes

  • [*]
    Originaire de Caroline du Nord, Graham Auman Pitts est en train d’achever une thèse de doctorat sur le Liban contemporain à la Faculté d’histoire de Georgetown University (Washington, D.C., États-Unis).
  • [1]
    Bulletin du Comité de l’Asie française, « La famine du Liban et l’assistance française aux Libanais pendant la Grande Guerre (1915-1919) », février 1922.
  • [2]
    Voir Introduction (Ndlr).
  • [3]
    Le Mont-Liban jouissait jusque-là d’un statut d’autonomie administrative au sein de l’Empire ottoman (Ndlr).
  • [4]
    Beyrouth fut la capitale d’une autre province après 1888, mais elle restait entourée de tous côtés par la province autonome du Mont-Liban.
  • [5]
    Yūsuf Al-Hakīm, Bayrūt wa-Lubnān fī ‘ahd Āl ‘Uthmān, Beyrouth, 1964, p. 233.
  • [6]
    Al-Ittihad al-Uthmani, 21 novembre 1914.
  • [7]
    Centre des archives diplomatiques de Nantes (CADN) Constantinople Ambassade 275 : Ottavi à Bompard, 29 septembre 1914.
  • [8]
    CADN Constantinople Ambassade 275 : Ottavi à Bompard, 29 août 1914 ; MAE : SG 868 : Defrance à Declassé, 24 avril 1915.
  • [9]
    Jam‘īyat al-Mursalīn al-Būlusīyīn, Société des Missionnaires de Saint Paul, Harissa, Liban Sijil al-Yawmiyyat (Registre quotidien).
  • [10]
    Başbakanlık Osmanlı Arşivi (BoA), }MTZ-CL 7/294, n° 2 : Ohannes Paşa à Bab-ı Ali, 19 Nisan 1331 (2 mai 1915).
  • [11]
    BoA : DH. ŞFR 471/105, Şam Valisi (Gouverneur de Damas) à Dahiliyye Nazaretine (Ministère de l’Intérieur) 4 Mayis 1331 (17 mai 1915).
  • [12]
    Harissa, juillet 1916.
  • [13]
    Archives du Patriarcat maronite, Bkerké, Liban (Bkerké), Dossier Elias Huwwayik 32/270.
  • [14]
    MAE, Série Guerre 873, Defrance au ministère des Affaires étrangères, 25 mai 1916.
  • [15]
    MAE, Série Guerre 873 : François Georges-Picot, memorandum, 26 juillet 1916.
  • [16]
    MAE, Série Guerre 873 : Bertie (Ambassade britannique, Paris) à Margerie, 2 juin 1916.
  • [17]
    Ibid.
  • [18]
    MAE, Série Guerre 874 : Defrance au MAE, 29 septembre 1916.
  • [19]
    National Archives and Records Administration (NARA), Archives du Département d’État relatives aux affaires internes de Turquie, 1910-29, Microcopie n°. 353, rouleau 52, Garrels, Consul (Alexandrie) au Secrétaire d’État, 29 janvier 1917.
  • [20]
    Le gouvernement britannique annonça son intention de lancer une offensive contre Al-Arish en janvier, et encouragea la participation française, MAE, Série Guerre 874 : De la Panouse (attaché militaire, Londres) au major Général français, 6 octobre 1916.
  • [21]
    MAE, Série Guerre 874 : Margerie [MAE] à Washington, 25 septembre 1916.
  • [22]
    Archives nationales britanniques, FO 372/1273 : Harmsworth à l’Amirauté, 26 février 1919.
  • [23]
    MAE, E-Levant 59 : Coulondre au MAE, 29 octobre 1918.
  • [24]
    Voir AUB : L’Asie française, « La Famine du Liban », 1922.
  • [25]
    MAE, E Levant 59 : Georges-Picot au MAE, 18 décembre 1918.
  • [26]
    MAE, E-Levant 59 : Georges-Picot au MAE, 4 mars 1919.
  • [27]
    MAE, E-Levant 59 : Feer au MAE, 7 mai 1919. Plusieurs navires de secours étaient arrivés de Marseille dans l’intervalle : le Bosphore le 28 février, le Waldeck Rousseau le 17 mars, l’Ispahan le 20 mars et le San-Antao le 29 mars. En outre, les autorités françaises trouvèrent du blé localement à Alexandrette, Lattaquié et dans le Hauran. Les autorités britanniques avaient également livré des céréales à Beyrouth. MAE, E-Levant 59 : Picot à Pichon, 7 juillet 1919.
  • [28]
    MAE, E- Levant 5 : Goussen à Picot, 25 novembre 1918 ; Picot au MAE, 4 décembre 1918.
  • [29]
    La pétition a finalement été distribuée aux délégués français à la Conférence de la paix en février 1919. MAE, E-Levant 5 : Conseil Administratif du Liban, pétition, 19 décembre 1918.
  • [30]
    MAE, E-Levant 5. Georges-Picot à Pichon 22 novembre 1918.
  • [31]
    USEK, YS-12L-032 (-e) : Sarhan al-Khoury to Yusuf al-Sawda, 8 September 1920.
  • [32]
    La revue phénicienne, 1919.
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