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Article de revue

La Syrie, plaque tournante du Proche-Orient

Pages 135 à 144

Notes

  • [1]
    Sénateur de l’Oise, Philippe Marini est président d’honneur du groupe interparlementaire France-Syrie.
  • [2]
    Sous le nom de Hatay (NdlR).
  • [3]
    La Turquie est membre de l’OTAN depuis 1952 (NdlR).

1Quel paradoxe ! Le ministre français de l’Intérieur annonce l’expulsion d’un ressortissant tunisien qui s’entraînait sur notre sol pour entreprendre le jihad contre le régime de Bachar El-Assad. Quelques jours plus tôt, les honneurs de la République étaient réservés au « président » de l’opposition syrienne fréquentable. Il devait toutefois se contenter des bonnes paroles de circonstance. Au même moment, un mercenaire français s’exprime très librement dans Le Monde et nous explique qu’il ne demandera pas le renouvellement de son contrat, car les nationaux de notre pays seraient de plus en plus mal considérés parmi les opposants syriens… puisque la France a poursuivi les extrémistes musulmans au Nord-Mali, et a entrepris de les chasser de ce territoire dont ils voulaient faire un « émirat islamique ».

2Telle était la situation au début du mois d’août 2013, avant que l’épisode des armes chimiques ne polarise le débat international. Depuis lors, chacun a pris conscience des contradictions auxquelles s’expose une politique de plus en plus velléitaire, soucieuse surtout de rester médiatiquement correcte mais indifférente aux vrais intérêts de notre pays dans une région aussi troublée que le Proche-Orient. J’ai été de ceux qui ont applaudi sans réserve, en ce début d’année, l’intervention militaire décidée par François Hollande au Mali et la lutte sans concession qui en est issue à l’égard des extrémistes du Sahel. S’agissant de la Syrie, d’anathèmes en sanctions, d’encouragements verbaux à l’opposition en réunions multiples dans les grands hôtels de la région, la diplomatie française n’a cessé, depuis 2011, de donner des leçons aux belligérants, de prodiguer ses conseils, d’échafauder des mythes… Alors qu’il était possible, au premier semestre de cette année, d’encourager la tenue d’une rencontre internationale à Genève, nous nous sommes alignés sur la vision de ceux qui en excluaient le gouvernement de Damas, de même qu’ils n’associaient, parmi les voisins de la Syrie, que ceux désireux d’aider ou d’encourager l’opposition… François Hollande s’est donc lui-même condamné à n’être qu’un spectateur du drame syrien, et à s’effacer derrière la Russie.

3À en croire les responsables du Quai d’Orsay, l’effondrement du régime Assad n’était, en 2011 comme en 2012, qu’une affaire de mois, et surviendrait inéluctablement. L’ancien ambassadeur Éric Chevallier imaginait que l’on puisse apporter de l’aide technique et politique à des « zones libérées », notamment dans la province d’Idlib, leur permettant d’exercer progressivement des fonctions étatiques et de renforcer la crédibilité des « modérés » fréquentables par rapport aux extrémistes. Ces doux rêves paraissent aujourd’hui bien lointains. De fortes contradictions se sont traduites en rivalités armées au sein de « l’opposition » de l’intérieur. Les deux principaux groupes jihadistes, encouragés et sans doute largement financés par le Qatar, pèsent un poids croissant. Les espoirs placés dans une épidémie de défections au sein de l’armée régulière ont été dans l’ensemble déçus. Là où le régime a dû céder du terrain, les zones de non-droit se sont élargies, et une « justice » expéditive s’affirme, n’empêchant pas les trafics en tous genres de prospérer. Face à une telle impasse, les responsabilités de la communauté internationale apparaissent écrasantes, mais celles de la France officielle aussi.

4Avoir diffusé tant d’illusions sans aucun moyen pratique et sans aucune réelle volonté de s’en doter ! Avoir traité la crise syrienne comme un sujet de discours parmi d’autres, inspirés bien sûr de toutes les bonnes intentions du monde ! Avoir plaqué sur une réalité complexe des analyses faites surtout pour plaire dans le VIe arrondissement ! Ce sont les principaux reproches que j’adresse à nos gouvernements successifs, en ne voyant d’ailleurs pas de vraies différences entre les approches d’Alain Juppé et de Laurent Fabius. Je pense aussi que notre pays a fait preuve de beaucoup de légèreté et de naïveté à l’égard de son partenaire qatari, plaçant à la vérité l’Arabie séoudite dans une position de surenchère de plus en plus dangereuse pour elle-même et pour la région. Surtout, il a été incapable de faire prévaloir sa ligne propre, son analyse originale, se contentant du conformisme de l’Union européenne et du suivisme par rapport aux initiatives américaines.

5Or, la France dispose toujours d’une connaissance du Levant et d’un réseau d’intérêts qui lui permettraient de se placer réellement au cœur du jeu.

6À mon sens, le résultat de l’élection présidentielle iranienne et la possibilité de renouer le lien des négociations sur l’accès de l’Iran aux technologies nucléaires civiles auraient dû donner lieu à de nouvelles initiatives diplomatiques. Il n’est pas surprenant que ce dossier soit lié de très près à celui de la Syrie : l’attitude des États occidentaux, à partir de leur lecture des événements au Liban et du conflit israélo-palestinien, a clairement conduit au resserrement des liens syro-iraniens, compte tenu du complexe d’encerclement si caractéristique du régime Assad, auquel la suite des évènements n’a pas donné tort… Or, il n’est pas possible, sur le long terme, d’épouser la cause des sunnites dans leur antagonisme multiséculaire avec les chiites, de choisir le monde arabe au détriment du monde persan. Si la France veut jouer un rôle utile, ce n’est pas en exacerbant les passions qu’elle y parviendra. Elle doit être désireuse de dialoguer avec tous, et se rendre acceptable pour toutes les parties prenantes.

7Regardons tout autour de la Syrie pour nous assurer que ce pays joue un rôle toujours aussi déterminant pour le devenir politique de chacun de ses voisins. Tout d’abord, le rayonnement des métropoles arabes que sont Damas et Alep ne doit pas être sous-estimé. Le fait de contrôler ces villes est un facteur de crédibilité, de prestige et de pouvoir bien au-delà des frontières d’une Syrie artificiellement tronquée par les puissances mandataires. On s’explique ainsi la violence des enjeux que représente la grande cité du nord, mais aussi la force du régime baasiste tant qu’il parvient à repousser infiltrations, attaques et contournements et à demeurer maître de Damas. Ensuite, le lien demeure intime entre la guerre civile syrienne et le fragile équilibre intercommunautaire du Liban. Le climat entre les chiites et les alaouites d’une part, et les sunnites de l’autre, est le même des deux côtés de la frontière et la bataille de Qousseir a servi de révélateur à cet égard. La France comme l’Union européenne, sous l’influence d’Israël, n’ont cessé d’incriminer le rôle du Hezbollah, qui est un élément structurel du jeu politique libanais, puissamment implanté dans ses zones d’influence du Sud-Liban, de la périphérie sud de Beyrouth et de la Bekaa, à la limite de la Syrie.

8Or, il s’agit non seulement d’une force militaire, alliée et cliente de longue date de la direction syrienne, mais aussi d’une structure politique forte et représentative, susceptible de maîtriser les principales problématiques libanaises et d’aller au-delà du jeu tactique traditionnel des factions familiales et confessionnelles. L’intérêt des communautés chrétiennes, de part et d’autre de la frontière syro-libanaise, est avant tout d’éviter d’être prises pour cibles identitaires par les groupes les plus violents, ou considérées comme des otages par tel ou tel belligérant. Il est clair que les Églises, bien traitées au cours de la dernière décennie par les autorités de Damas, ont tout à perdre d’un effondrement de l’État, aussi bien en Syrie qu’au Liban. Aujourd’hui, une stabilisation du pouvoir gouvernemental en Syrie joue en faveur du statu quo libanais, tandis qu’un progrès de la rébellion jihadiste se traduirait par de nombreux règlements de compte au Liban, par de nouveaux flux de réfugiés, chrétiens et alaouites, et par une relance des tensions et combats communautaires, le Hezbollah cherchant à maintenir ses positions et se battant dos au mur…

9La relation syro-turque est aussi un facteur de graves dangers pour l’avenir. N’oublions pas que l’ancien sandjak d’Alexandrette, devenu province turque [2] grâce à la faiblesse de la France d’avant-guerre, comporte une forte proportion d’alaouites et de chrétiens arabes, et que des noyaux fidèles au système Assad continuent à y exister. De même, le modus vivendi intervenu entre les autorités de Damas et les groupes kurdes qui assurent le contrôle de fait d’une large part du nord-est syrien, est une menace potentielle pour la longue zone frontalière syro-turque, et un facteur d’influence supplémentaire pour le Kurdistan d’Irak, îlot de prospérité dans cette région tumultueuse. Il est frappant d’observer que l’accord politique et militaire annoncé il y a quelques mois entre le gouvernement turc et le P.K.K., et qui comportait le regroupement des moyens militaires des autonomistes sur le territoire kurde irakien, a été remis en cause et demeure lettre morte. Là encore, la poursuite des désordres en Syrie, avec son cortège de trafics, ne peut qu’exercer un effet déstabilisant à l’extérieur des frontières, et donc en Turquie, à un moment où le gouvernement Erdogan est confronté à la montée de ses différentes oppositions. Aux États-Unis, qui ont toujours considéré la Turquie comme un allié privilégié [3], une telle perspective ne devrait-elle pas réfréner les ardeurs de ceux qui continuent à considérer la crise syrienne comme un nouvel épisode de la lutte entre des opinions publiques attirées par la démocratie et des pouvoirs autoritaires ?

10Le renforcement, s’il en advenait ainsi, des groupes extrémistes en Syrie, devenant des pôles de regroupement pour leurs affiliés en provenance du monde entier, ne peut que préparer la dispersion de véritables métastases au sein des États alliés des nations occidentales. Ceci est vrai en particulier de l’Arabie séoudite, dont le régime est vulnérable pour un grand nombre de raisons : bien sûr l’influence potentielle de l’Iran sur sa minorité chiite concentrée à proximité du Golfe, mais aussi la délicate évolution de la société politique, ainsi que l’existence de groupes clandestins notamment liés aux Frères musulmans… Il est compréhensible que les autorités de Riyad soient en concurrence avec le Qatar pour ce qui est du soutien aux différents groupes de l’opposition syrienne. Procédant de manière tout à fait symétrique entre Syrie et Liban, les Séoudiens s’appuient sur de grandes familles sunnites, cherchant à valoriser leurs « clients », mais ils utilisent aussi les allégeances traditionnelles, notamment grâce à la tribu transfrontalière des Chammar. Leur implication évite de décevoir leurs alliés libanais (le « courant du futur » de Saad Hariri et ses associés) mais surtout le royaume hachémite, très dépendant à tous égards de l’Arabie séoudite. L’histoire récente des relations entre Damas et Riyad est tumultueuse et peu compréhensible : des tentatives d’apaisement ont eu lieu à plusieurs reprises, et la réforme des institutions libanaises avait été un succès durable ; mais les exigences de l’alliance syro-iranienne et les relations difficiles entre des dirigeants issus d’univers très éloignés expliquent l’échec de ces phases de rapprochement. À la vérité, la Syrie de Hafez Al Assad disposait de nombreux atouts diplomatiques et de plusieurs variantes à son gré, tandis que les actuelles autorités de Damas sont inévitablement enfermées dans les alliances militaires qui leur permettent de rester en place. Il n’en reste pas moins que la concentration de noyaux extrémistes en Syrie est tout sauf une bonne nouvelle pour la stabilité du régime wahhabite, qui incarne tout à la fois le rigorisme religieux et la fidélité à l’alliance américaine. En cas de frappes américaines sur la Syrie, les premières représailles auraient lieu, me semble-t-il, à Bahreïn et dans la grande province pétrolière séoudienne.

11Les appréciations portées en Occident sur les évènements de Syrie ont très sensiblement évolué depuis le début de 2011. Comme les acteurs de la région, les analystes américains et européens ont acquis une plus juste appréciation des risques d’une déstabilisation généralisée issue de la crise syrienne. À la vision romantique des « printemps arabes », irrésistible pour nos opinions publiques façonnées par les médias bien-pensants, a succédé la surprise de l’insuccès des islamistes au pouvoir en Égypte et en Tunisie, et celle du désordre persistant en Libye. Le blocage de la vie économique, l’impossibilité pour Le Caire de conclure un accord avec les bailleurs de fonds multilatéraux, faute de pouvoir accepter les conditionnalités des aides sollicitées, la violence latente en Tunisie, le retour au pouvoir des forces armées en Égypte, toute cette séquence a relativisé, en quelque sorte, la situation syrienne. Si le « printemps arabe » n’était qu’un mirage, peut-être la clé de lecture des révoltes en Syrie était-elle également erronée… La nouvelle donne politique en Égypte a déjà privé de parrainage politique le Hamas, dont le chef politique, Khaled Mechaal, avait quitté Damas pour Le Caire. L’ancien atout du président Assad a partagé le sort du président Morsi. Il faut supposer qu’Israël, comme l’administration américaine, en ont été soulagés. Dès lors, comment opérer le tournant du réalisme, sans paraître trahir les idéaux bien vite proclamés en 2011 et sans se rendre antipathiques aux opinions de nos pays, séduites à juste titre par le renversement des dictateurs et la lutte contre la corruption ?

12La situation d’un voisin de la Syrie devrait pourtant inciter à une telle réévaluation des enjeux. Il s’agit bien sûr de l’Irak, où tant d’argent a été dépensé, avec un tel déluge de bonne conscience, pour retrouver cet été les sinistres statistiques d’assassinats et d’attentats qui prévalaient à l’issue des premières années du protectorat américain. Si le despote qu’était Saddam Hussein était bien entendu indéfendable, l’invasion de la « coalition » et la mise en œuvre de moyens militaires et financiers quasi illimités n’ont abouti qu’à l’installation d’un Premier ministre chiite, allié de fait de l’Iran, mais dont le pouvoir ne s’étend pas à tout le pays, puisque le Kurdistan bénéficie d’une structure étatique et de ses propres moyens de défense, et que la guerre fait rage avec des groupes de combattants sunnites bien équipés et motivés… eux-mêmes directement liés au sort des combats en Syrie. Tant d’efforts pour un aussi triste résultat ! N’est-il pas absolument nécessaire d’éviter à l’égard de la Syrie des erreurs stratégiques aussi dramatiques ? Les leçons de l’Irak ne devraient-elles pas enfin être entendues ? Ne faudrait-il pas, en particulier, être plus attentifs à ce que nous disent les communautés chrétiennes, qui ont tant souffert depuis 2004 ?

13Tout ce qui précède montre bien que la Syrie, même plongée depuis deux ans et demi dans la guerre civile, demeure la véritable plaque tournante de l’ensemble du Proche-Orient. Notre pays n’y a pas toujours été assez attentif, abordant par exemple les questions syriennes par le prisme des affaires libanaises, et faisant varier ses attitudes au gré des épisodes de la situation à Beyrouth. C’était pourtant inverser l’ordre logique des facteurs. J’avais contribué à en convaincre le président Nicolas Sarkozy au début de son mandat, et le rapprochement alors intervenu avec la Syrie en 2007-2009 avait commencé à produire ses fruits, en particulier sur la scène politique libanaise et pour l’amélioration de la relation syro-séoudienne. Bien sûr, ces progrès ont volé en éclats à partir du début de 2011, mais ils avaient eu le mérite de montrer que la Syrie pouvait jouer un rôle d’approche des autorités iraniennes. On m’objectera sans doute que la France se compromet avec des interlocuteurs tels que Bachar El-Assad. J’y répondrai que nous ne sommes pas plus regardants à l’égard de dirigeants de nombreux pays, parmi lesquels se trouvent des nations beaucoup plus puissantes. On n’a encore jamais vu le « devoir d’ingérence » appliqué aux relations franco-chinoises, par exemple. J’ajouterai surtout que la diplomatie d’un État tel que la France doit faire preuve de réalisme et comparer les avantages et les inconvénients de plusieurs possibilités. Se réfugier dans le verbalisme et le mythe est pratique pour des nations qui n’ont ni capacité ni envie de jouer le moindre rôle original au Proche-Orient. Ils peuvent se borner à « faire semblant » ! Ce n’est pas vraiment ce que je souhaite pour notre pays, demeurant imperturbablement fidèle au principe selon lequel « la France reconnait les États et non les gouvernements ».

14Nous devons, me semble-t-il, nous référer d’abord à nos propres intérêts, notamment à l’égard de l’Iran. Il n’est pas normal d’être à ce point à la remorque des sanctions américaines, alors que le préjudice subi par notre industrie automobile est aussi considérable. Je présume que les positions de certaines firmes américaines font l’objet, sous bénéfice d’aménagements divers, d’une indulgence bien plus grande. Promouvoir une stabilisation en Syrie fait partie de la recherche de relations plus apaisées avec l’Iran. Un jour ou l’autre, un compromis devra être trouvé avec cet acteur majeur et permanent du jeu moyen-oriental. Il serait préférable que la France en soit partie prenante. Le contact pris lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, même formel, va donc dans le bon sens.

15Une telle option n’est en rien contradictoire avec une évolution progressive du régime politique syrien. Mais à deux conditions, me semble-t-il : d’abord, sauvegarder l’État syrien et faire obstacle à la division d’un pays indispensable à l’équilibre régional ; ensuite, ne pas exiger de cet État plus qu’on ne le ferait à l’égard des autres acteurs de la zone. Qui pense à demander des élections libres, à l’occidentale, au roi Abdallah d’Arabie Séoudite ou à l’émir du Qatar ? Qui oserait faire remarquer que ce dernier État ne comporte qu’une faible minorité de nationaux, et qu’une large majorité de la population ne bénéficie strictement d’aucun droit ? Certains font mine de le découvrir, avec les conditions de réalisation des grands équipements de la coupe du monde de football. Ce qui n’empêche pas, bien sûr, le même émir de répandre l’appel au pluralisme et à la démocratie… chez les autres naturellement, et par les ondes d’Al-Jazira, qui lui appartiennent.

16En résumé, il me semble indispensable de promouvoir deux cycles de rencontres : les grandes puissances et les acteurs régionaux (Turquie, Iran, Arabie séoudite, Égypte) en premier lieu ; le gouvernement syrien et ses opposants sans exclusivité, par ailleurs. Le processus pourrait encore être long. Le premier cycle est susceptible de démarrer sans délai. Le second dépendra de la situation sur le terrain car, si l’équilibre des forces est bouleversé, la partie qui s’estime gagnante ne sera pas pressée de rejoindre la table des négociations et d’interrompre ses progrès. Mais le processus multilatéral issu de l’accord sur la destruction des armes chimiques pourrait dégager des principes communs aux États-Unis, à la Russie, à la France et aux autres puissances européennes. Il serait difficile aux acteurs de terrain de s’opposer à un cessez-le-feu qui naîtrait sous de tels auspices.

17Connaissant la liberté d’esprit qui anime les Cahiers de l’Orient, j’ai souhaité soumettre à leurs lecteurs ces quelques réflexions. Qu’ils ne m’en veuillent pas d’avoir bousculé le « politiquement correct » ! Je suis bien sûr à la disposition de celles et ceux qui souhaiteraient me faire part de leurs remarques et de leurs réactions. En tout état de cause, ayant appris à aimer ce pays si varié, si riche de son histoire et de ses diversités d’aujourd’hui, qu’est la Syrie, je ne peux me résigner à le voir sombrer dans une guerre civile d’autant plus cruelle qu’elle est sans cesse alimentée par les interférences étrangères. Que la bonne conscience motive les envois de matériels militaires à des groupes qui s’en serviront pour allonger un conflit sanglant et sans issue, cela me révolte tout simplement ! Il est encore temps pour la France de se ressaisir, ce qui suppose une réflexion sur les enjeux du Proche-Orient à partager entre nos familles politiques. Notre Sénat, qui comporte un grand nombre de collègues investis de longue date dans les relations avec le monde arabe, pourrait jouer tout son rôle dans cet effort de lucidité.


Date de mise en ligne : 01/11/2016

https://doi.org/10.3917/lcdlo.113.0135

Notes

  • [1]
    Sénateur de l’Oise, Philippe Marini est président d’honneur du groupe interparlementaire France-Syrie.
  • [2]
    Sous le nom de Hatay (NdlR).
  • [3]
    La Turquie est membre de l’OTAN depuis 1952 (NdlR).

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