Alejandra Glaze — Pourquoi Lacan hispano ? En quoi peut-on parler d’un Lacan hispano ? Voilà le questionnement que nous avons adressé aux intervenants de cette seconde séquence.
La parole est à Raquel Cors Ulloa, présidente de la Nueva Escuela Lacaniana (NEL).Raquel Cors Ulloa — En feuilletant les 575 pages de Lacan hispano, j’ai été saisie par la diversité des contributions et de leurs auteurs qui nous proposent des lectures lacaniennes via l’art, la littérature, l’institution, la politique, la sexuation, la pratique, le divan… Ces lectures mobilisent l’interprétation analytique, en tant qu’interprétation de l’inconscient, que Lacan a mise en avant, sans toutefois l’élever au rang de concept fondamental.
En parcourant cet ouvrage – qui ne se situe pas dans une temporalité linéaire, pas plus qu’il ne s’agit d’accumulation, ou d’un progrès, dans le savoir –, une question m’est venue : où est Lacan pour son lecteur ? Ces pages parlent-elles de Lacan, ou bien de chaque auteur ? Selon moi, il s’agit d’un discours qui nous rapproche du point irréductible, d’un « Je n’en veux rien savoir », pour reprendre cette formulation de Jacques-Alain Miller dans Théorie de lalangue ; ce qui bourdonne dans ces pages s’éclaire à partir de la place vide du sujet logé au cœur de chaque écriture et de chaque lecture. Cela m’amène à vous interroger sur la présence vivante de Lacan, et la vôtre, en particulier par rapport à la passe, comme le fait entendre Esthela Solano-Suarez, liant la flamme vive de son enseignement et du « Plan Lacan »…