Notes
-
[*]
Esthela Solano-Suárez est psychanalyste, membre de l’ecf.
-
[1]
Cf. Jones E., La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, t. II, Paris, puf, 1972, p. 445.
-
[2]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 75.
-
[3]
L’élaboration de la logique de la sexualité féminine s’accomplit tout au long du Séminaire, livres xviii, xix, xx, et xxi, aussi bien que dans l’écrit qui porte le titre « L’étourdit ».
-
[4]
Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et l’Un », enseignement prononcé dans le cadre de l’Université populaire Jacques Lacan, leçon du 25 mai 2011, inédit.
-
[5]
Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 81.
-
[6]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xi, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 16-17.
-
[7]
Miller J.-A., « Théorie de Turin sur le sujet de l’École [2000] », La Cause freudienne, n° 74, mars 2010, p. 137.
-
[8]
Ou Emmie, l’orthographe varie selon les éditions.
-
[9]
Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, op. cit., p. 112-113.
-
[10]
Ibid., p. 112.
-
[11]
Ibid., p. 149.
-
[12]
Ibid., p. 51.
-
[13]
Ibid., p. 54.
-
[14]
Cf. Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 512.
-
[15]
Cf. Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 456.
-
[16]
Cf. ibid.
-
[17]
Lacan J., « Télévision », Autres écrits, op. cit., p. 528.
-
[18]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 115.
-
[19]
Ibid., p. 49.
-
[20]
Ibid., p. 53.
-
[21]
Ibid., p. 57.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Lacan J., Le Séminaire, livre xviii, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p. 149.
-
[24]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 71. C’est ce dont témoigne Thérèse d’Avila dans sa Vie écrite par elle-même, particulièrement dans le chapitre xx où elle rend compte du ravissement, état de jouissance fait de douleur et de délices, qui la transporte en dehors d’elle-même, tout le corps y étant pris. « Personne ne peut le croire, à moins de l’avoir éprouvé », dit-elle [Vie Écrite par elle même, Paris, Seuil, coll. Points, 1995, p. 207].
-
[25]
Lacan J., « L’étourdit », op. cit., p. 458.
-
[26]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 74 & Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et L’Un », op. cit., leçon du 2 mars 2011, inédit.
-
[27]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 74.
-
[28]
Ibid., p. 71.
-
[29]
Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et l’Un », op. cit., leçon du 9 mars 2011 ; lire aussi à ce propos Miller J.-A., « Un rêve de Lacan », Le réel en mathématiques, Paris, Agalma, 2004.
-
[30]
Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 467.
-
[31]
De cette scission de l’être et de l’existence dans l’enseignement de Lacan, Jacques-Alain Miller a fait « un jardin à la française » dans son cours de l’année 2011. Lire à ce propos Armand Zaloszyc, Freud et l’énigme de la jouissance, Nice, Éd. du Losange, 2009.
-
[32]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 58.
-
[33]
Ibid., p. 115.
-
[34]
Lacan J., « Télévision », Autres écrits, op. cit., p. 540.
-
[35]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 44.
-
[36]
Ibid., p. 85.
-
[37]
Ibid., p. 77.
-
[38]
Cf. ibid., p. 108.
-
[39]
Cf. ibid., p. 85.
-
[40]
Cf. Miller J.-A., « Lire un symptôme », présentation du thème du prochain congrès de la nls [Tel-Aviv 2012] au congrès de Londres [3 avril 2011], Mental, Paris, Seuil, no 26, juin 2011, p. 49-58.
-
[41]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 36.
-
[42]
Ibid., p. 116.
-
[43]
Lacan J., « … ou pire », Autres écrits, op. cit., p. 550.
-
[44]
Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire xi », Autres écrits, op. cit., p. 573.
-
[45]
Freud S., « La féminité », Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, p. 166.
-
[46]
Cf. Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 465 & Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 101, où Lacan dit que « l’homme est pour une femme […] une affliction […] un ravage ».
-
[47]
Cf. Samuel Beckett, Oh les beaux jours, Paris, Éd. de Minuit, 2010, p. 26-27. L’auteur met en scène un supposé dialogue du couple, où il ne s’agit en fait que de l’Une qui parle toute seule. Winnie, s’adressant à son partenaire Willie, énonce : « De sorte que je peux me dire à chaque moment, même lorsque tu ne réponds pas et n’entends peut-être rien, Winnie, il est des moments où tu te fais entendre, tu ne parles pas toute seule tout à fait, c’est-à-dire dans le désert ».
Le péché originel
1La question Was will das Weib [1], considérée par Jacques Lacan comme « ce que Freud a expressément laissé de côté » [2] dans le champ de la psychanalyse, et l’exploration de ce champ font la matière du Séminaire Encore [3]. Lacan aboutit à la formalisation du régime spécifique de la jouissance féminine, comme étant radicalement Autre dans sa différence d’avec la jouissance mâle, ce qui ne va pas sans comporter des conséquences cruciales pour la psychanalyse elle-même. Par le biais des femmes et de leur jouissance, Lacan déplace l’axe de la psychanalyse, et par conséquent, celui du symptôme vers le réel comme étant hors sens [4].
2La mise en question de ce point où Freud « nous abandonne », là où « il abandonne la question autour de la jouissance féminine » [5], avait déjà conduit Lacan vers le questionnement du désir de Freud [6]. En effet, c’est en écoutant l’hystérique que Freud a trouvé le chemin vers l’inconscient, puisque son désir à lui y était engagé. En formalisant la logique du désir de l’analyste, Lacan opère une scission afin de disjoindre ce désir inédit comme cause inaugurale de la chose freudienne de ce qu’il appelle le « péché originel de l’analyse », qui réside dans la particularité du désir de Freud. Tout en étant enraciné dans le fantasme paternel, le désir de Freud est resté retenu dans la logique œdipienne. C’est donc pour cela que « le rapport que la femme entretient à son désir lui est resté opaque » [7].
3Si Freud n’avait pas substitué « au savoir qu’il a recueilli de toutes ces bouches d’or, Anna, Emmy [8], Dora, ce mythe, le complexe d’Œdipe » [9], il aurait pu conduire les hystériques au-delà de « ce qu’il épingle du Penisneid » [10] : point de butée de l’analyse freudienne.
De l’impuissance à l’impossible
4Le désir de Lacan sera, en revanche, d’extraire la psychanalyse du champ du mythe freudien – l’Œdipe et Totem et Tabou – pour l’emmener vers un au-delà du mythe, dégageant le champ de la jouissance. Dans ce cheminement, Lacan repoussera la limite de la fin de l’analyse.
5Rappelons que le champ de la jouissance implique la prise en compte du corps. Il n’y a donc de jouissance que du corps vivant. Ce corps, d’habiter le langage, est pris dans le lien social, au sens de ce qui, du langage, s’ordonne en discours. Il en résulte que la jouissance va tomber sous le coup de la castration, « opération réelle introduite de par l’incidence du signifiant quel qu’il soit, dans le rapport du sexe » [11].
6Le mythe freudien énonce en termes de fiction l’opération réelle du signifiant sur le corps.
7Le signifiant inscrit une trace de jouissance sur le corps. Sa répétition entraîne une « déperdition de jouissance » [12] corrélative de son annulation. À la place de cette perte, surgit « la fonction de l’objet perdu, de ce que j’appelle le a » [13], dit Lacan. Le signifiant morcelle la jouissance, découpe le corps [14] en faisant passer un organe au rang de signifiant, d’où il prend fonction [15].
8Cette fonction répartit les corps des êtres sexués, indépendamment de leur anatomie, en deux moitiés [16] dont le rapport au sexe « ne suffit pas à [les] rendre partenaires » [17]. Le patatras de la jouissance sexuelle trouve alors sa cause dans l’opération du signifiant sur le corps.
9L’économie de jouissance chez les êtres parlants, du fait de l’impossible du rapport sexuel, va donc en passer par la suppléance d’un symbole qui donne au phallus le statut d’un semblant. La jouissance phallique s’articule au symbole, tandis que l’effet de perte sera pris dans la dérive qui tourne autour de l’objet pulsionnel, objet par excellence « a-sexué » [18]. Dès lors que ses formations sont interprétées, l’inconscient en témoigne, faisant venir au jour une satisfaction « qui se supporte du langage » [19]. La jouissance « se satisfait du blablabla » [20] et parce que ladite jouissance parle, « lui, le rapport sexuel, n’est pas » [21].
10Une part de la jouissance, passée au signifiant, ne se tait pas : « elle parle d’autre chose. C’est ce qui fait de la métaphore le ressort » [22], d’où résultent, selon Lacan, « toutes les insanités mythiques » [23]. À suivre la pente de l’inconscient, on croit à sa rhétorique, laquelle couvre de sa Bedeutung le réel de l’impasse sexuelle.
L’objection de la jouissance féminine
11C’est là que la jouissance féminine fait objection à dire qu’elle ne relève pas de ce qui s’articule dans l’inconscient. Il s’agit du témoignage essentiel des mystiques, selon lequel ils éprouvent une jouissance dont ils ne savent rien [24]. Le coup de force de Lacan sera de traiter le témoignage des mystiques par la voie de la logique.
12En faisant subir une torsion à la logique aristotélicienne, Lacan écrira les formules de la sexuation. Du côté mâle s’affirme l’universel de la castration : Pour tout x, phi de x̅ (∀x. Φx). Ce qui se traduit par : « tout sujet […] s’inscrit dans la fonction phallique pour parer à l’absence du rapport sexuel » [25]. Le « tout » repose ici sur l’exception posée par le « au moins un » qui s’inscrit par la négation de la castration, c’est-à-dire qu’il existe un x pour qui non phi de x [26] (). Sur cette exception repose, selon Lacan, ce que l’on appelle la fonction du père [27].
13Nous trouvons ici une reprise logique de la fonction du mythe.
14Et du coup, ce qui reste en dehors du champ de l’universel, dont la limite de l’exception trace le pourtour, est une jouissance qui, de n’être pas toute phallique, n’est pas toute symbolisable : pas tout x ne s’inscrit dans la fonction phi de x (). La jouissance féminine fait valoir alors un au-delà de l’Œdipe, un au-delà du phallus et du père, dès lors qu’une part de cette jouissance échappe à la castration. Une part seulement y échappe, car elle a aussi partie liée au phallus, mais de cette jouissance pas toute, l’inconscient ne souffle mot ; d’où l’impossibilité d’attraper cette jouissance par la voie de sa rhétorique.
15Si la jouissance pas toute échappe au savoir, alors elle nous met sur la voie de l’ex-sistence [28], car celle-ci se réfère au signifiant qui manque dans l’Autre.
Les impasses logiques de l’amour
16L’existence concerne le réel. Cerner le réel suppose d’en passer par la logique, laquelle fait appel non pas au signifiant rhétorique, mais au signifiant mathématique [29], lequel se supporte de la fonction de l’écrit.
17Sur cette lancée, Lacan procédera à la scission de l’être et de l’existence afin de toucher, dans l’expérience analytique, le réel de la jouissance qui échappe au semblant. C’est ce qui, d’introduire l’hétéros – qui relève « de l’incompatibilité de l’Un à l’Être » [30] – fait valoir la jouissance pas toute.
18C’est dans la doctrine de l’Un, élaborée par Plotin à partir du Parménide de Platon [31], que Lacan trouve à fonder la fonction de l’Un, du signifiant Un tout seul qui ex-siste au langage. Son Y a d’l’Un comporte que si l’Un ex-siste, l’Autre n’existe pas. Le signifiant Un tout seul permettra à Lacan de vider le champ de l’expérience analytique des mirages de l’être dont se nourrit l’ontologie.
19En effet, le langage fait être. Il n’y a d’être que d’être dit. La fonction de la signifiance crée des êtres, les rêves en donnent la preuve, les fantasmes aussi. La question réside dans le fait de savoir si ces êtres de langage ont une quelconque existence, ou non.
20Si, du côté mâle, l’objet petit a se substitue au partenaire manquant [32], alors le fantasme chez l’homme fait venir à l’être La femme qui n’existe pas. Et c’est précisément pour cela que l’Autre reste « dans la théorie freudienne un problème, celui qui s’est exprimé dans la question que répétait Freud – Que veut la femme ? » [33] Lacan dégage de façon limpide l’impasse freudienne, du fait que l’objet cause du désir se substitue à l’Autre et, lui donnant support, produit alors la coalescence de l’Autre et de l’objet.
21C’est dans cette impasse qu’une femme s’embrouille autant que l’homme. Devant passer par la voie du désir de l’homme, venant à la place de l’objet cause du désir pour accéder au phallus, elle risque de choir dans le désêtre, l’instant d’après, dès lors que le mirage sera consommé, ce qui la désole, et bien plus, la ravage. Mais la chute et le ravalement sont déjà au rendez-vous, à partir du moment où elle se prête à ce que « le fantasme de L’homme en elle trouve son heure de vérité » [34].
22Elle peut croire alors que l’amour la sauve, là où le désir de l’homme, en dehors de l’amour, la damne. L’amour fait croire à l’Un, et en tant que tel, il fait suppléance au rapport des deux sexes, lequel n’existe pas [35].
23Mais l’imaginaire de l’Un ne l’assure pas pour autant de son ex-sistence.
24Dans la visée d’atteindre l’Autre, l’amour s’adresse au semblant. Mais si l’Autre ne s’atteint « qu’à s’accoler » à l’objet cause du désir, l’amour, du coup, s’adresse au « semblant d’être » supposé à l’objet. D’où l’impasse imaginaire de l’amour, à ne consister que « de l’habillement de l’image de soi qui vient envelopper l’objet cause du désir » [36].
25Une fois que Lacan a dégagé ce point d’impasse qui s’accomplit dans l’amour par le biais de l’objet, il conclut que c’est à cause de la fonction de l’être que dans la psychanalyse le « a a pu prêter à confusion avec le S(Ⱥ) » [37]. Enlever au symbolique le bouchon de l’être serait la condition pour Lacan à ce que le symbolique ne se supporte que de l’ex-sistence du dire [38].C’est ainsi que l’orientation vers le réel se dégage.
La voie de l’ex-sistence vers le réel du sinthome
26Cerner le réel, qui ne peut s’inscrire que par une impasse de la formalisation, comporte un usage du signifiant qui n’emprunte pas la voie du sens, mais plutôt celle du contre-sens [39]. Cette orientation ne laisse pas indemne le statut de l’interprétation [40] dans la mesure où l’opération analytique, de ne pas s’accorder à l’effet de sens, doit viser un effet de discours autre que le sens, « qui s’appelle l’écriture » [41].
27Faire passer la parole du côté de l’écriture comporte un sacré tour de force. Prenant appui dans la matérialité sonore du signifiant, disjointe de sa finalité de signification, l’interprétation devient alors une opération de lecture. Elle pulvérise le dit afin de faire résonner, dans le dire, le hors-sens de la jouissance de l’Un, en tant que fonction de la lettre. La lettre est la trace écrite de l’Un tout seul qui a fait événement de corps dans le symptôme.
28L’Un de la jouissance qui se jouit dans le corps ne se noue avec rien « de ce qui semble à l’Autre sexuel » [42]. Dans le trou du symbolique, comme « zéro de sens » [43] s’évident les mirages du rapport sexuel, soutenus par le théâtre de « la vérité menteuse » [44]. C’est ce qui s’écrit grâce au mathème de Lacan S(Ⱥ).
29Par la voie de l’ex-sistence, Lacan trouve la sortie de l’impasse freudienne concernant la féminité. Il extrait ainsi la jouissance féminine des mirages ontologiques de l’être qui la retenaient prisonnière de la logique de l’universel.
30Si Encore, comme nous l’indique Lacan, est le nom de la faille d’où part l’insatiable de la demande d’amour, cette demande ne peut trouver de réponse satisfaisante dans la logique qui relève du discours de l’inconscient, où l’être est attenant au signifiant m’être. C’est là que gît le malentendu qui noue l’amour, en tant qu’il vise l’être, au commandement du surmoi.
31Freud avait découvert, non sans surprise, « la démesure des revendications d’amour » [45] qui nourrit les malentendus de la relation de la fille à sa mère.
32Lacan épingle cette démesure du terme de « ravage » [46].
33Orientée vers le réel, l’analyse d’une femme peut la conduire jusqu’au terme qui marque pour elle une satisfaction, laquelle signe la sortie du ravage. Cette solution résulte de l’opération analytique qui produira une coupure qui sépare ce qui est relatif à la fonction de la mère, de ce qui provient de la lalangue. Étant donné que c’est la mère qui a transmis la langue, la fille attribue naïvement à la mère ce qui relève des effets traçants de la langue sur le corps. Ces effets, comme effets de jouissance qui affectent, font événement, ce sont des événements de corps.
34À procéder de la sorte, on isole le sinthome. Dans une analyse, une femme, chaque femme, peut cerner à terme sa façon sinthomatique absolument singulière de faire avec le réel du rapport sexuel qui n’existe pas.
35La fin de l’analyse lui donnera alors la chance d’un savoir y faire avec la solitude de l’Un [47]. Dans cette voie, elle peut consentir à sa jouissance qui la fait radicalement Autre, y compris pour elle-même. Elle pourra aussi consentir au réel de l’amour, se prêtant à occuper la place du sinthome pour un homme.
Notes
-
[*]
Esthela Solano-Suárez est psychanalyste, membre de l’ecf.
-
[1]
Cf. Jones E., La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, t. II, Paris, puf, 1972, p. 445.
-
[2]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 75.
-
[3]
L’élaboration de la logique de la sexualité féminine s’accomplit tout au long du Séminaire, livres xviii, xix, xx, et xxi, aussi bien que dans l’écrit qui porte le titre « L’étourdit ».
-
[4]
Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et l’Un », enseignement prononcé dans le cadre de l’Université populaire Jacques Lacan, leçon du 25 mai 2011, inédit.
-
[5]
Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 81.
-
[6]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xi, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 16-17.
-
[7]
Miller J.-A., « Théorie de Turin sur le sujet de l’École [2000] », La Cause freudienne, n° 74, mars 2010, p. 137.
-
[8]
Ou Emmie, l’orthographe varie selon les éditions.
-
[9]
Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, op. cit., p. 112-113.
-
[10]
Ibid., p. 112.
-
[11]
Ibid., p. 149.
-
[12]
Ibid., p. 51.
-
[13]
Ibid., p. 54.
-
[14]
Cf. Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 512.
-
[15]
Cf. Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 456.
-
[16]
Cf. ibid.
-
[17]
Lacan J., « Télévision », Autres écrits, op. cit., p. 528.
-
[18]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 115.
-
[19]
Ibid., p. 49.
-
[20]
Ibid., p. 53.
-
[21]
Ibid., p. 57.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Lacan J., Le Séminaire, livre xviii, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p. 149.
-
[24]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 71. C’est ce dont témoigne Thérèse d’Avila dans sa Vie écrite par elle-même, particulièrement dans le chapitre xx où elle rend compte du ravissement, état de jouissance fait de douleur et de délices, qui la transporte en dehors d’elle-même, tout le corps y étant pris. « Personne ne peut le croire, à moins de l’avoir éprouvé », dit-elle [Vie Écrite par elle même, Paris, Seuil, coll. Points, 1995, p. 207].
-
[25]
Lacan J., « L’étourdit », op. cit., p. 458.
-
[26]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 74 & Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et L’Un », op. cit., leçon du 2 mars 2011, inédit.
-
[27]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 74.
-
[28]
Ibid., p. 71.
-
[29]
Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et l’Un », op. cit., leçon du 9 mars 2011 ; lire aussi à ce propos Miller J.-A., « Un rêve de Lacan », Le réel en mathématiques, Paris, Agalma, 2004.
-
[30]
Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 467.
-
[31]
De cette scission de l’être et de l’existence dans l’enseignement de Lacan, Jacques-Alain Miller a fait « un jardin à la française » dans son cours de l’année 2011. Lire à ce propos Armand Zaloszyc, Freud et l’énigme de la jouissance, Nice, Éd. du Losange, 2009.
-
[32]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 58.
-
[33]
Ibid., p. 115.
-
[34]
Lacan J., « Télévision », Autres écrits, op. cit., p. 540.
-
[35]
Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 44.
-
[36]
Ibid., p. 85.
-
[37]
Ibid., p. 77.
-
[38]
Cf. ibid., p. 108.
-
[39]
Cf. ibid., p. 85.
-
[40]
Cf. Miller J.-A., « Lire un symptôme », présentation du thème du prochain congrès de la nls [Tel-Aviv 2012] au congrès de Londres [3 avril 2011], Mental, Paris, Seuil, no 26, juin 2011, p. 49-58.
-
[41]
Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, op. cit., p. 36.
-
[42]
Ibid., p. 116.
-
[43]
Lacan J., « … ou pire », Autres écrits, op. cit., p. 550.
-
[44]
Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire xi », Autres écrits, op. cit., p. 573.
-
[45]
Freud S., « La féminité », Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, p. 166.
-
[46]
Cf. Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 465 & Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 101, où Lacan dit que « l’homme est pour une femme […] une affliction […] un ravage ».
-
[47]
Cf. Samuel Beckett, Oh les beaux jours, Paris, Éd. de Minuit, 2010, p. 26-27. L’auteur met en scène un supposé dialogue du couple, où il ne s’agit en fait que de l’Une qui parle toute seule. Winnie, s’adressant à son partenaire Willie, énonce : « De sorte que je peux me dire à chaque moment, même lorsque tu ne réponds pas et n’entends peut-être rien, Winnie, il est des moments où tu te fais entendre, tu ne parles pas toute seule tout à fait, c’est-à-dire dans le désert ».