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Article de revue

Un choix de vie pour une clinique choisie

Pages 60 à 71

Notes

  • [1]
    Au moment d’écrire ces lignes (première quinzaine de février), les députés n’ont encore décidé de rien pour la navette à venir.
  • [2]
    De Gaulle C., Mémoire de guerre, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 261 et 1267.
  • [3]
    Le Monde, 21 janvier 2004, p. 11.
  • [4]
    Malraux A., Les chênes qu’on abat, Paris, Gallimard, 1971, p. 223.
  • [5]
    Le Figaro, 19 janvier 2004, p. 10.
  • [6]
    Miller J.-A., bulletin électronique de l’Agence lacanienne de presse du 20 janvier 2004
  • [7]
    Lacan J., De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Paris, Seuil, 1975, pp. 212-213.
  • [8]
    Servan-Schreiber D., Guérir, Paris, Robert Laffont, 2003.
  • [9]
    Le Monde 2, 22 et 23 février 2004, p. 26.
  • [10]
    Servan-Schreiber D., op. cit., p. 255.
  • [11]
    Ibid., p. 248.
  • [12]
    Freud S., Die Traumdeutung, Gesamelte Werke, Tome II-III, p. 45.
  • [13]
    Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », Écrits, Paris, Seuil, 1966, pp. 160-161.
  • [14]
    Lacan J., Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 393.
  • [15]
    Nietzsche F., Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 1993, Tome 2, p. 458.

1À la tombée du jour, le lundi 19 janvier 2004, au Palais du Luxembourg où siège le Sénat de la République, la copie de Bernard Accoyer, médecin et député français, a été corrigée par les professeurs Giraud et Mattei. La Faculté a parlé, le retour au bon ordre peut être attendu quand une ordonnance doit être exécutée. Homme de goûts affichés, d’écriture émolliente et de mœurs douces (la fameuse « réserve » du psychanalyste), l’antique élève du docteur Lacan, Jean-Bertrand Pontalis déclare à la radio qu’il n’est pas inquiet : much ado... Cette « loi » serait « inapplicable ». Pontalis est rassuré ; sa vénérable tendresse pour le monde et ceux qui l’habitent rejoint l’expérience des vieux briscards à qui on ne la fait plus. Pontalis est rassuré ; nous, pas du tout.

Archéologie d’une navette

2Depuis quand a-t-on imaginé qu’il faut créditer un législateur de raison cohérente, ou d’esprit d’équité, pour estimer qu’une loi est applicable ou non, alors qu’à un pouvoir déterminé suffisent la volonté et les moyens de l’imposer au justiciable qui n’en peut mais ? Pour rafraîchir la mémoire de l’illustre auteur du Vocabulaire de la psychanalyse, doit-on convoquer Jean de la Fontaine, déférer devant lui l’âne malheureux des « animaux malades de la peste », et lui rappeler que la logique d’un expédient n’a point besoin de s’entourer du même chichi qu’une solution élégante : « les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir » ?

3Certes, les professeurs Mattei et Giraud, ministre et sénateur, ne sont pas contre les psychothérapies, ainsi qu’au temps des « cent familles » le ploutocrate averti des particularités du populaire n’était pas hostile à la concession des congés payés. Ils sont de leur temps, comme l’Académie de Médecine qui, sans nulle hésitation, réprouverait aujourd’hui qu’on recommande l’invigoration du valétudinaire, ainsi qu’on le tolérait jusqu’à il y a peu. Mais pourquoi diable a-t-il fallu que le prédécesseur de monsieur Mattei fît voter une loi, pour qu’enfin en notre douce France l’on se préoccupât de combattre la douleur ? L’Académie oublie ce que l’on raconte de ses ancêtres ; que sans un édit du Parlement, imposé par le monarque du Grand Siècle, elle condamnait Harvey, le déclarait anathème et parfaitement impies les thèses de l’exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus. Scribes et pharisiens, ne voyez-vous pas que le seul fait qu’établit votre prise de position sur les psychothérapies, dont vous n’entendez rien pour, de mémoire d’homme, ne vous en être jamais soucié, prouve que quelque chose s’est tramé en coulisse ? L’heure est pourtant moins « grave » (sic : Pontalis, encore), que n’est d’un péril assuré le ralliement candide de ceux qui ne veulent rien apercevoir des perspectives qui se profilent à l’évidence.

4La surenchère du Sénat a sans doute correspondu à une scansion particulière dans l’actualité installée en octobre dernier par le vote subreptice de l’Assemblée Nationale. Cette scansion a pu paraître cruelle à ceux et à celles qui espéraient qu’il suffisait d’approcher le juste et le sensé, de les décrire en les démontrant pour les voir s’incarner. Pourtant, l’évènement demeure moins cruel qu’explicable, quand bien même il restera décevant. Un parti domine le Parlement, et ceux qui l’ont orienté au Luxembourg représentent en son sein un courant qui peut-être ne le résume pas. La manœuvre du tandem Giraud-Mattei a confondu le maniement de la représentation nationale avec ces pédagogies péremptoires dont la pratique sait donner au professionnel du cours magistral, recyclé après soixante-huit, les allures irrésistibles d’aimables et sournoises condescendances. Aussi, cette manœuvre est probablement à l’histoire du gaullisme, de son mystère d’une rébellion fondatrice, hautaine et plébéienne à la fois, ce que la tératologie est à celle d’une espèce. D’autres réponses peuvent être conçues au Palais-Bourbon [1], lequel est présidé par un homme dont la famille partage avec l’histoire de son pays de plus amples sources d’inspiration. Celui-là se souviendra-t-il qu’on cite Chamfort dans certaines Mémoires de guerre : « Les passions font vivre l’homme, la sagesse le fait seulement durer. » [2] Celui-là sera-t-il sensible, et parmi combien d’autres, disposant comme lui d’un héritage de légendes véridiques, qui célèbrent une bataille des libertés et disent le prix versé pour la justice au milieu du siècle passé ? Celui-là et combien d’autres seront-ils moins sourds à cette apostrophe d’un de leurs collègues du Sénat : « Monsieur le Ministre, pour le restant de vos jours, vous serez responsable d’avoir fait voter un amendement liberticide » [3] ? Ah ! Sans doute rêvons-nous, d’une manière coupablement romantique, en invoquant les mânes de quelqu’un qui savait confier à son Joinville : « Souvenez-vous de ce que je vous ai dit, j’entends qu’il n’y ait rien de commun entre moi et ce qui se passe. » [4]

De la liberté d’un choix de vie

5Il s’agit pourtant des libertés, des libertés bel et bien, et de nulle emphase, des libertés en général et de celle, singulière, fragile, sans laquelle la mise en question du sujet ne saurait être entamée. Le combat que mène l’administration du moment, ceux qui la dirigent, et la frange réduite des mandarins qui la conseillent, n’est ni celui du contrôle de la qualité, ni celui de la diminution des risques. Il s’agit de régenter un corps de psychothérapeutes, subalternes et disciplinés, dans le prolongement de l’occupation des Facultés de Médecine par la psychiatrie quantitative et de celles de Psychologie par le cognitivo-comportementalisme. Ce corps de psychothérapeutes doit être capable de venir en renfort d’une pratique asséchée et redondante, qui parle à tue-tête de biologie comme d’un slogan, et qui prône la rigueur comme un fier-à-bras roule les mécaniques. Il n’est peut-être pas faux d’affirmer que ces thérapies sont moins dangereuses, et plus « efficaces » [5], mais pourquoi ne pas préciser qu’elles sont moins dangereuses pour les thérapeutes eux-mêmes, pour leur carrière, et plus efficaces pour la comptabilité clinique dont l’arrogance ne souffre pas le dévouement nécessaire à la tolérance des paradoxes du transfert. Ce sont précisément ces paradoxes qui rapprochent le « psy » des humilités du scientifique, bien plus authentiquement que ces refuges bureaucratiques dans lesquels le nouveau savoir prétendument médical veut enfermer tous ceux qui n’acceptent pas de s’extraire aussi impunément des malheurs de l’être qu’on leur soumet.

6L’enjeu est en effet ce que Jacques-Alain Miller a distingué comme étant celui d’« un choix de vie » [6]. Ce choix est simple : assumer la dimension transférentielle de la clinique des choses mentales et du souci moral, ou n’y voir qu’erreurs de raisonnements, déficits fonctionnels de l’organisme, vices d’apprentissages, tributs des infractions commises contre les préjugés monotones de la tempérance médicale. Face à ces réductions abstraites, induites par la coloration scientifique qu’impose le marché des médicaments et des conseils psychologiques, face au conformisme dont ont besoin les maîtres du savoir, parce que l’efficacité de leurs prescriptions ne peut se passer de leur autorité sociale, notre responsabilité est sans doute de n’avoir pas assez veillé à populariser davantage une somme ignorée du grand public, celle des efforts accomplis par une partie des générations qui nous précèdent, par la nôtre et par celle qui nous suit. Le temps n’est-il pas venu de mettre au profit de la lutte contre cette exploitation revancharde des neurosciences, abusivement exportées hors de leur domaine légitime et fécond, les précieuses diversités épistémologiques comme l’étonnante répartition géographique de ceux qui n’acceptent pas la dénaturation académique des véritables objets en cause dans la souffrance qu’accouche la parole ?

Contre « les plans d’interrogatoire » et le conformisme des chiffres évaluateurs

7Qu’importe la justesse des chiffres, et qu’importe leur fausseté si ce qu’ils mesurent ne permet d’aller aux sources de la plainte ? Jusqu’à maintenant, et d’une manière étrangement innocente, nous ne songions pas qu’il faudrait un jour croiser le fer contre ceux et celles qui veulent guérir les sujets, en les décourageant d’imaginer qu’il existe des lieux où leur question ne subira pas le conditionnement implacable des questionnaires préétablis. En réalité, c’est une affaire plus ancienne, et proche de l’histoire de nos adhésions. Malgré le déguisement d’une technologie moderne, qu’elle vient d’endosser curieusement, l’impétrant Jacques Lacan en note le jour, au milieu d’une phrase de sa thèse, comme pour prendre date et, ainsi qu’on dépose un brevet, laisser une trace qui permette l’identification d’un événement : « Nous nous entretenions un jour (exactement un 2 mars) avec notre malade. Les plans d’interrogatoire, dont certains se targuent d’apporter le bienfait à la psychiatrie, n’ont que peu d’avantages auprès de gros inconvénients. Celui de masquer les faits non reconnus ne nous paraît pas moindre que cet autre qui est d’imposer au sujet l’aveu de symptômes connus. Aussi est-ce à bâtons rompus que nous devisions […]. » [7] L’homme des plans d’interrogatoire est ici Gaëtan Gatian de Clérambault. Dans la rupture avec son maître, Lacan isole ce motif parmi d’autres. Noter le jour et presque l’heure de ce mercredi 2 mars 1932 installe une certaine solennité : la devisée à bâtons rompus est ainsi élevée à la hauteur d’un outil de recherche, de l’outil qui répond à l’invention freudienne d’une liberté de parole.

8De nos succès d’audience, de notre extension continue, nous faisions jusqu’alors matière associative, mais comme pour nous seulement, dans une sorte de réserve indifférente aux échos de sa propre nécessité. Cette prudence modeste n’est plus de mise, face à la menace insipide d’une neutralisation des trouvailles que l’exigence clinique réclame pour opérer. Oui, le conformisme du chiffrage évaluateur, qu’on infligera aux psychothérapeutes très codifiés, aux limites d’une parodie pseudo-expérimentale, est, à n’en pas douter, une menace directe pour les libertés les plus intimes, pour les libertés de la demande que forgent les désirs de se porter mieux ou de moins souffrir, pour la liberté des demandes qui s’adressent à l’ensemble disparate que nous formons. On savait que ces libertés conditionnaient la possibilité même de l’acte analytique (confer le destin de la psychanalyse dans les bureaucraties totalitaires). Nous devons maintenant faire savoir que, dans l’ensemble du champ que couvre la plainte du sujet, une menace existe, parce qu’une caste, qui se prétend sans idéologie, est parvenue à convaincre de son efficacité une série de promotions d’administrateurs, dont la permanence statutaire domine la valse des hommes politiques. Cette efficacité s’accompagne des séductions de la simplicité, parce que cette simplicité est parvenue à masquer l’ambition qui la motive, à savoir une éradication minutieuse des concepts nécessaires à l’extrême diversité des phénomènes qu’il nous faut considérer, comme à la multiplication infinie des particularités subjectives qui les composent. Soutenir que l’on peut négliger cette diversité, et cette multiplication, est la marque d’une idéologie, celle d’une psychiatrie qui pense que la médecine doit être expéditive, et d’une psychologie qui rêve d’être en blouse blanche. L’une et l’autre forment une caste qui dépasse les frontières, comme si, sur les brisées du fast-food, son ambition était d’universaliser le fast-care. À court ou moyen terme, la rançon de cette mondialisation farfelue sera économique et politique : au peuple le soin rapide, aux mieux lotis le luxe bourgeois du temps qu’il faut pour comprendre et connaître les sources cachées de la douleur de vivre.

De l’irrespect des dispositions intimes du sujet

9Tel est, selon nous, l’un des secrets du rapport commandé par la Direction Générale de la Santé (DGS) à l’Inserm. La chose est désormais connue, ce rapport établit la supériorité écrasante, en termes d’efficacité, des thérapies cognitivo-comportementales. Nous nous sommes fréquemment demandés d’où provient notre déplaisir éprouvé à la lecture des articles et des livres consacrés aux thérapies cognitivo-comportementales. Ce déplaisir a une tonalité particulière, il ne se réduit pas à une indignation devant le culot de la simagrée pseudo-scientifique qui cherche à dissimuler une volonté de propagande banale. Il ne se réduit pas non plus aux réactivités, coutumières à ceux dont la passion est contrariée par la considération de thèses trop hostiles, ou agacées par des polémiques partisanes et froissantes.

10Il s’agit d’une autre cause qui explique ce qui perdure. Il s’agit d’un refus profond, bien différent d’un mécontentement, de tolérer une remontée dans le temps, aux débuts de la médecine des choses mentales, quand le soin voisinait avec le châtiment, quand l’académisme dont s’entourent volontiers les pouvoirs sanitaires ne pouvait cacher la ressemblance entre certains traitements et de vrais sévices. La psychiatrie de l’après deuxième guerre mondiale dénonçait ces subterfuges d’un despotisme soignant, dont la renaissance apparaît d’autant plus paradoxale qu’on le croyait banni, à l’heure où le reste de la médecine se préoccupe enfin de l’apaisement des douleurs qu’elle provoque. Au principe des TCC, une intimidation doucereuse offre ironiquement à la célèbre ambiguïté de la neutralité bienveillante des psychanalystes, la réplique sardonique de l’image inversée d’une bienveillance tourmenteuse et brutale.

11Aussi, nous n’identifions pas la cause de ce déplaisir à une passion de la vérité offensée, mais plutôt aux raisons d’un sentiment d’iniquité, d’un irrespect des dispositions intimes du sujet. Est-ce strictement fondé ? Comment savoir ? Retenons que, dans cet état d’esprit qui est le nôtre, ne sont mobilisés ni le lien à la vérité, ni le souci des progrès ou des reculs dans notre champ d’investigation, mais nos idées sur la simple justice. Une conviction s’y ajoute, celle que le harcèlement par le questionnaire, qu’ils prônent, conduit au forçage des fondations silencieuses de l’être, que répète la liberté fondamentale de la parole, lorsque, dans l’organisation de la cité des hommes, le secret de l’isoloir la célèbre.

12Et ce sera aussi bien un obstacle à surmonter, lorsqu’il faudra débattre, sinon avec eux, du moins débattre d’eux. À l’idée que, après avoir lu le rapport de l’Inserm sur les psychothérapies, il fallait formuler un avis, l’auteur de ces lignes s’est trouvé bien perplexe. La solution a été de chevaucher l’embarras en transformant en méthode la recommandation d’un personnage peu recommandable, le duc d’Otrante, alias le Mitrailleur de Lyon, le nommé Joseph Fouché, dont on raconte qu’il affirmait que, pour s’orienter entre les gens et leurs affaires, il convenait de ne tenir compte que de leur première réaction, qui était toujours la bonne. Cette méthode est scabreuse, à la mesure du risque encouru d’infliger au lecteur l’impudeur de ses antipathies avouées, et de lui donner l’idée de l’insuffisance d’une critique inobjective et frivole, parce que trop épidermique. Il faut néanmoins se résoudre à la suivre, puisque nous n’en avons point d’autre capable de s’égaler à la vigueur de notre désaccord.

(n.t.e.) et (r.c.e.)

13Pour le texte demandé à l’Inserm, la première réaction a été une exclamation : « Mon dieu, cette clinique est pratiquement nulle ! » Bien que prenant sa part du zéro, qui n’est pas rien dans l’histoire du monde et de la pensée, on ne peut faire que peu de chose avec ce sentiment de nullité, sinon laisser tomber. Il apparaît pourtant possible de prendre là un point de départ, en comparant l’effet produit par cette découverte avec un autre effet d’une seconde lecture, qui la précède de quelques mois, celle du livre de David Servan-Schreiber, paru chez Robert Laffont, qui s’intitule Guérir. C’est que l’on se souvient ici de l’avoir refermé en pensant à mi-voix : « Ce livre est décidément parfois trop bête ! » L’hypothèse « méthodologique » présente est que nullité et bêtise résument deux conjonctures différentes et que, si l’on parvient à les hisser au rang de véritables notions heuristiques, il doit être possible de les coupler, pour faire du binaire obtenu un instrument critique, certes élémentaire, mais tout compte fait discriminant. La charité oblige à retenir que ce binaire bêtise-nullité peut sembler trop amplement désobligeant pour les auteurs des œuvres examinées. Désobligeant, c’est-à-dire condescendant, ce qui contrevient aux précautions de modestie requises pour le sérieux de notre approche. Contournons cette difficulté, en précisant que l’on entendra, par bêtise, une naïveté trop exagérée (n.t.e.), et par nullité, une réserve conceptuelle excessive (r.c.e.). Ainsi, la bêtise est un effet, une forme de spontanéité, un sursaut presque naturel, une manière d’aveu de l’être somme toute sympathique, s’il ne devient pas militant. La nullité, dans notre binaire, procède d’une décision, témoigne d’un a priori, d’une orientation résolue de la pensée vers sa propre abstention.

14Quiconque lit le Séminaire de Lacan concevra qu’il est question ici d’affaires de discours, et que l’on peut nommer bêtise (n.t.e.) un effet de vérité qui s’accouche de lui-même lorsque apparaît l’impuissance d’un savoir à qualifier la chose examinée, et que l’on peut appeler nullité (r.c.e.) le résultat obtenu par un savoir quand il s’autorise de l’arbitraire pour disserter sur un objet privé de toutes les amarres de la représentation crédible, pour disserter sur le vide en un mot.

15Pour l’illustration de la naïveté trop exagérée (n.t.e.), on doit rendre grâce à Servan-Schreiber dont le livre Guérir[8] (sous-entendu : sans les médicaments et sans la psychanalyse) est une corne d’abondance. David Seran-Shreiber n’a pas tort de voir en nous des philistins, dans la mesure où, dans le vieil argot estudiantin, le peuple de Goliath désigne ceux qui ont l’outrecuidance de ne pas se recommander de l’Université, ni des excellences estampillées. Nous n’ironisons pas, mais remarquons seulement que le nouveau de Guérir n’est pas de chanter la bonne nature, ni de prôner le mirifique des médecines douces, mais de le faire au nom des sciences dures. En ce sens, le succès de ce livre doit être retenu comme un phénomène de société bien contemporain, une manière d’exploit qui mérite, au-delà de notre réticence, la considération étonnée.

16La maman de l’auteur confiait récemment cette réflexion à la presse : « Chez nous, il n’y a pas de ratés. Être brillant, c’est normal, et David était un enfant normal. » [9] Le journaliste, sans doute, n’est pas innocent dans la production de semblables confidences, compromettantes, tant paraît facile la critique contre la suffisance ingénue de cet élitisme des beaux quartiers. Cependant, en s’y penchant de plus près, il y a davantage à dire que seulement se moquer de la bévue d’une affection maternelle, dont l’expansion infatuée doit probablement encombrer le fils.

17À notre avis, la portée réelle de cet énoncé un peu ridicule est celle-ci : pour comprendre les valeurs et le talent d’un psychiatre de la pointure de David, ne vous avisez pas de rechercher des causes dissimulées dans le particulier de son histoire qui n’est le recel d’aucun motif différent de celui que la sélection publique des capacités met au jour. Fouille-au-pot freudien, ou futur biographe, s’abstenir ! La confidence sur le brillant et le normal répercute en réalité un noli me tangere, dont Lacan a pu dire qu’il était un fantasme répandu à l’origine des vocations médicales.

18Ce fantasme, noli me tangere, est une variante d’un autre, le fantasme des fantasmes, « un enfant est battu ». Un enfant est battu par le père, et cet enfant ne peut être moi, qui suis aimé par lui, lui qui ne sait que m’aimer, en raison de l’effort que je prodigue, pour le lustre d’une œuvre que j’édifie en son nom. Cette plaisante émotion familiale – une « vignette », comme disent les cliniciens – éclaire ce qui se dresse devant nous dans l’actualité : un conservatisme de possédant, qui voit dans les aubaines de la modernité la fidèle servante de ses traditions. Nous ne forçons rien, ni ne tordons la référence à un auteur, dont on sait, qu’avec Daniel Widlöcher, il a été spécialement consulté pour la rédaction des conclusions du rapport de l’Inserm sur les psychothérapies. Soit, l’avant-dernier paragraphe de son livre déclare : « Je voudrais saluer l’esprit de mon père qui souffle à travers toutes ces pages. C’est dans son bureau de notre maison de famille… que s’est écrit tout seul le premier plan de ce Guérir. Je n’ai jamais eu à en dévier une seule fois par la suite. » [10]

19Laissons là le pittoresque, mais conservons encore l’ouvrage ouvert un peu avant : « Aujourd’hui, à quarante et un ans, après des années passées au chevet d’hommes et de femmes de toutes les origines, confus et souffrants, je repense à l’Étranger, en des termes bien différents. Il me semble clair que le héros existentiel de Camus n’était pas connecté à son cerveau émotionnel. » [11] Devant une telle calembredaine, le premier mouvement est de désespérer d’une niaiserie indépassable. Mais on aurait tort d’en décider ainsi, tout d’abord par une précaution d’humilité, et pour ne pas entendre à nos dépens le rappel de la parabole de la paille et de la poutre. Nos bêtises (n.t.e.), qui sont peut-être moins « brut de décoffrage » que celle-ci, qui semble accabler la mémoire du pauvre Meursault, davantage encore que les clartés de l’Algérie, existent néanmoins. Sans aller jusqu’à citer André Gide qui traitait qui l’on sait « d’imbécile de génie », ou Jean-Pierre Vernant, cabré, au nom d’une juste érudition, contre la réduction drastique que le complexe freudien fait subir à la richesse foisonnante du mythe d’Œdipe, songeons plus simplement à Jacques Lacan vitupérant régulièrement la folie littéraire des productions psychanalytiques. Bien qu’il en mette un coup, David Servan-Schreiber n’a pas le monopole de la bêtise (n.t.e.), et nous jouons là notre rôle parfois presque aussi avantageusement qu’il tient le sien. Notre bêtisier est fourni, comme il fourmille sous toutes les latitudes, avec toutes les obédiences, depuis deux siècles, soit depuis la naissance de la clinique des choses mentales dont nous héritons, volens nolens.

20Or, sur de telles considérations, peut être soulignée une importante différence entre la clinique psychiatrique classique et la moderne, et c’est sur ce point que l’originalité du livre Guérir peut être remarquée, voire célébrée, pour ses qualités d’exemplarité caricaturale. Si la clinique qu’il produit parfois est bête (n.t.e.), comme peut l’être la nôtre, la psychopathologie moderne, dont il s’inspire, est d’une invraisemblable misère de réflexion théorique. La bêtise y témoigne une fidélité à notre classicisme commun, tandis que la nullité (r.c.e.) ressortit à une argumentation désertique, contemporaine et désastreuse, comparable à celle qui inspire le rapport de l’Inserm sur les psychothérapies.

Le degré zéro de l’épistémologie

21La clinique psychiatrique classique et la moderne sont toutes deux aussi impératives et autoritaires. Dès sa Traumdeutung, Sigmund Freud le reprochait à ses collègues de la Faculté : « Das Mistrauen des Psychiaters hat die Psyche gleichsam unter Kuratel gesetzt », la méfiance du psychiatre a mis le psychique pour ainsi dire en tutelle [12]. Mais, s’il arrivait, à l’ancienne, de produire des bêtises comme moment de vérité, où se démontrait l’impuissance du savoir, s’il arrivait à la psychiatrie classique d’être bête parfois, elle n’était pas nulle. Certes, elle nous semblait quelquefois fausse, comme la nôtre lui apparaissait souvent inconsistante, mais nous n’y trouvions pas cette réserve conceptuelle excessive (r.c.e.), qui fait de la clinique contemporaine un catalogue de futilités consternantes. À cette ancienne inspiration, il arrivait à Lacan de rendre un hommage explicite : « En mobilisant Gestaltisme, behaviourisme, termes de structure et phénoménologie […] vous avez montré des ressources de science […]. Car l’authentique dialectique où vous engagez vos termes […] suffit à garantir la rigueur de votre progrès. J’y prends appui moi-même et m’y sens combien plus à l’aise que dans cette révérence idolâtrique des mots qu’on voit régner ailleurs, et spécialement dans le sérail psychanalytique. » [13]

22L’indigence conceptuelle de la nouvelle clinique, le degré zéro de l’épistémologie, qu’elle revendique presque, révèle un changement d’orientation et d’alliance à l’intérieur d’un même discours, celui du maître. Ce que nous nommons « la psychiatrie classique » était celle d’un maître très explicitement sensible à l’hystérie et à son discours. « La psychiatrie nouvelle », statistique et quantitative, est celle d’un maître, qui louche du côté de l’université, du discours universitaire plutôt. De l’une à l’autre, on est passé de la scorie intellectuelle, comme effet d’un dispositif discursif, à l’indigence de la pensée comme nécessité absolue d’un nouveau système. Nous sommes passés de la bêtise (n.t.e.), comme moment de révélation du retour de l’insurrection de la vérité, à la nullité (r.c.e.), comme exigence méthodologique de la mystification doctrinale, comme lugubre figure d’un nouvel épisode d’une éternelle « trahison des clercs ». À l’instar des désinfectants de jadis, qui n’avaient pas besoin d’une microbiologie sophistiquée, les tcc n’ont que faire de la sémiologie fine et complexe de nos anciens maîtres pour s’assurer d’un nettoyage suffisant de la pathologie.

23Trouvera-t-on que nous nous égarons ? Eh ! Quoi ! La consomption de l’esprit, le raisonnement foudroyé, l’humble fidélité à la lecture des faits congédiée ! Comment imaginer que tant de mésaventures d’une sagacité insultée seraient la rançon de cette alliance entre l’homme de l’art et l’alma mater ? Nous y voyons pourtant l’explication d’une méfiance passionnément maintenue jusqu’à son dernier souffle, de la méfiance d’Henri Ey contre l’imperium du professorat de la psychiatrie médicale. Il ne pouvait s’agir des seules personnes, souvent plus travailleuses dans les CHU que dans les asiles. Henri Ey avait-il deviné qu’à l’université, sa bêtise à lui, son fameux organo-dynamisme, une bêtise qui avait de la branche, ferait naufrage, et sans délai ? Sa bêtise, son organo-dynamisme, était le lot de sa croyance. Henri Ey croyait en la science et, comme Charcot, ne méprisait pas les manifestations du discours où elle prenait son élan. Henri Ey croyait à la science, les experts auteurs du rapport se croient être des savants.

24Trouvera-t-on que nous nous égarons lorsque nous faisons de l’universitarisation de la clinique des choses mentales, cette huitième plaie accablant le delta des alluvions fertiles ? Nous oublierions alors que Lacan l’avait annoncée aux toutes premières lignes d’un texte paru en 1969 : « À deux de ces personnes qu’on appelle des nullités, ce qui dans l’opinion, étudiante tout au moins, ne fait que mieux valoir leur titre à occuper la place de professeur […]. » [14] Il ne convient naturellement pas d’ôter à cette phrase son contexte, on risquerait, à le faire, de blesser ceux qu’elle ne visait pas, mais on ne croira pas pour autant que cette violence évangélique puisse être rabattue à la seule ambiance des années soixante-huit. Avec ce barbarisme, universitarisation, nous désignons la victoire de l’amphithéâtre sur l’atelier ; celle dont s’inquiétait en s’en amusant, à la fin des années quarante, le grand Henri Ey lorsqu’il daubait le psychiatre des villes en prenant, lui, parti pour celui des champs.

Donner la parole, ou la refuser

25Il y a deux niveaux à distinguer dans notre cause présente, celui du discours du maître, en tant qu’il a toujours été celui de la psychiatrie, et celui de la forme nouvelle qu’il a pris depuis un petit quart de siècle. Un changement de stratégie fait passer de la réception soufferte pour les réalités morales, présentées par l’expérience hystérique, à la proscription scolastique croissante de toute révocation en doute des puissances du savoir chiffrable.

26De l’accueil offert par l’aliéniste à l’insurrection possible de la vérité, l’analyste profitait, comme il profitait du malentendu ainsi ménagé, qui lui permettait de prendre langue avec le psychiatre. Le psychiatre à l’ancienne donnait la parole au sujet, pour la refouler plus souvent qu’à son tour. Le moderne la lui donne, pour qu’elle ne serve à rien, c’est-à-dire qu’il la lui donne pour la lui ôter, en réduisant tout son articulé au monosyllabisme de la réponse qu’il attend.

27Il arrivait au premier de stigmatiser le trouble, le second veut le ravaler, en se pénétrant de la conviction de son insignifiance apparente.

28Dans ce passage, entre stigmatisation et ravalement, on peut trouver la trace qui explique l’indigence présente de la psychopathologie. La grande victime du rapport commandé par l’Inserm est d’abord la science. En médecine, un vrai savant, un médecin qui prétend se hisser à la hauteur d’une vérification scientifique, est celui qui va jusqu’au terme de la destitution subjective qu’implique son mouvement. Ainsi, pour l’essai en double aveugle, qui stipule que, ne sachant lui-même ce qu’il prescrit, le prescripteur s’exclut comme sujet, du champ de l’expérience. Sans la totalité de ce dispositif, l’ensemble de la vérification perd son crédit. Ainsi, pour les trois formes de psychothérapies examinées, aurait-il fallu que, non seulement le prescripteur ne sache pas laquelle des trois il conseille, mais que davantage encore le psychothérapeute en personne ne sache pas quelle méthode il applique. Comme l’affaire mène à l’absurde, le savant de l’expertise recule, mais ce recul ôte toute légitimité à la moitié de la méthode qu’il conserve. D’où le coup de force qui clôt ce rapport et que, dans sa quasi totalité, la presse nationale a repéré. Ce coup de force est en réalité un clin d’œil fait à l’autorité administrative : donnez-nous des psychothérapeutes dignes de nos résultats qui sont conçus pour déjà guider leurs efforts, et non pour les sanctionner.

29Ces résultats sont simples : quinze pathologies sur seize étant guéries par les tcc, il nous faut donc quinze fois plus de psychothérapeutes cognitivo-comportementalistes que d’analystes. C’est, croyons-nous, le seul point véritablement scientifique dans ce texte. Mais il s’agit d’une science éprouvée par la folie des nations, avant que les peuples ne se fatiguent des faits du Prince. C’est la « science » du cujus regio, ejus religio. C’est certain, seules en piste, les tcc seront les meilleures. Nous nous expliquons ainsi ce sentiment d’injustice que nous ressentons lorsque nous considérons, avec ce rapport, une main basse sur le parlêtre, une chasuble de farce jetée sur la science médicale, que nous avons trop aimée pour apprécier la plaisanterie amère qu’est cette expertise. Sans doute, le devrions-nous, cela nous permettrait de nous escarmoucher plus joyeusement avec ces cliniciens sans clinique crédible, c’est-à-dire sans clinique qui s’appuie sur ce qu’elle a à « cliniquer », et qui demeure, quoique chacun puisse en avoir, la pensée et les choses qu’elle fomente, joies et malheurs confondus.

L’évaluation comme méthode ?

30Un clinicien sans clinique crédible est celui qui fait mine de négliger le départ absolu qui fonde la pratique de notre champ de souffrances spécifiques. On ne sait rien de la nature d’un trouble si l’on ne se penche pas sur les raisons qui conduisent un sujet, ou son entourage, à s’en plaindre. Une construction de savoir, qui prétend faire l’économie de cette préoccupation préliminaire, se condamne à l’invraisemblance scientifique d’une objectivité de pacotille et d’un reflet des idéologies moyennes d’une époque.

31Tout uniment, l’implication du sujet de la plainte « à l’entrée » doit être considérée « à la sortie ». On est un peu gêné d’avoir à rappeler que la condition d’un succès thérapeutique est d’être apprécié comme tel par le sujet lui-même, bénéficiaire satisfait de ce qu’on lui a proposé. Sans aller jusqu’à mobiliser l’argument de la suggestion, il semble difficile de croire au sérieux d’une vérification qui ferait si peu de cas de ce qui est vérifiable !

32Dans notre champ, un succès n’est jamais vérifiable par l’agent de l’acte, puisque seul le consentement subjectif de l’autre le vérifie. Pourquoi ne pas vérifier la vérification, rétorquera-t-on ? Certes, mais sous la condition de ne pas se payer de mots. Ainsi qu’a su le souligner récemment Jacques-Alain Miller, nos « taux de guérison » ne sont jamais qu’« indices de satisfaction ». Regrettera-t-on que ce relativisme nuise à la science, lorsque tout démontre que passer outre débouche sur une science nuisible ?

33Quelque soit la méthode choisie en notre champ, nul thérapeute ne peut se prévaloir d’être à la source d’un heureux dénouement, sans courir le risque de longer d’un peu trop près les frontières de l’imposture intellectuelle. L’indispensable considération du consentement subjectif, à l’origine d’une guérison, voire d’une amélioration symptomatique, est un fait de structure, que l’enseignement de Jacques Lacan éclaire lorsqu’à la fin d’un Séminaire consacré à l’éthique de la psychanalyse il convoque, avec force, la bien improbable perspective du jugement dernier : au point où le langage atteint la limite de ce qu’il sait nommer, au point où tout savoir défaille en se prétendant exact, faute d’être précis, au point où l’Autre manque à fournir une représentation du bien qui sache dépasser l’au-delà du plaisir, seule la responsabilité de l’acte est exigible. Encore faut-il l’assumer, et ce n’est pas au sujet, mais à l’agent de cet acte, de le faire. Celui-ci ne peut se rompre à cette ardente nécessité, à ce souci légitime de l’expertise, qu’en s’informant de ce qui est mal, puisque les raisons du bien dépendent du consentement qui lui échappe, celui du sujet.

34Notre pratique, tout le champ de nos pratiques, psychanalytiques ou psychothérapeutiques, se définit par cette absence de symétrie entre le bon et le mauvais, entre une rationnelle certitude du mal que nous pouvons y provoquer et une connaissance du bien qui ne s’élève jamais au-dessus de l’infatuation.

35À celui qui s’en prévaut, la guérison fait retour, telle une malédiction épistémologique. Il l’obtiendra toujours, cette guérison, assurément capable de la chiffrer, puisqu’il a déclaré que cette guérison est chiffrable, mais il n’a chiffré que ce qui lui semblait guérissable. L’enjeu est alors d’obtenir que les demandes qui lui sont adressées n’excèdent pas les limites de ce qu’il a estimé propice à la mesure comptable. Cet enjeu est politique, parce qu’en lieu et place d’une réussite improuvable en raison, il faut installer le consensus des praticiens.

36Aussi, n’est-ce pas commettre d’exagération en soutenant que la recherche du consensus thérapeutique est, dans l’ordre de la réflexion pour notre champ, aussi périlleuse que l’était le simoniaque dans l’ordre des pratiques. Psychothérapeutes cognitivo-comportementalistes et évaluateurs des qualités administratives du soin ne font rien de mieux qu’essayer d’obtenir quelque chose qui ressemble comme une vieille lune à l’injonction vaniteuse et intimidante du Zarathoustra : « cesse de parler convalescent… va où t’attend le monde » [15]. C’est impossible, car là où ça cesse de parler, le monde n’attend plus, et là où ça ne cesse pas de parler, le monde nous attend. Le savent, sans doute, ceux qui veulent le décourager de la parole libre. Il leur suffit pour cela, croient-ils, de promouvoir une méthodologie qui, à l’instar du Also sprach…, vaut, für Alle und Keinen, pour tous et pour personne.


Date de mise en ligne : 01/12/2017.

https://doi.org/10.3917/lcdd.057.0060

Notes

  • [1]
    Au moment d’écrire ces lignes (première quinzaine de février), les députés n’ont encore décidé de rien pour la navette à venir.
  • [2]
    De Gaulle C., Mémoire de guerre, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 261 et 1267.
  • [3]
    Le Monde, 21 janvier 2004, p. 11.
  • [4]
    Malraux A., Les chênes qu’on abat, Paris, Gallimard, 1971, p. 223.
  • [5]
    Le Figaro, 19 janvier 2004, p. 10.
  • [6]
    Miller J.-A., bulletin électronique de l’Agence lacanienne de presse du 20 janvier 2004
  • [7]
    Lacan J., De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Paris, Seuil, 1975, pp. 212-213.
  • [8]
    Servan-Schreiber D., Guérir, Paris, Robert Laffont, 2003.
  • [9]
    Le Monde 2, 22 et 23 février 2004, p. 26.
  • [10]
    Servan-Schreiber D., op. cit., p. 255.
  • [11]
    Ibid., p. 248.
  • [12]
    Freud S., Die Traumdeutung, Gesamelte Werke, Tome II-III, p. 45.
  • [13]
    Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », Écrits, Paris, Seuil, 1966, pp. 160-161.
  • [14]
    Lacan J., Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 393.
  • [15]
    Nietzsche F., Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 1993, Tome 2, p. 458.
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