Nous sommes assis en rond. Le patient s’est installé sans réticence au milieu de nous. Je me présente, puis chacun de mes co-thérapeutes, plus ou moins longuement, décline son identité. La psychologue française du patient, Thérèse, explique au groupe pourquoi elle a souhaité cette rencontre. Nous reprenons ainsi la longue pérégrination du jeune patient, qui, étudiant en Guinée, fut assailli de voix effrayantes qui le firent basculer dans la folie, alors que son père, resté au Tchad, menaçait de ne plus lui payer son loyer.
Cette petite scène pourrait se dérouler à Bobigny, à Cochin, à Bordeaux ou à Montréal. Elle se passe à N’djamena au Tchad, dans les entrailles de la cathédrale, à quelques mètres de la résidence présidentielle de Déby. Dans une petite pièce aux murs lézardés, nous faisons une consultation ethnopsychiatrique de façon « classique », aux détails près que je connais peu mes co-thérapeutes, en dehors de Thérèse, qui m’a invitée pour quelques jours dans sa structure le CEDIRAA (Centre Diocésain de la Recherche-Action en Alcoologie).
J’ai rencontré Thérèse à Bordeaux. Son mail avait attiré mon attention : elle cherchait un stage relativement court, car elle travaillait au Tchad et faisait ses études de psychologie par correspondance à Paris. Thérèse s’était acquittée de ses obligations universitaires avec sérieux, et nous avions partagé des moments simples et chaleureux durant son passage à Bordeaux. Sa participation aux consultations et aux activités de l’équipe de Bordeaux, révéla une personne déjà très aguerrie à la pratique psychothérapeutique, familière du vocabulaire psychanalytique…
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