Couverture de JPE_004

Article de revue

Expérience esthétique, contenance et transformation

Pages 579 à 598

Notes

  • [1]
    Broch H., « Hofmannsthal et son temps », in Arabella, Strasbourg, Bleu Nuit Éditeur, février 2003, p. 93.
  • [2]
    Massin J. & B., Ludwig van Beethoven, Paris, Arthème Fayard, 1977, p. 406.
  • [3]
    Debussy C., Monsieur Croche & autres écrits, Éditions François Lesure, Paris Gallimard, 1987, p. 325.
  • [4]
    Le fonctionnement de cet atelier a fait l’objet d’un ouvrage, à paraître prochainement dans la collection « Le Fil rouge – Enfants » aux Puf sous le titre L’Art de l’enfant, l’enfance de l’art, art-thérapie, autisme et supervision.
  • [5]
    Les deux thérapeutes s’occupant de cet atelier étaient : une art-thérapeute sculpteur et une infirmière, formée à l’observation psychanalytique du bébé selon la méthode d’Esther Bick (ouvrage cité).
  • [6]
    Elle fréquentait un petit groupe thérapeutique à temps partiel, trois fois par semaine, prise en charge par un éducateur et par une autre infirmière.
  • [7]
    Hoffmann E. T. A. (1819), Les Opinions du Chat Murr, Paris, Éditions Gallimard, 1943, Phébus Libretto 1988.
  • [8]
    L’atelier n’est pas le même que celui des très jeunes enfants autistes, mais un autre, réunissant des enfants un peu plus âgés au sein d’un hôpital de jour.
  • [9]
    Borges J. L. (1986), Entretiens sur la poésie et la littérature, NRF Gallimard, 1990, p. 19.
  • [10]
    Musset (de) A. (1888), Œuvres complètes, Éditions Charpentier, p. 98.
Tirer vers la terre un lambeau du ciel, le tirer à l’intérieur de soi-même...
Hugo von Hofmannsthal, Extrait d’une lettre à Richard Strauss[1].

D’où vient l’expérience esthétique ?

1Louis Schlösser, jeune homme de vingt-trois ans, futur maître de chapelle à Darmstadt, noue une profonde amitié avec Ludwig van Beethoven. Lors d’un de leurs entretiens il demande à son « dieu » comment trouve-t-il « le juste ».

2À cela Beethoven lui répond :

3

Je porte mes idées en moi longtemps, souvent très longtemps avant de les écrire… Je change beaucoup de choses, je rejette et j’essaie de nouveau autant qu’il le faut jusqu’à ce que je sois satisfait. Alors commence dans ma tête l’élaboration en largeur, en longueur, en hauteur et en profondeur […].
Vous me demanderez où je prends mes idées ? Je ne peux pas vous le dire avec certitude ; elles surgissent sans avoir été évoquées, immédiatement ou par étapes. Je pourrais les saisir avec les mains, dans la libre nature, dans la forêt, en promenade, dans le calme de la nuit, à l’aurore ; ce qui les suscite ce sont des dispositions d’esprit qui s’expriment avec des mots chez le poète et qui s’expriment chez moi par des sons résonnant, bruissant, tempêtant jusqu’à ce qu’enfin ils soient en moi de la musique [2].

4Quatre-vingt-dix ans plus tard, Claude Debussy donne sensiblement la même réponse à Henri Malherbe, venu l’interroger sur la composition de son opéra Le Martyre de Saint Sébastien :

5

Qui connaîtra le secret de la composition musicale ? Le bruit de la mer, la courbe d’un horizon, le vent dans les feuilles, le cri d’un oiseau déposent en nous de multiples impressions. Et, tout à coup, sans qu’on y consente le moins du monde, l’un de ses souvenirs se répand hors de nous et s‘exprime en langage musical. Il porte en lui-même son harmonie. Quelque effort que l’on fasse, on n’en pourra trouver de plus juste et de plus sincère [3].

6En deçà et au-delà des mots, reflet de l’univers interne de l’artiste en relation étroite avec le monde ambiant, les arts expriment les traces de ces liens que nous savons insondables, forts et subtils, que tissent ces deux mondes entre eux. Les séparer est impossible, tant leurs racines, leurs branches, leurs feuilles s’interpénètrent mutuellement pour former l’image d’une forêt, qui recèle dans ses profondeurs les innombrables richesses de la nature et les secrets de l’humanité. Un mouvement perpétuel entre ces deux mondes imprime au plus profond de nous-mêmes nos expériences affectives qui servent de nourriture à toutes nos activités artistiques et ses formes primaires étayent toutes activités expressives. Jetant des ponts au-dessus des abîmes, elles ont pour ambition secrète d’approcher le mystère de l’incarnation. Tapis dans les coulisses de l’inconscient, les potentialités expressives attendent l’artiste. Il lui incombera, en qualité de passeur d’émoi, de penseur de texte, de compositeur de musique ou de mots, de procéder à l’harmonisation et à la mise en forme de ces expériences intimes, puissantes, jusque-là chaotiques ou demeurées encore silencieuses ou encryptées. Ainsi, et même si nous pensons que tout a été dit, il restera toujours tout à révéler et tout à dire, tant ces expériences sont personnelles, intimes, uniques et portent le sceau singulier de chaque créateur, de chaque artiste.

7Les créations recèlent en elles toute la beauté transmise par l’objet, mais aussi une immense charge d’agressivité, de haine de soi, de frustration, de colère, une charge de destructivité qui menace continuellement les fruits de la créativité.

La voix maternelle

8Aujourd’hui nous pouvons affirmer que la musique, par le truchement de la voix maternelle, est le premier contenant offert à l’enfant, la première expérience esthétique, qui l’introduit dans l’univers humain. C’est la voix de la mère qui, par sa présence ou par son absence, tisse les prémices de la sensibilité artistique de l’enfant et permet que s’ouvre pour lui des chemins vers les arts. C’est aussi elle qui offre à l’enfant une première expérience de discontinuité et la toute première possibilité d’intégration des contraires, première marche sur la longue montée vers l’autonomie, première expérience de l’altérité. Bien avant la naissance, l’enfant réagit à la voix de sa mère et « danse » en harmonie avec elle. Avant d’être sensible aux couleurs du monde, le bébé s’imprègne des couleurs des sons, des timbres des voix, mais aussi des bruits qui l’environnent. Durant toute l’existence, de la naissance aux moments ultimes de la vie, la voix va être ce lien entre nous et les autres, entre nous et nous-même et la toute première enveloppe pour nos affects et pour nos pensées.

9Avant d’ouvrir les yeux sur le miroir des yeux maternels, avant de vivre l’éblouissement par la « beauté de l’objet », c’est dans le bain des sons que se trouve immergé le bébé. Mais cette beauté de la mère gardera toujours une part d’énigme que l’enfant sera dans l’obligation de « travailler », d’adapter à ses besoins internes et d’interpréter par sa capacité imaginative. « Toute œuvre d’art ou de littérature, comme toute analyse, témoigne de sa persistance durant toute la vie », écrit Donald Meltzer (1988, p. 43).

10Dans sa nouvelle Don Juan E.T.A. Hoffmann nous parle de la « céleste magie des sons », de ses « mille choses enfermées mystérieusement au fond (de nous-mêmes), de celles que nulle parole ne saurait exprimer ».

11L’observation du très jeune enfant et maintenant celle du fœtus nous montrent l’extrême importance pour la construction de la psyché des expériences de base que sont les sons, leur temps, leurs couleurs et les formes propres à nos rencontres avec la musique. Leur rôle est primordial dans le quotidien du nouveau-né et dans ses interactions socio-affectives. C’est la musique qui façonne les premiers échanges entre l’enfant et le monde, car la psyché humaine se construit au début à partir de sensations physiques et d’impressions sensorielles. Ces expériences psycho-affectives et psychophysiques primordiales sont conservées comme traces et forment les trames sonores et rythmiques internalisées de nos expériences auditives.

12Nous pouvons affirmer que les perceptions acoustiques et la voix maternelle jouent un rôle fondamental dans la différenciation au sein de l’appareil mental du fœtus. Activement à l’écoute, il réagit aux modifications perçues dans la voix de sa mère.

13Par leurs pouvoirs développés en profondeur, les sons éveillent en nous un monde de sentiments fortement rivés à notre chair, contenants de nos émois les plus lointains. Créatrice d’émotions, la voix a ce pouvoir étrange de déclencher, de mobiliser et de mettre en mouvement les réminiscences les plus abyssales de nos expériences émotionnelles passées, toujours présentes au tréfonds de nous-même.

14Dans Le livre de l’Intranquillité Fernando Pessoa (1982, pp. 148-149) décrit ainsi son besoin de présence sécurisante d’un objet maternel contenant :

15

Une poitrine pour y pleurer, mais une poitrine immense, sans forme, dessinant un espace aussi vaste qu’une nuit d’été, et pourtant toute proche, chaude, féminine… Pouvoir y pleurer des choses impensables, des échecs dont je ne connais pas bien moi-même la nature, des tendresses pour des choses inexistantes, et de grands frissons d’anxiété devant je ne sais quel avenir… Et tout cela très grand, très éternel, définitif pour toujours, avec la stature unique de Dieu, là-bas, au fond triste et somnolent de la réalité ultime des choses… J’ai trop froid. Je suis fatigué, si las de cette solitude… Ô vent, va chercher ma mère. Rends-moi, ô Silence, ma nourrice, mon berceau, et cette berceuse qui si doucement m’endormait.

16Telle une berceuse chantée par la mère, la voix de l’analyste peut être l’évocation de cette musique calmante, qui rassure et qui assure calme et protection au bébé. Une de mes patientes n’affirmait-elle pas : « Ce n’est pas ce que vous dites qui m’importe, c’est votre voix que je veux entendre. »

17L’importance cruciale, vitale de la voix, de ses sonorités, de sa charge affective et des paroles qu’elle porte a été cruellement mise en évidence par l’expérience catastrophique de Frédéric II de Hohenstaufen et de Palerme, dit Stupor Mundi. Ayant l’ambition de découvrir quelle était la première langue parlée par les humains et cherchant à savoir si c’était l’Hébreu, le Grec ou le Latin, il tenta de reproduire l’expérience du pharaon Psammétique I (viie siècle avant J.-C.), qui avait choisi deux nouveau-nés confiés à un berger de chèvres. Lui ayant interdit de leur parler, le résultat fut que ces enfants prononcèrent leurs premiers mots-« bééés », comme des petits chevreaux. Frédéric II choisit, lui aussi, des nourrissons auxquels des nourrices prodiguaient tous les soins matériels nécessaires, assortis en même temps d’une interdiction absolue de leur parler (écrit du xiiie siècle sur « Expériences de la langue »). Ainsi, espérait-il découvrir quelle serait la première langue que les bébés commenceraient à parler. Le dénouement de cette expérience a été tragique – tous les nourrissons, soumis à cette « folle » entreprise, sont morts !

18La voix de l’enfant, la voix des parents, la voix du patient, la voix de l’analyste livrent le non-dit, le sens profond, le caché, l’indicible et ouvrent sur l’inconscient. L’enveloppe sonore instaure et restaure un sentiment de sécurité, de continuité du Moi.

19La voix a une fonction auto-érotique, au même titre que les œuvres d’art, – on s’écoute, on se regarde, on prend plaisir à contempler ses propres productions, à admirer ses autoportraits. Ainsi on tisse ce lien indispensable entre soi et soi-même, ce contenant de nos affects les plus intimes, de nos pensées les plus cachées, celles qui vont « paver » les fondations de notre moi idéal et de notre idéal du moi.

20Un autre jeune patient avait établi une relation symbiotique avec son entourage et en particulier avec sa mère durant les premières années de sa vie. Toute tentative d’éloignement, aussi minime soit-elle, provoquait des pleurs et des cris incessants. Essayant d’attirer l’attention et la présence de sa mère, vécue par lui comme déprimée et lointaine, les hurlements étaient pour ce jeune homme la seule manière illusoire de mobiliser en permanence l’attention maternelle et familiale. Cette enveloppe de douleur le protégeait d’un sentiment catastrophique de désintégration, mais s’avérait incapable de lui assurer une contenance suffisante, qui lui aurait permis un développement psychique dégagé des sentiments dépressifs envahissants qui le submergeaient et qui, par moments, l’étouffaient. Toute tentative de sortir du cercle vicieux de la souffrance butait sur des défenses massives pour protéger une image de « mère morte » jalousement gardée et « inapprochable ». Malheureusement, les nombreux essais de ce jeune homme de recourir à des activités artistiques étaient rapidement court-circuités par l’angoisse majeure d’une ouverture possible de cette « poche » de souffrance, inaccessible et érotisée.

Beauté du monde

21

Le monde des arts a le monopole de l’expression de la beauté et de la munificence inscrite dans la réalité psychique, dont le désir n’est satisfait par aucune richesse de la réalité extérieure. Dans la nature, nous pouvons voir se refléter la beauté déjà contenue en nous : l’art nous aide à retrouver celle que nous avons perdue.
(Meltzer, 1988, p. 237)

22Pour chacun d’entre nous, depuis ces temps anciens et jusqu’aujourd’hui, la nécessité du beau traverse toutes nos vies. C’est dans un mouvement continu d’identification, d’échange réciproque, d’identification projective que se tisse toute relation, toute relation humaine, la relation analytique y compris.

23Un autre de mes patients ne disait-il pas : « C’est tellement laid chez vous – comment supportez-vous de vivre ici ? » Projection massive des premiers émois en relation avec sa mère et qui lui sont destinés, les émotions esthétiques sont le reflet de notre capacité d’être en relation avec elle, elle qui au début de notre vie est le monde, énoncé et témoin de cette réalité. Un proverbe patagonien affirme une vérité, ô combien juste : « La beauté n’est pas dans les choses, mais dans les yeux, qui la regardent. »

Expérience esthétique chez l’enfant autiste

24Nous connaissons l’importance que revêt la musique dans le fonctionnement psychique des enfants et des enfants autistes en particulier. Cette première expérience esthétique est suivie d’une autre, toute aussi importante, l’expérience de la beauté du monde extérieur. L’expression par la couleur suit le chemin des liens empathiques avec ce monde, donnant visage et forme aux échanges, nourrissant la croissance psychique et la structuration de la personnalité.

25Grâce à la possibilité d’un appui empathique sur des expériences esthétiques, les premiers liens humains harmonieux peuvent êtres favorisés, naître et s’instaurer avec des enfants dont rien, a priori, ne permettrait d’imaginer un engagement fort et suivi dans ce type d’activités.

26Comme les premiers hommes, depuis notre plus profonde préhistoire, qui ont marqué leur « humanité » sur les parois des grottes dans un élan de nécessité esthétique, les enfants autistes inscrivent les traces de leur existence psychique à l’aide d’activités artistiques. Portés par une attention authentique de ceux qui les accueillent dans leur espace psychique, ils s’engagent sur le chemin d’une vie, dégagée du surpoids des angoisses psychotiques. Plus que beaucoup d’autres, les enfants autistes sont porteurs d’objets fragmentés, de selfs à peine ébauchés et devront trouver un sens et une cohésion à leurs expériences émotionnelles brisées, implosées et éclatées. Pris dans un mouvement d’identification projective et grâce à la sensibilité esthétique de ceux qui les accompagnent, qui les entourent et qui saisissent les frémissements de leur sensibilité esthétique, les enfants autistes s’engagent dans des échanges fructueux, ouvrant sur une reprise de la croissance psychique.

27Une longue expérience de traitements d’enfants autistes grâce au support que constitue l’art pictural permet d’illustrer amplement le rôle fondamental joué par l’art et l’esthétique comme contenant et transformateur des angoisses archaïques en élément de construction du Moi. Un travail patient et de longue haleine avec ce type d’enfants permet l’apparition et la mise en place des prémices d’un Moi harmonieusement structuré.

28Dans l’introduction de son ouvrage Jeu et Réalité (1971, p. XI), Winnicott nous parle de l’extrême importance de l’expérience culturelle grâce à laquelle pourra s’instaurer un espace potentiel, dans lequel pourra se loger et se déployer la créativité. Cette créativité est autant une créativité artistique, qu’une continue quête de construction du Moi.

29Durant plusieurs années, un atelier de travail à l’aide de la couleur a réuni plusieurs très jeunes enfants autistes sans langage verbal, ne bénéficiant d’aucun traitement individuel [4]. Cet atelier fonctionnait dans des locaux au sein d’un Centre de Consultations pour Enfants et Adolescents.

30Parmi ces enfants, Isabelle, petite fille de trois ans et demi, arrive au centre de consultation à la faveur d’une mutation volontaire de son père, qui désire la faire soigner « dans un centre où des possibilités de prise en charge pour ce type d’enfant sont largement ouvertes ».

31L’histoire familiale est ponctuée par plusieurs événements douloureux aussi bien dans la famille paternelle, que dans la famille maternelle. Isabelle est l’aînée d’une fratrie de trois filles, marquées par des différences « d’attribution », prisonnière d’un clivage manifeste : elle est la fille de la mère et la sœur qui la suit est celle du père. Pour des raisons liées à son passé familial, le père ne supporte pas les stéréotypies que présente sa petite fille. Le moindre mouvement parasite provoque une levée immédiate de son agressivité.

32À l’arrivée d’Isabelle dans l’atelier-couleur, aucun contact évident avec elle n’est possible. Son aspect de « malade sénile d’hôpital psychiatrique » n’est guère engageant pour un quelconque rapprochement. Habillée de joggings trop longs, de basquets trop grandes, les cheveux en bataille, tout en elle évoque le marasme, le désordre, le gris. Elle porte sur le visage une profonde tristesse de « petite vieille », toute la détresse du monde… Comme elle est loin de l’image d’une petite fille aimée et choyée, comme la tâche de la ranimer paraît difficile !

33Son regard, en apparence complètement vide, est parcouru par des éclairs à peine perceptibles, dus à des essais furtifs de regards en biais. Ce détail important s’inscrit d’emblée dans le panorama contre-transférentiel des thérapeutes et va être une ouverture indispensable, un élément majeur dans le paysage interne de leur rêverie.

34Le temps passant, petit à petit, Isabelle laisse émerger dans ses yeux une profonde angoisse, chargée d’énigmes et d’étrangeté. Elle donne le sentiment d’exprimer des choses d’un monde effrayant, fantomatique, épouvantable, qui remplit son être et qui l’habite entièrement.

35Ces aspects contraires et contradictoires qu’elle donne à voir nourrissent l’attention des deux thérapeutes et résonnent dans leur champ contre-transférentiel [5]. Ils montrent des possibilités, des potentialités évolutives qu’Isabelle porte en elle, des trésors cachés ouvrant la voie vers une croissance psychique éventuelle et attendue.

36Et contre toute attente, dès son arrivée dans l’atelier, elle l’investit massivement, totalement. Durant les quelque quatre années et plus de travail dans ce cadre, elle dialogue essentiellement par le biais de son corps. Pendant une longue période, elle longe les murs, elle les « rase », la joue collée dessus, absorbée grandement par cette activité. À chaque arrivée au centre, elle est déposée comme « un paquet », « en vrac » et pendant des mois et des mois, elle longe les murs, en explorant la capacité de contenance du lieu, comme pour s’assurer de sa fiabilité. La question ne peut que se poser – essaye-t-elle de trouver une parade devant ce que l’on ressent comme un insondable vide dans sa psyché, un néant dans lequel elle est enfermée avec sa mère ? Avait-elle dû « séjourner » dans un désert affectif, dans « un enfer », n’ayant pas la possibilité d’affronter les angoisses depuis l’aube de sa vie ? Car, et ce n’est qu’après la naissance de sa troisième fille, que cette maman peut, enfin, commencer à retrouver quelques bribes d’une vie complètement abrasée, blanche et dépourvue de tous souvenirs et de toute perceptible sensibilité.

37Durant toutes les années passées dans ce travail avec les couleurs, Isabelle n’a jamais changé de place, presqu’immuablement positionnée à côté de la porte, donnant l’impression d’être « protégée » par la charnière. Elle exige silencieusement, mais avec une grande insistance, que la porte reste toujours fermée. Cette position « stratégique » lui permet d’avoir, pensent les deux thérapeutes, l’illusion d’être dans une véritable « place forte » – quand même la porte s’ouvre, elle reste toujours « à l’abri » ! Cette position a pour elle un autre avantage – elle lui permet d’entendre ce qui se passe dehors, sans vraiment y participer, à l’image d’un témoin attentif et silencieux. Cette position évoque bien ce regard furtif à son arrivée et fait penser en même temps aux premiers sons, aux premières lallations, entendus aussi dans l’atelier. Au fur et à mesure des années apparaissent les premiers mots compréhensibles, mais jamais Isabelle ne prononce plus d’un mot.

38Elle entre dans le groupe « en cercle », traçant l’image de son contenant personnel indispensable à sa vie et à ses activités. Dès le début elle participe aux activités de peinture, rentrant d’emblée dans le travail avec les couleurs, en partant du maniement du bleu. De longues traînées bleues s’alignent, ruissellent pendant des mois sur sa feuille, fixée sur le panneau de liège.

39Durant son long séjour dans l’atelier de plus de quatre ans, sa palette s’enrichit progressivement, incluant par petites touches, d’abord le jaune, puis l’orange. Sa manière de peindre, ainsi que les contenus, évoluent et lentement se modifient aussi.

40Son attachement à ce contenant – atelier – mais manifestement aussi celui de ses parents, fait qu’elle est toujours d’une remarquable assiduité, jamais absente de ces activités. Une horloge interne rythme sa temporalité, à l’arrivée, comme au départ.

41Mais, c’est surtout le changement considérable qu’elle présente aux autres soignants s’occupant d’elle qui est frappant. Car, en parallèle à cette prise-en-charge dans l’atelier couleurs, elle fréquente un groupe thérapeutique pour jeunes enfants à temps partiel [6]. L’éducateur, qui assure le fonctionnement de ce groupe thérapeutique, répète souvent : « Vivement que tu ailles dans l’atelier-couleur, pour que je retrouve mon Isabelle. » La différence est grande dans l’apparence d’Isabelle entre ces deux lieux de soin, mais surtout dans ce que cela révèle. À l’atelier couleur, Isabelle s’ouvre progressivement aux échanges, ses traits s’adoucissent et son regard de vide et inexpressif se charge de joie et devient communicatif, chaleureux et pétillant. Cette transformation évidente qu’on peut lire et ressentir avant et après les séances de l’atelier témoigne aussi du nourrissage continu que lui offre ce contenant pour accéder à une existence psychique beaucoup mieux tempérée.

42Les stéréotypies disparaissent progressivement, pour être remplacées par des jeux d’enfant, mais elle ne consent jamais à jouer avec quelqu’un d’autre qu’avec l’art thérapeute. Il est primordial pour elle que l’art thérapeute la « tienne » par une attention continue. Cette contention par l’attention, la pensée et les affects sonne comme une exigence absolue. Durant les débuts de la fréquentation de ce travail thérapeutique, son exigence d’être accompagnée se manifeste par une impossibilité de quitter les lieux à la fin des activités. L’art thérapeute se sent dans l’obligation de l’accompagner quelques pas dans le couloir qui la conduit vers d’autres occupations. Elle a établi un lien empathique de grande profondeur et de grande intensité avec cette petite fille – elle sait qu’il faut la tenir fermement, mais avec douceur en même temps, tant cette exigence se manifeste par l’agrippement du regard et par des attitudes corporelles qui signent cette nécessité.

43Le bien-être qui s’installe petit à petit en Isabelle devient manifeste et partageable. Elle est maintenant capable de transmettre ce bien-être à l’art thérapeute à la fin des activités picturales, au moment de la présentation de sa peinture.

44Car, à la fin de chaque séance, les enfants doivent présenter leurs productions. Chaque enfant doit reconnaître sa peinture. Se lever, montrer sa réalisation et essayer d’y mettre des mots est très difficile pour la plupart d’entre eux. Isabelle, elle, commence par une danse, faite de révérences, de génuflexions, avant de tomber à genoux devant l’art thérapeute. À la fin de ce cérémonial, elle saute et parfois essaye de se jeter en arrière. L’art thérapeute doit la tenir très énergiquement, pour qu’elle ne tombe pas à la renverse. Elle utilise une force considérable, pour mettre à chaque fois leur lien à l’épreuve. Cette violence est intensément ressentie par la co-thérapeute, qui retient son souffle, tant elle craint que sa collègue ne s’effondre… Ce n’est qu’après cela qu’Isabelle peut s’apaiser, revenir sans violence et s’assurer que l’art thérapeute est toujours là et que leur lien est toujours solide et présent.

45Un autre rituel s’est installé dans la relation avec ses thérapeutes – le rituel de maniement du matériau peinture. Très rapidement le plaisir de toucher ces matériaux est devenu évident. Isabelle met beaucoup de soins et manifeste beaucoup de plaisir à recouvrir ses mains de peinture, mais ceci après en avoir enduit les mains de l’infirmière. Ce n’est que là qu’elle peut se permettre de poser ses petites mains sur la feuille épinglée sur le panneau de liège. Le fait de garder la peinture sur ses mains jusqu’au bout de l’activité est vécu par l’infirmière comme une obligation pour qu’Isabelle puisse peindre. Petit à petit Isabelle va réussir à se confectionner « des gants », en induisant aussi le dos de ses mains de peinture.

46À la fin des activités, l’infirmière procède au lavage des mains des enfants. Un lavabo à hauteur d’enfant lui permet d’entourer les petits patients par-derrière, de tout son corps et offre ce contenant chaud et chaleureux qui leur permet de quitter l’atelier avec plus de souplesse et avec une sérénité psychique « emmagasinée ». De cette manière le lavage vient seller leur union dans un échange fort et sans mots. La douceur des mains est par excellence une métaphore de l’évolution « en douceur » des angoisses d’Isabelle, signe de l’harmonie de sa croissance psychique retrouvée.

47Ses productions picturales marquent cette évolution d’une manière qui devient évidente pour les deux thérapeutes. Aux traits verticaux monochromes du début succèdent des taches, puis arrivent les mélanges de couleurs. Les thérapeutes ont le sentiment que de séance en séance Isabelle découvre la douceur sensuelle des matériaux et dans leur fantasme la peinture devient, petit à petit, son doudou. Le plaisir de toucher la peinture se conjugue avec l’apprivoisement de son regard. Elle finit par regarder droit dans les yeux d’un regard chargé d’affection et d’intentionnalité. Il est de plus en plus flagrant qu’elle s’est apprivoisée elle-même et qu’elle sait qu’elle regarde autrui. Il ne semble pas infondé de penser qu’elle acquière la conviction que son monde interne est compris et qu’elle est en mesure d’en transmettre les particularités.

48Un dernier élément souligne à grands traits son épanouissement et son inscription dans l’existence. À l’instar d’un conte de fées, « la vieille malade » se transforme en petite fille, comme toutes celles de son âge, ouverte et habillée de manière adaptée.

49Ce récit clinique illustre parfaitement l’emboîtement des différentes couches contenantes et le long chemin de sortie d’un enfermement autistique grâce, et surtout avec un accompagnement psychique, étayée par une activité artistique.

50Il est important de souligner à nouveau que les enfants pris en charge dans cet atelier ne bénéficient d’aucune autre prise en charge thérapeutique, sinon la fréquentation du groupe ambulatoire, fonctionnant trois fois par semaine, dans le cadre duquel les activités de l’atelier couleurs sont un des moments forts.

51Un dernier élément est important à mentionner : les activités de l’atelier-couleur ont fait l’objet d’une supervision psychanalytique régulière durant toutes ces années. Les interactions ont été minutieusement répertoriées et notées et les phénomènes de transfert et de contre-transfert, comme les spécificités de l’inter-transfert très attentivement pris en compte et analysés.

52Nous voyons comment les enfants ont pu bénéficier d’un travail régulier au cours duquel leurs émotions archaïques ont pu être déposées et transformées, en appui sur le maniement des couleurs et grâce à un mouvement émotionnel commun et partagé entre enfants et thérapeutes, aboutissant à une véritable « communion esthétique ».

53Une vaste fresque existentielle a été ainsi dessinée dans un constant va-et-vient entre émotions esthétiques, contenance et transformation.

54Cette expérience originale a permis aussi de donner un sens inédit à ce qu’on nomme habituellement art-thérapie. Il ne s’agit nullement de faire de « beaux dessins », ni de lire des indices concernant la personnalité des enfants. Le but est tout autre – permettre que s’instaure un espace de créativité, dans lequel pourront être continuellement déposés les angoisses bouillonnantes, les inhibitions, les excitations, les peurs archaïques et leurs corollaires logiques – l’angoisse existentielle des enfants. Dans un permanent va-et-vient entre projections archaïques et contenances calmes et accueillantes de ces projections, progressivement les enfants vont être soulagés de leurs angoisses prégnantes et prendre le chemin vers une vie psychique plus riche et plus diversifiée.

Conclusions provisoires

55Dans son ouvrage TransformationsPassage de l’apprentissage à la croissance (1982, p. 7), Bion débute sa réflexion par l’exemple de la création d’un tableau par un peintre et compare l’activité du peintre avec le processus psychanalytique. Les deux démarches reposent sur des potentialités de transformations. Il souligne la bi-dimensionnalité de ce processus, dont les deux piliers sont d’une part les éléments invariants et d’autre part les éléments soumis à transformation. « L’expérience originelle… est transformée par l’acte de peindre ou par l’analyse… » Dans ce même chapitre, Bion insiste sur le statut des faits externes qui sont à comprendre par l’analyste comme des reflets des objets internes.

56Ainsi, comme l’affirme Bion, on observe « une extériorisation massive d’objets internes ». Nous voyons de quelle manière ces réflexions bioniennes éclairent ou plus exactement confirment la pertinence du travail dans l’atelier d’art-thérapie. Si, selon Bion, « la psychanalyse s’efforce d’aider le patient à transformer cette partie de l’expérience émotionnelle dont il est conscient », l’atelier permet aux enfants de transformer les contenus archaïques violents, les agonies primitives impensables dont nous parle Winnicott, en expériences tolérables et assimilables.

57Il est évident que pour des pathologies lourdes comme l’autisme infantile, il y a une exigence d’emboîtement de plusieurs contenants, pour obtenir une évolution favorable et des conditions particulières pour assurer une certaine stabilité de cette évolution.

58Comment ne pas penser en lisant les écrits de Pessoa, comme ceux d’Hoffmann pour ne citer qu’eux, à tous ces enfants en détresse, si nombreux dans ce monde sans pitié pour eux. Mais pour eux aussi, l’art peut être une porte d’entrée sur une voie de restauration d’un Moi écrasé par le désarroi, par le désespoir et par la souffrance.

59Nous savons que l’œuvre littéraire et poétique d’E. T. A. Hoffmann avait inspiré Freud dans la rédaction de L’Inquiétant (1919, p. 234), l’étude sur l’inquiétante étrangeté. Sa vie d’orphelin malheureux, se sentant abandonné, négligé, solitaire, vivant des deuils successifs de personnes parmi les plus aimées l’avait très tôt éloigné de la quiétude d’une enfance calme et heureuse. Il était assailli et terrifié par des angoisses de persécution, de morcellement, de démembrement, de mort physique et psychique, de disparition dans un puits sans fond. Son imagination luxuriante lui faisait créer un cortège de personnages extraordinaires, tous représentants des parties discordantes de son Moi. Oui, tous – monstrueux, sublimes ou pathétiques, sont des personnifications de ses angoisses, miroitements d’une origine ancienne, images du côté du miroir interdit. Car hommes ou femmes, son double ou lui, les ombres ou ceux qui en sont dépourvus, tous sont entraînés dans une danse macabre à l’issue incertaine et redoutée. Tiraillé entre les extrêmes, entre la mort et le mal, entre la destruction de soi et la destruction de l’objet, entre persécution morcelante et dépression, entre chaos et robot, jusqu’à donner visage et forme à l’expérience intérieure du mal, ayant pris possession de son corps et de son esprit. Dans Les Opinions du Chat Murr[7], il fait dire à la princesse : « L’amour des artistes… c’est quelque chose d’immense, de sublime, comme le ciel et la poésie. Mais ce n’est qu’un rêve. Être aimé ainsi !!!… Ce rêve que nous rêvons tout au long de notre vie. »

60Voici ce que pourraient dire un grand nombre de nos petits patients, s’ils pouvaient parler ou s’exprimer par la poésie…

61Qu’ils soient enfants autistes ou génies parmi les plus grands, leurs souffrances, leurs blessures, leurs angoisses se trouvent dans les fondements de la créativité. Ce sentiment de solitude, si largement partagé par eux, est simultanément une souffrance et un aiguillon pour leur créativité. Restaurer un Moi en détresse, réaliser le rêve d’un bonheur sans nuages, voici l’utopie de toute entreprise artistique.

62Une dernière histoire clinique nous fera voir une belle illustration de l’expression sensori-affectivo-motrice de l’enveloppe groupale, de la contenance, mais aussi une émouvante expression de la gratitude à l’égard de l’art-thérapeute et du travail commun accompli.

63C’est le dernier jour de la présence de l’art-thérapeute dans l’atelier [8]. Les co-thérapeutes, pour la remercier du travail vécu et réalisé avec elle, lui offrent une boîte de chocolats dans un petit sac en papier, muni de deux anses. En ce jour exceptionnel, elle l’accepte et le pose sur un meuble contre le mur, voulant l’oublier jusqu’à la fin de la séance.

64C’est le dernier jour de l’atelier, le dernier jour de sa rencontre hebdomadaire avec les enfants, le dernier jour tous ensemble, le dernier jour sans lendemain. Avec un visage sans expression, Mathieu, enfant de 6 ans 1/2, sans langage verbal, trouve dans la pièce une petite pelote de laine tout emmêlée, qui n’avait pas lieu d’être là. Il la démêle avec patience et avec une grande concentration. Enfin ses efforts terminés et le résultat satisfaisant pour lui, il entoure, presque noue une des anses du sac-cadeau posé contre le mur, avec un des bouts du fil de laine. Puis, parcourant la pièce, il entoure la table où sont assis tous les participants de l’atelier, pour finir par lacer l’autre poignée du sac. Silencieux, il se penche sous le fil pour entrer dans le cercle…

65C’est, peut-être, la définition admirable de Whistler qui résume le mieux l’art et ce qui a été vécu : « L’art advient [9]. »

66Pour conclure provisoirement cet inépuisable sujet tournons-nous vers Michel-Ange, génie parmi les génies, qui mena une existence solitaire, frugale, dépourvue de bonheur et de joie. Il mourut, à près de quatre-vingt-dix ans, misérable et seul, dans la détresse, le désarroi, la confusion, le dénuement. Il avait amassé d’immenses richesses dont il ne s’était jamais servi. Lui, dont le génie était universellement reconnu, se définissait ni peintre, ni sculpteur, ni architecte, ni poète… Son narcissisme avait désinvesti l’homme pour surinvestir son œuvre. La reconnaissance du monde n’a pas été suffisante pour contrecarrer la souffrance dépressive, pour illuminée son existence. Et devant tant d’œuvres immenses, inégalables, dont la beauté éblouit les siècles et les hommes, son monde interne n’a eu aucune pitié pour lui. Parfaite incarnation de l’androgyne, son pouvoir destructeur avait épargné ses œuvres dont la réalisation et la présence l’avaient contenu et porté. Pourtant en les observant attentivement, nous pouvons voir sa lutte contre la destructivité.

67C’est un fait des plus fréquents chez les artistes que de vouloir détruire tout ce qu’ils ont produit, comme les instruments, dont ils se sont servis. Ce lien profond avec les imagos parentales, cette lutte constante pour les détruire en même temps que de les préserver, est en relation organique avec la dimension dépressive qui accompagne inévitablement toute entreprise créatrice, dans l’espoir de la dépasser.

68

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux.
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots [10].

Bibliographie

Bibliographie

  • Bion W. R. (1965), TransformationsPassage de l’apprentissage à la croissance, Paris, Puf, 1982.
  • Borges J. L. (1986), Entretiens sur la poésie et la littérature, Paris, NRF Gallimard, 1990.
  • Broch H. (2003), « Hofmannsthal et son temps », in Arabella, Strasbourg, Bleu Nuit Éditeur.
  • Debussy C. (1987), Monsieur Croche & autres écrits, Paris, Gallimard.
  • Debussy C. (2012), La Musique et les arts, Paris, Skira Flammarion.
  • Farrachi A. (2010), Michel-Ange face aux murs, Paris, Gallimard, coll. « L’un & l’autre ».
  • Freud S. (1919), L’Inquiétante étrangeté, Paris, Gallimard Paris, 1985.
  • Hoffmann E. T. A. (1819), Le Chat Murr, Paris, Gallimard, 1943, « Phébus Libretto », 1988.
  • Hoffmann E. T. A. (2011), Contes, Paris, L’école des loisirs, « Classiques abrégés ».
  • Massin J. & B (1977), Ludwig van Beethoven, Paris, Arthème Fayard.
  • Meltzer D. & Williams M. H. (1988), L’Appréhension de la beauté, Larmor Plage, Éditions du Hublot, 2000.
  • Musset (de) A. (1888), Œuvres complètes, Paris, Éditions Charpentier.
  • Nakov A. (2000), La Voix : lien et enveloppe, in Médecine des Arts, n° 31.
  • Nakov A. (2002), « Ni souvenir, ni oubli… rêve ou folie ? », in Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach), Strasbourg, Bleu Nuit Éditeur.
  • Nakov A., Bablet D. & Desnot D. (2013), L’Art de l’enfant, l’enfance de l’art, art-thérapie, autisme et supervision, ouvrage à paraître, Paris, Puf, « Le Fil rouge – Enfants ».
  • Pessoa F. (1982), Le Livre de l’intranquillité, Atica, Lisbonne, Paris, Christian Bourgeois Éditeur, 1988.
  • Winnicott D. W. (1971), Jeu et Réalité, Paris, Éditions Gallimard, NRF, 1975.

Mots-clés éditeurs : contenance, autisme, transformation, contre-transfert, expérience esthétique, croissance psychique, créativité

Mise en ligne 14/10/2013

https://doi.org/10.3917/jpe.004.0579

Notes

  • [1]
    Broch H., « Hofmannsthal et son temps », in Arabella, Strasbourg, Bleu Nuit Éditeur, février 2003, p. 93.
  • [2]
    Massin J. & B., Ludwig van Beethoven, Paris, Arthème Fayard, 1977, p. 406.
  • [3]
    Debussy C., Monsieur Croche & autres écrits, Éditions François Lesure, Paris Gallimard, 1987, p. 325.
  • [4]
    Le fonctionnement de cet atelier a fait l’objet d’un ouvrage, à paraître prochainement dans la collection « Le Fil rouge – Enfants » aux Puf sous le titre L’Art de l’enfant, l’enfance de l’art, art-thérapie, autisme et supervision.
  • [5]
    Les deux thérapeutes s’occupant de cet atelier étaient : une art-thérapeute sculpteur et une infirmière, formée à l’observation psychanalytique du bébé selon la méthode d’Esther Bick (ouvrage cité).
  • [6]
    Elle fréquentait un petit groupe thérapeutique à temps partiel, trois fois par semaine, prise en charge par un éducateur et par une autre infirmière.
  • [7]
    Hoffmann E. T. A. (1819), Les Opinions du Chat Murr, Paris, Éditions Gallimard, 1943, Phébus Libretto 1988.
  • [8]
    L’atelier n’est pas le même que celui des très jeunes enfants autistes, mais un autre, réunissant des enfants un peu plus âgés au sein d’un hôpital de jour.
  • [9]
    Borges J. L. (1986), Entretiens sur la poésie et la littérature, NRF Gallimard, 1990, p. 19.
  • [10]
    Musset (de) A. (1888), Œuvres complètes, Éditions Charpentier, p. 98.
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