La médecine technique laisse craindre une déshumanisation du soin par l’utilisation du malade comme moyen permettant le progrès et par la focalisation de l’attention et de l’intention des médecins sur les moyens thérapeutiques à développer. Le chirurgien est ainsi déchiré entre son désir de technicien de faire progresser son domaine technique et son devoir de médecin de soigner chaque malade qui se confie à ses mains. L’avènement de la coelioscopie a transformé la façon de toucher et de voir le corps du malade. La chirurgie actuelle est en crise car l’idéal de la chirurgie humaniste ne peut plus assouvir les aspirations de la chirurgie contemporaine et cette inadéquation creuse l’ambivalence du chirurgien qui craint la perte de son métier au profit d’une technicisation extrême le transformant en technicien pur. Les dimensions éthique et esthétique du métier sont en pleine mutation et ceci appelle une redéfinition. La nouvelle dimension éthique doit aboutir à une attitude intellectuelle qui assume l’ambigüité de la technique moderne, à la fois force de progrès et risque d’anéantissement, en questionnant sans cesse la pratique pour la placer dans une perspective de finalité thérapeutique sans risquer d’assujettir le malade au rang de moyen au service du progrès technoscientifique. La nouvelle dimension esthétique doit appréhender et définir un nouveau paysage chirurgical. Le métier de chirurgien change. Le chirurgien se doit de progresser avec son époque et ses moyens, en gardant son héritage fondamental qui place le malade au centre de ses intentions.
Mots-clés
- chirurgie
- pratique médicale
- technologie
- ethique biomédicale
Technicization of surgery, a real danger ?
Between regret and hopes
Technicization of surgery, a real danger ?
Technicized medicine foreshadows a dehumanisation of care : patients are seen as tools for progress, and doctors are focused on the therapeutical means to be developed. Therefore, surgeons are torn between their desires, as technicians, to improve their tech-nical skills, and their duty, as doctors, to look after each patient who needs care. The advent of laparaoscopy has changed the way doctors consider their patients’ bodies. The current state of surgery is in crisis insofar as humanist surgery can no longer meet the aspirations of modern surgery. This inadequacy puts surgeons in a difficult position, especially those who fear that their jobs will turn them into pure technicians. The ethical and esthetic dimensions of surgery are changing, and that’s why we need a new approach to the profession. The new ethical dimension must result in a new intellectual attitude that accepts the ambiguity of modern technology, a source of both progress and peril. Surgeons must constantly adopt a critical stance in the analysis of their decisions, in order to treat patients instead of considering them as mere tools used for medical progress. The new esthetic dimension must comprehend and define a new surgical scenery. Surgery is changing. Surgeons must evolve with their times and means, and keep their fundamental legacy in mind, that which places patients at the center of their intentions.
Keywords
- surgery
- medical practices
- technology
- bioethics
Mots-clés éditeurs : technologie, chirurgie, ethique biomédicale, pratique médicale
Date de mise en ligne : 20/10/2017
https://doi.org/10.3917/jib.282.0131