Notes
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[*]
Psychanalyste.
-
[1]
A. Didier-Weill, Les trois temps de la loi, Paris, Seuil, 1995, p. 304.
-
[2]
A. Nothomb, Biographie de la faim, Paris, Albin Michel, 2004, p. 208.
-
[3]
A. Nothomb, op. cit., p. 211.
-
[4]
D. Lippe, « Vide de soi », dans E. Birot, C. Chabert, Ph. Jeammet, Soigner l’anorexie et la boulimie, Paris, puf, 2006, p. 100.
-
[5]
A Green, La folie privée, Paris, Folio essais, 1990, p. 394.
-
[6]
J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p. 78 (séminaire du 10 mars 1971).
-
[7]
R. Char, Éloge d’une soupçonnée, Paris, Gallimard, 1977, p. 190.
-
[8]
P. Reverdy, Plupart du temps, Poèmes, 1915-1922, Paris, Gallimard, 1945.
« Vivre, c’est mourir un peu, et peu à peu et quelquefois beaucoup, voire tout à fait. Et la peur de vivre installe la mort ou le non-vivre dans la vie. »
1Chez l’anorexique, en raison de l’absence d’un sentiment de sécurité interne, la peur de vivre dénoncée par cette citation de Daniel Lagache est omniprésente : peur de vivre et surtout de ne pas vivre assez, peur de l’échec et peur de l’ennui, peur d’avoir un enfant ou de ne pas en avoir, peur de grossir, d’être trop grosse, peur de vieillir, de grandir, peur des autres et surtout peur des émotions, de tout ce qui peut affecter. Face à ses peurs, l’anorexique, travailleuse opiniâtre, se façonne.
2Pour vaincre ses inquiétudes, pour mériter sa vie, elle se démène, elle traque, elle contrôle… Elle pense pour ne pas s’entendre penser, elle réfléchit, mesure, soupèse et, surtout, elle compte : les sous, les minutes et les heures, les calories et les kilos, les marches d’escalier, les grains de riz et les petits pois. Son souci constant est bien en phase avec le discours porteur de notre époque : mérite, réussite, bonheur dans la réalisation de soi. Incarnation désincarnée de l’autonomie, elle se sent individuellement responsable d’avoir à réaliser ses idéaux et à maîtriser son angoisse. Le mépris ressenti pour sa personne incapable d’être à la hauteur de ses ambitions ne fait que renforcer l’exigence de perfection. Chaque jour, tout est à recommencer : elle remet les compteurs à zéro et repart pour 24 heures de lutte acharnée.
3Je ne ferai ici guère de distinction entre anorexie et boulimie. Certes, il est des différences ; il y a des anorexies que l’on pourrait classer du côté d’une pureté quasi (néo)structurelle, d’autres qui font penser furieusement à l’hystérie, ou à la phobie, ou à la psychosomatique, à la psychose… mais je n’ai rencontré aucune anorexique chez qui la boulimie n’était pas présente, fût-ce comme tentation ou point d’horreur.
4Les anorexiques-boulimiques témoignent d’un sentiment de vide intérieur, de manque à être et d’ennui, en même temps que d’une sensation de pesanteur ou de trop de présence aux bruits du corps. L’angoisse diffuse se trouve souvent tempérée momentanément par la jubilation de la maîtrise de soi et de l’emprise sur l’objet, expérimentée, par exemple, à l’occasion d’un régime. La quête du corps idéal parfaitement réduit au Un s’emballe et devient la préoccupation constante : se perdre pour se définir, se chercher dans une image toujours décevante, au risque de se perdre ; passion mélancolique de soi qui n’affecte pas que des adolescentes. Se punir de trop ressentir, cracher cette colère d’une chair dans laquelle se logent les sensations et les émotions, ce trop de sensation, ce trop d’excitation. L’intensité de ce rapport à l’objet qu’il s’agit pour elles d’anesthésier occupe tout le champ de la pensée. Le comportement alimentaire déréglé sert de narcose contre toute excitation vécue comme effraction. Il constitue un traitement du corps pulsionnel sans perte, dans une tentative impossible de faire coïncider le corps et le signifiant.
5Le corps en sa faillibilité, le corps qui grouille, qui pèse, qui transpire, le corps vivant et sexué, traversé de besoins, paraît insupportable. D’où la nécessité de se sentir vide et autonome, non dépendant, de vérifier les entrées et les sorties pour constituer une intégrité « une », « toute ». L’anorexique aimerait se vivre comme pensée à peine incarnée. Mais nier le corps, c’est avant tout nier le corps comme traversé par le langage. Bien qu’excellant souvent dans l’art et la maîtrise du langage, l’anorexique livre sans doute son premier combat contre le risque de la parole.
6Trop humaine dans son refus d’être humaine, c’est-à-dire de devoir en passer par les mots, elle se sent persécutée par leur mise en circulation. Ainsi que l’écrit Alain Didier-Weill : « Le sujet est non pas passif envers la parole, mais passible d’être affecté par la parole [1]… » C’est ce qui est insupportable à l’anorexique, qui tente d’installer, au travers d’une consistance du corps, une identité qui échappe du fait même de la parole. Lors des journées sur la jouissance tenues à Reims en 2005, j’avais esquissé ce rapport au langage qui me semble particulier aux anorexiques-boulimiques : une aisance dans la parole mais des mots qui ne prennent souvent pas chair. C’est encore sur ce thème que j’ai souhaité intervenir aujourd’hui, consciente qu’il ne s’agit que d’une voie d’accès pour aborder une thématique complexe. J’en profite pour signaler que la grande majorité des anorexiques-boulimiques que je rencontre, en privé ou à la clinique, sont des adultes, des femmes mais aussi (quoique minoritairement) des hommes, des adultes donc, qui n’ont pas toujours connu d’épisode anorectique à l’adolescence et chez lesquels le trouble alimentaire, parfois gravissime, se déploie comme une superstructure à l’âge de 20, 30, 40 ou 50 ans…
7Si les anorexiques-boulimiques nous interrogent avec tant de pertinence, c’est parce qu’elles soulèvent la question de l’empreinte du langage. C’est la réalité du corps dans ce qu’il a de mortel, d’érotique, de profondément humain, qui est rejetée ou plutôt niée dans des pratiques du corps doublées de mécanismes de dénégation, de déni et de clivage.
8« Je sens tout le poids de ma vie morte », écrit Pessoa dans son Livre de l’intranquillité. Elle a raison, l’intranquille anorexique : il y a du trop à perdre. Elle est trop lourde, trop pesante de ce poids qui tient à l’absence d’une parole vivante qui permettrait au corps de se mouvoir, de s’émouvoir. Son corps est affecté, voire infecté par le langage. En l’affamant, en le lessivant par le jeûne, le vomissement, la potomanie ou la prise de laxatifs, elle le désinfecte de ce qui l’alourdit et l’encrasse : ces mots chargés d’émotions qui le rendent trop vivant, trop pesant. La rencontre entre corps et langage, scellée par le refoulement originaire, produit de l’excès pulsionnel. L’anorexie se propose alors comme traitement pour alléger et purger le corps de ce qui, effectivement, le leste : le poids de l’inscription temporelle, la nécessaire dépendance à l’égard de l’autre et la rage que génère cette vulnérabilité. Souvent, quand boulimie il y a, elle surgit après un temps d’anorexie, précisément quand la parole a été amorcée. Quand la bouche a cessé de rester close, qu’elle a fait l’expérience du traumatisme de la parole, de ce qui ne peut que se mal dire. Très vite surgit un reproche : « Tu as trop parlé ! » La boulimie permet alors de ravaler les mots, de les emballer dans une bouillie pour les vomir ensuite en réponse à un impératif de jouissance et d’exigence du paiement de la dette. « Tu as pris trop ; tu dois tout rendre. » Cracher l’objet a et devenir ce qui risque de chuter ; il faut alors se refaire, se réengendrer, neuve et sans tache. Séquence à toujours recommencer.
9L’angoisse de castration est sans doute un moteur de cette régression vertigineuse au point de la relation pré-objectale qui renvoie au vide et à l’emprise de la dette symbolique. Le oui qui ouvrirait au désir est refusé par refus de la perte.
10C’est ce qu’illustre Amélie Nothomb dans son roman Biographie de la faim quand elle fait dire à son personnage, d’abord en proie à la rage de manger, puis à la solution anorectique :
11« C’était un duel entre les fruits et moi.
12J’étais condamnée à perdre, sauf à accepter d’y laisser jusqu’à la dernière goutte de mon sang. J’arrêtais cette lutte singulière quand je sentais que mes dents allaient tomber. La table de la cuisine était un ring où subsistaient d’énigmatiques vestiges.
13Cette Iliade fruitière épongeait un peu de ma rage [2]. »
14Et, un peu plus loin :
15« La faim fut lente à mourir au creux de mon ventre. Son agonie dura deux mois qui me parurent un long supplice. La mémoire fut autrement facile à mettre au pas.
16Après deux mois de douleur, le miracle eut enfin lieu : la faim disparut, laissant place à une joie torrentielle. J’avais tué mon corps. Je le vécus comme une victoire époustouflante. […] L’anorexie me fut une grâce : la voix intérieure, sous-alimentée, s’était tue ; […] je n’éprouvais plus rien.
17Ce mode de vie janséniste — rien à tous les repas du corps et de l’âme — me maintenait dans une ère glaciaire où les sentiments ne poussaient plus. Ce fut un répit : je ne me haïssais plus [3]. »
18Existerait-il donc un nouage particulier du corps et du langage que l’on pourrait appeler anorexie mentale ? Souvent, ce corps a été pris dans le soin, a été nourri et choyé mais sans l’association entre parole et regard. Il semble avoir été traversé par le regard de l’autre. C’est un corps qui appartient à l’autre, ou qui lui est prêté, donné en gage en quelque sorte. Le défaut de symbolisation concerne les mécanismes de l’identification primaire : ce ne sont pas les signifiants qui manquent, mais le fait qu’un signifiant représente un sujet pour un autre signifiant. Parce qu’il ne peut dire non, le sujet reste suspendu à l’objet partiel de sa demande. La fonction de la parole a été défaillante et le manque du symbole de la négation a permis de faire l’économie de la castration.
19La négation de la perte semble traverser les générations et s’exprimer au travers de la question muette : l’autre peut-il me perdre ? Question mise en scène par ce corps au bord de la chute, du se laisser tomber. Des deuils répétés et non métabolisés se repèrent couramment dans l’histoire des familles et sont souvent évoqués parmi les « causes » : l’anorexique se décharnant à représenter le défunt, la boulimique se vouant à une inlassable et répétitive incorporation. Mais n’est-ce pas notamment parce que la question de la perte, son inscription, n’est pas symbolisée dans la transmission ? « [C]’est pourtant la capacité à perdre l’objet qui est salvatrice pour la psyché [4]. »
20La clinique de l’anorexie-boulimie est difficile et ingrate, faite de répétitions, d’inquiétude aussi, quand le risque de mort devient trop présent. Elle est faite de ruptures, de prises de distance, de refus du lien. Mais c’est également une clinique passionnante, qui invite le patient (et l’analyste) à perdre du côté de la parole, à perdre dans la parole, à consentir une nouvelle fois à cette perte à l’origine même du langage. Cet espace de parole ne se gagne qu’au risque de se perdre.
21Cette clinique soulève des questions délicates de maniement. Notamment celle de la neutralité et du silence de l’analyste. Comment réintégrer une pulsion partielle dans un ensemble, sinon via le transfert ? On ne peut se retrancher dans le silence sous peine de reproduire dans la cure l’implacabilité du surmoi avec ses exigences de jouissance. Mais vu la gravité de la souffrance, on risque de tomber sous son emprise imaginaire, quasi hallucinatoire, et de ne pas permettre à la séparation et à l’absence d’avoir lieu. Le travail serait de permettre un accès plus libre au jeu de la parole, entre les mots et les choses, entre énoncé et énonciation.
22D’où une nécessaire implication dans une pratique qui peut ressembler à du bavardage et qui est comme une amorce. À propos de l’analyse avec les cas limites, André Green parle de la nécessité d’un premier travail en surface, au ras des associations, dans le but de constituer un préconscient. Il dit ceci : « Comment la technique non silencieuse fait-elle face à la situation ? Par l’opération de la liaison, la Bildung freudienne [5]. » Selon Green, c’est la symbolisation qui est en cause ; le travail de liaison opéré par l’analyste a alors pour but de re-lier les éléments déliés par les mécanismes de clivage pour pouvoir, à un certain moment, interpréter et non intervenir. « Ce travail de liaison et déliaison fait pièce au travail des pulsions de destruction. Pour être efficace, il doit être superficiel », écrit-il encore. En surface donc, comme s’il s’agissait d’abord de tisser une trame, un espace-lieu où l’on va s’essayer à parler, à faire et défaire, reprendre et se laisser surprendre par la parole sans y être épinglé.
23J’ai dit plus haut : « comme une amorce ». Cette circulation de la parole n’est pas qu’une amorce me semble-t-il. Elle n’est pas censée déboucher sur un discours plus averti, plus vrai, plus profond. « Bavarder est la honte du langage », écrit Maurice Blanchot, qui se demande cependant s’il faut « accorder plus de crédit au parler-sérieux ». Une pratique de bavardage peut finir par prêter à conséquence, en ce qu’elle n’est pas moins porteuse de surprise et par là de révélation de l’être. Le langage permet une maîtrise de l’absence, mais parler creuse cette absence. L’expérience de la frustration est consubstantielle à l’usage des mots. Parfois, c’est à partir d’une gaffe, d’une erreur, d’une maladresse de l’analyste, d’une décomplétude, d’un pas tout, que la souplesse et l’humour sont réintroduits.
24Comme le dit Lacan, « la parole dépasse toujours le parleur, le parleur est un parlé [6] ». Parler donc jusqu’à laisser parler les mots : c’est ainsi qu’un sujet peut s’originer, retrouver ses signifiants, se déprendre de sa position d’objet du désir des autres.
25Ce qu’il y a à perdre tient peut-être aussi à ceci qu’il n’y a finalement pas grand-chose à savoir et beaucoup à oublier. Les interprétations tout-venant sont légion en ce qui concerne l’anorexie-boulimie. Le travail analytique s’entend alors comme un travail d’élaboration de théories provisoires, de déploiement imaginaire, mais aussi d’expérimentation du jeu de la parole lui-même. Le lieu de la cure permet d’investir le processus même de symbolisation par le jeu avec les mots, par un dire qui puisse faire et défaire, construire et déconstruire, délacer ce trop de présence à soi qui alourdit l’écoulement du temps. Dire rien, c’est-à-dire dire des riens parce qu’il y a moins à accumuler et à comprendre qu’à séparer, délier et perdre. Dans la foulée, ce qu’il s’agit de perdre, n’est-ce pas avant tout la voix ?
26Brève vignette clinique. Madame S. est une jeune femme d’une trentaine d’années, présentant une anorexie grave qui s’est installée il y a trois ans suite à une déception amoureuse. Elle a déjà été hospitalisée à plusieurs reprises, mais n’arrive que difficilement à reconnaître sa maigreur extrême ou à s’accorder le moindre plaisir, alimentaire ou autre. Au cours d’une séance, elle décrit l’économie de jouissance ou plutôt la jouissance de l’économie qui l’emprisonne. Elle compte : les minutes et les heures avec la crainte de perdre son temps. Elle calcule : les calories et les grammes des aliments, les kilos qu’elle regagne petit à petit, par centaine de grammes, et surtout, elle compte l’argent au point de s’arranger pour éviter toute dépense. Elle ne peut s’empêcher de conserver le moindre échantillon, le moindre morceau de sucre ou biscuit récupéré sur une table, d’entasser des réserves quitte à les laisser se périmer. Bizarrement, son patronyme évoque un terme d’épargne… À la fin de la séance, elle me dit : « Si vous saviez comme j’ai honte de parler de tout ça, ce que ça me coûte de vous le dire… »
27Comme l’écrit poétiquement René Char, « les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux [7] ».
28Quant au rapport au langage dans l’écriture – une modalité d’expression que tentent beaucoup d’anorexiques –, suffit-il qu’un sujet écrive pour qu’il y ait réellement de l’écrit ? À Reims, j’avais évoqué l’écriture comme voie possible et même privilégiée de sortie ou d’accommodement avec leur jouissance pour nombre d’anorexiques et de boulimiques. Pour ces sujets, je pensais qu’écrire leur permettait de consentir à une perte, celle du fantasme du corps comme lettre, et de cesser d’inscrire dans ou sur le corps. Il me semble pourtant que toute écriture n’a pas fonction de sublimation. À lire un certain nombre de témoignages publiés par des anorexiques et des boulimiques, je me demande s’il ne s’agit pas là souvent d’un autre mode d’évacuation qui fait également l’économie du risque de la parole affectée par la voix et de la présence réelle d’un autre. Certes, il peut y avoir de la voix dans l’écrit et c’est alors de la littérature, avec la perte qu’elle implique. Mais ce n’est pas toujours le cas. Si l’écriture n’est que transcription sans résonance, elle traite alors les mots comme des choses.
29Je voudrais terminer cette communication par un petit texte de Pierre Reverdy qui s’intitule La saveur du Réel :
30« Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace.
31Il se mit à courir espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les pavés étaient humides et ses bras battant l’air n’ont pu le retenir.
Dans sa chute il comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber [8]. » ?
Notes
-
[*]
Psychanalyste.
-
[1]
A. Didier-Weill, Les trois temps de la loi, Paris, Seuil, 1995, p. 304.
-
[2]
A. Nothomb, Biographie de la faim, Paris, Albin Michel, 2004, p. 208.
-
[3]
A. Nothomb, op. cit., p. 211.
-
[4]
D. Lippe, « Vide de soi », dans E. Birot, C. Chabert, Ph. Jeammet, Soigner l’anorexie et la boulimie, Paris, puf, 2006, p. 100.
-
[5]
A Green, La folie privée, Paris, Folio essais, 1990, p. 394.
-
[6]
J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p. 78 (séminaire du 10 mars 1971).
-
[7]
R. Char, Éloge d’une soupçonnée, Paris, Gallimard, 1977, p. 190.
-
[8]
P. Reverdy, Plupart du temps, Poèmes, 1915-1922, Paris, Gallimard, 1945.