France est une femme de 54 ans quand je la rencontre pour la première fois en septembre 2016. Assistante maternelle, elle garde des enfants en bas âge chez elle depuis de nombreuses années. Elle est passionnée par son travail et nourrit une « petite fierté » d’avoir participé à l’éducation de pas moins de soixante-douze enfants. Mais, depuis quelque temps, elle accuse le coup physiquement et psychologiquement, en raison de terribles dorsalgies (dues à des hernies discales non opérables) qui rendent son quotidien professionnel et personnel difficile. Constamment algique, France s’épuise à donner le meilleur d’elle-même à des enfants qui, comme elle le dit, « ne demandent qu’à être heureux ». Sa situation personnelle n’est pas au beau fixe non plus. Séparée (non divorcée) de son mari depuis mars 2015, elle « sait » ce dernier en grande détresse psychologique depuis leur séparation. Culpabilisant énormément de cette situation, elle oscille entre l’envie de « refaire [s]a vie » et la « nécessité » de retourner vivre avec son mari. Ce dilemme cornélien est aggravé par une pensée obsédante qui ne la quitte jamais : « Que les autres autour de moi soient heureux. »
Une impasse. C’est bien cela. France, tiraillée, sombre peu à peu dans un profond désarroi.
Elle a perdu son père depuis longtemps. Il n’a jamais été très aimant avec elle. Par ailleurs, elle entretient des rapports distants avec sa mère : « Si je ne l’appelle pas, elle ne m’appelle jamais. » Elle a été élevée par un grand-père maternel très affectueux, dont le deuil est encore très douloureux à ce jour…