Comptant parmi les entités nosographiques désormais reconnues, l’organisation de la personnalité limite désigne une part croissante des patients admis en psychiatrie. La judiciarisation des soins, elle aussi croissante, témoigne de ce phénomène. Les passages à l’acte hétéro et-ou auto-agressifs – symptomatiques et indicateurs des aménagements psychopathiques fréquents de ces personnalités – convoquent la réflexion soignante à la fois sur le terrain de la justice sociale et sur celui de la souffrance psychique. La prise en charge par les services psychiatriques de la souffrance psychique exprimée par des tableaux cliniques divers de patients limites comporte un enjeu social important.
Du mal-être existentiel exprimé à bas bruit aux aménagements psychiques psychopathiques bruyants, ou pervers, nous sommes confrontés à des situations cliniques dont les ressorts se trouvent dans l’histoire personnelle et la psychodynamique du patient. Les aménagements relationnels défensifs constituent des stratégies de survie qui font vivre aux soignants une violence à la mesure des expériences précoces du patient à l’objet primaire. Au-delà de son rapport à la loi insuffisamment intégré, c’est une problématique relationnelle qui est actualisée dans le transfert au soignant, qu’il nous appartient de décrypter.
Le comportement est lié aux possibilités de mentalisation du sujet. L’efficience de ce processus se fait en fonction de son développement préalable par expérimentation. Les « troubles » du comportement résultent, pour partie, d’une interprétation perturbée de ses expériences entre le monde et soi-même…