« Hypnose ». Quel drôle de mot ! Hypnose est le terme utilisé en médecine en référence au dieu grec Hypnos, dieu du sommeil, fils de Nyx (la nuit), frère jumeau de Thanatos (la mort) et père de Morphée et Oneiros (dieux des rêves et des songes). Hypnos tenait à la main des fleurs de pavot et procurait aux hommes un repos paisible et des rêves agréables. Comment rendre clair un concept dont la généalogie est du côté de l’obscur ? En quoi le dieu du sommeil peut-il nous aider à comprendre ce processus d’hyperactivité de l’imaginaire ? Contrairement à ce que son étymologie pourrait laisser croire, l’hypnose n’est pas un sommeil, mais un état particulier d’attention générant une modification de la perception. L’hypnose est un état physiologique banal que nous connaissons tous. Lorsque vous conduisez votre voiture, vous aurez noté que, si vous êtes absorbé par un sujet qui vous préoccupe, vous pouvez conduire d’une manière quasi automatique et ne pas remarquer le chemin parcouru.
Pour quelles raisons le mot « hypnose » continue-t-il à faire référence, malgré de nombreuses tentatives de le moderniser (suggestion, techniques d’activation de la conscience, etc.) ? Certainement parce que son origine au xixe siècle signe la mise en place de l’hypnose médicale rendant compte des vertus anesthésiantes de la transe.
Toutefois, cette nomination, en voulant également rompre avec la dimension relationnelle du magnétisme, a empêché de percevoir les compétences du patient au sein de la relation d’hypnose, compétence développée dès 1784 par le marquis de Puységur, le véritable fondateur de l’hypnose thérapeutique…