Le présent article propose une réflexion basée sur un travail psychosocial effectué en 2019 auprès de personnes yézidies vivant dans le district de Sinjar, dans le Nord-Ouest de l’Irak. Les Yézidis parlent majoritairement le dialecte kurde. Leur religion, le yézidisme, est une fusion d’un ordre soufi, des religions iraniennes préislamiques et de la pensée mystique du Moyen Âge. Le nombre de morts est estimé de 1 500 à 5 500, celui de prisonniers de 4 000 à 7 000 dont 2 900 femmes toujours manquantes. Du fait que 85 % de leurs enfants ont des pères qui sont les soldats de l’État islamique (Ei), elles n’osent pas rentrer de peur du rejet communautaire. Lors de la prise de Sinjar par l’État islamique, des assassinats en masse, des viols, des enlèvements et de l’esclavagisme sexuel ont été massivement infligés à la population. S’est ensuivie une migration considérable, principalement vers les camps de la région kurde et les montagnes adjacentes, ainsi qu’à l’étranger – pour une minorité. Devant le manque de moyens de l’État irakien, la population a bénéficié de l’aide humanitaire de base et de l’accès aux soins, y compris ceux de la santé mentale. Mes interventions ponctuelles d’un an ciblaient spécifiquement les employés yézidis exerçant dans un hôpital dirigé par une Organisation non gouvernementale : ils ont vécu des événements traumatiques, subissent actuellement le contexte sécuritaire instable. En effet, les routes jalonnées de check-points isolés sont attaquées par l’Ei, bien que n’ayant plus de « territoires officiels »…