Rappelons quelques préalables pour aborder les violences contemporaines. Face à son incomplétude, l’humain, nous dit Freud, a deux façons d’y réagir : soit dans la barbarie par les armes, la cruauté, les tueries, soit dans la civilisation par la parole, le droit, la culture. Depuis le xixe siècle à nos jours, par l’instauration de la cité, paroles et images s’adressent à un Autre désormais, sans la garantie du religieux qui se désapproprie de son emprise sur le sens de la vie, de la mort, de la naissance, du mariage, de la relation à la Cité. Dès lors, nos désirs et nos jouissances ont un cadre symbolique plus affirmé, limitant nos pulsions d’Eros et de Thanatos. Sans ce cadre, nos pulsions de vie et de mort risquent un déploiement tel qu’elles peuvent aller jusqu’à l’extermination de toute l’humanité. De là surgit l’exigence d’un renoncement à nos pulsions, pour aboutir à une Geistigkeit, progrès de la vie de l’esprit, de la morale, de la raison.
Grâce à un tel « progrès », nous voici témoins des naissances conjointes et de leurs liens entre eux : du cinéma, de la photographie, de l’art, de la littérature, du féminisme, de la psychanalyse, du politique aussi, bref, de la culture… Et, pourtant, des violences actuelles surgissent, dans des totalitarismes dévastateurs et « dépeupleurs » de l’humanité. Les images de cinéma nous en donnent un aperçu.
La violence des images agit sur l’effacement de notre subjectivité, déborde notre Moi pour le capter, voici la barbarie. En revanche, les images des violences exigent d’être cadrées par l’art et la culture, voici la civilisation, la subjectivité y trouve sa place au niveau de notre Moi qui se défend d’autant mieux contre la violence…