Je n’ai jamais compris pourquoi les gens s’intéressent à la vie des stars, sont à l’affût du moindre potin, colportent n’importe quel ragot. Qu’est-ce que cela peut me faire que Beyonce tapisse la chambre de son nouveau-né de tranches de jambon de Parme ? Quel enseignement suis-je censé tirer de ce que Booba et Karis ne peuvent pas se blairer ? En quoi ma vie va-t-elle changer parce que Neymar ne marque pas de but à Lorient ? Cette attention à l’autre est pourtant un phénomène si répandu, massif et systématique, qu’il doit bien avoir une raison. Proposons une explication de son mécanisme.
D’abord, on érige certains en êtres supérieurs. On prélève des sujets ordinaires et on en fait des êtres extraordinaires. On choisit parmi des gens plus ou moins équivalents celui qui va devenir particulier. Parfois, leurs performances, leurs exercices, leurs mérites servent de prétexte ; parfois non. On confère un traitement de faveur à des personnes de façon disproportionnée avec leur valeur dans tel ou tel domaine. On octroie un statut spécial à des individus indépendamment de leur activité réelle. On les met sur un piédestal totalement en décalage avec leur capacité. Le mode de désignation est quasi arbitraire. Quel qu’il soit, aucun sujet ne justifie d’être ainsi placé au-dessus des autres. Cela ne lui est pas dû, pas davantage qu’à d’autres. Sa position n’est pas inhérente à son être. Personne n’est destiné à devenir célèbre. Soulignons que ce processus psychique s’effectue spontanément…