Comment accompagner les familles issues de l’immigration, et lorsque celles-ci présentent des troubles associés (précarité, problèmes psychiatriques), comment les aider spécifiquement ? Travaillant à La Seyne-sur-Mer, où un quartier (la cité Berthe) concentre aujourd’hui 15 000 habitants (sur environ 64 000) pour la plupart issus de l’immigration (Maghreb, Sénégal, etc.), j’ai rencontré ces problèmes dits « psychosociaux » et je me suis retrouvée face à mes propres limites. Ma formation de base analytique et en psychopathologie (utile surtout pour le repérage et la connaissance des pathologies) me semblait essentielle mais limitée dans ce type de travail, car pour moi elle ne poussait pas assez loin l’affiliation avec les patients en respectant toujours la sacro-sainte « neutralité bienveillante ».
Me définir comme étant « experte » des problèmes psychiques et être ainsi définie par les personnes me posait un problème dans l’accompagnement de ces familles, j’avais besoin d’en faire plutôt des partenaires de soins. Il était pour moi fondamental de les valoriser avec tout ce qui les composait : leur culture, leurs valeurs, leurs transmissions, leurs traditions. J’ai alors décidé de me former à des approches groupales telles que les groupes de parole de parents ainsi que la thérapie familiale systémique (travail centré sur les interrelations familiales, les compétences des familles, etc.). Pour aborder ce type de public souvent communautaire, il m’est apparu une évidence : ne traiter que le sujet souffrant dans une famille était certes important, mais bien souvent limité ; il fallait alors allier l’intra et l’interpsychique …