La peur est de nos émotions celle qui semble le moins contrôlable. Nous en frissonnons comme d’une maladie, elle nous gagne, nous envahit, indépendamment de notre volonté. Parfois nous « mourons » de peur, et, alors que celle-ci se dissipe, nous nous sentons plus vivants que jamais. Les effrois d’aujourd’hui renvoient à ceux d’hier, car, bien qu’ils n’en aient plus la même forme, une matière identique et indéfinissable nous effraie encore. D’ailleurs, les peurs enfantines conservent en nous des impressions vives et nettes, qui ne disparaîtront jamais tout à fait.
Tandis que nous écrivons ces lignes, confinés depuis plusieurs jours à cause de la pandémie de Covid-19, nous percevons à quel point la peur affecte diversement chacun d’entre nous. Il suffit de s’aventurer dans la rue pour constater que face aux mêmes événements, les réactions divergent sensiblement. En effet, certains sont rongés par une multitude de craintes, alors que d’autres n’en éprouvent aucune. À travers ces quelques lignes, nous souhaitons identifier les principales caractéristiques de la peur.
Comment la peur se manifeste-t-elle en nous ? Par des réactions assez similaires à celles de l’anxiété : le cœur s’emballe, les muscles se raidissent et le cerveau accélère. L’anxiété est une émotion traduisant une inquiétude psychique, elle peut répondre – ou non – à une situation de stress. D’un point de vue neurophysiologique : peur, anxiété, angoisse – qui n’est que de l’anxiété avec un objet prédéfini – et stress activent les mêmes circuits neuronaux (Rothschild, 2000)…