Si coopérer n’est pas donné de soi, cela tient en partie à notre propension à vouloir jouir solitairement d’un travail bien accompli. Or, coopérer apporte un plus de jouissance, à condition qu’un plaisir partagé soit accessible, sans ignorer les dimensions pulsionnelles et les zones d’ombre en chacun de nous. Coopération et travail d’équipe peuvent ainsi participer à l’ancrage d’un narcissisme bienfaiteur, à une jouissance humanisante et socialisante.
Nombre d’institutions ont écrit des textes qui désignent la coopération avec les autres et le travail en équipe (Amado et Fustier, 2019) comme nécessaires à la qualité du travail comme à celle de l’objet produit ou du service rendu. Pourtant, dans l’air du temps circulent d’autres messages laissant accréditer l’idée selon laquelle on ne peut réussir que seul et sans les autres (Linhart, 2009), voire contre les autres, sans jamais devoir quelque chose à quelqu’un. La conviction que l’on ne peut jouir vraiment que solitairement, voire aux dépens des autres, est peut-être même encouragée. Selon ces textes, les pairs de même formation ou de formations et métiers différents, de la même structure ou membres de plusieurs organismes, sont incités à coopérer pour faire leur travail et contribuer au travail des autres. La prescription du travail en équipe peut inclure et rassembler, dans un même groupe de travail, des acteurs occupant des positions hiérarchiques différentes, le groupe de travail n’étant pas nécessairement coordonné par la personne ayant le grade le plus élevé…