La question du féminin et du masculin demeure éminemment complexe, et de ce fait la condition féminine, en Europe ou dans un pays comme le Maroc, par exemple. Dans ce pays, la situation des femmes à la fois spécifique et universelle interroge la question du féminin au regard des féminismes, du colonialisme, au travail, au pouvoir, au corps, sans oublier l’incontournable question du voile.
Freud a été accusé de pansexualisme par la bourgeoisie réactionnaire de son époque. Son abord de la question féminine en est une des causes. Dans les années 1970, les féministes dénoncent ce même abord par Freud puis par Lacan comme réactionnaire et misogyne ! Lacan affirme, en pleine révolution sexuelle, que la seule vertu qu’il isole est la pudeur (Lacan, 1973-1974). Il insiste sur la différence sexuelle et l’altérité alors que les féministes appellent à l’égalité. C’est que l’éthique de la psychanalyse est logique et non idéologique.
Lacan élabore son tableau de la sexuation (Lacan, 1972-1973). Il y inscrit un lieu pour l’altérité qu’il nomme « féminin » et un champ de l’universalité qu’il nomme « masculin ». Certaines féministes universalistes pensent que si l’on ne peut vaincre les hommes, il faut les rejoindre. D’autres féministes différentialistes ne traitent pas forcément cette différence comme une altérité. Aujourd’hui, on voit apparaître : des groupes féministes raciaux, postcoloniaux religieux… Ces courants féministes qualifient d’autres de blancs, messianiques, néocoloniaux… Prôner un universel sans altérité amène forcément à la scission, à l’affrontement, voire à la violence…