Après les risques psychosociaux, le harcèlement et le burn-out puis, à l’opposé, la bientraitance et le bien-être au travail, la thématique du sens donné à son activité et à son existence devient un champ de recherche et d’intervention pour les psychologues. Jean-Luc Bernaud nous introduit à cette problématique qui, dans la logique du bilan de compétences, donne une place centrale à la personne qui s’interroge sur sa vie, ce qui renouvelle les méthodes et les modèles en psychologie.Claude Lemoine : Vous avez récemment publié l’ouvrage Introduction à la psychologie existentielle (2018, Dunod, Paris), pouvez-vous préciser de quoi il s’agit et dans quel courant de recherche cela se situe ?Jean-Luc Bernaud : La psychologie existentielle est une discipline scientifique et professionnelle. Elle s’intéresse aux grandes questions de la vie, aux choix que nous faisons dans notre existence, aux contraintes que nous rencontrons et aux moyens que nous mobilisons pour les dépasser. Elle repose sur un cadre épistémologique assez précis, en lien avec la philosophie existentialiste qui s’intéresse à la condition humaine et qui affirme l’importance de la liberté et du sens de la vie pour se construire en tant que personne. La psychologie existentielle reflète plusieurs courants, notamment américains avec Rollo May, Carl Rogers et Irvin Yalom, canadiens avec Paul Wong, autrichiens avec Alfred Adler et Viktor Frankl. Mais elle s’est surtout développée depuis une quinzaine d’années en tant que champ de recherche spécifique…