Dans quelles mesures un processus d’acculturation est-il à l’œuvre chez des mineurs isolés étrangers s’agissant de l’acte de se nourrir ? À la lumière de quelques vignettes cliniques, l’auteure présente des éléments de réponse s’étayant sur ses observations au sein d’une maison d’enfants à caractère social (mecs), mais aussi sur la prise en compte des dimensions culturelles et individuelles se manifestant durant les repas.
Les mineurs isolés étrangers (mie) sont des mineurs arrivés en France pour différentes raisons, en situation irrégulière et n’ayant pas de familles ou représentants légaux sur le territoire à leur arrivée. Ces jeunes sont alors placés sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance et peuvent intégrer différents centres, comme les maisons d’enfants à caractère social (mecs) durant leur minorité. L’inscription dans un établissement durant l’adolescence du jeune, s’il a plus de 16 ans, ne signifie en aucun cas l’assurance qu’il puisse rester en France après sa majorité, ce qui place les jeunes dans une situation difficile où il leur est compliqué de se projeter dans l’avenir, mais d’un autre côté ils doivent s’intégrer vite, montrer qu’ils veulent rester en France, faire des projets, des stages… À cette injonction paradoxale s’ajoute la méfiance à leur égard, dès leur arrivée : leur discours est remis en question, mentent-ils sur leur âge, les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays sont-elles vraiment « bonnes » ? Une méfiance en lien avec le courant politique actuel…