Étudier le modèle familial vietnamien, en se basant sur des dessins d’enfants de 8 et 9 ans, c’est la base du travail d’Anne-Laure Lamberton. Il est ici proposé une analyse comparative de dessins de famille, réalisés par un groupe d’enfants vietnamiens d’un côté, et un groupe d’enfants français de l’autre. Les particularités graphiques sont significatives, avec des constantes retrouvées dans chaque groupe. L’auteure offre ici une lecture d’anthropologie culturelle sur la famille vietnamienne, vue à travers les crayons d’enfants. Une famille fondée sur l’esprit communautaire, la piété filiale, l’importance de la maison comme enveloppe du groupe, ainsi que celle de la nourriture et des repas.
Autrefois au Viêt-Nam, l’essentiel de ce qui était consommé par la famille (agriculture, artisanat) y était produit. La famille était la seule entité appréhendée dans les conceptions juridiques, l’individu n’y étant pas représenté. En raison de la précarité des conditions de vie, la référence au groupe permettait davantage de sécurité. Traditionnellement, le modèle familial vietnamien était communautaire.
Ce modèle existe toujours dans les campagnes et se maintient, dans une certaine mesure, dans les villes où il se heurte pourtant à de nouvelles contraintes matérielles et sociales. Depuis 1975, l’industrialisation du pays s’est considérablement développée et de nombreuses familles se sont installées dans les villes. La vie en famille élargie est toujours la règle, généralement dans la famille du mari (modèle patriarcal), mais l’exiguïté des logements urbains amène parfois à réduire le foyer à la famille nucléaire…